RONELY ❥ Au Café Descartes - Avec le temps va, tout s'en va...
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Sujet: RONELY ❥ Au Café Descartes - Avec le temps va, tout s'en va... Mar 21 Fév - 20:00
Why do all good things come to an end ?
C’était bien la première fois depuis ces dernières semaines que je refusais de m’aérer le corps et l’esprit. Depuis ma dispute avec Aaron, mon monde s’était quelque peu effondré – une fois de plus. Et au final, j’avais beau tenter de ne plus penser aux sujets qui fâchent par divers moyens, mon esprit revenait toujours aux sources : les problèmes. C’était comme un poison que je sentais lentement se diffuser en moi. En l’occurrence ici, les mots, les faits, tournaient inlassablement dans ma tête et mon cœur n’arrêtait pas de saigner. L’hémorragie était inévitable. Et ce n’était pourtant pas faute de tenter de soigner les plaies. Mais au final, j’arrivais toujours au même résultat : l’échec. J’étais un échec vivant. Quoi que j’entreprenne, ça tombait toujours à l’eau. Il est vrai que parfois le soufflé gonflait, mais il finissait toujours par se vider de son air. Et dans ces cas-là, je suffoquais. A l’heure actuelle, je suffoquais malgré moi.
Disons que je m’étais bercée d’illusions, comme toujours. J’avais laissé Nolan revenir dans ma vie. Je n’étais pas arrivée à être forte et à mener ma lutte à bien. Je lui avais envoyé ce fameux message de la pauvre chienne qui attendait son coup de queue. Et tout était redevenu comme avant, la douleur en plus. Parce que j’avais 26 ans et que je devais me contenter d’une relation qui ne mènerait nulle part. Parce qu’il m’avait fait comprendre dès le début qu’il ne me choisirait jamais. Et moi, comme une pauvre idiote, je restais. Je l’attendais. J’attendais mon petit quart d’heure de gloire et le reste du temps j’espérais son retour. J’espérais qu’un jour il passe le pas de la porte et m’annonce qu’on aménagera ensemble et tout ça. Mais ça n’arrivait pas et au fond, je savais pertinemment que ça n’arriverait jamais. Je n’étais rien du tout pour lui mis à part une cruche pleine d’espoir et incapable de renoncer à une situation humiliante. Et puis de l’autre côté, il y avait Aaron. Aaron, le pseudo ami qui prit la tangente dès qu’il le put. Raison de la fuite : je ne me livrais pas assez. Je devais me sentir honteuse de le voir comme autre chose qu’un mec qui pourrait régler tous mes problèmes. Oh oui, je suis franchement désolée Aaron pour avoir trop de respect envers toi ! Toute cette histoire était ridicule et je ne pensais pas que ça donnerait lieu à deux mois de silence radio de sa part. Je ne pensais pas qu’il me ferait subir ce que tous les autres qu’ils appellent « amis » - mais qui, de mon point de vue ne sont que des opportunistes qui abusent de sa gentillesse pour la plupart – lui faisaient subir. Mais voilà, cela faisait deux mois que je n’avais plus de nouvelles de lui, mis à part via facebook bien évidemment. Et j’avais bien vite remarqué qu’il n’avait même pas mis deux jours pour passer à autre chose. Lui qui m’avait bassiné maintes fois avec son amitié profonde et j’en passe, lui qui me reprochait de l’écarter de ma vie ne s’était pas gêné pour m’écarter de la sienne. Fais ce que je te dis mais ne fais pas ce que je fais en somme. Le problème est que je ne mange pas de ce pain-là.
Pendant que lui passait son temps à faire la fête avec ses supers amis de la mort qui tue, et bien moi, je faisais l’ermite. Ma vie se ponctuait de grosses cuites solitaires, et des rares visites de Nolan. Je passais mes journées bourrées pour éviter de penser à ça et puis à tout le reste. Car au fond, j’ai l’impression que je suis une fille née pour vivre et mourir seule. J’avais fait le compte dans ma tête. Toutes les personnes que j’aimais s’en allaient forcément. Ça avait été le cas pour tous les membres de ma famille, c’était le cas pour Nolan et maintenant Aaron. Alors je me préparais mentalement au deuxième départ de Nolan, parce qu’il me quittera une fois de plus, c’était certain. Seulement l’idée de ne plus avoir Aaron dans mon quotidien ne passait pas. A chaque fois que j’y pensais – bourrée ou sobre, même si les moments de sobriétés étaient très rares – je me mettais à pleurer. Parce que je refusais qu’il m’abandonne. J’étais désagréablement surprise et extrêmement déçue de voir qu’il m’avait balayé de sa vie avec une si grande aisance alors que moi, même à deux doigts du coma éthylique, j’arrivais pas à me faire à cette idée. Il avait été là quand mon propre frère, celui qui a le même sang que moi, m’avait abandonné pour des raisons toujours obscures aujourd’hui. Mais après huit ans de bons et loyaux services, Monsieur Parker s’en était allé. Encore, qu’il s’en aille n’était pas le plus atroce. La vraie souffrance venait du manque de réponses. Qu’est-ce que j’avais fait de travers cette fois-ci ? Certes, je ne parlais pas de moi parce que je savais comme il était. Toujours à se fourrer dans les problèmes des autres et je refusais qu’il se rende malade à cause de mes histoires. Et il me le reprochait ! J’avais beau retourner l’histoire dans tous les sens, je n’arrivais pas à trouver la source du conflit. Vraiment, cette histoire m’échappait complètement. Mais la solitude, elle, était là. J’avais beau tenté de remplir le vide d’alcool et de sexe, le manque ne faisait que grandir. Encore et encore. Et la douleur s’intensifiait. Toujours.
Mais un jour – je ne sais pas plus quand exactement puisque ma notion du temps était grandement limitée – j’en ai eu marre. Je n’avais pas envie de mourir prématurément d’une cirrhose. Ma connerie n’était pas l’œuvre de mon foi après tout. Alors j’ai fait le ménage de printemps dans mon appartement – d’ailleurs, j’ai retrouvé de vieux vinyle de Blondie – et dans ma vie – je n’ai jamais été si heureuse de donner ma démission aux Inrock’s. J’arrêtai aussi de manière presque définitive mon blog. Etant donné que je n’avais plus du tout la tête à m’enfiler de longues heures de musique, Rylee n’avait plus lieu d’être pour le moment. J’avais un grand besoin d’émerger avant d’entreprendre quoi que ce soit. Et en ce moment, j’étais très très très loin de la surface. Donc je me mis en retrait du monde le temps qu’il faudra. Je reprenais petit-à-petit les sorties. Je tentais de retrouver la civilisation et ce fut rude, je dois bien l’avouer. Mais il fallait bien le faire car j’étais bien consciente que personne ne pouvait agir à ma place.
J’ai rien fait du côté de Nolan. Rien du tout. Il venait quand il voulait, quand il pouvait, quand il se rappelait de mon existence. Et moi, en contrepartie, je l’écoutais quand il avait besoin de parler, je le laissais me prendre quand il avait besoin de prendre son pied et je le laissais partir quand il avait besoin de sa famille. De sa femme enceinte jusqu’aux yeux et ses filles. Je me demandais ce que je pouvais bien faire là-dedans mais bon… J’étais là et je n’étais seule que quand Nolan était absent. C’était toujours moins pire que d’être seule tout le temps. Du moins, je m’en étais convaincue. Cela dit, j’avais été plus « courageuse » pour le cas Parker. En fait, ce n’était pas de courage dont j’avais fait preuve, mais de grande déception. Et tout le monde sait que la déception mène à la rancune, et la rancune à la colère. J’étais en colère contre lui. Déçue et en colère. Mais fallait bien mettre un terme à cette mascarade de façon officielle, et définitive. Et ce, même si j’en avais pas du tout l’envie. Mais il le fallait. J’avais besoin de me préserver en ce moment. Je me sentais faible et très fragile. Alors des choix s’imposaient. Il fallait que je sois seule comme ça, personne ne pourra s’en aller. Je ne pouvais m’en aller de ma propre vie, et ça devait être la seule chose qui devait me réconforter. Alors j’étais partie à l’assaut d’une énième rupture – si je puis dire – via facebook dans un premier temps. Mais tout ça n’avait été que des échecs, parce que Monsieur refusait de renoncer. Je n’avais pas arrêté de lui répéter que ça avait le cas lorsqu’il avait arrêté de donner de ses nouvelles, deux mois plus tôt. Mais il persistait, comme il avait l’habitude de faire – je sais que c’est perdu d’avance mais je fonce tête baissée était le crédo d’Aaron de toute façon – et je ne comptais pas céder à ses caprices de gosses. Il avait décidé de me jeter comme un rien. Il fallait qu’il assume jusqu’au bout ce qu’il avait entrepris. Mais voilà, monsieur voulait me parler, face à face, pour me parler de quelque chose. La seule chose que j’espérais était que la chose en question n’allait pas un peu plus me tuer parce que j’étais assez amochée comme ça. Mais bon, quitte à se séparer, autant le faire en bonne et due forme. Puis qu’Aaron avait encore des choses à me dire, qu’ils les disent et qu’on en finisse pour que je puisse avancer et oublier – surtout oublier.
Comme convenue sur le net, je m’étais installée à notre café habituel. Café que l’on n’avait cessé de côtoyer depuis des années car il était à deux pas de la fac où étaient Aaron et Ashley (mon frère pour ceux qui n’auraient pas suivis). On (Aaron et moi) était donc devenu de grand habitué du coin, on connaissait très bien le gérant du bar qui nous réservait toujours cette petite table pour deux, suffisamment cachée pour nous offrir de l’intimité mais juste ce qu’il fallait pour ne pas être isolé de la foule – commères, vous avez dit commères ? L’endroit offrait un excellente vu tant sur les différentes tables du café, mais aussi sur la rue. Il y avait une vitre teintée trompeuse, et les gens, pensant que personne ne pouvait voir au travers, ne se gênaient pas pour faire toute sorte de choses pas très montrable. Aaron avait droit à la place avec vu sur le café, et moi, la place avec vu sur la rue. Et je n’ose compter le nombre de fois où j’ai vu des personnes se curer le nez derrière Aaron !
Je m’étais décidée à y aller, même si l’envie de poser un lapin était forte, et j’arrivais devant le fameux café Descartes. Je ralentis le pas pour arriver jusqu’à la porte d’entrée, respirai un grand coup en priant pour qu’Aaron ne soit pas arrivé avant moi. Mais après coup, je me rendis compte qu’il était impossible que ça arrive puisqu’il était de service. Et tout le monde sait qu’un Aaron en service est un Aaron pas ponctuel du tout. J’entrai donc. L’air chaud contrastant énormément avec la température négative de l’extérieur me fit grandement frissonner – je supportais que moyennement les chocs thermiques du genre – et les odeurs de café et d’alcool fit remonter en moi un lot de souvenir. C’est dingue mais j’en avais passé du temps dans ce bar ! Le gérant me vit au loin et vint me voir, échangea quelques banalités et me demanda si Aaron allait arriver pour préparer la commande. Je répondis d’un hochement de tête et il partit préparer le fameux Café Macchiato pour Aaron et mon Chocolat Viennois avec double dose de Chantilly tandis que j’allai m’installer à ma place habituelle.
Dernière édition par Melissa R. Prescott le Lun 28 Mai - 21:06, édité 5 fois
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Sujet: Re: RONELY ❥ Au Café Descartes - Avec le temps va, tout s'en va... Sam 25 Fév - 2:04
why do all good things come to an end ?
Putain de merde, j’étais en retard. Très en retard. Vingt minutes, peut-être même une demie heure et j’angoissais encore plus depuis que mes yeux s’étaient posés sur l’horloge en sortant de la salle d’opération. J’avais poussé un juron et faussé compagnie à mes collègues avec qui nous discutions de l’intervention pour courir sous la douche et m’habiller en quatrième vitesse. Melrose allait me tuer, c’était certain désormais. Déjà que notre situation n’allait plus du tout depuis le retour de son ex, là j’étais sûr que notre discussion allait très mal démarrer. Quoiqu’elle était au courant que je travaillais, que mes horaires étaient très flexibles et variables et que je ne pouvais pas toujours contrôler mes retards. Je ne comptais plus le nombre de fois où je l’avais fait poireauter parce qu’une urgence était survenue à la Pitié, parce qu’une intervention chirurgicale m’avait retenu pendant des heures. Depuis le temps qu’on se connaissait elle et moi, je me doutais bien que Melrose n’allait pas tellement être étonnée de ne pas me voir arriver à l’heure - parfois ça en devenait même une habitude chez moi. Généralement, j’arrivais toujours à me faire pardonner, un baiser posé sur sa joue, sur son front et elle oubliait mon retard. Parce que c’était ma Mely, que j’étais son Aaron et qu’il en était comme ça depuis qu’on se connaissait, elle et moi. On s’appartenait sans réellement s’appartenir, on se complétait sans parvenir à un ensemble parfait mais ça nous convenait. On faisait partie d’une même famille sans pour autant avoir le même sang coulant dans nos veines. Et même si elle n’était pas le genre de personne à montrer ouvertement son affection, je n’avais jamais douté des sentiments qu’elle me portait. Au contraire, j’avais toujours été certain que j’avais une place de choix dans sa vie malgré ses vannes, ses piques. Pourtant facile à faire douter, à tout remettre en question, je ne m’étais jamais posé de question sur ma relation avec Melrose. C’était Mely et moi, contre le monde entier. Ashley nous avait fait faux bond, nous avait abandonnés tous les deux et nous avions construit notre petit couple, à défaut de pouvoir reconstruire notre trio. Nous n’étions pas si mal finalement, à deux. Notre union fonctionnait bien et nous faisions sans Ashley. Mais aujourd’hui, la situation avait changé. Du tout au tout. De ce que nous avions partagé pendant toutes ces années, ne restait plus qu’une grande dose de haine et de rancœur, de la colère. De la déception. De tout ce que nous avions vécu, Mely et moi, il n’y avait plus que des restes, des souvenirs. L’essence d’un parfum s’évaporant avec le temps, des images de plus en plus floues. Un éclat de rire lointain. Et ça me faisait mal, tellement mal. Ma Blonde avait pourtant raison - j’étais le seul fautif de cette histoire, le seul à blâmer pour tout ce gâchis. Je le regrettais énormément, c’était certain - et je n’avais pas fini de le regretter amèrement. Je savais pourtant que j’étais le seul à avoir mal agi, que je l’avais abandonnée. Et je me sentais tellement coupable. Parce que je me rendais de plus en plus compte que Melrose avait raison, que j’avais réagi comme un gosse, que je m’étais braqué alors qu’elle ne cherchait qu’à m’éviter de m’empêtrer dans plus d’ennuis que je ne l’étais déjà. ‘Amoureux des causes perdues’ qu’elle disait et je crois qu’elle avait raison. Mais sur le moment, je n’avais vu que cette distance qu’elle désirait mettre entre nous, qu’elle instaurait dans notre couple. J’avais eu peur alors. J’avais eu peur de la perdre, de la voir s’éloigner de plus en plus. De perdre la partie face à cet ex qui revenait soudant dans sa vie. Et s’il me la volait ? Et s’il la reprenait pour lui tout seul ? C’était stupide mais j’avais vraiment eu peur de la perdre - vraiment, vraiment. Alors j’avais déconné. Je m’étais comporté comme un idiot, j’avais pris la mouche et, fier, je m’étais braqué sans même me rendre compte que l’on s’éloignait petit à petit. Je n’avais pas vu qu’elle avait besoin de moi, qu’elle attendait que je reste auprès d’elle-même si elle avait décidé de me laisser en dehors de son histoire avec cet ex revenu de nulle part. Je n’avais rien vu, je j’avais rien su. N’y avait-il pas qu’un idiot pour ne pas comprendre ? Quel genre d’ami étais-je pour ne pas avoir vu avant, pour ne pas avoir compris à temps. Et maintenant, nous étions comme étrangers l’un pour l’autre. Comme si toutes ces années n’avaient jamais existé ; comme si elles n’avaient été que le fruit de mon imagination, de notre imagination. Ça me déchirait le ventre, comme une lame me transperçant le corps et le cœur. La douleur me brûlait les entrailles, c’était insupportable et le sentiment de culpabilité n’en était que plus fort encore.
J’étais sorti en courant de l’hôpital, les cheveux encore humides, et je crois que je n’avais jamais roulé aussi vite. J’étais pourtant du genre à être toujours attentif aux limitations de vitesse et au code de la route, mais cette sourde angoisse tapie au fond de mon estomac et qui faisait tambouriner mon cœur contre mes côtes me rendait presque irresponsable. Et tomber dans un embouteillage juste avant d’arriver au café Descartes termina de me mettre les nerfs en pelote. Est-ce qu’elle m’avait attendue ? Est-ce qu’elle serait toujours là quand j’arriverai enfin au café - notre café ? Je n’avais pas même pris la peine de lui envoyer un message pour la prévenir de mon retard tellement je n’avais pensé qu’à me dépêcher de la rejoindre. J’espérais juste qu’elle ait été assez patiente pour m’attendre - avant, je n’aurais jamais douté de la trouver à notre table, m’attendant patiemment mais vu la situation qui était la nôtre, j’étais effrayé à l’idée qu’elle ne m’ait pas attendu. Qu’étais-je censé faire si elle n’était plus dans le café ? Heureusement pour moi, je ne peinai aucune à me garer et je pus rejoindre notre petit endroit à nous sans trop de souci. De l’autre côté de la rue, je stoppai un instant ma route comme pour tenter de calmer ma nervosité, mon angoisse. Cet endroit était plein de souvenirs, signifiait tellement pour nous. Au départ, il n’avait été que le point de rassemblent de notre petit groupe d’étudiants en médecine. Ashley m’avait fait découvrir ce café, y avait amené sa sœur une ou deux fois puis plus régulièrement et c’était devenu comme un rituel pour nous tous. Le temps passant, le groupe s’était réduit et nous avions fini par nous retrouver à trois - Ashley toujours, elle et moi - et enfin à deux. Mely et moi. Nous y avions même notre table attitrée, celle-là juste derrière la vitre sur la gauche - même si je ne pouvais pas la voir de l’extérieur. Mais je fixai cette vitre comme si, à force de la regarder sans même cligner des yeux, j’allais pouvoir apercevoir Melrose, assise à notre table, avec sa tasse encore fumante entre les mains. Comme d’habitude. Mais rien ne se produisit. Le temps continuait invariablement sa course, les voitures défilaient les unes après les autres devant moi et la vitre restait toujours opaque, se refusant à me montrer que Mely était encore là à patienter. J’avais peur d’entrer. Peur de voir qu’elle était partie ; peur de voir qu’elle était restée. J’avais peur de ses mots ; j’avais peur des miens. Je n’étais sûr de rien concernant cette discussion, de ce qu’il adviendrait de ma Blonde et moi. Si nous avions encore une chance de tout réparer, de tout recommencer à nouveau. J’étais effrayé à la seule idée qu’elle parte pour de bon, qu’elle ne m’abandonne comme moi je l’avais fait. Et si je ne trouvais pas les mots ? Les mots pour lui prouver que je l’aimais, que je regrettais de l’avoir laissée seule pendant si longtemps - trop longtemps. Je voulais juste la retrouver. Et cette incertitude me déchirait l’estomac. Melrose m’en voulait, elle m’en voulait tellement. J’angoissais de me dire que jamais elle ne me pardonnerait de lui avoir fait défaut au seul moment où elle avait eu besoin de moi ; j’angoissais de m’en rendre compte, de le comprendre enfin. J’aurais vraiment dû le voir, le sentir. Elle m’avait appelé ce soir-là. Moi, personne d’autre. Seulement moi. Même si elle s’était finalement rétractée, elle avait quand même fait le premier pas - ce qui était très rare venant de Melrose. Elle avait décroché son téléphone et avait composé mon numéro. Et je m’étais tout simplement contenté de tout faire capoter en beauté. De tout envoyer en l’air. Je devais arranger ça. Je devais la faire revenir. Je ne pouvais pas vivre sans elle et elle ressentait la même chose que moi, je le savais. Je l’avais déçue, je l’avais abandonnée, trahie mais je savais qu’au fond, tout au fond, elle m’aimait encore comme moi je l’aimais. Si je l’avais complètement perdue, Mely m’aurait tout simplement ignoré. Totalement. Elle n’aurait même pas daigné me parler, m’accorder ce « dernier » rendez-vous pour m’écouter. Elle m’aurait juste laissé m’épuiser sans se préoccuper de tout ça. Melrose n’avait pas tourné la page, je le savais et c’était cet infime espoir qui me faisait tenir, qui faisait que je ne baissais pas les bras. Il me restait peut-être une chance, même infime, de pouvoir peut-être la retrouver. Mais j’étais tétanisé à la seule idée de ne pas y réussir. Le simple fait d’y penser me glaçait le sang. Alourdissait mon cœur jusqu’à ce que j’ai la sensation qu’il ne soit plus qu’une énorme pierre accrochée à mon cou.
Soupirant faiblement, je traversai la route, le ventre noué, la gorge serrée. Je crois que mon cœur n’avait jamais battu aussi fort, n’avait jamais été aussi douloureux. Dès que je poussai la porte du café, mon regard se dirigea automatiquement vers notre table à Mely et moi. Et la pression dans ma poitrine s’allégea cependant que le nœud au creux de mon estomac se resserrait davantage. Parce qu’elle était encore là. À sa place habituelle. Elle m’avait attendu. Elle était restée. Avalant ma salive, je ne savais pas si je devais m’en sentir soulagé ou encore pus nerveux. Heureux, je l’étais sans nul doute parce que mon retard n’avait pas gâché ce dernier moment que j’allais passer en sa compagnie. Parce que si ce devait être a dernière fois que je voyais ma Blonde, alors je le voulais un minimum parfait - au moins assez agréable pour ne pas terminer tout ça sur une fausse note. C’était sans doute utopique sachant que j’allais lui avouer tout ce que je n’avais jamais osé lui avouer auparavant ; c’était idéaliste sachant que Melrose était en colère contre moi et que sa rancune était au moins aussi piquante et blessante que ses paroles. Mais peu importait, je voulais au moins profiter de ce dernier moment avec elle - ce serait sûrement tout ce qu’il me resterait avec nos souvenirs communs et ces années passées à la côtoyer. C’était mieux que rien même si ça me laissait un arrière goût d’amertume au fond de la bouche, même si ça ne remplacerait jamais sa présence à mes côtés. Je pourrais toujours repenser à tous ces moments que nous avions partagés mais ça s’arrêterait malheureusement là. C’était triste, ça me retournait l’estomac à m’en donner la nausée. Et pourtant, une part de moi je crois s’était résignée - malgré moi qui voulais tant me battre pour elle. Je me détestais de penser ça, même un peu. Parce que je ne voulais pas abandonner, pas une nouvelle fois. Sans un regard pour les serveurs, le gérant de l’établissement et sans même un bonjour à qui que ce soit, je me dirigeai directement la table, les mains moites et légèrement tremblantes.
« Hey. Pardon, je suis vraiment, vraiment en retard mais on a eu une intervention en urgence qui a finalement duré plus longtemps que prévu à cause de complications. Je n’ai pas pu me libérer avant, m’excusai-je tout en m’asseyant à ma place habituelle, juste en face d’elle et dos à la fenêtre qui donnait sur la rue. J’ai fait aussi vite que j’ai pu. Merci de m’avoir attendu en tout cas. »
Il y eut un petit blanc durant lequel je restai les yeux fixés sur ma tasse de café Macchiato à peine fumante.
« Merci d’avoir commandé pour moi également, lançai-je après m’être raclé la gorge. Sinon, ça va comment toi ? »
Dernière édition par N. Aaron Parker le Sam 30 Juin - 16:44, édité 1 fois
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Sujet: Re: RONELY ❥ Au Café Descartes - Avec le temps va, tout s'en va... Ven 8 Juin - 22:44
Je n’étais pas du genre patiente comme fille. Je ne supportais pas qu’on me fasse attendre, c’était plus fort que moi. Ça avait le don de m’énerver, même si j’avais toujours tendance à prendre sur moi. Mais avec Aaron, c’était différent. D’une, je n’arrivais jamais à lui en vouloir plus d’une minute et de deux, je savais pertinemment que son travail exigeait une totale disponibilité de sa part alors forcément, je n’ai eu d’autres choix que de prendre mon mal en patience. Mais aujourd’hui n’était pas un jour habituel puisque nous étions en froid et, au fond de moi, j’aurais apprécié qu’il arrive à l’heure. J’aurais voulu être sa priorité pour une fois.
Mais les longues minutes passèrent d’une lenteur assassine. L’anxiété, l’angoisse s’accroissaient un peu plus à chaque seconde. L’attente a toujours été quelque chose d’insupportable pour moi. C’est toujours dans ces moments-là où les questions existentielles surgissent de nulle part, comme pour vous rappeler que votre vie est une merde sans nom. Et même assise dans ce café, les yeux rivés sur l’écran de mon téléphone, je ne pus y échapper. Ce n’était pas faute de me distraire en tapant les doigts sur la table. Comme une mauvaise habitude, les évènements repassèrent dans ma tête, l’esprit à l’affut de la faille, de l’erreur qui avait causé un tel fiasco. Je me demandais encore comment cette amitié en apparence si solide était arrivée à s’effondrer au premier coup de vent. Je me demandais aussi pourquoi j’avais encore réitéré l’erreur de faire confiance à quelqu’un, d’avoir cru pouvoir me lier avec quelqu’un alors que je savais pertinemment que tout le monde avait tendance à se barrer. A quoi bon jouer à un jeu si ça se solde par une défaite ? Je commençais sérieusement à croire que j’avais un malin plaisir à causer ma perte. Il était peut-être temps, du haut de mes vingt-six années de galères sociales, que je me rende compte que je n’étais pas faite pour une quelconque relation. J’avais espéré que ce soit différent avec Aaron, mais au final, c’était bien pire que tout ce que j’avais pu vivre jusqu’à présent. Parce que j’avais beaucoup trop d’attentes quant à cette relation et qu’au final, je me retrouvais là, dans ce café, à attendre comme une idiote le coup fatal. Il était évident que cette rupture se termine mal. Evident.
Je fus tellement prise dans mes pensées que je ne sentis même pas la présence du serveur qui du m’interpeler plusieurs fois avant que mon esprit se reconnecte au monde – et décroche des questionnements impossible à résoudre. J’en profitais pour lui faire la discussion dans l’espoir de dissiper les effets de l’angoisse torturant violemment mes entrailles ainsi que de mes difficultés à respirer convenablement. Bien évidemment, tout cela fut vint car, aussi bien je tenais la conversation avec le serveur, il y avait toujours ces diverses questions qui se plaisaient à me torturer l’esprit. Tout ce qui pouvait concerner Aaron de près comme de loin ne sortait pas si aisément de ma tête. Dommage.
Une demi-heure de retard. J’hésite entre rire, pleurer, ou pleurer de rire. Je sentais mon sang bouillir d’impatience, d’anxiété. J’en avais assez d’attendre ma pendaison publique. Je voulais qu’on abrège mes souffrances. Qu’on me tue vite fait, bien fait, qu’on n’en parle plus. J’entamai mon chocolat chaud devenu tiède à présent. Qu’avait-il de si important à me dire pour ne pas vouloir me les écrire sur facebook ? Etait-ce plus ou moins important que son boulot de pute de luxe (appelons un chat un chat) ? Pourquoi me donner rendez-vous ? Pourquoi ici d’ailleurs ? Cet endroit était beaucoup trop symbolique pour nous… C’était plutôt marrant d’ailleurs. En général, quand on choisit un lieu si symbolique comme lieu de rendez-vous, ça sent soit le mariage, soit la bonne grosse rupture. Aucun suspens quant à la suite à venir donc…
Longtemps. Ca faisait suffisamment longtemps pour que mon cerveau m’incite lourdement à rentrer chez moi. J’avais passé mon cota de temps passé en extérieur. Je devais retourner dans mon antre, là où tout était plus simple, plus vide et silencieux aussi. Là où la déception était impossible, inexistante. Mais ma conscience me chuchota de rester un peu, juste au cas où. Et visiblement, c’était la bonne chose à faire puisque j’entendis Aaron, me sortir ses excuses habituelles, et tentant maladroitement d’entamer la discussion… « Comme si de rien n’était ». Je ne me sentais pas à mon aise du tout. J’avais vraiment envie de tout envoyer balader et de rentrer chez moi puisque de toute façon, quoi qu’il se dira ou fera, cette amitié était finie. Alors il était inutile de gâcher du temps pour ça… Seulement j’étais tout aussi curieuse de connaitre les fameuses choses dont il devait me parler. Mais en même temps, je n’étais pas franchement d’humeur – d’ailleurs, mon visage était sans expression. Et je ne comptais pas franchement le mettre à l’aise. Il n’avait qu’à être à l’heure pour une fois.
« Epargne-moi l’hypocrisie de circonstance et viens-en au fait, je te prie. Qu’est-ce que t’avais à me dire ? Lâchai-je sèchement »
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Sujet: Re: RONELY ❥ Au Café Descartes - Avec le temps va, tout s'en va... Jeu 5 Juil - 2:14
why do all good things come to an end ?
J’étais mal à l’aise. J’étais très mal à l’aise de m’être présenté en retard à notre rendez-vous. Ce n’était pourtant pas la première fois que j’arrivais en retard – je crois plutôt que je n’étais plus à l’heure depuis bien une éternité – et je savais parfaitement que Mely avait l’habitude de devoir m’attendre plus ou moins longtemps. D’ordinaire, elle ne m’en tenait jamais rigueur parce qu’elle comprenait que mon travail nécessitait une disponibilité entière et elle me pardonnait rapidement – elle ne savait pas résister à mon sourire enfantin. Même si je détestais la faire patienter seule alors que l’on avait un moment à partager entre nous, je n’étais jamais angoissé de la voir en colère contre moi pour une telle raison qu’un autre de mes retards – trop nombreux. Je n’avais jamais eu ce nœud d’angoisse à l’estomac ni les sueurs froides dégoulinant le long de ma colonne vertébrale. Je n’avais jamais senti mes mains se glacer d’effroi ni mon cœur battre de façon si désordonnée – tellement que ça faisait mal. Avec Mely, il n’y avait jamais eu ce genre de sensations dérangeantes et désagréables qui me rendaient vulnérable. Bien au contraire, j’avais puisé en elle une force insoupçonnée. Jusqu’à aujourd’hui. Je supposais que la situation entre nous faisait que tout ça avait changé la donne. J’avais été en retard le jour où il ne fallait surtout pas l’être. Il n’était plus question de sourires chaleureux et d’étreintes intimistes pour chasser les minutes perdues à m’attendre. Il n’y avait que ce silence glacé pour m’accueillir, que ce regard inexpressif pour me souhaiter le bon jour à notre table habituelle. Je savais pertinemment que la bataille serait rude – oui, à notre stade, je ne voyais notre relation que comme un affrontement perpétuel qui nous mènerait à une autodestruction inévitable. Je savais aussi que la Blonde ne me laisserait pas la tache facile compte tenu de tout ce qu’il s’était passé, mais j’avais osé espérer qu’elle ne me tiendrait pas rigueur de mes trente minutes de retard – à croire que je m’étais trompé sur toute la ligne. Elle ne m’aiderait vraiment pas. Elle ne prononça que deux phrases – dont une question, vingt-et-un mots. Pas un de plus, rien d’autre que ces paroles froides et atones. Sans aucune once de chaleur. Sa colère transpirait par tous les pores de sa peau. Elle était en retrait, barricadée derrière ses remparts défensifs. Elle mordait comme un animal blessé – ce qu’elle était dans le fond. Blessée. Je l’avais blessée, abandonnée ; j’avais trahi notre amitié et tout l’amour que je lui portais en dépit de mes actes stupides et complètement immatures. Quelque part, je comprenais son attitude, je savais que tout ce qu’elle avait pu me dire était justifié ; je méritais les insultes, les remarques acerbes – et je ne lui en voulais même pas pour ça. J’en étais incapable, de toute façon. Alors, je ne pouvais que la laisser faire, tout en espérant que crache sa haine, sa colère et sa déception l’aiderait à s’apaiser. À s’ouvrir au dialogue. « Oui, je… désolé… m’excusai-je mollement, les yeux baissés sur ma boisson devenue tiède. » Je devais bien admettre que chercher à noyer le poisson était la solution de facilité pour moi. Je repoussais, comme souvent, le moment des révélations, de mes aveux, l’instant fatidique où je devrais faire face à mon passé. Il aurait été plus simple, plus commode de continuer comme je l’avais toujours fait, de prétendre encore et encore. Il aurait été plus facile de continuer à m’inventer cette vie, ce passé pour fuir la réalité. « Je… je ne sais pas vraiment par où commencer, soufflai-je, une main passant sur ma nuque. J’ai vraiment beaucoup de choses à te dire et je ne sais pas par quel bout le prendre… » Seulement, je lui devais bien ça. Je devais à ma meilleure amie, ma sœur de cœur, la vérité. Je me devais d’être franc après toutes ces années passées à me cacher même si ça signifiait la perdre pour de bon, même si ça signifiait la sentir s’éloigner de moi, j’étais résolu à tout lui avouer désormais. J’avais peut-être mis plus de cinq longues années à mes décider mais j’étais fin prêt – je n’avais plus le choix de toute façon. Et la situation faisait que je devais lui prouver que tout ce que nous avions vécu n’était pas un immense mensonge. Elle doutait de mon attachement et il fallait que j’arrange les choses. Je ne pouvais pas me permettre de la perdre maintenant. « Je ne m’appelle pas réellement Aaron, lâchai-je abruptement. Enfin, si… Non… En fait, Aaron est mon deuxième prénom. J’ai commencé à l’utiliser quand je suis arrivé à Paris. En vrai, c’est Noah. » Je me mis à tripoter le carré de chocolat encore emballé qui m’avait été servi avec ma boisson. Machinalement, je déchirai un peu le papier glacé de couleur avant de me racler la gorge. « Mon arrivée en France a été comme une renaissance pour moi. C’était un véritable nouveau départ alors j’ai décidé de tirer un trait sur Noah, de le laisser à la frontière française et de tout oublier de ma vie à Londres. Alors je suis devenu Aaron, orphelin suite à un accident de la route dont j’étais le seul survivant. Je racontais cette histoire à chaque fois qu’on me posait des questions sur mon passé et mes origines. C’était d’ailleurs difficile de cacher que j’étais étranger vu mon accent à couper au couteau, admis-je avec un petit rire presque pas forcé. Ça attirait les questions, la curiosité. J’avais parfois l’impression d’être une véritable bête de foire. » Mes ongles coupés court tintèrent contre ma tasse blanche, signe d’agitation intérieure et de nervosité. J’avais cette boule à l’estomac qui ramenait l’envie de vomir dans ma gorge. C’était insupportable de la sentir si loin alors qu’elle était si proche. Juste en face de moi. Elle s’éloignait, inexorablement, et je me sentais démuni. Je ne savais pas quoi faire pour la retenir. Mely était la seule famille que j’avais. Si je la perdais, je me retrouverais orphelin une seconde fois. Et ça, je ne pourrais certainement pas le supporter. Peut-être que tout lui avouer sur moi, en une seule fois, après des années de silence et de non-dits, ne me la ramènerait pas, jamais, mais au moins il n’y aurait plus de mensonges entre nous. Elle saurait absolument tout de moi et elle seule déciderait de m’accorder une autre chance. J’aurais dû faire tout ça plus tôt, j’en étais conscient ; je savais que Mely m’aurait accepté tel que j’étais, mais j’avais été bien trop lâche pour lui parler. J’avais eu peur et je m’étais caché derrière mes mensonges pendant tout ce temps. Cependant, être sur le point de la perdre m’avait aidé à me rendre compte que je ne pouvais pas me permettre de la voir me quitter. Je ne pouvais pas vivre sans elle – et cette constatation n’avait rien de surprenant. « En vérité, je me suis fait virer de chez moi lorsque j’avais seize ans, repris-je après avoir avalé une gorgée de mon café. Un soir, mon père est rentré au Manoir et il m’a trouvé en train d’embrasser un garçon de ma classe. Je venais de me découvrir des penchants gays, j’étais complètement perdu et effrayé et puis y’avait ce bad-boy avec ses grands yeux bruns qui me donnaient la chair de poule… Je ne connaissais rien à tout ça, je ne savais pas ce que c’était et puis mon père est arrivé avec ses principes de bourge british à la con et je me suis retrouvé à la rue, sans rien. Je me sentais honteux, perdu, en colère. Et surtout seul. » J’avalai ma salive, la gorge sèche. Je n’aimais vraiment pas me rappeler de tout ça. Même des années après, ça restait encore trop douloureux. « Puis, j’ai piqué de l’argent à mes parents, sans le moindre remord, et je suis parti de Londres. Sans un regard en arrière. Après tout, plus rien ne me retenait là-bas. Je n’avais plus rien. Je me suis installé à Paris, j’ai bossé comme serveur dans un café pour pouvoir reprendre mes études et me payer la fac, et puis la suite tu la connais. » La première partir de mes aveux était terminée – la pression sur ma poitrine se desserra.
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Sujet: Re: RONELY ❥ Au Café Descartes - Avec le temps va, tout s'en va...
RONELY ❥ Au Café Descartes - Avec le temps va, tout s'en va...