[ Sujet X] Avec toi, tout était bien plus simple | Sylvain & Annabelle

Ces dernières semaines rien n'est simple, j'ai pris un appartement parce que Raphaël m'a foutu dehors et en même temps, je crois bien l'avoir méritée en fait. J'ai couchée avec son meilleur ami, je vais être hais par plus d'une personne, être infidèle à son mari c'est très mal vu, je le sais très bien mais bon j'ai connu les ragots, les jugements de valeur. On a beau dire, c'est bien d'être riche, mais à un certain âge non parce que tout le monde vous dis quand vous commencer à avoir des copains qu'ils sont là juste pour l'argent rien d'autre. Heureusement pour moi, je ne me suis jamais fiée à ça, à ce qu'on pouvait raconter ou faire parce que franchement, les gens qui avait que ça à faire de leur vie, je les plaignais plus qu'autre chose. Je ne suis pas du genre à m'apitoyer sur mon sort, ou même à regretter mes faits et gestes, mais à l'heure d'aujourd'hui je crois que je vais commencer à me remettre en question. Coucher avec son meilleur ami c'était la pire idiotie que j'ai pu commettre, je le regrette, mais malheureusement aujourd'hui il ne veut plus entendre parler de moi, il ne veut plus me parler ni même me voir. A ses yeux, je ne suis plus qu'une moins que rien et ça me fait mal, il arrive à me faire mal avec des propres mots et je sais que ça ne vaut rien à ce que je lui ai fais moi, mais ça ne change rien au fait que je l'aime et que je vais continuer à l'aimer. Quelques jours après qu'il m'est viré de chez lui quand je suis retournée chez lui, il m'a donné les papiers de divorce et je m'attendais à tous sauf à ça. Je crois que ça, je ne peux pas l'accepter c'est bien trop douloureux. J'ai fais une erreur, mais quand on aime on pardonne et ça fait trois ans qu'on était mariés, comment il peut nous faire ça? Depuis, ils sont posés sur la table et mon regard revient instinctivement sur ces papiers, je n'arrive pas à les signer c'est renoncé à ce qu'on a vécu tous les deux, et je peux pas. J'ai vécu trop de belles choses avec lui pour signer ces papiers, je ferais tout pour le récuperer, je l'aime trop pour ça. Aujourd'hui je n'ai pas de rendez vous, alors je prends mon portable et je regarde mon répertoire et je vois que nous avions beaucoup d'amis en communs, pas toujours évident après. Lorsque je tombe sur le numéro de Sylvain je décide de lui envoyer un message pour qu'il me rejoigne, j'ai besoin de lui parler, besoin de savoir ce que je dois faire. Il me réponds qu'il me rejoint au Harry's New York Bar dans une heure. Je file donc sous la douche rapidement et une fois préparée, je sors de chez moi pour rejoindre le bar. J'arrive donc en avance mais je prends un verre en l'attendant, et lorsque je le vois passé les portes, je souris instinctivement. Je me lève du tabouret près du comptoir pour lui dire bonjour et vient donc prendre la parole:

Sylvain...comment vas-tu?

Sylvain venait de terminer le travail lorsqu’il reçut le message d’Annabelle. En effet, il avait travaillé de jour pour une fois, ses responsables ayant décidé de le mettre davantage sur les routes de jour que de nuit. La voix de son amie avait l’air quelque peu attristée, et elle disait avoir besoin de son aide. Marie n’était pas là et ne rentrerait pas avant au minimum, vingt heures du soir. L avait donc tout son temps pour aider cette amie qu’il connaissait depuis des années, sans que sa fille ne lui reproche de la laisser seule.

Il envoya donc un texto à son amie afin qu’elle ne le rejoigne dans un bar de la ville, d’ici une heure. Il rentra ensuite hâtivement chez lui. Là, il se changea, enfilant des vêtements plutôt seyants. Non pas qu’il est envie de faire bonne figure devant Annabelle, cela faisait bien longtemps que leur relation amoureuse s’était transformée en relation amicale, mais il aimait avoir l’air d’un bel homme. Cela lui donnait plus d’assurance. Et de l’assurance, c’est peu dire qu’il en aurait besoin pour rassurer son amie. Cette dernière était en instance de divorce, séparé de son mari, et les choses se passaient vraiment très mal. Elle avait trompé l’homme qu’elle aimait, et tout était tombé à l’eau. Cela lui faisait un peu pensé à son histoire… Sauf qu’il n’avait pas été marié et que sa compagne ne lui avait absolument rien dit avant de ne partir sans un mot.

Il n’arriva pas en retard, mais pas en avance non plus. Pourtant la jeune femme était déjà installée à une table, et venait de terminer un verre alors qu’il pénétra dans les lieux. Il s’approcha de sa direction, doucement, après avoir refermé la porte derrière lui et lui adressa un « Bonjour » très amical. Il vînt ensuite l’embrasser sur les joues, d’une manière sympathique. « Moi, je vais bien. Mais toi ? Qu’est-ce qui t’arrive ? »

Il se doutait bien que c’était encore l’histoire avec Raphaël, son mari…Mais il osait espérer que cela n’était qu’une envie de se voir. Ou alors un autre petit souci de la vie. Après tout, cela faisait des dizaines et des dizaines de fois que le trentenaire accourait et venait en aide, quand il le pouvait, à la jeune femme. Elle avait même pleuré contre son épaule, le jour où son mari l’avait viré de chez eux… Il avait su être à son écoute et la rassurer avec tendresse. Un frère, un meilleur ami, voilà un peu ce qu’il était devenu pour elle au fil des années. Mais plus le temps passait, plus Sylvain redoutait qu’un jour, il ne saurait plus quoi dire, ni comment réagir. Après tout, il n’arrivait même pas à avoir des relations cordiales avec sa propre fille de seize ans ! Alors que pouvait-il espérer ?

Sylvain n'a pas toujours étais mon ami, on a dépasser la frontière de l'amitié bien avant que je connaisse Raphaël. Je ne serais décrire la relation qu'on a eu tous les deux, c'était assez complexe je dois bien l'avouer. En même temps, lorsqu'un ami devient votre petit ami ce n'est pas toujours bien évident. Notre romance a duré que quelques mois, parce qu'on s'est finalement rendu compte que nous étions plus des amis que deux personnes qui s'aiment. Depuis, on s'est rapproché, finalement je me suis rendu compte que nous étions plus proche en amis que dans les quelques mois où nous avons étais ensemble. Comme quoi, parfois l'amour n'est pas la meilleure chose entre deux personnes. Je le vois comme mon meilleur ami, mon grand frère, mon confident. Nous sommes à présent très lié, et encore plus depuis ce qu'il s'est passé avec Raphaël, il a était là le jour où il m'a foutu dehors, le jour où il m'a donné les papiers de divorce. Je dois bien avouer que ce n'est pas simple tout ça, mais Sylvain a était là pour moi et je sais qu'il le sera toujours. Avec chance, malgré l'amour qui s'est immiscer entre nous, on a su garder notre amitié intact, rien n'a étais brisé malgré les quelques mois. J'en suis heureuse, parce que je n'aurais pas pu le perdre, il est devenue à présent très important dans ma vie, j'ai besoin de ses conseils, de son écoute, de lui. Je n'ai jamais eu de frère ou soeur, mais Sylvain est comme un grand frère pour moi. Je ne veux pas perdre Raphaël à l'heure d'aujourd'hui, je l'aime trop pour devoir renoncé à lui, j'ai connu le vrai amour avec lui, mes plus beaux souvenirs sont avec lui. Alors oui je suis d'accord, je l'ai trompé et c'était la chose la plus horrible que j'ai fais mais il faut qu'il me pardonne. J'ai besoin de parler, dans ma liste de répertoire je sais pas trop à qui demander et je décide finalement Sylvain, c'est celui en qui j'ai le plus confiance. Il me dit de le rejoindre dans un bar de la ville, je l'attends donc patiemment avec un verre et lorsque je le vois arrivé je me lèves pour lui dire bonjour. Il m'embrasse sur les joues et lorsqu'il me demande ce qu'il m'arrive je m'assois à nouveau sur le tabouret et le laisse s'installer à côté et reprends la parole:

J'en peux plus de voir ces papiers de divorce sur ma table, j'arrive pas à les signer, je veux pas le perdre...mais je sais bien que tout est de ma faute!

Je recommande un verre le laissant commander un aussi en même temps et sors les papiers de divorce, je le regarde parce que je veux qu'il les rende à Raphaël. Il sait très bien que je les signerais pas ces papiers, c'est trop douloureux pour moi pour faire une chose pareille, je les signerais que si c'est ma seule option et pour l'instant non. Je lui dis alors après avoir pris mon verre:

Je veux que tu lui rendes, je ne les signerais pas!

Les mots que prononça la demoiselle le troublèrent. Encore ces papiers de divorce qui trainaient sur sa table. Elle devait au moins l'avoir appelé une vingtaine de fois pour trouver le courage de les signer. D'ailleurs, une fois, elle avait raccroché avec la ferme intention de le faire, juste pour prouver à son mari et à elle-même qu'elle en était tout à fait capable. Mais voilà : en vérité, elle en était absolument incapable. Cela se voyait comme le nez au milieu de la figure qu'elle l'aimait encore...

Sylvain commanda une boisson lorsque le serveur vînt près d'eux, avant de ne reposer son regard azuré sur son interlocutrice. L'ai attristé qu'elle affichait le laissait un peu perplexe, car il avait peur d'avoir une mauvaise réaction, mais il préféra lui envoyer un simple sourire. Pourtant, ce sourire se fondit bien vite en un rictus lorsqu'elle lui demanda de rapporter les documents à Raphaël.
« Et, non mais attends un peu...Tu veux que je les rapporte ? Moi ? » C'était sans aucun doute la pire des choses à faire. A vrai dire, Sylvain servait un peu d'intermédiaire au couple séparé et avait accepté de faire de nombreuses commissions entre l'un et l'autre, mais il ne voulait plus trop rentrer dans leur jeu. S'il faisait une faveur à l'un, l'autre s'énervait et vice versa. Bref, il se trouvait coincé entre deux métros à devoir attendre qu'ils passent. Mais le problème était que ces métros faisaient des kilomètres de long et qu'ils n'étaient pas prêt de pouvoir sortir du tunnel. « Ecoute, il faut que tu ailles voir Raphaël une bonne fois pour toutes... Ce n'est pas à moi d'aller le voir pour lui dire que tu ne veux pas signer ces fichus papiers ! » il poussa un soupir bruyant. « Je sais que ce n'est pas facile, mais il faut que tu te lances un peu, que tu ailles lui parler de tes sentiments... S'il t'aime, il te pardonnera...Enfin, sûrement. »

Bon, certes, ses paroles n'étaient pas très rassurantes, mais il était mal placé pour parler de pardon vis-à-vis des femmes, lui qui avait été lâchement abandonné. Une chose était claire et nette, si la mère de Marie, son ex-fiancée, se présentait un jour devant lui, elle pourrait le supplier jusqu'à la mort qu'il ne lui pardonnerait jamais. JAMAIS. A chaque fois qu'il y repensait, il était partagé entre tristesse et colère. Et c'était toujours ce dernier sentiment qui gagnait et surpassait de par sa force tous les autres.

Sylvain avala plusieurs gorgées de son breuvage, regardant Annabelle dans les yeux. Il n'aimait pas la voir ainsi tourmenté et il sentait bien que quelque chose, dans son âme, n'allait pas bien. Elle était absolument déchirée, saccagée. Mais en même temps, elle avait raison en affirmant que tout était de sa faute... Elle avait une vie de famille magnifique, certainement aurait-elle pu avoir des enfants avec Raphaël et elle venait de gâcher tout cela pour une histoire de coucherie... A moins qu'elle n'ait aussi des sentiments pour l'homme avec qui elle avait trompé son mari ?
Continuant de l'observer, afin de pouvoir ensuite mieux comprendre ses gestes, Sylvain lui fit un clin d'oeil. Il la connaissait par cœur depuis le temps, il savait comment elle se sentait. Il savait qu'elle avait la main de frotter son pouce contre son index lorsqu'elle était stressé et ce pour ne pas se ronger les ongles. Il savait quel était son regard lorsqu'elle implorait de l'aide, même si elle n'en disait pas le moindre mot. Bref, il connaissait tout son être.
« En fait, j'ai une question à te poser... Je n'ai pas osé le faire jusqu'à présent, pour te ménager, mais....ça me trotte à l'esprit. Tu aimes énormément ton mari, mais tu l'as trompé...Pourquoi ? »
Pourquoi ? Il avait hâte d'avoir la réponse à cette question qui lui trottait nerveusement à l'esprit depuis des semaines, depuis le jour où elle avait pleuré contre son épaule en hurlant son désespoir. Il baissa toutefois un peu le regard. N'était-ce pas un peu trop osé de poser ce genre de question ? Pourtant, il avait besoin de savoir. Besoin de savoir afin de mieux pouvoir lui venir en aide. Besoin de savoir afin de comprendre lui-même sa propre situation... Si une femme pouvait trahir même en aimant...Alors peut-être que la mère de Marie l'avait aimé finalement ?
Drôle d'espoir et drôle de rapprochement, mais Sylvain était le genre d'homme à vouloir s'accrocher à tout ce qui pouvait le sauver de la perdition. C'était avec des idées comme cela qu'il tenait le coup face à la furieuse colère dont était emprise sa jeune fille.

Sylvain est l'un des seul en qui j'ai vraiment confiance, je sais qu'il ne me trahira pas même s'il est aussi ami avec Raphaël. Beaucoup de gens pourrait croire qu'il est du côté à mon mari, parce que c'est moi la fautive dans cette histoire, c'est moi qui est mal vu et qui continuera comme ça, parce que j'ai trompée celui que j'étais censée aimée, j'ai rompu notre mariage pour une histoire de coucherie. Bien intelligent de ma part vous ne trouvez pas? Alors oui, il ne devrait pas me soutenir mais pourtant c'est ce qu'il fait. On s'est connu bien avant Raphaël c'est peut être ça qui m'aide à l'heure d'aujourd'hui. On a étais amis, puis en couple et maintenant comme frère et soeur. Comme quoi, ça change très vite mais une chose est sur, il me connait plus que quiconque, et je suis vraiment heureuse qu'il fasse partie de ma vie à l'heure qu'il est. Ces papiers, j'ai voulu les signer plus d'une fois, je me disais que de toute façon s'il n'avait pas plus d'estime que ça pour moi, que s'il n'arrivait pas à me pardonner une erreur, alors peut être qu'on s'était trompée dés le début, qu'il ne m'aimait pas autant qu'il le disait. J'ai remis pas mal de chose en cause, en même temps je ne pouvais rien faire d'autre parce que ces foutu papiers, je n'arrivais même pas à les signer, lorsque je prenais le crayon en main pour le signer, il m'échappait des mains, comme si c'était un signe qu'il fallait pas que je les signe. Mais à l'heure d'aujourd'hui, je ne sais plus quoi faire, quelques semaines sont passés et Raphaël ne veut toujours pas me voir, qu'est-ce que je dois faire moi? Je suis complètement perdue et stressée en plus de cela, pour une avocate, j'avoue que là j'assure le moins du monde. Mais qui réussirait à assurer dans une situation pareille? Peu de monde! Je demande alors à Sylvain de rapporte les papiers de divorce à Raphaël je peux pas les signer et je veux lui rapporter moi même. Je le regarde alors et lui dis:

Oui je veux que tu les rapporte, j'y arriverais pas moi j'ai besoin de toi s'il te plait...oui toi, tu vois quelqu'un d'autre, t'es le seul en qui j'ai confiance Sylvain, fait le!

Moi je suis incapable d'y aller, incapable de revoir ses yeux tellement froid, de revoir son expression comme si j'étais une moins que rien. Je peux pas retourner le voir, et puis Raphaël ne s'est pas gêné lui non plus à me faire transmettre des messages par l'intermédiaire de Sylvain, pourquoi moi je n'aurais pas le droit. Je le regarde en l'écoutant et soupire en hochant la tête négativement, il ne sait pas à quel point je l'ai fais x fois ça, mais à chaque fois Raphaël m'en a mit plein la tête au lieu de m'écouter. Je le regarde en buvant mon verre d'une traite et lui dis alors:

Aller le voir pour faire quoi Sylvain? Pour lui dire que je l'aime et qu'une seconde passé sans lui c'est pire que la mort, il s'en fou de ça! Il veut plus me voir, il me voit comme une moins que rien maintenant, et il me le pardonnera jamais il a étais assez clair! Je pensais qu'à deux, on traversé toutes les épreuves, qu'elles soit difficile ou non, mais apparemment j'ai du me tromper sur la conception du mot amour! Je me suis peut être trompée aussi sur ses sentiments à mon égard qui sait, je sais plus où j'en suis!

J'étais malheureuse et Sylvain le voyait très bien, en même temps qui ne le verrait pas. J'étais contre le fait de boire pour noyer son chagrin dans l'alcool, mais à l'heure d'aujourd'hui finalement je ne suis plus sure de rien, ni de Raphaël ni de moi, ni de la vie en générale. Quand je m'occupe des affaires de divorce, je me dis qu'ils s'aiment pas assez pour se séparer aussi facilement, mais je n'avais jamais étais à leur place auparavant. Aujourd'hui que j'y suis, je ne vois plus ça comme avant, bien au contraire, j'ai même du mal à me dire que moi aussi je peux être à leur place. C'est tellement dur de se dire que trois ans peuvent être effacés comme ça, pour une erreur, je sais que ce n'est pas une petite erreur, c'est vraiment grave et que si j'avais étais à sa place, je ne sais pas vraiment comment j'aurais pu réagir mais enfin, je sais pas, quand on aime l'amour doit tout effacé. J'ai peut être étais trop naïve, mais aujourd'hui je tombe de haut je peux vous le dire, j'ai envie de revenir en arrière et de changer ce que j'ai pu commettre, mais en même temps c'est les erreurs qui nous font avancé. Enfin c'est ce qu'on m'a toujours dit, après je sais pas si c'est bien vrai. Lorsqu'il reprend la parole et que je l'écoute, je le regarde parce que je savais très bien qu'un jour ou l'autre il me poserait cette fameuse question que tout le monde attend de savoir. Je passe mes deux mains sur mon visage, comme pour prendre du courage et le regarde pour lui répondre le plus sincèrement même si la vérité n'est pas toujours bonne à entendre:

Ca faisait trois ans que j'étais mariée avec Raphaël, avant lui, les relations sérieuses n'avait jamais marché, et tu sais ce qu'il en est...quand il m'a demandé de l'épousé, j'ai dis oui même si c'était prendre la décision de perdre ma famille! Nous étions plus aussi proche qu'avant, son meilleur ami était là lui, je sais que ce n'est pas une excuse et qu'en aucun cas mon geste est pardonnable, mais j'avais besoin de me sentir vivante, de voir que quelqu'un s'intéressait à moi...c'est dur de perdre sa famille, ils me manquent chaque jour mais je ne regrette rien, parce que j'aime tellement Raphaël! Pourtant, j'ai l'impression qu'il s'est foutu de moi, je sais plus quel homme il est à présent...

Annabelle repartit à l'assaut quant au fait qu'elle désirait ardemment que ce soit Sylvain qui s'occupe à rapporter les papiers du divorce non-signées à Raphaël. Mais le jeune homme ne se sentait pas l'âme de faire cela. Aller dire à son mari qu'elle ne voulait pas divorcer était une chose, mais ramener ses fesses dans son appartement, déposer les documents sur la table basse du salon en jetant « Voilà de la part de ton épouse », il ne se sentait pas la foi de le faire. Il regarda intensément son interlocutrice, avec des yeux tristes. Il ne répondit même pas. C'était peut-être mal de lui donner l'espoir qu'il accepterait à un moment ou un autre de servir encore d'intermédiaire, mais il ne parvenait pas à refuser. Elle était trop son amie pour qu'il puisse le faire impunément sans se torturer par la suite.

Lorsqu'enfin, la jeune femme décida de répondre à la question fatidique, celle qui intéresse certainement tout le monde, Sylvain eut un sursaut, comme pour mieux entendre ce qu'elle allait lui expliquer. Bien des gens n'aurait rien compris et aurait hurlé au scandale face aux mots d'Annabelle, mais le jeune homme n'en fit rien. C'était peut-être étonnant, mais le jeune homme n'était aucunement offusqué par ses paroles...

« Je crois que je comprends...Enfin, je sais ce que ça fait de perdre sa famille... » Il lui envoya un sourire timide. Sylvain sentait toute sa vie lui filer entre les doigts en ce moment, il avait bien l'impression que sa fille allait le quitter. Abandonné de l'être auquel il tenait le plus au monde, que deviendrait-il ? Il n'aurait même plus la force de se lever le matin. Il lui était déjà bien difficile se se réveiller en songeant qu'il allait se bouffer le nez avec Marie et que la moindre de leur discussion se terminerait en une engueulade violente... Alors autant dire que si l'adolescente décidait de couper les ponts avec lui, il en mourrait. Il se laisserait dépérir au fil des jours jusqu'à ce que toute son énergie et sa combativité aient déserté son esprit et son corps.
« Mais je pense que tu te trompes... je crois sérieusement que Raphaël t'aime, sinon il ne t'aurait jamais demandé en mariage. Depuis que je le connais, je sais à peu près quel homme il est...Peut-être est-ce de l'impulsivité ? Peut-être que toute cette histoire de divorce ce n'est qu'un cri de désespoir ? »

Oui, peut-être que le couple avait besoin d'une crise majeure pour mieux se retrouver. Combien avait-on déjà vu d'histoire comme celle-ci ? Des gens qui se séparaient afin de mieux se retrouver par la suite...Un peu les happy-end des bons films américains. Entre Raphaël et Annabelle, c'était clair, c'était de l'amour. Le véritable amour. Alors que dire de plus ? Sylvain reprit son verre en main et avala encore quelques gorgée de sa boisson non-alcoolisée. C'était fou ce qu'il avait soif soudainement. Ce genre de discussion légèrement dépressive et pessimiste lui minait le moral, mais il décida de n'en rien laisser paraître. Il jeta un nouveau sourire en direction de la jeune femme avant de ne lui caresser doucement la joue droite, amicalement et avec tendresse. « Je t'en prie, déjà calme-toi, tu n'arriveras à rien en piquant des crises de nerf. Regarde-toi, tu as l'air toute proche de me faire une crise d'hystérie, là ! »

En effet, la demoiselle était toute rouge et elle se passait nerveusement la main dans les cheveux. Son pouls devait sans nul doute atteindre des sommets, et Sylvain ferait le nécessaire pour la calmer. La dernière fois qu'il s'était énervé, quant à lui, il avait fait une crise d’épilepsie...Et cela ne lui avait aucunement réussi. D'ailleurs, il avait bien peur des résultats des examens médicaux qu'il avait passé, il craignait que ceux-ci ne découvrent une grave maladie. Mais ce n'était pas le moment d'y penser. En ce moment, il se trouvait dans ce lieu pour aider Annabelle à surmonter sa douleur et pour la conseiller s'il y parvenait.

J'insiste pour que Sylvain aille porte ces fameux papiers de divorce qui sont pas signés à Raphaël moi je n'en ai pas la force à vrai dire. Je sais que j'ai supportée pas mal de chose, les mots blessants, les regards, les jugements de valeur mais là aujourd'hui je peux vraiment. Je n'ai cessée de lui répéter que je l'aimais, que malgré cette erreur, je l'aimais plus que je n'avais jamais aimée une personne auparavant mais il ne me croit pas, plus aucun mot qui ne sorte de ma bouche est vraie pour lui. Je ne sais pas vraiment quel image il a de moi à présent, mais elle est vraiment pas belle ça j'en suis persuadée. Ca me fait mal de me dire ça, mais malheureusement c'est simplement la stricte vérité, quand on joue avec le feu, on finit un jour ou l'autre par se brûlée. Et bah là, je me suis plus que brûlée, j'aimerais tellement savoir comment faire pour le récupérer, qu'est-ce que je peux dire ou faire pour qu'il finisse par me croire. Là, je suis dans le noir, je suis complètement perdue et je sais plus quoi faire pour regagner son estime et son amour, je crois que c'est peine perdue malheureusement. Lorsque Sylvain me pose la question que tout le monde doit se poser, je ne suis pas vraiment surprise, je savais bien qu'un jour ou l'autre cette question finirait par poser. Je ne suis pas fière de ce que j'ai fais, ça je peux vous le dire, mais malheureusement c'est arrivé et je ne peux plus rien y faire. A part essayer de réparer les pots cassés, c'est la seule chose dont je sois capable de faire à l'heure qu'il est, et encore rien n'est moins sure. Des sourires s'affichent sur les lèvres de Sylvain, mais moi en ce moment je suis incapable de sourire ces derniers temps, pourquoi sourire? J'ai tout perdue, ma vie ne rime plus à rien. Je recommande un verre parce que j'ai soif après lui avoir donné cette explication qu'il attendait tant et l'écoute parler. Je le regarde en baissant légèrement la tête et lui dis:

Au début, j'ai cru que cette histoire de divorce était un cri de désespoir, je me bats depuis des semaines pour le retrouver, pour récupérer l'homme que j'aime, mais finalement je me rends qu'il en a rien à faire de tout ça....tout ce qu'il veut à présent c'est que je dégages de sa vie pour toujours rien d'autre! Il était peut être sincère avec moi, surement même quand il m'a demandé en mariage, mais aujourd'hui c'est un autre homme que j'ai eu devant moi!

Je commençais à enfiler mes verres sans vraiment compter à combien j'en suis, c'est pas ce qu'il m'importe pour l'instant. En fait, j'ai besoin pendant un moment de plus penser à sa, de pas être obliger de prendre un doliprane tellement j'ai mal à la tête d'y penser. Je ne sais plus quoi faire, ça fait des semaines que j'y pense, il faut bien à un moment donné que j'arrête d'y penser, et je crois que le seul remède pour ça, même si je ne suis pas sure que ce soit le meilleur c'est l'alcool. De toute façon, plus personne n'est là pour m'interdire quelque chose, alors si j'ai envie de boire, je boirais et puis c'est tout. En même temps quand on voit l'état de Raphaël, je ne suis pas bien sur qu'il soit meilleur, bien au contraire même. Je suis tellement énervée par tout ça que j'en suis toute rouge, passant ma main dans mes cheveux pour me calmer les nerfs, j'en peux plus de cette situation, je vais finir par craquer je vous assure et surement pas dans le bon sens. Il me sourit avant de venir poser sa main droite sur ma joue pour essayer de me calmer, j'en peux plus de tout ça, il comprend pas. Mes genoux bougent nerveusement mais j'essaye de me calmer, je le regarde dans les yeux avant de lui dire:

Oui t'inquiètes pas pour moi ça va aller, mais ça fait des semaines que j'y pense, j'arrive pas à trouver des solutions, c'est éprouvant pour moi, j'en peux plus de devoir le supplier d'écouter ce que j'ai à lui dire! Je sais pas si je dois les signer ces papiers à la con!

Je me lèves rapidement et lui fais signe de pas bouger, je pars en direction des toilettes des femmes. Une fois devant le labo, je me regardes dans la glace et mon regard me fait pas plaisir, au contraire. Je passe de l'eau froide sur mon visage et me laisse tomber contre le mur, assise par terre je laisse couler les larmes le long de mes joues.

Dire qu'Annabelle était anéanti serait un véritable pléonasme ou alors ce ne serait pas assez. La demoiselle enfilait les verres d’alcool comme des graines de tournesol. Rien que devant Sylvain, elle venait d'en boire quatre, et le jeune homme ne savait pas combien elle en avait ingurgité auparavant. Mais vu la manière avec laquelle elle appréhendait les choses, son pessimisme et sa tristesse, ce devait être de copieuses festivités qu'elle s'était offertes !
Le chauffeur de bus ne cessait de la regarder dans les yeux, lui caressant la joue. Que pouvait-il ajouter ? Il n'avait pas le droit de l'inciter à signer ou non ces papiers... Ce n'était pas bien pour elle et cela ne se faisait pas vis-à-vis de Raphaël. Même si l'amitié qu'il entretenait avec Raphaël était moins solide que celle qu'il avait avec Annabelle, il restait son ami.

« Arrête de boire autant, tu vas finir par vomir. Je veux pas te voir dans cet état, moi... je suis là. Parle-moi. Je te donne même le droit de me gifler, de m'embrasser, de faire ce que tu veux si ça peut t'aider, mais arrête de te bourrer. Ce n'est pas la solution et il n'existe pas de machine à remonter le temps pour changer le passé. »

Dommage. Cela aurait bien qu'il existe une telle machine. On pourrait revenir sur tous les moments où l'on avait fait une connerie, sur tous les instants que l'on regrettait et les changer. Mais d'un autre côté, ce serait véritablement dangereux. Parfois, un tout petit choix change une vie....Et donc un tout petit choix ferait que nous ne serions plus nous, mais une autre personne. En vérité, c'est assez difficile à expliquer, car il n'y a pas vraiment de mots pour qualifier de tels chamboulements, vu qu'ils n'existent pas !
Sylvain continuait de caresser simplement la joue droite de son amie, pour la calmer, pour lui prouver qu'il était là. Pourtant, elle décida de le quitter, afin de se rendre au petit coin, certainement prise d'un besoin naturel urgent. Le trentenaire décida de l'attendre sagement, sirotant sa boisson, calmement. Mais les minutes passèrent et la jeune femme ne se représentait pas. Soit elle était constipée, soit elle était affalée sur le sol à se lamenter. Ou peut-être pire ! Mais Sylvain la connaissait trop bien pour continuer de l'attendre bêtement. Il se leva finalement, avant de ne prendre la direction des toilettes des femmes. Tant pis si le barman le prenait pour un pervers ou un voyeur, mais il poussa la porte sans hésitation, pénétrant ainsi dans les lieux.
Là, il découvrit une Annabelle prostrée, assise sur le sol contre le mur. San corps tremblait tant elle était attristé, et sa poitrine se lever sous ses hoquets dus aux pleurs. Bref, elle était en train de verser de nombreuses larmes, seule, dans cet endroit pas très appréciable pour ce genre de choses.
Sylvain s'approcha d'elle doucement, ayant perdu son sourire. Cette scène se déroulant devant lui lui brisait véritablement le cœur. Il finit par s'asseoir à côté de cette si grande amie, qu'il avait toujours soutenue et qu'il n'était pas question d 'abandonner. Pas à présent. C'était le moment où elle avait le plus besoin de sa présence et il ne se défilerait pas. « Anna'...C'est moi. » Il se laissa glisser contre le mur pour se retrouver à ses côtés. Là, il la força à le regarder dans les yeux, passant une main sous son menton. « Je t'en prie... » Serait vraiment l'instant où il ne savait plus quoi dire, ce moment redouté venait-il de se produire ? Il l'observa encore un instant avant de ne formuler les quelques mots suivants : « Aller...Viens ma belle. Viens là que je te fasse un petit câlin... » Il la tira tout contre lui, la serrant dans ses bras, comme s'il s'agissait d'une petite sœur apeurée. Il l'embrassa sur le front tendrement, et lui caressa doucement les cheveux. Il la câlinait de toutes ses forces, afin de la rassurer... Mais cela lui faisait du bien à lui aussi. Énormément de bien. Depuis que Marie lui faisait des misères, il n'avait plus vraiment serré ainsi quelqu'un qu'il aimait dans ses bras...