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 Jusqu'ici, tout va bien Ϟ Sylvain ♥

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MessageSujet: Jusqu'ici, tout va bien Ϟ Sylvain ♥   Jusqu'ici, tout va bien Ϟ Sylvain ♥ EmptyVen 10 Fév - 14:23

Jusqu'ici, tout va bien Ϟ Sylvain ♥ Tumblr_ltloi6erkQ1qg6rkio1_500


J'me demande encore ce que je fous avec cette bouteille de vin à la main. J'ai la ferme impression de faire une erreur mais j'me contrôle plus vraiment. Si je suis dans cette rue ce n'est pas pour rien. J'avance pourtant à reculons. J'sais absolument pas ce que sera la réaction de Sylvain. C'est vrai quoi, lors de notre dernier face à face, je lui ai cassé la gueule sur de fausses pensées. Et, c'est à peine maintenant que je me rends compte de la connerie que j'ai faite. J'hésite à me traiter de con ou de paumé. C'est sans intérêt, de toute façon. Mes doigts se resserrent sur la bouteille. Comme si un simple litre d'alcool accompagné de paroles tristes allaient changer quoi que ce soit. De mon autre main, je ne lâche pas mon parapluie. Mon visage est fade, aussi fade que ce costume que je porte. Sombre et sans émotion. Je m'arrête devant une vitre, juste le temps de remettre en place ma cravate. J'sais même pas pourquoi je fais ça. J'ai toujours eu du mal à me comprendre de toute façon. Mes yeux se relèvent, mon regard se pose sur la rue. J'me rends soudainement compte que je me trouve dans une fourmilière. Trop de personnes. Trop de microbes. Trop de choses qui m'oppressent et m'empêchent de respirer correctement. Pris d'une crise de peur, mon pas s'accélère sans que je ne puisse vraiment luter face à mon être affolé. A chaque pas posé sur ce trottoir j'me sens inévitablement dégringoler. Alors que mes mains tremblent comme jamais, je fonce de plein fouet dans un type. Plus grand et plus musclé. La bouteille de vin s'écrase au sol en même temps que je me ramasse comme une merde. On dit bonjour au béton Cerbère ! Une lèvre qui pisse le sang, une tâche de vin grande comme une maison et des habits trempes. Devenez raisonnable. Une main ferme attrape mon bras. J'lève les yeux et croise le regard du molosse que je viens de percuter. Les pulsations de mon cœur s'accélèrent. J'me relève comme un véritable taré et cours à en perdre haleine dans cette rue bondée. J'en oublie presque les gens qui me regardent comme si j'étais fou. T'façon j'm'en balance, je les emmerde tous. Un à un. C'est à bout de souffle que j'me retrouve devant la porte de l'appartement de Sylvain. Merde. Merde. Et triple merde. J'm'étais fait beau pour l'occasion. Sur le coup j'étais à nouveau le pauvre clochard d'avant. Le type que je ne voulais sous aucun prétexte retrouver. J'passe ma main dans mes cheveux pour tenter de me recoiffer mais rien n'y fait. Il ne cesse de pleuvoir à torrent, agrandissant alors petit à petit la tâche rouge sur ma chemise blanche. Mon index se pose sur la sonnette. J'hésite. J'ai pas envie de me retrouver avec une putain de tarte dans la gueule. Puis merde, c'est pas le moment de fuir la fatalité. Pas après tous les efforts que j'ai déployé ces derniers mois. C'est qu'une étape de plus à passer. J'sais même pas pourquoi elle me tient autant à cœur d'ailleurs, cette étape. Et pourtant, si je suis ici, ce n'est que par pure envie. C'est certainement ce qui me pousse à appuyer sur cette sonnette. Les secondes défilent alors une à une. Enfin, la porte s'ouvre.

Tu t'sens con, tellement con. Tu baisses les yeux, passe ta main dans ta nuque. T'es soudainement victime de ton malêtre. T'as cette scène qui t'revient en tête. Tu sais, cette nuit sombre, ce raï de coke de trop, cette haine inexpliquée. Cette barre de fer, complice du mal causé. Tes yeux trouvent la force de croiser ceux de Sylvain. Un frisson traverse ton corps. Non pas parce que t'as froid, c'est juste une réaction de ton corps face à la fatalité. C'est douloureux, effrayant mais tu n'te démontes pas. Ton cœur bat à vive allure. Ta bouche s'ouvre légèrement puis se referme. Faut qu'tu te dépêches si tu veux pas te retrouve avec une porte sur la figure. Ta main se pose sur celle-ci, simple prévention.

    « J'suis pas venu en ennemi. » Ma respiration se coupe. J'ai toujours été foutrement nul niveau dialogue. « C'est p't'être un peu tard pour venir te voir mais … Bref. » J'me rends alors compte que je parle mal. Retourner en Grèce a eu tendance à me faire oublier mes bases de Français. « J'suis désolé pour .. fin tu l'sais. » J'me mets à rire nerveusement. « C'était une connerie de ma part. »


Et, ces paroles qui quittent mes lèvres n'ont jamais été aussi sincères. Légèrement brouillon mais pleines de bonnes intentions. J'te l'promets Sylvain.
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MessageSujet: Re: Jusqu'ici, tout va bien Ϟ Sylvain ♥   Jusqu'ici, tout va bien Ϟ Sylvain ♥ EmptyVen 10 Fév - 19:58

Encore une journée à passer en pyjama tranquillement, devant la télé, au calme, sans bouger, juste à regarder des choses sans intérêts. Amandine n'était pas là, Marie n'était pas là et Pierre se trouvait à l'école. Sylvain l'y avait accompagné puis était directement rentré se coucher, après avoir remis son pyjama Snoopy. Il en avait plusieurs, mais celui-ci devait être son préféré, Marie le lui avait offert, il y avait de cela quelques années, pour la fête des pères. Et puis, cela prouvait bien qu'il n'avait pas grossi depuis le temps.
Son réfrigérateur était vide. Pas une once de viande ou même de surgelé. Rien. Quelques yaourts. Cela faisait déjà pas mal de temps qu'il n'avait pas fait les courses. La monotonie et la déprime s'étaient installées dans sa vie, comme s'il avait pris un énorme coup dans la gueule. Depuis que Marie avait quitté le domicile familiale, plus rien était pareil. Sylvain s'en venait à se demander s'il avait bien fait, s'il n'avait pas été stupide de laisser cette femme revenir dans sa vie. Il l'aimait, mais c'était un amour qui l'avait déjà détruit. Pourrait-elle lui tourner le dos encore une fois ? Après tout, n'était-elle pas simplement revenue pour voir s'il ne pouvait pas lui servir pour quelque chose, quoi que ce fusse ?
Ces sombres pensées lui ensevelissaient l'esprit alors qu'il espérait encore vivre heureux quelques temps. Mais quelle joie de vivre seul, malade, en attendant qu'un simple petit plaisir, qu'un simple sourire nous soit offert ? Il avait l'impression d'être devenu un mendiant de l'amour, un mendiant tout court d'ailleurs. Il n'appelait plus personne et ne répondait plus au téléphone. C'était devenu presque inquiétant. Heureusement que Pierre était là. Lorsqu'Eloïse avait frappé à sa porte pour lui présenter ce fils caché, il n'aurait jamais cru être si heureux par la suite de l'élever. Ce garçon était vraiment un ange, contrairement à ce que l'on aurait pu croire en voyant sa mère. Cette dernière n'était qu'une lâche de l'abandonner ainsi. Ce devait être un sort dans la famille Lefèvre, une destinée indéniable. Chacun finissait abandonné en un certain sens.

Se levant finalement d'un pas lent et las du sofa du salon, il se dirigea doucement vers la cuisine. Faire un peu de ménage lui ferait du bien. Sans même enfiler un tablier ou quoi que ce soit, il se décida à faire un petit rangement de la cuisinière. Il ne l'avait pas nettoyée la dernière fois qu'il l'avait utilisée, ce qui devait remonter à une longue semaine, et le gras s'était collé à la plaque. Mouillant une éponge et sortant le produit nécessaire, il s'attela à la tâche sans faillir. Sylvain faisait partie des hommes pour qui le ménage n'est pas une corvée, mais une détente, sans pour autant en devenir maniaque. Ses proches le savaient : dès que Sylvain se mettait à ranger, ce qui arrivait assez souvent, c'était qu'il était anxieux. Il existait plusieurs stades dans son anxiété : la cuisine, c'était le départ, lorsqu'il n'avait pas le moral. La chambre, c'était lorsqu'il avait besoin de se trouver seul. Mais lorsqu'il commençait à nettoyer minutieusement chaque plainte de chaque pièces avec une brosse et du produit, c'était qu'il avait réellement besoin d 'aide.

Ce fut alors qu'il entendit un son, un son qu'il avait toujours aimé entendre. On sonnait à la porte de son appartement. Laissant tomber ce qu'il avait entre les mains, il se hâta de se laver les mains sous de l'eau bien chaude, avant de ne filer en direction de la porte d'entrée. Il espérait tant voir le visage souriant de Marie se présenter face à lui, ou alors celui d'Amandine, qui ne semblait plus vouloir même le voir. Ce serait si merveilleux ! Un immense sourire apparaissait sur son visage, bien qu'il eut déjà été désillusionné de très nombreuses fois, il continuait d'espérer. D'ailleurs, il pensait que c'était gagné d'avance. Quelle ne fut sa déception lorsque la porte s'ouvrit sur un homme qui lui était inconnu. Un espèce de clochard qu'il n'avait jamais vu. Enfin, du moins, c'est ainsi qu'il songea lorsqu'il posa un premier regard sur son interlocuteur. Mais les mots qu'il formula l'aidèrent à le reconnaître. Debout, les yeux écarquillés, portant son pyjama Snoopy, Sylvain observait son agresseur. Des scènes lui revinrent en mémoire, comme si les images avaient été ancrées dans son âme pour toujours et qu'il suffisait d'appuyer sur un bouton pour les faire revenir une à une, comme des boulets de canon. On l'avait battu, on l'avait humilié. Il n'avait ni porté plainte, ni même rien fait de ce genre. Il s'était énervé, puis il s'était enfermé dans sa chambre comme un adolescent souillé qui avait honte de se montrer à nouveau. Cet homme, qui se tenait devant lui, lui avait fait beaucoup de mal. Et il s'excusait, comme une fleur. Allez, vas-y mon gars. Pardonne-lui Sylvain. Tu le dois, tu n'as pas le choix. Il est venu s'excuser, c'est de bonne guerre. Il ne t'a pas tué. Tu vas peut-être mourir bientôt, alors pardonne donc à ceux qui t'ont fait du mal avant de le regretter.

Le jaugeant de bas en haut, Sylvain put observer l'état crasseux dans lequel se trouvait son adversaire. On aurait dit qu'il s'était battu avec de la merde. Et, de plus, il puait l'alcool. Pouvait-on lui faire confiance ? Sylvain était seul. Et puis, il n'avait rien à perdre.

« C'est pas grave, tu m'aurais rendu service si tu m'avais buté. » finit-il par répondre, détachant chaque syllabe. Puis, le trentenaire baissa les yeux. Il avait osé dire enfin tout haut ce qui lui passait par la tête. Où est passé ton sourire Sylvain ? Où est passé ton envie de te battre ? Où es-tu passé Sylvain ? Je suis mort.

Levant de nouveau le regard vers Cerbère, l'ancien chauffeur de bus se poussa de l'entrée. « Vas-y, entre. Je te passerais des vêtements secs. »

Bah oui, il laissait entrer son agresseur. C'est beau le pardon, hein ? Mais de toute évidence, ce type, se tenant devant lui avait quelque chose en commun avec lui. Y avait rien qu'à le regarder, trempé jusqu'aux os, semblant à un clochard, puis poser un œil sur Sylvain, accoutré de son pyjama Snoopy. Deux hommes sortis d'asile. Voilà tout.
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Jusqu'ici, tout va bien Ϟ Sylvain ♥

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