❝ qu'est-ce qu'elle a, celle-là ? les nichons parfumés à la bière ? ❞
ye m'aime, pas toi ?
Je suis née à Paris il y a vingt-six ans et on m'a appelée Hannah Woods. Je suis d'origine française. Dans la vie de tout les jours, je suis chanteuse. En dehors de ça, faut pas chialer hein, mais j’suis majoritairement hétérosexuelle j'suis également célibataire et j’le vis bien. Je fais parti des un autre monde et j’en suis particulièrement fière. On m’dit que je ressemble souvent à lea michele et je remercie leagifs@tumblr.
je veux en savoir un peu plus.
la famille
à la maison, ils étaient six : sa mère, sophie, professeur de piano, son père, wesley, avocat, samuel, l'aîné, hannah et léo, les jumeaux, et nicolas, le petit dernier. la famille, chez les woods, c'est sacré. nombreux sont ceux à avoir cru qu'ils sont anglais, voire américains. wesley possède, certes, la double-nationalité franco-américaine mais il est bien né en france, tout comme sa femme et ses enfants. son père ― le grand-père de sam, léo, hannah et nicolas donc ― en revanche était bel et bien américain. originaire de sacramento, fils d'un homme d'affaires francophile et d'une pianiste française, il vient à paris pour la première fois en 1928, avec sa mère. plus tard, il s'inscrit à la sorbonne et s'installe donc à paris. lorsqu'éclate la guerre, il se réfugie en angleterre mais revient à paris à la libération, âgé de trente-et-un ans. ce n'est que douze années plus tard qu'il se marie enfin, liant sa vie à celle d'une artiste de vingt ans sa cadette prénommée marie. ils n'auront qu'un seul enfant : wesley, lequel a par ailleurs toujours vécu à paris. les woods n'ont donc pas un patronyme très francophone mais ils sont français par le coeur ou par la loi depuis des générations.
la musique
chez les woods, la musique, c'est dans les gênes. les grands-parents maternels d'hannah étaient musiciens, tout son arrière-grand-mère et sa grand-mère maternel. sophie, sa mère, est professeur de piano. elle-même joue du piano ainsi que de la guitare. léo et elle ont appris en même temps, ayant droit aux mêmes leçons. ils ont appris par ailleurs à lire la musique avant de savoir lire le français et ont commencé à composer durant leur adolescence. ils ont grandi avec téléphone ― groupe auquel ils ont rendu hommage dans leur premier album, télévision ―, noir désir, balavoine, niagara, goldman et barbara. c'est, pour hannah, un moyen de s'exprimer, de se défouler. quiconque a une jour compté dans sa vie se retrouvera forcément dans un de ses textes, bien qu'elle nomme rarement les gens et ait beaucoup recours aux métaphores. il n'y a que la chanson lola qui soit clairement adressée à l'une de ses connaissances, jeanne lacroix, dont le deuxième prénom est devenu le nom de ce titre. ces huit dernières années, neuf grammy, cinq mtv music awards et quatre victoires de la musique sont venus récompenser cet amour pour la chanson et saluer le talent des woods.
son sale caractère
parfois, elle peut être très égoïste et ne penser vraiment qu'à elle. c'est généralement un mécanisme de défense qu'elle active sans réfléchir. dès que les choses commencent à devenir trop graves, trop sérieuses, elle cesse de penser que d'autres sont concernés, qu'elle n'est pas la seule à décider et elle n'en fait qu'à sa tête. elle est d'ailleurs très impulsive et, bien qu'elle travaille là-dessus, ça lui joue pas mal de tours. elle a du mal à se retenir lorsqu'elle a quelque chose à dire, elle est grande gueule et elle l'assume. c'est une fille enjouée, qui a toujours le sourire aux lèvres. certes, elle a un humour parfois un peu douteux, n'hésite pas à lâcher des phrases assassines devant les caméras pour se faire remarquer, mais elle n'est pas foncièrement méchante, juste un peu mesquine. elle adore s'amuser et se fiche clairement que ça puisse faire scandale, bien au contraire, elle est provocante et elle ne cherche pas du tout à y remédier. c'est une fille entière qui ne cherche pas à changer pour plaire, on la prend comme elle est ou on passe son chemin, c'est tout. elle est très possessive, e qui est à elle est à elle, on ne touche pas, comme pour sa guitare, par exemple, le premier qui pose un doigt dessus sans y avoir été invité risque de devoir survivre avec une main en moins. elle a un côté maman poule-maman tigre qu'on ne devine pas, au premier abord, mais qu'on s'attaque à quelqu'un qu'elle aime et hannah sortira les griffes, voire les crocs. il lui arrive d'élever la vulgarité (verbale) au rang de véritable art, surtout si on la cherche d'un peu trop près. au boulot, c'est un vrai tyran, surtout on ne l'écoute pas ou si on ne suit pas ses conseils. c'est une diva, deal with it, et une diva rancunière d'ailleurs. elle est généreuse mais toutes ces oeuvres de charité surexposées médiatiquement parlant ne l'intéressent pas ou peu. elle ne cherche pas à se mettre en avant lorsqu'elle donne mais si son image peut aider, elle se prête volontiers au jeu. même si elle se donne beaucoup dans ses chansons, dans la vie quotidienne, elle se livre rarement et fuit généralement lorsqu'il s'agit d'ouvrir son coeur. on ne le jurerait pas à première vue mais elle est très sensible. elle pleure très facilement devant un film ou en écoutant une chanson.
la célébrité
ça ne lui a jamais posé le moindre problème. elle aime être sous les feux des projecteurs, elle aime qu'on la regarde, qu'on l'admire, qu'on crie son nom lorsqu'elle est sur scène. elle est très à l'aise avec son image, même lorsqu'on la taxe de starlette, voire de traînée. pour autant, elle regarde rarement ses clips une fois ceux-ci bouclés ou les émissions dans lesquelles elle a un jour pu intervenir. il n'y a que les chansons du groupe qui ne lui posent aucun problème. la renommée de son nom lui permet d'être invitée à peu près partout. elle en profite cependant peu. mieux vaut savoir se faire rare et se faire désirer.
ses histoires de coeur
elle ne s'est jamais véritablement posée, sauf peut-être avec zackary, son premier vrai mec. le premier, en réalité, avec lequel c'était sérieux. il était basketteur mais un accident a mis fin à sa carrière et, indirectement, à sa relation avec hannah. il ne supportait plus son rythme de vie et était plutôt du genre jaloux. un boulet. il y a eu logan, récemment. un chic type, avec une existence stable, aux côtés de qui s'ouvrait un avenir heureux et paisible, serein. mais il y a toujours eu gabriel, il y aura toujours gabriel. il est là depuis.. une éternité. hannah a l'impression de l'avoir toujours connu. elle le fréquente discrètement depuis de longues années et.. c'est compliqué.
ses petites manies
elle fume un paquet, à un paquet et demi de malboro gold par jour, n'a jamais essayé d'arrêter, n'en a jamais eu l'envie et ne le fera probablement jamais. elle boit trois litres de thé (de préférence blanc, à la framboise) par jour. chaque fois, avant d'aller se coucher, elle engloutit le quart d'un paquet de petits lu, généralement devant une énième rediffusion des mini miss (elle adore ce truc, d'ailleurs). môme, elle était folle amoureuse de tommy lee jones. elle trouve les maroon 5 absolument géniaux et adore la voix d'adam levine (dommage que sa nana soit aussi canon, d'ailleurs). dirty dancing est son film préféré. elle passe son temps à perdre ses médiators, en rachète tous les jours ou presque et les égare presque aussitôt. sa couleur préférée est le rose. elle a plusieurs tatouages, plus ou moins visibles, qui s'apparentent tous à quelqu'un d'important ou à un fait marquant dans sa vie.
et toi, et toi, et toi ?
Votre pseudo sur le net ⇝ BLEDINA. Où avez vous connu OLLP ⇝ aucune idée, j'ai aucune mémoire. Âge ⇝ je vais sur mes seize ans. Présence sur le forum ⇝ quatre à cinq jours par semaine. Votre avatar ⇝ Lea Michele. Pour nous aider ⇝
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[color=#0080FF]▬▬[/color] <b>Lea Michele</b> ◈ Hannah M. Woods
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Sujet: Re: HANNAH MARIE W. Ҩ Mer 28 Mar - 18:09
⇝ childhood's full of joy
« Aïe ! Mais ! Hannaaaaaaaah ! Arrêêêêêêêête ! » J’esquisse un sourire un peu mesquin en continuant de broyer sa main jusqu’à ce qu’il abaisse finalement le bras sur la table. « J’ai gagnéééééééé ! » Je sautille autour de Léo alors qu’il me fusille du regard. En ricanant, je lui envoie une bourrade du poing. La réaction ne se fait pas attendre. « MAMAAAAAAAAAAN ! HANNAH A TRICHÉ ET EN PLUS ELLE ME TAAAAAPE ! » hurle-t-il en se tenant l’épaule. Je lève les yeux au ciel en triturant une de mes nattes. Quel sale petit mauvais joueur ! « C’EST PAS VRAAAAI ! je réponds, courroucée. J’ai plus de force que toi ! T’es un microbe, c’est tout ! » Il se tourne vers moi, menaçant du haut de son centimètre supplémentaire. Je demande souvent à maman de me faire des palmiers et des queues-de-cheval très hautes parce que franchement, c’est pas juste. Papa dit que je suis née la première alors JE devrais être la plus grande. Il doit manger des petits suisses en douce dans mon dos parce qu’on mange tout pareil, alors il n’y a pas de raison qu’on ne fasse pas la même taille. Les petits suisses, c’est plein de calcium. Le papa de Gaël est médecin ; il a dit que le calcium aide la croissance ou quelque chose comme ça. Comme Léo est mon frère jumeau, on devrait la même taille. Conclusion, c’est lui le tricheur ! Et toc.
Maman arrive, une feuille à la main. Je ne sais pas pourquoi mais elle a l’air en colère. « Hannah, on t’a déjà dit de ne pas embêté ton frère » fait-elle. Léo me lance un regard satisfait. Je me retiens de tirer la langue devant Maman, ne tenant pas à m’attirer encore des ennuis. « Et toi Léo, arrête de provoquer ta sœur ! » L’air fanfaron de mon frangin disparaît bien vite. J’en profite pour lui adresser une grimace triomphale et jeter un œil à la feuille que Maman tient. C’est une partition, une chanson en anglais. Les Beatles probablement. « C’est pour quiiii ? » je demande, un coin de la page entre mon pouce et mon index. Maman donne des cours de piano. C’est sans doute pour l’un de ses élèves mais je suis curieuse de savoir lequel. Ce morceau, nous, on sait le jouer, elle nous l’a appris. « Martin » répond Maman en soupirant. Je crois que le pauvre Martin n’y parvient pas ou en tout cas, Maman n’est pas satisfaite. Elle a la même tête que lorsque Papa l’appelle pour dire qu’il rentrera tard parce qu’il a beaucoup de travail. « Soyez sages, d’accord ? On a bientôt fini » On hoche la tête de concert, trop contents d’échapper à une punition. Elle sort finalement après nous avoir adressé un sourire, un vrai sourire de maman, un sourire qui dit je t’aime.
Moi aussi je souris. Mais pas pour dire je t’aime sans mot comme Maman. Non, je souris parce qu’en fait, Léo et moi, on est trop fort ― même si c’est clairement un gros nul au bras de fer. « Hé ! » Je l’empoigne un peu brusquement. Il me regarde un peu méchamment, comme quand je fais une bêtise, que je suis en tort et que lui a raison. « Maman t’a dit que- » Je lui coupe la parole en plaquant une main sur sa bouche. Il essaye de protester mais je tiens bon. C’est sérieux là. Je lui ferai payer son trafic de petits suisses plus tard. « Léooooooo, t’as pas capté ? » Ca y est, je l’intéresse. Ou en tout cas, je l’intrigue. « C’est notre chanson, celle que Maman nous a appris l’autre jour tu te souviens ? On avait droit qu’à une seule main » Et même que j’ai dû choisir ma main droite, ma mauvaise main quoi, parce qu’il a piqué une crise pour avoir sa bonne main. Mais ça, je ne le dis pas. Généralement, c’est moi qui boude pour avoir ce que je veux. Ça marche très bien sur Papa, il cède tout de suite. Sur Maman, c’est plus difficile. Sauf quand les garçons se liguent contre moi. Léo et moi, on était censé être le deuxième enfant ― au lieu de ça, on était deux ― et avant nous, il y a eu Samuel et après nous, Nicolas. Être la seule fille ― Maman compte pas vraiment, Maman, c’est pas vraiment une fille ― c’est super cool la majorité du temps mais quand tes frères t’embêtent tous les trois ensemble, ça craint un max. Il faut savoir réagir vite.
Léo me chope la main. Voilà, il a compris. « La chanson avec les mots bizarres sous les portés ? » Je ricane. « C’est de l’anglais Léo » je précise en me moquant un peu de lui. On apprend à compter en anglais à l’école et il s’emmêle toujours les pinceaux. « Je sais, il réplique en levant les yeux au ciel, et c’est des mots bizarres » J’ouvre la bouche pour parler mais il continue sur sa lancée. « C’est ça que Maman apprend à Martin ? » J’acquiesce, certaine que sa mine moqueuse est l’exact reflet de la mienne. « Mais il est plus vieux que Sam et il sait pas encore le jouer alors que nous, on.. viens » Main dans la main, à pas de loups, on traverse l’appartement et on arrive au salon de musique ― c’est nous qui l’avons baptisé ainsi ― où Maman donne ses cours. Ça me déplaît un peu parce que c’est sur notre piano que ses élèves posent leurs doigts. J’en ai encore jamais vu un seul se laver les mains avant de les mettre sur les touches. Parfois, Maman nous laisse nous asseoir sur le canapé et on regarde, on écoute mais on n’a pas le droit de parler. Certains sont très mauvais et en plus, ceux-là ne travaillent pas beaucoup. Aujourd’hui, on reste dehors, on va se contenter d’écouter. On colle chacun une oreille contre la porte. Martin fait partie des mauvais qui ne travaillent pas. Ils énervent beaucoup Maman, ceux-là. Pour qu’on n’en devienne pas nous aussi ― Léo et moi, on est très bon, tout le monde le dit et c’est pas juste parce qu’on a neuf ans et qu’on est mignon devant un piano ― on joue tous les jours au moins une heure et demie. On travaille l’un après l’autre, ensemble, puis à quatre mains ou juste à deux. Maman dit qu’utiliser une seule main renforce l’agilité et la force. C’est un exercice difficile parce qu’il faut qu’on soit vraiment ensemble, qu’on respecte absolument la partition à la note près, au risque de rater nos accords. On alterne, main gauche, main droite. On change également de place. C’est difficile mais on y arrive. On est sur le chemin de la réussite en tout cas.
Le type qu’on entend jouer est vraiment mauvais. Je glisse un regard à mon frère. Léo a compris. Il a dû en arriver à la même conclusion que moi puisqu’il fronce le nez. Il a fait la même chose l’autre jour, lorsque je l’ai mis au défi de croquer une rondelle de citron. J’ai dû me taire tout un après-midi ensuite puisqu’il avait gagné notre pari. « Il est pas bon, chuchota-t-il, on le joue mieux. Beaucoup, beaucoup, BEAUCOUP mieux » Effectivement. Il n’y a aucun rapport entre la manière qu’a cette grosse brute de Martin de marteler les touches et notre interprétation du morceau qu’il est en train de massacrer. « Maman doit être furax, je pouffe, mais il pourrait au moins essayer de travailler » Léo hoche la tête. En même temps, n’est pas Woods qui veut. Talent est notre deuxième prénom.
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Sujet: Re: HANNAH MARIE W. Ҩ Mer 28 Mar - 18:42
⇝ teenage years
Les applaudissements pleuvent tandis que je serre très fort la main de Léo dans la mienne. Ce spectacle est un franc succès. Il craignait que nos rôles respectifs ne choquent, malgré tous mes efforts pour le rassurer. Merde, ce n’était qu’un pauvre baiser, sans compter qu’on l’a fait pour la musique, pour notre art et rien d’autre. Parce que notre duo fonctionne à merveille depuis des années. Parce que le Tony de ma Maria, c’est lui, Léo, mon frère, mon frère jumeau. Est-ce ma faute si musicalement parlant, il est mon âme sœur ? I don’t think so. Et puis bon, avouons-le, ce baiser va faire parler de lui et donc du spectacle. Win-Win. On a été superbe en plus de ça. C’est pour ça qu’ils applaudissent, qu’ils sourient, qu’ils sont debout. C’est pour nous tout ça.
On saisit ma main gauche. C’est Manu. Elle est aux anges. On a eu toutes les peines du monde à convaincre sa mère de la laisser se teindre les cheveux. Olivier, le metteur en scène de notre production de West Wide Story, a lourdement insisté : Anita, blonde, no fuckin’ way. Brune, Manu, elle, l’est autant qu’est sexy une paire de charentaises. Mais on a réussi à faire changer sa maman d’avis. Ce soir, ça donc été elle, mon Anita, ce soir comme durant toutes les répétitions de ces derniers mois. Les autres filles de notre classe nous ont pas mal jalousées, derrière leur façade souriante. Bon, d’accord, il est possible que j’aie quelque peu fanfaronné, l’espace de deux ou trois semaines après les auditions. Possible et surtout probable.
On descend finalement de scène, non sans avoir effectué deux rappels. En coulisse, c’est l’euphorie. On crie, on rit, on s’enlace, on s’embrasse. J’aperçois Lisa, la copine de Léo, qui se précipite dans ses bras comme un homme à la mer se jetterait sur une bouée. Je n’aime pas beaucoup cette fille. Elle est en terminale S ― et déjà là, elle marque de mauvais points ― et elle n’assume pas du tout son côté nerd puisqu’elle en fait des tonnes pour jouer les fashionistas en se cachant derrière des fringues classes au départ.. et surtout séparément. Comble de l’horreur, elle n’a pas du tout l’oreille musicale. C’en est même affligeant. Qu’on rate ou pas un accord, elle aura la même réaction : elle se dandinera sur place en applaudissant frénétiquement, haletante comme si elle venait de courir le marathon perchée sur des Jimmy Choo. Enfin, non. Elle serait incapable de faire plus de trois mètres sans se blesser ou pire, sans commettre un crime contre l’humanité en ravageant les précieuses chaussures. Bref, je préfère me détourner afin d’éviter l’odieux spectacle que sont les baisers qu’échangent les deux silly love birds. J’ai à faire anyway. Entraînant Manu un peu plus loin, je dézippe la sage robe blanche qui me donne des airs de première communiante. « Très sexy » se moque Emmanuelle lorsqu’elle aperçoit mes sous-vêtements. Je me joins à son hilarité. Ça n’a rien de bien folichon, en effet, mais j’ai dû composer avec les contraintes du costume. Sous du blanc, on met du blanc, c’est tout. Et en l’occurrence, les seuls sous-vêtements blancs que je possède sont plutôt enfantins, oui. Je n’aime pas particulièrement avoir l’air d’une fille facile mais je suis plutôt heureusement de retrouver mon petit short en jean. Je m’apprête à enfiler mon débardeur lorsque Manu me fait signe de me retourner, d’un bref hochement de tête. Je m’exécute et découvre Gabriel Deschannel, adossé contre un mur. Il m’observe avec nonchalance. Il a eu son bac l’année dernière, à moins que ce soit l’année d’avant, mais ça ne l’empêche pas de se pointer régulièrement au lycée. Pour moi. Du moins, c’est ce que j’aime à penser. Et ce soir, je suis heureuse alors c’est ce que j’ai envie de me dire. Lâchant mon tee-shirt, je me précipite à sa rencontre, sans me soucier une seule seconde des regards qu’on doit me lancer alors que je saute au cou d’un type largement plus vieux que moi, pas tout à fait habillée. Il a vingt ans, j’en ai bientôt dix-huit, c’est légal. Ca l’était beaucoup moins auparavant mais peu importe. Il me réceptionne avec aisance, un bras entourant ma taille et l’autre sous mes fesses. Mes jambes trouvent quant à elles leur place autour de ses hanches. J’écrase ses lèvres, jouant avec les cheveux un peu trop longs de la base de sa crête. Depuis que je le connais, il arbore toujours cette ridicule coupe de cheveux. Ça lui plaît et je dois dire que j’aime assez passer la main dessus. « Tu devrais aller chez le coiffeur » je murmure lorsqu’il relâche ma bouche. Il hausse un sourcil. « Moi aussi, je suis content de te voir Woods, ricane-t-il, tu as pris un peu de poids depuis la dernière fois, non ? » continue-t-il en me secouant légèrement. Que ce soit clair, ce mec est un connard de la plus pure espèce. Il n’a aucune idée de ce que les mots galanterie, romantisme et compliments signifient ou alors il le cache très bien. Sans compter qu’il a l’audace de prétendre que je suis capricieuse, dénuée de talent et égocentrique. Egocentrique, m ass. Je ne ramène pas tout à moi lorsqu’on est ensemble et j’oublie rarement de lui retourner ses attentions. C’est un imbécile, c’est tout. « Je manque d’exercice, je réponds, caressant son nez du mien, on a pas beaucoup travaillé notre endurance ces derniers temps » Il me jette un coup d’œil un brin méprisant. J’ai dû le vexer là. « J’ai une vie et des études à mener, Woods » Bien sûr. Et moi alors ? Je regarde le train de la vie passer telle une Charolaise dans son pré ? « Et moi j’ai une carrière à laquelle me consacrer » Je m’apprête à lui clouer le bec en beauté lorsqu’il ricane, avant de m’embrasser. Je ne bouge pas, n’abaisse même pas les paupières, surprise. Connard. Je lui montrerai. A lui et à tous les autres qui m’imaginent juste bonne à jouer les potiches dans une comédie musicale montée par le lycée. Ils risquent de tomber des nues et ce, très prochainement. L’idée est jouissive mais Deschannel est en passe de tout gâcher en me mettant en pétard. Connard. Tant pis, ce soir, j’irai m’éclater ailleurs que dans son lit.
Je le repousse et retrouve la terre ferme. Après un coup d’œil derrière moi, je constate que Léo, qui la joue collé-serré avec Lisa-la-Nunuche, a rejoint la bande et qu’il est prêt à partir. Je ne suis même pas encore habillée. Pas tout à fait. Lorsque je me retourne, Deschannel semble avoir remarqué mon absence de tee-shirt. « Regarde-moi dans les yeux espèce de pervers ! » je m’écrie, agacée, en lui assénant un léger coup sur le torse. Il se redresse et m’adresse un sourire faussement innocent. Chacun de ses rictus est un appel à la débauche et je dois fournir un effort considérable pour ne pas changer d’avis. C’est le moment d’être un peu forte. Il ne peut pas gagner à chaque fois. J’ai encore un peu de fierté. « Je te remercie d’être venu et je te souhaite une agréable soirée Gabriel » Je fais volte-face sans un seul regard de plus pour le malotru. Pourtant, Dieu sait que j’ai envie de me retourner et de quitter le lycée avec lui. J’aimerais tellement qu’il me retienne, qu’il me demande ce qui cloche, ce qu’il a fait de mal, j’aimerais qu’il s’intéresse à moi, qu’il s’intéresse vraiment à moi et pas juste à mon cul, j’aimerais être plus qu’une nana sur sa liste, plus qu’un numéro dans son répertoire, j’aimerais être tellement plus que la jolie petite lycéenne qu’il vient voir quand il a envie de tirer un coup parce qu’elle écarte facilement les cuisses. Je voudrais tellement être plus forte, plus indépendante. La vérité, c’est que Deschannel a tendance à m’obséder, qu’il soit ou non dans les parages. En plus, ce connard m’inspire. J’ai déjà écrit une ou deux chansons à son sujet. Peut-être trois. Voire cinq. Whatever. Il faut que j’arrête. Ce n’est pas mon copain, on est même pas amis, c’est juste.. c’est bancal mais ça nous convient. Du moins, au départ, ça nous convenait à tous les deux.
Toute guillerette, Manu vient à ma rencontre. Elle me tend mon débardeur que j’enfile sans attendre. Dans les coulisses, je suis la dernière à n’avoir pas retrouvé ses fringues de lycéenne. Même ma super Anita est redevenue mon Emmanuelle. Elle a caché ses cheveux sous une chapka qui surprend un peu pour la saison et elle s’est démaquillée. Au contraire de la majorité de mes amis et surtout de Léo, Manu n’a jamais trouvé à redire sur ma relation ― appelons ça comme ça.. il faut bien mettre un mot là-dessus ― elle me soutient no matter what. « Ton frère n’a pas l’air ravi-ravi » souffle-t-elle avant qu’on ne rejoigne le groupe. Et effectivement, Léo fait la gueule. Je lui adresse une grimace puis un sourire, tentant de paraître enjouée. Il aimerait sans aucun doute que je retourne avec Baptiste. Le truc qu’il ignore ― et ce n’est pas dans ma bouche qu’il l’apprendra, j’ai promis de la boucler ― c’est que Baptiste, son pote Baptiste, son grand copain de toujours, Baptiste est gay. Il a encore du mal à assumer mais il a trouvé le courage de me le dire. Au début, sans aller jusqu’à dire que j’étais amoureuse, j’étais sur un petit nuage. Il est très mignon et il ferait rougir n’importe quelle fille normalement constituée. Ensuite j’ai remarqué qu’au contraire, je ne lui faisais aucun effet, ce qui n’est guère gratifiant. J’ai essayé de le faire parler et finalement, il a avoué. Pendant quelques temps, j’ai joué les couvertures avant notre rupture. Spectaculaire by the way. J’ai trouvé la scène qu’on avait concoctée ensemble absolument grandiose. Bon, Léo a eu l’impression de devoir choisir entre son pote et sa sœur, et, d’accord, pendant un moment, c’était un peu tendu avec Baptiste. Nous deux ― Baptiste et moi ― ça nous a fait beaucoup rire. Donc aujourd’hui, oui, il passe toujours autant de temps avec moi mais il est hors de question qu’on remette ça. Baptiste est adorable, il est canon, certes. Adorable, canon mais gay. Je resterai probablement sa seule expérience féminine pendant un moment mais je ne tiens à jouer les prolongations. Même si ça semblerait plus sain que ce que je trafique avec Gabriel. Peu importe. Je suis une grande fille, n’en déplaise à mon frère jumeau, une grande fille qui n’a aucunement l’idée de rejouer les fausses petites-copines avec un de ses potes pour le satisfaire.
« Bon, les enfants, je lance avec entrain après avoir récupéré mon sac et mon perfecto, on a deux trucs à fêter ce soir. Evidemment, on a fait un carton, alors on va marquer le coup maaaais.. Léo, tu leur dis ? » Voilà une façon de lui rendre le sourire. On s’engueulera sans doute plus tard, je m’en doute, et ça ne sera pas la première fois. Il est juste inquiet, c’est son rôle mais pour l’heure, son boulot, c’est de leur annoncer la grande nouvelle. Il me sourit avant de finalement prendre la parole : « bon, vous allez peut-être nous détester parce qu’on vous avait rien dit mais.. » Là, j’espère qu’il ne se sent pas coupable pour Lisa-la-Gourde parce que franchement, si il y avait bien une personne à tenir éloignée, c’est elle. Elle n’aurait été d’aucun secours. Et je ne dis pas ça parce que je ne peux pas la voir en peinture. Et puis, de toute façon, on avait certaines contraintes techniques. « .. on avait une clause de confidentialité ! » « Voilà et en plus, on était encore sûr de rien » Bon, ça, c’est un demi-mensonge. On a su dès le début que ça le ferait. Merde, on est les Woods. « Même si on a bossé comme des malades » Et ça, ce n’est pas peu dire. J’ai dû mener une triple vie cette année, entre le lycée, les potes et.. ça. « On a cru qu’on aurait jamais le temps de réviser d’ailleurs » Je ricane et en profite pour ressortir ce que nous a dit Samuel, au début de cette aventure : « en même temps, c’est pas grave, regardez Bill Gates, il a jamais fini ses études » Léo sourit aussi, même c’était lui le plus stressé pendant nos révisions. Avoir notre frangin aîné sur le dos pour nous encourager à arrêter nos études n’a pas franchement aidé, je le reconnais. « Mais finalement, on va l’avoir notre bac et d’ailleurs, en parlant de bacs, Nana, je t’en prie.. » Alors là, il me surprend. Je pensais qu’il l’annoncerait mais puisqu’il me cède la place. Je penche la tête, lui adresse un regard tendre avant de me remettre dans la peau de la fille talentueuse, facette que je montre la majorité du temps. « On vous annonce la sortie d’un album absolument génial et rafraîchissant, écrit à quatre mains par deux artistes FA-BU-LEUX ! Pas vrai Léo ? » Il hoche vivement la tête alors que la stupeur s’est emparée de nos amis. Ils mettent de longues secondes à comprendre ce que je viens de dire. Manu est la première à hurler. « GOOOOOOOSH, MAIS VOUS AVEZ ÉTÉ SIGNÉS ? elle demande, les yeux écarquillés, en lâchant son sac et sa veste sur le sol, et lorsque j’acquiesce, elle continue, presque hystérique : OH LA VACHE ! OH PUTAIN, NANA ! OH BORDEEEEEEEEEL ! » Elle me prend les mains et sautille sur place, réellement heureuse pour nous. Un bras enveloppe bien vite mes épaules. « Vous êtes deux putains d’traîtres » me glisse Baptiste à l’oreille. J’éclate de rire avant de lui planter un baiser tout ce qu’il y a de plus amical sur les lèvres. Léo a beau passer de bras en bras, pauvre victime de l’hystérie collective que nous venons de déclencher, il m’a vue. Tant mieux. Mais très vite, j’oublie Gabriel et la prochaine discussion avec mon frère pour me faire sauter dessus par Gaël, qui me secoue comme un prunier en parlant très fort et très vite. Je saisis l’essentiel, il est fier de moi. C’est notre premier fan ― en dehors des autres Woods qui nous entendent chanter et jouer depuis qu’on est en âge de le faire. Il finit par lâcher mes épaules mais garde ma main dans la sienne. Manu prend mon bras libre et, joyeuse troupe, nous quittons les coulisses. Il y a encore du monde dans la salle, dont certains de nos amis qui ne participaient pas au spectacle. J’aperçois Julian, à qui j’envoie un baiser. Il nous rejoindra probablement plus tard. La nuit ne fait que commencer mais surtout, elle nous appartient.
Dernière édition par Hannah M. Woods le Ven 29 Juin - 11:30, édité 8 fois
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Sujet: Re: HANNAH MARIE W. Ҩ Dim 6 Mai - 22:32
⇝ don't rain on our parade
On a beau dire, le yoga, c’est utile. Surtout lorsque vous êtes assise dans une salle pleine à craquer, toute d’Alexander McQueen vêtue, à attendre nerveusement qu’une fichue cérémonie de remise de prix commence. J’inspire très profondément à intervalles réguliers en répétant mentalement qu’après tout, il ne s’agit que des Grammy. Not a big deal, hein. Ouais, non. J’ai peur, mon cœur cogne dans ma poitrine, le sang me bat aux tempes, j’ai envie de vomir, je tremble, j’ai peur, je crève de peur mais je suis également terriblement heureuse, à la limite de l’hystérie. Si actuellement je suis calme, c’est uniquement parce que Rudy, l’attaché de presse du groupe, m’a quasiment menacé pour me faire avaler du Lexomil. A mon humble avis, la dose n’était pas assez forte parce que je suis clairement sur le point de craquer et de sauter au plafond en exprimant ma joie de nous voir nominer en hurlant à en briser les vitres et les bagues en diamant de ces dames. J’ai été modeste ce soir en préférant opter pour des perles. Certaines des artistes que j’ai croisés et avec lesquelles j’ai brièvement conversé ressemblent à des boules à facette tant elles ont forcé la dose sur les pierreries. Calm down ladies, l’avenir est aux perles. Et moi, si je ne parviens très vite à me calmer, je peux dire adieu à mon avenir. Alors je m’applique à respirer lentement, à coup de grand bol d’air. Je dois probablement faire un bruit d’enfer. Ma main droite serre très fort celle de Léo tandis que la gauche a trouvé refuge dans celle de Zackary. J’ignore si c’est le cas pour tous les athlètes mais il pose très bien dans son costume, avec sa carrure impressionnante. Zack est basketteur. Il est canadien mais il joue aujourd’hui chez les Lakers. Là s’arrête mes connaissances dans ce domaine. Je suis complètement ignorante en ce qui concerne les règles, la manière de jouer, les grands clubs et ce genre de choses. Ce que je sais, c’est que c’est vers moi qu’il regarde chaque fois qu’il marque un but, un panier ou whatever, qu’il est amoureux de moi et que ça nous suffit. Nous avons officialisé il y a quelques semaines, pour la forme, mais il m’accompagnait déjà partout avant. Ce soir, plus que jamais, j’ai besoin de sa présence. A l’instar du Lexomil, ce type est un cadeau du ciel pour les nerfs. Son pouce trace de grands cercles sur le dos de ma main. Il sera là, qu’il m’a dit, il sera toujours là. Toujours, je n’en demande pas tant. J’ai juste besoin de lui ce soir. Maintenant, surtout.
Lorsque les lumières se sont éteints, j’ai cru que j’allais mourir d’angoisse. Léo et Zack ont serré mes doigts de plus belle. Il y a eu une ou deux catégories dans lesquelles nous n’avions pas été nominés. Ça ne nous concernait pas de toute façon, nous ne jouons pas dans la même cours que certaines princesses de la pop présentes dans la salle Puis est arrivé la première nous. La chanson de l’année. L’ouverture de l’enveloppe m’a paru prendre des siècles. Puis le nom est arrivé. Depuis ma place, j’ai eu l’impression de devenir sourde. Ce n’est qu’une demi-seconde plus tard, en entendant les applaudissements et en voyant débarquer le faisceau lumineux des projecteurs sur nous que j’ai compris. « Lève-toi, bon sang Hannah, lève-toi ! » m’ordonne Léo, déjà debout. En fait, je dois être la seule à être assise, dans notre rangée. Se sont alignés nos producteurs, Rudy et quelques autres, Léo et moi occupant les places du milieu. Il m’aide à me mettre sur mes pieds et j’ai bien l’impression que mes jambes ne vont pas me supporter. Zack lâche mes doigts pour s’emparer de ma taille. Il effleure mes lèvres avant de me pousser vers l’allée centrale, avec Léo. Je.. vraiment ? C’est vraiment notre nom qu’on vient d’annoncer ? C’est vraiment à nous qu’on va remettre ce prix ? Par tous les saints, est-ce que je suis prête ? J’ai pourtant répété des bribes de discours des dizaines de fois. Léo ne parle pas un mot d’anglais, malgré toutes mes tentatives pour lui apprendre, c’est donc moi qui me colle à la promotion lorsqu’il s’agit de l’international et, bien entendu, des remises de prix à l’étranger. Mais il est là, il va venir sur scène avec moi. Martin, notre batteur, nous rejoint. Nous sommes amis depuis pas mal de temps maintenant. Elle est loin l’époque où il faisait enrager Maman parce qu’il n’apprenait pas ses gammes. Le piano n’était pas son truc mais on ne peut pas dire la même chose de la batterie. Ce mec est doué avec une paire de baguettes, c’est tout ce dont il faut se rappeler.
Flanquée des deux garçons, je rejoins la scène. Si il continue à battre la chamade ainsi, mon cœur va finir par jaillir hors de ma cage thoracique. Mais je tiens bon, j’avance, je ne trébuche même pas sur mes Louboutins. On me tend la petite sculture, on nous cède la place. Léo et Martin place chacun une main dans le creux de mon dos, sans doute histoire de me donner du courage et de me signifier qu’ils sont là, que je ne suis pas toute seule. Que nous sommes un groupe, que nous sommes les Woods. Je me mords la lèvre inférieure, les yeux perdus dans la foule. Il y a tellement de monde ici, sans compter tous ceux qui sont derrière leur écran de télévision. Et c’est nous, le trio français, le groupe inconnu il y a encore un an et demi, qu’ils ont choisi. C’est nous qu’on acclame. C’est tout simplement magique. Je sens que je vais pleurer. C’est donc dans l’urgence et la gorge serrée que je me lance. « Hi guys ! We’re.. oh my gad, just.. We’re so surprised, it’s just.. wow ! » Je m’interromps pour lancer un regard à mes deux camarades. Ils sourient à s’en froisser les zygomatiques et je me doute que j’arbore le même sourire béat. « We just wanna thank every person who made this dream possible, every person who allowed us to be what we are, who we are, every person who took one minut of his time for listening that song. Télévision is.. gosh, I think I’m gonna cry ! » Merde. Les mots sortent très facilement de ma bouche, trop facilement. J’ai l’impression d’avoir fait ça toute ma vie et ce n’est pas forcément une bonne chose. Il faut garder les pieds sur terre. J’inspire profondément, avant de reprendre, sous les yeux d’une foule détendue et à moitié hilare. « So, yeah, just thanks you, we love you all ! » A l’aise, je leur envoie un baiser avant que nous ne quittions la scène, sous les applaudissements. Mon cœur cogne dans ma poitrine, fort, si fort qu’il va finir par sortir de ma poitrine. Mais c’est ça, c’est ça que je veux faire, que je veux vivre. C’est là qu’est ma place.
Dernière édition par Hannah M. Woods le Ven 29 Juin - 13:35, édité 6 fois
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Sujet: Re: HANNAH MARIE W. Ҩ Ven 15 Juin - 11:56
⇝ edge of glory
Depuis que Léo est parti, les jours passent et se ressemblent tous. L’appartement est vide. Je ne fais même plus attention à Dulci qui va et vient sans réellement m’adresser la parole. Elle parle haut, fort et dans le vide. Bien sûr que c’est avec moi qu’elle discute mais mes réponses se limitant à des onomatopées incompréhensibles marmonnées depuis le fond de mon canapé, on peut tout à fait dire que nous ne communiquons plus.
Ces deux dernières semaines, j’ai découvert que nous avions le câble. Très vite, à force de lire mon nom sur certaines chaînes musicales, je me suis mise à les éviter. Entendre nos chansons et voir nos clips me donnent envie de gerber. Léo a foutu en l’air des années d’écriture, d’inspiration, des années de scène, de réussite, de gloire. Tout ça pour un mec. Il s’est détourné de tout ce qu’on avait construit ensemble pour son mec. Ai-je une seule fois agi ainsi ? Non, non, et NON, bien au contraire. Chacune de mes brèves relations a servi à faire parler de moi, à rappeler qui étaient les Woods. Chaque homme qui a traversé mon existence, à plus ou moins long terme, a assis notre renommée. Et lui, il jette notre musique aux quatre vents pour son mec. Alors oui, lorsqu’il me l’a annoncé, j’ai secrètement espéré que ça ne dure pas, que Delaunay le quitte comme une petite merde et qu’il me tombe dans les bras. Oui, c’était purement et simplement méchant. Je n’ai jamais prétendu être une gentille petite fille de toute façon. J’appréciais Lucas. C’est un garçon adorable et doué, peut-être pas aussi talentueux que Léo ou moi, mais il a quelque chose. Il est sincère, en plus de ça, mais c’est un petit con. Il m’a pris mon frère. Il l’a éloigné et il a réduit ma carrière au néant. Je ne suis pas grand-chose sans les Woods ― remercions d’ailleurs cette brave Jeanne de m’avoir aidé à le réaliser.
Universal n’arrête pas d’appeler. J’ai toujours su qu’ils étaient fous à lier. Mais folle, je l’étais aussi. J’étais folle de nos chansons, ivre de notre musique. J’étais folle et je le partageais avec notre public. Désormais, ils semblent avoir changé de style là-bas et ils aimeraient que j’en fasse de même. Ils essayent de me convaincre de me remettre au travail et de fonder un nouveau groupe avec cette petite pimbêche toute droit sortie d’une émission américaine, Olivia Saint-Laurent, ainsi qu’une autre fille, une anglaise je crois. Nous mettre, moi et miss Télé-Crochet, dans un même studio passerait sans doute pour un crime contre la musique, alors y ajouter une troisième fille, non merci. Les boys band ont beau revenir à la mode ― il n’y a qu’à regarder ces cinq garçons qui, d’ailleurs, sont issus de la version britannique de l’émission qui a découvert Olivia, ils déchaînent les foules.. mais des filles, dans le même moule ? Grands dieux ― je ne suis pas une petite princesse de la pop, je n’ai rien à faire dans un girl band. Laissons donc ça à Nicole Schwerzinger. Si ils me laissent vraiment aux commandes du projet, j’en viendrai peut-être à reconsidérer l’idée. Il est hors de question qu’on me transforme en machine à tubes ladygagesque. C’est de Téléphone dont le groupe était l’héritier, pas des World Appart.
Alors je zone, je fais la larve en ignorant chacune des chaînes du groupe MTV. J’ai aperçu la bande annonce d’une émission revenant sur ma carrière sur une autre, émission qui devrait être retransmise en direct. Il paraît même que j’ai été invitée. Possible. Je n’ai pas l’intention d’y aller, quoi qu’en ait décrété Rudy. Ce petit con imagine que parce qu’il est mon attaché de presse ― anciennement celui des Woods, ha ha ― il peut me dicter ma conduite. Son prédécesseur avait fort bien compris que je n’en fais qu’à ma tête ― his words, not mine ― et que je décide seule. Ce n’est pas un imbécile planqué derrière son blackberry et son agenda qui va me dire quoi dire et quoi faire. Rudy pose peut-être bien mais il a encore beaucoup à apprendre me concernant. D’autant que je vais sans doute en prendre pour mon grade, dans cette émission. Oh, ils ne m’attaqueront pas de front, ils se contenteront d’enrober les scandales d’une jolie petite couche acidulée, en effaçant certains détails, en grossissant d’autres éléments. Je l’ai sans doute mérité. Après tout, c’est moi qui les ai utilisés, ces médias, moi qui les ai appâtés, piégés. Ça doit être le karma ou une connerie du genre. Je serai incapable d’affronter les regards, incapable d’expliquer les polémiques et les scandales, incapable de revoir les vidéos et les clips, de parler de nos chansons. Incapable de subir avec le sourire. Pourtant, avant, je n’en avait rien à foutre. Mais avant, j’étais Hannah Woods.
Dernière édition par Hannah M. Woods le Ven 29 Juin - 11:29, édité 4 fois
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Sujet: Re: HANNAH MARIE W. Ҩ Ven 15 Juin - 11:58
⇝ an ache i still remember
Que ce soit bien clair, je déteste me regarder sur un écran, que ce soit à la télévision, sur un pc ou whatever. Ces dernières années, je n’en ai pas réellement eu l’occasion. Aujourd’hui, c’est contrainte et forcée que je vais devoir rester devant une rediffusion de cette stupide émission à laquelle Rudy m’a traînée la semaine dernière. Au départ, c’était un direct mais la chaîne a sans aucun doute dans l’idée de la diffuser encore et encore jusqu’à écœurement. Baptiste, ce petit vicieux, m’a soudoyé afin que nous regardions ensemble. Il m’a promis un stock d’Häagen Dasz susceptible de tenir un siège et moi, je n’ai jamais été capable d’envisager seulement de dire non à un pot de glace, faible créature que je suis.
Comme chaque soir ou presque, Dulcibella est absente. Je n’ai pas pris la peine de m’habiller lorsque je me suis levée, quelques heures plus tôt, avant le goûter. De toute façon, Baptiste m’a vue dans bien moins décent que mon vieux pyjama imprimé vache. C’est lui qui me l’a offert, d’ailleurs. J’imagine qu’il passait encore bien quand j’avais dix-huit ans mais plus maintenant que j’approche, doucement mais sûrement, de la trentaine. C’est probablement pour ça qu’un grand sourire moqueur illumine sa belle gueule lorsque je lui ouvre, à vingt heures et quelques. « J’ai failli attendre » que je minaude en le laissant entrer. Il ricane et m’enlace. Je ferme les yeux et soupire, la tête enfouie dans son torse. La dernière fois que nous avons passé un peu de temps ensemble me semble être loin, très loin. Depuis qu’il a ouvert son cabinet ― avec l’aide gracieuse de son charmant, si charmant paternel ― je le vois peu. Très peu. C’est compréhensible, ceci dit, et je n’irai pas jusqu’à dire que je lui en veux. Je l’ai moi-même délaissé plusieurs fois depuis que j’ai été signée par Universal, il y a bientôt neuf ans, et lorsque Zackary est entré dans ma vie également. Cet immense crétin était jaloux, je crois.
Quoi qu’il en soit, Baptiste abandonne la veste de son costume sur le canapé avant de gagner la cuisine, un sac isotherme à la main. « Eclats de caramel en premier ? » me demande-t-il alors que je m’installe. Un sourire étire mes lèvres. En matière de bouffe, je ne suis pas très difficile. Les ennuis viennent quand il faut me faire choisir. Je gueule mon approbation sans hésiter une seule seconde. Il réapparaît quelques instants plus tard, manches de chemise relevées, un pot dans chaque main. Le délestant des crèmes glacées, je le laisse prendre place. Il balance sa veste sur le fauteuil de Léo. Du moins, c’est là que mon frangin avait l’habitude de s’asseoir. Enfin, peu importe, ce n’est qu’un fauteuil. A chair is still a chair, even if no one's sitting' there, right ? Je ne dois probablement pas afficher une grande mine puisqu'il fronce les sourcils avant de prendre place à mes côtés. « Quoi ? » Il ne répond pas immédiatement et se contente d'étendre un bras autour de mes épaules. « Je m'inquiète, c'est tout, fait-il finalement, reprenant son propre pot de glace, c'est pas dans ta nature de te laisser aller et là.. Hannah, t'as l'air complètement à la masse » Charmant, absolument charmant. « Rudy m'a appelé » continue-t-il alors que j'allume la télévision. Da fuq ? Oh. Oui, j'avais oublié que cette sale fripouille de Rudy et Baptiste étaient.. proches. « Cool » « Il m'a dit qu'il avait dû te traîner sur ce plateau. Tu ne t'es pourtant jamais fait prier pour te montrer à la télévision » Dieu qu'il me connaît bien. D'habitue, j'en souris mais aujourd'hui, c'est purement et simplement chiant. « Qu'est-ce qui- » Je pose ma main sur sa bouche, bien décidée à le faire taire. « Je n'avais pas envie, c'est tout, je grogne en le regardant dans les yeux, maintenant, tais-toi, ça commence » Cependant, ce n'est que lorsqu'il hoche enfin la tête que je le libère. Serrés l'un contre l'autre, nos pots de glace sur les genoux, nous nous tournons vers l'écran plat qui crache déjà la musique du générique.
Le visage souriant du présentateur apparaît. Il parle, ça, oui, il parle beaucoup. Du groupe, de Léo, de notre musique puis, enfin, de moi. L'angle de vue change et j'apparais, pimpante et souriante. Eurgh. Cette fille ne me ressemble pas. Je glisse discrètement un regard vers Baptiste. Il ne bronche pas. « Monte le son » marmonne-t-il au bout d'une dizaine de secondes. Je m'exécute en souriant. La fille, sur l'écran, salue chaleureusement le pseudo-journaliste. Ils échangent quelques banalités avant d'en venir au vif du sujet : les Woods se séparent. « .. la nouvelle est tombée il y a trois semaines et depuis, vous n'avez fait aucune déclaration publique. Beaucoup de gens se posent des questions pourtant » Ouais, je sais. Les questions, je les ai longtemps évité, cessant d'aller sur twitter et facebook, ne répondant plus aux textos des uns et des autres. J'ai fait la morte, j'en suis parfaitement consciente, et je ne le regrette absolument pas. La nana à la télé, pourtant, elle s'excuse. Rudy a dit que ce serait plus convenable, plus apprécié du public. Tu parles, ouais. « Tu comptes rebondir rapidement ? Un album était en préparation, non ? » Elle hoche la tête, fait voleter ses mèches vaguement blondes, un grand sourire aux lèvres. Argh, je déteste ce sourire-là. « Il sortira d'ici quelques mois. Forcément, il sera très différent des précédents puisque je l'aurai terminé seule mais ça restera plus ou moins dans le style du groupe » Menteuse, grosse menteuse. Toutes mes chansons sont en anglais. Il n'y en a que deux qu'on a enregistré en français, avec Léo, avant qu'il ne se tire en Angleterre. Un comble, non ? Il ne sait pas aligner deux phrases cohérentes dans une autre langue, surtout pas en anglais, et il choisit de s'en aller à Londres. Ce n'est pas grave, il ne faut plus penser à Léo. Juste à moi, rien qu'à moi et à mon avenir. « C'est vrai ? » demande Baptiste alors que le journaleux enchaîne sur les prix que nous avons gagné ces huit dernières années. Je hausse les épaules sans apporter, toutefois, de réponse claire. Il sait très bien que c'est faux, que ce revirement, je vais le prendre à fond. Cette apparition, dans cette émission, c'était le premier pas, une façon de tourner la page de huit ans de collaboration avec Léo et Martin, huit ans de Woods. Cette fois, il n'y aura que moi. Moi et ma musique.
Ella Maresquo membre
✧ ÂGE : vingt et quatre. ✧ JOB : assistante sociale dans une association ✧ COEUR : célibataire. ✧ MESSAGES : 11185 ✧ HERE SINCE : 07/05/2011