Il y a comme un truc qui me gène, là, tout de suite maintenant. Je rêve, et pourtant un truc m'empêcher de savoir ce qui va se passer dans mon rêve. J'étais bien, là, sur une plage avec des cocktails et des beaux surfeurs, puis un truc est survenu. Mon dieu qu'il est horrible, il réveillerait n'importe quel mort ! Oh cas ou vous n'auriez pas compris, je faisais allusion à mon réveil. Pourtant on est samedi, le samedi, je fais généralement la grasse matinée, mais là, hier j'ai dû m'endormir avant de penser à retirer cette sonnerie, qui ressemble à un vacarme infernal plus qu'à autre chose. Je grogne. J'ai envie de me cogner la tête contre un mur. C'est fou l'effet qu'un bon réveil peut avoir sur une personne ! Je tâte ma table de chevet, ma main tombe sur la fauteur de trouble, et dans plus attendre le balance à travers la chambre. J'entends un bruit de fracas par terre. J'aurais dû faire ça depuis un moment si on veut mon avis. En tout cas, ça lui a cloué le bec à cet objet de malheur. Passant un des deux oreillers qui ornent mon lit bien défait après une nuit sur ma tête, je tente, temps bien que mal, à me rendormir, histoire de faire passer le mal de tête que ce réveil m'a fichu. J'y parviens seulement à moitié. De toutes façons c'est bien connu c'est lorsque l'on peut dormir, on n'y arrive pas. Ce matin c'est exactement ça ! J'aimerais dormir, mais comme par hasard je n'arrive plus à me rendormir, alors que lorsque je dois me réveiller vraiment tôt, à bah là, je dormirais bien encore un peu plus ! Bref ! Cessons ces lamentations !

Je finis par me lever. Agacée par moi même. La journée commence mal. J'ouvre mes rideaux. Ouah quel temps.. de MERDE ! Il pleut ! Et pas qu'un peu. Je soupire, je regarde deux minutes les gens courir avec leur parapluie, histoire de ne pas être trempés. En suite je vais dans ma cuisine, je cherche de quoi me faire un petit dej, à défaut de dormir, je vais manger. Oui je sais c'est mal, mais je suis énervée, alors je me défoule, sur des pancakes et du pains grillés. Cela aurait pu être un pot de glace. Après un petit dej pas si copieux, parce que comme la journée est pourrie, il n'y avait plus de petits pains à faire griller, et il restait un pancake, je vais prendre une douche. Peut-être qu'après ma journée sera moins catastrophique ! J'y reste longtemps ! Jusqu'à ce je n'ai plus d'eau chaude.. faut attendre qu'elle revienne quoi.. en même temps j'ai abusé là. Je sors de la baignoire puis de la salle de bain et je m'enroule d'une serviette. Je vais encore trempée dans ma chambre pour choisir mes vêtements de la journée. Question cruciale, il pleut, alors comment vais-je m'habiller? Je regarde mes habits, j'ai deux parties dans ce grands dressings. Les fringues de Serena l'auteure célèbre, et les habits de moi, Serena, la petite bretonne qui a fait 3 ans de coma. Je n'ai rien de prévu aujourd'hui, je n'ai ni shooting, ni interviews, ni rien du tout, alors aujourd'hui je suis moi. J'enfile un jean qui n'est pas de première jeunesse, une débardeur long, et un gros gilet bien chaud. Je regarde rapidement par la fenêtre, la pluie a cessé ! Je souris, je vais pouvoir prendre l'air, peut-être la seule fois de la journée !

Je met des bottes à lassés et j'enfile une veste. Dans mon sac se trouve un parapluie au cas ou la pluie ne m'aimerait et se déciderait de revenir. Je claque la porte d'entrée et je descend à pieds les marches. Je suis au troisième étages, descendre trois étages ne tue personne. Et puis je n'aime pas vraiment l'ascenseur, il est un peu petit, et l'enfermement, lorsque je suis seule, me fait presque paniquer. Avant de sortir complètement je met un paire de lunette de soleil. Je sais il pleut, pourquoi je fais ça ? Je vais avoir l'air totalement stupide ! Et bien, les paparazzis dans Paris sont nombreux, et je déteste découvrir dans les magasines que je suis dedans et qu'on raconte des conneries généralement, car c'est le plus souvent basé sur des suppositions infondées. Bref de cette manière, je suis passée en mode inconnue. Enfin j'espère.

Je prend la direction du parc du Luxembourg, un parc que j'affectionne, j'aime m'y rendre simplement pour marcher, je regarde les gens se promener, les enfants jouer, je prend une dose de joie pour continuer la vie du bon pied. Je marche tranquillement, je regarde le paysage, j'écoute les quelques oiseaux qui osent chanter par ce temps, et j'observe. Je suis tellement bien dans ma bulle, derrière mes lunettes noires, avec lesquelles personne ne peut me reconnaître.. que .. que je ne vois pas le chien arriver sur le coté et me sauter dessus. Ah ! Mais.. j'aime pas les animaux, je ne sais pas pourquoi, mais depuis mon réveil de ce long coma, j'ai la trouille de tous ce qui n'est pas humain et qui bouge. Je cris, ce qui n'est pas discret. Je baisse la tête, et j'essaie de me débarrasser de ce chien que n'importe qui trouverait mignon. Je finis par monter sur un banc, j'ai l'air idiote, le chien me suit, il s'assoit et bat de la queue, comme s'il attendait que je descende.

- Allez oust ! Du balais ! Va chercher ton maître ! Allez ! S'il te plait !

Il ne bouge pas, il me fixe, l'air tout foufou. Bien, quand je disais que cette journée était pourrie.

Il est à peine sept heures lorsque Donald me sauta dessus. Mon bulldog était probablement le chien le plus lève tôt de la planète. Six heures quarante sept ? Sérieusement ? Pire qu'un nouveau né, il ne me réveillait pas toutes les trois heures pour manger, mais toutes les demies heures pour aller faire ses besoins. A quatre mois, Donald était propre mais avait constamment besoin de sortir. Heureusement que je vivais dans un studio au rez-de-chaussé dont la porte d'entrée donnait à une court centrale de l'immeuble. Je n'avais donc qu'à ouvrir la porte pour le laisser sortir sans risque qu'il n'aille sur la route. Je pensais même à laisser la porte ouverte toute la nuit pour ne plus être embêté, sauf que c'était probablement une mauvaise idée, même si l'immeuble était habité à 50% par des petits vieux, et l'autre moitié par des jeunes couples dont la majorité des femmes s'étaient fait engrosser. Bref, mon chien était un gros bébé qui venait encore une fois de me réveiller, et moi, je grognait en lui balançant un pauvre oreiller à la tronche. Il était tout excité alors que le soleil n'était même pas encore totalement levé.
En repoussant ma couette, je mis celle-ci sur mon pauvre chien, encore assez minuscule. Je n'avais pas vu qu'il était monté sur mon lit, depuis quand savait-il monter tout seul d'ailleurs ? Voyant qu'il commençait à jouer avec la couette, essayant de s'en sortir e le secouai un peu afin qu'il soit encore un peu plus perdu. Il grognait, c'était drôle. Je soulevai ensuite la couverture, puis me levai pour aller ouvrir la porte.
- Allez Dodo, saute !! Sors du lit pour aller pisser !!
Lorsqu'il fut dehors, je laissai la porte entre-ouverte afin qu'il puisse rentrer et me dirigeai vers le coin cuisine de mon petit 25 mètres carré pour me faire un café. Je fis griller deux grosses tartines de pain de la veille, y étalai du beurre et allai m'asseoir, découvrant mon chien à mes pieds, remuant sa minuscule queue, les yeux pleins d'envie et de gourmandise.
- Ah bah oui, bien sur ! Il a faim le gros bébé !
J'éclatai de rire en voyant sa bouille avant de lui donner un tout petit morceau de ma tartine.

Alors que je commençais à enlever mon caleçon pour aller prendre ma douche, mon téléphone sonna. " Salut mon chat, c'est maman " "Ah, salut 'man, comment vas-tu ?" "Bien, très bien et toi ? Le boulot ça va ? J'ai encore du mal à imaginer le nombre de plaies que tu dois soigner au quotidien.. C'est vraiment répugnant !" "Oui, c'est un peu mon métier en fait.." au ton de ma voix, elle compris rapidement que je n'avais pas très envie de discuter, elle raccourcis donc la conversation. "Bon, je voulais juste te prévenir qu'avec ton père nous allons partir en croisière dans les caraïbes. Tu sais, c'était le cadeau de mariage qu'il m'avait offert en août dernier." "Je me souviens, oui." "En tout cas, je ne pourrai pas garder ton chien si tu travailles de nuit, comme d'habitude, il faudra donc que tu t'arranges autrement" "Ok maman, t'inquiètes. Bon voyage".

Une bonne douche, oui. Voilà qui allait me rendre ma bonne humeur en ce jour de repos. Je n'en avais pas pris depuis près de trois semaines, j'étais mort, et mon chien ne me laissait pas dormir. Aucune pitié pour les gens qui travaillent !

Après avoir enfilé un jean et un t-shirt, je mis mes converses pourries du week end, ma veste et attrapai mes clés. "Donald ! Viens là que je te mette ta laisse " lançai-je à mon chiot en tapotant le lit, imaginant bien qu'il ne comprenait pas un mot de ce que je disais. Nous nous rendîmes tous deux à pieds au jardin du Luxembourg, non loin de mon immeuble. Donald tirait comme un fou sur son cou et je décidai de le lâcher pour qu'il puisse se dégourdir correctement les pattes. Être avec un chiot c'est comme être avec un bébé, les femmes adorent voir des hommes avec ! Je courais derrière lui sans grande difficulté jusqu'à ce que je vis une jeune femme brune très mignonne à quelques mètres. En deux secondes à peine, mon chien s'était barré. Par chance, j'entendis des cris qui disaient quelque chose comme "vas-t-en le chien !".
Lorsque j'arrivai à l'endroit d'où la voix provenait, je ne pu croire ce que je vis. Serena.
-Viens-là Donald !

Je n'aime pas les animaux. Enfin ce n'est pas réellement ça. Ce n'est pas que je ne les aime pas. Juste, j'ai en peur, ce qui est assez bizarre lorsqu'on y réfléchit ! Oui parce qu'avant mon coma, j'adorais les animaux, je faisais même de l'équitation et un tas de trucs en pleine nature. Mais depuis mon réveil, et bien dès qu'un animal s'approche trop de moi je panique et je fuis. Je n'ai pourtant rien contre eux, c'est psychologique, je dois avoir un truc en moins dans ma tête depuis mon accident. Mon psy dit que cela vient surement du stresse post-traumatique et qu'il est normal qu'une personne après tant d'années de coma change, et qu'elle ne soit plus la même. Si c'est lui qui le dit, je ne vais pas le contredire. J'ai des amis qui me conseillent aussi de faire une thérapie. Bof, la thérapie c'est pas trop mon truc, je me vois mal sous hypnose, ou encore entourée d'animaux pour me guérir. Je préfère pour l'instant surmonter cette peur toute seule, ou pas du tout la surmonter d'ailleurs. Je ne me sens pas trop prête. L'animal qui me fait le plus peur, c'est totalement ridicule, mais c'est le lapin. Franchement, je ne sais pas d'où ça vient, avant je n'en avais absolument pas peur, maintenant on me tend un de ses rongeurs, je crois que je me met à pleurer et je fais par le suite une crise de panique. Oui je suis une fille terriblement courageuse, ça fait peur !

Enfin bon, moi je suis toujours coincée sur mon banc. Glissant et sale en plus. Maladroite comme je suis je serais capable d'en tomber ! Et là, le chien se jetterait sur moi. Je frisonne à cette idée. Mon dieu ! Beurk ! Je vois un caillou, assez gros, il paraît que les animaux ne sont pas très intelligent parfois. Priez pour qui lui fasse parti du lot. Il pourrait prendre ce caillou comme une balle et pendant qu'il court la chercher je m'en vais en courant pour pas qu'il me retrouve enfin, le plan semble parfait. J'envoie la pierre. Crétin de chien ! Un intello ou quoi ? Il regarde le caillou, puis se rassoit en bas du banc en remuant sa chien la langue pendante. Le pire c'est qu'il semble jeune, et foufou, alors si je descend il va me sauter dessus. Bon sang, il ne pouvait pas aller courir après cette fichue pierre ? Je ne redirais jamais que les animaux sont stupides !

J'ai bien conscience que j'ai l'air débile comme ça, sur un banc, des lunettes noires sur les yeux, alors qu'il pleut. Juste à cause d'un chien ! Je crois que je n'ai pas trop le choix, je vais attendre que son maître rapplique, il doit bien être en train de le chercher. A moins qu'il n'ait pas de maître, ce qui m'étonnerait beaucoup. L'animal a un collier et une laisse qui tombe de son cou. Je soupire, tant qu'il ne pleut pas ça va. Je regarde les nuages, cela ne devrait pas tarder.. fais chier.

Finalement je n'attend pas trop longtemps. Quelques minutes plus tard, quelqu'un appelle le chien. Donald ? oui, il le porte plutôt bien ! Je vois arriver le maître. Je ne suis pas le genre de personne qui râle pour ça, j'aurais remercié la personne puis je serais partie loin ! J'aurais fais ça oui, si cette personne n'avait pas été Nathan. Nathan c'était mon infirmier lorsque j'étais à l'hôpital. Lui, il était la seule personne présente pour moi. Il a vu toutes les personnes de ma famille me tournaient le dos, de mes parents à ma soeur jumelle. Il prenait soin de moi.. il m'écoutait, on parlait.. on était très proche ! Vraiment. J'ai toujours su qu'il y avait un truc. Entre nous je veux dire. Il est le premier à avoir lu mon livre, et sans lui je ne l'aurais surement pas publié. Et une fois publié, cette soudaine célébrité nous a éloigné.

Mon coeur a un raté. Je déglutis. Je n'ose même plus bouger de mon banc maintenant. Il rappelle son chien qui lui obéit. Je me pince les lèvres signe que là, tout de suite, je suis perdue et je ne sais pas quoi faire.

- Hé.. Nathan !

Assise sur un banc, les pieds relevés. Je ne dois pas avoir l'air très maline. Surtout en face d'un chiot. Je ne le quitte pas des yeux. Au cas ou il voudrait se jeter sur moi pour n'importe quelle raison. Je me pince les lèvres en attendant que son maître arrive. S'il s'approche je crois que je hurle. Chose totalement pourri et débile qui me vaudrait les gros titres d'une couverture de magasine. Arf, non, j'ai pas envie de finir sur des papiers glacés juste parce que je suis célèbre. C'est dingue, on entend jamais parlé de Stephin King, qui est surement plus célèbre que moi, et moi, surement parce que je suis une jeune et blonde, on me suit partout ou je vais. Ma vie devient de plus en plus cauchemardesque. Je n'arrive plus à être moi même dans un parc ! Parce que croyez moi que si je ne risquais pas d'être reconnue par tel ou tel photographe, j'aurais appelé à l'aide n'importe lesquels des joggeurs qui passent devant moi depuis tout à l'heure.

Je soupire, heureusement très vite j'entends quelqu'un appeler le chien. Je souris à l'entente de son prénom. C'est mignon, et assez original, je n'en avais jamais entendu se nommer ainsi. Je lance un regard au chien qui veut dire " voilà, tu n'aurais pas eu ce que tu voulais ! ", ce qui est totalement puéril j'en ai bien conscience mais peu importe. Un homme arrive rapidement et lorsque je lève la tête. Je déglutis, vous savez le truc qui prouve bien qu'on est surpris. Parce que là, moi je suis plus que surprise. Nathan se tient devant moi. Il n'a pas changé, je dois dire qu'il est toujours aussi mignon. Pour vous résumer la situation, Nathan était mon infirmier lorsque je suis sortie du coma. Il a été beaucoup présent pour moi et m'a remonté vers le haut. Je crois que je tenais énormément à lui si vous voyez ce que je veux dire. Seulement dès que mon livre est paru, il a fait un carton, et la célébrité nous a éloigné. Je ne sais pas si c'est réellement elle. On l'a peut-être fait in inconsciemment. Lui parce qu'il ne la partageait pas, moi parce que je me dispersais avec tout cela.

Il rattache son chien, et moi je tremble toujours sur mon banc et je ne sais absolument pas quoi faire. Que pourrais-je faire ? Ou même dire ? Je suis tellement maladroite lors des retrouvailles de ce style, que je bloque de peur de le faire fuir. Et je crois que je n'ai pas envie qu'il parte, j'ai envie de savoir ce qu'il est devenu, de savoir s'il va bien, s'il travaille toujours au même endroit.. un tas de choses comme ça.. Je ne sais pas cela me paraît presque logique, mais lui ? Il m'en veut peut-être. Je ne sais pas et je sens mon esprit se faire un tas de films que je suis obligée de stopper. Bon il faut que je comble ce blanc qui risque d'être très pesant au bout d'un moment.

- Tu vas bien ?

Lorsque le chien est rattaché et donc que Nathan le tient, je tente de me relever. J'y parfois, je suis plus dégourdie que je l'aurais crus. Je secoue mes vêtements et je lui souris timidement. J'ai l'impression de retourner quelques années en arrière.

Je me retrouve nez à nez avec Nathan. Mon coeur loupe un raté au début. Comme si ces dernières années n'avaient pas existé. Je me trouve bête, je ne sais pas quoi faire, quoi dire, et si lui m'en voulait ? De quoi ? Oui de quoi ? Aucun de nous n'a pris de nouvelles, je suppose que lui non plus ne voulait pas s’immiscer dans ma nouvelle vie, et moi je ne voulais pas lui imposer ça. Si il avait voulu il serait surement resté à mes cotés. A-il lu que ce roman lui était dédié à lui ainsi qu'à ma soeur décédée ? Je ne suis pas sûre, enfin il ne m'en a jamais parlé. Sans lui je n'aurais probablement rien publié et je serais restée une pauvre fille perdue. Car je n'ai qu'un bac en poche, pas d'études, rien. Alors je dois dire je lui suis très reconnaissante. C'est un peu comme s'il avait fait de moi ce que je suis aujourd'hui après tout.

Je descend donc de mon banc. Que j'ai l'air un peu moins stupide. Je retire même mes lunettes de soleil. Je ne vois aucun journaliste près à prendre une photo, et puis qu'ils aillent se faire voir, j'en ai un peu rien à faire. Je viens de retrouver une personne qui a tellement compté.. Que je suis déboussolée. Je me demande s'il accepterait de voir un verre ? Histoire que nous puissions parler. Il m'a manqué. Je ne m'en rend bien sûr que maintenant. Alors qu'il est devant moi et que je n'ai pas pris de nouvelles depuis longtemps. Sur ce point nous sommes en tort tous les deux, mais comment le blâmer lui ? C'est quand même moi.. enfin je le vois de cette façon. J'aurais aimé que nous restions aussi proche, et j'espère qu'on peut reconstruire quelque chose. Je sais que ça prendra probablement du temps.. ou même il ne voudra peut-être pas.

- Je vais plutôt bien, je suis contente de tomber sur toi..

Je lève les yeux au ciel, et je jette un oeil au chien qui semble calme, puisqu'il est couché aux pieds de son maître. Je prend alors Nathan dans mes bras. C'est la véritable moi ça, je ne suis pas du genre à prendre des pincettes d'habitude.

- Je crois que tu m'as manqué tu sais.. tu es libre..là ? On pourrait voir un verre ? A moins que tu es quelqu'un à retrouver. Une petite amie.. fiancée.. un pote..

Ouais, enfaîte la dernière question a aussi pour but de savoir si il a trouvé l'amour ou pas. Enfin.. je verrais bien, je comprendrais.. Ce serait normal, après tout c'est un garçon bien ! Je suis sûre qu'un tas de filles ont dû le remarquer !

Je suis du genre super familiale, je n'ai pas trop de gènes et j'aime le contact avec les gens. Cela vient surement du théâtre, je ne suis pas timide et même dans les situations les plus confuses je sais en rire, ou rester moi même. Je devrais je crois être un peu plus mal à l'aise avec Nathan. Après tout lorsque j'ai été hospitalisée la première fois, il était mon infirmier, et il a toujours été présent. Nous nous sommes rapprochés, et je crois qu'il n'aurait pas fallut grand chose pour que je sorte avec lui. Mais lui n'a pas le droit de sortir avec ses patientes, cela pourrait affecter son travail, et moi je suis surement condamnée alors pourquoi chercher à aller plus loin ? On se ferrait souffrir ! Je le ferrais souffrir, si je venais à mourir.

Pourtant le retrouver comme ça, là, en dehors de l'hôpital me perturbe. Je le regarde, il n'a pas tant changé, et il est toujours mignon. Je l'avais déjà remarqué. Du coup, je l'ai enlacé, parce que sincèrement j'étais ravie de le rencontrer ici à Paris. Je lui propose d'aller boire un café, de passer un peu de temps ensemble, pour rattraper le temps perdu, et ses mois passés sans ce voir, ni se parler. Je guète son chien, il faudrait que je fasse une thérapie, je ne comprend pas pourquoi les chiens, et même aussi petit que celui ci, me font peur !

Nathan accepte l'invitation, je lui souris ravie. Il doit aussi déposer Donald chez lui. Ce qui parait logique, un chien dans un café ce n'est pas vraiment pratique ! Il me demande si on se retrouve là bas ou bien si je l'accompagne. Je ne sais pas ou on peut aller alors, si je l'accompagne on pourra y réfléchir à deux.

- Je t'accompagne, on est pressé.. je lui dis avec mon accent américain.

Je le déteste cet accent, certes je parle français assez couramment maintenant, mais j'ai toujours l'impression de parler bizarrement comparé au autres français purs souche ! Je prend le bras opposé de Nathan, pour évite de me retrouver trop près du toutou, et on commence à avancer. Je le suis car j'ignore totalement où il vit. Je ne m'étais jamais posée là question d'où vit-il ? Je le découvrirais de cette façon.

Je repense à la fois ou on s'est rencontré, je devais être hospitalisée, et j'étais assez jeune, seule et je ne voulais le dire à personne, que j'étais atteinte d'une tumeur au cerveau à un stade avancée. Je crois de mes proches il est le seul au courant avec Ella, ma meilleure amie. Du coup ça me rassure qu'il sache.. je n'ai pas à lui cacher ça. Je me demande comment aurait évolué notre relation si cette maladie avait pu être guérie .. Nous aurions probablement tenté quelque chose, nous étions si proches.

Donc on avance et j'entame une conversation, un peu près normale.

- Alors qu'est ce que tu deviens, les amours.. les amis la famille ?

Petite question pour savoir s'il avait quelqu'un dans sa vie, une part de moi voulait qu'il soit toujours célibataire, l'autre me disait de m'en foutre, mais je ne suis pas sûre de pouvoir le faire !

On avance pour aller chez lui. J'ai attrapé son bras. C'est un réflexe je crois. Je me souviens que pendant mon traitement juste après la première opération, je le tenais de cette façon lorsqu'il me sortait de ma chambre, pour n'importe quel chose au début j'étais trop faible à cause des médicaments que je prenais. Donc oui je suppose que c'est un réflexe, et c'est aussi un façon d'être proche de lui. Je ne m'étais pas rendue compte mais il m'avait manqué. J'appréciais les moments que nous passions, parfois juste devant une série française, il restait avec moi, je lui faisais un peu de place sur mon lit, généralement c'était lorsqu'il n'exerçait plus, car il n'avait pas seulement moi comme patiente, il avait tout un couloir. Je me souviens aussi sa soif de connaissance, il était curieux et j'adorais lorsqu'il me parlait de ce qu'il avait découvert, il semblait si passionné par la moindre chose parfois que j'en riais. Et puis il y avait sa tendresse, son attention, il est une personne très proche des gens, il semble si exceptionnel. Je me trompe peut-être, mais le Nathan que je connais été le mec idéal.. si cette fichue maladie avait été stoppée je n'aurais probablement pas freiné notre relation, je n'aurais pas presque coupé les ponts à la sortie de l'hôpital.

Pour moi je suis condamnée, ma tumeur est toujours dans ma tête, un jour elle m'empêchera peut-être de parler, de me souvenir, de bouger.. la moindre chose pourrait devenir un truc que je ne sais plus faire. Je suis un traitement pour ne plus quelle grossisse ou du moins pour qu'elle se développe plus doucement. Je ne sais pas si cela fonctionne.. j'espère, car ils m'épuisent tous ses produits que l'ont m'infecte dans le sang. Je pourrais me faire opérer mais j'ai trop peur, je refuse pour le moment, trop de risque, je ne veux pas mourir sur une table d'opération, je veux mourir dans les bras de la personne que l'aime.

Donc nous avançons sur le chemin, ou plus dans les rues qui nous mènent au l'appartement de Nathan. Je ne m'y suis jamais rendue, avant on ne faisait que ce voir dans une chambre d'hôpital. Je lui ai demandé par curiosité ce qu'on devenait, comment se portait ses amies sa famille.. ses amours.. question cachées ? La dernière ? Oui, mais je ne sais pas s'il aura compris, même si je doute que cela me regarde. Après ses années. Il me répond simplement, et moi je souris presque bêtement ! Rien n'a changé sauf ses horaires à l'hôpital, et son chien. Je regarde la bête d'ailleurs qui marche légèrement devant nous sans tirer son maître. Il me retourne ma question. Je me mord la lèvre, ce qui est débile.

- Et biens je dirais que rien n'a changé, je suis d'une routine folle.. oh si, je trouve que mon accent est moins incompréhensible tu en penses quoi ? Et je dois avouer que je suis quand même contente de te voir..

Je souris quelque peu, je me sens tout de suite bien, comme avant, c'est un peu comme si les longs mois n'avaient pas exister. Nous devons surement arriver chez lui, nous entrons dans un hall. Je décide de l'attendre ici, je verrais son apprt plus tard !

- Je t'attend là.. à tout de suite !

Nous avançons à une allure normale, je jette régulièrement un regard inquiet sur le chien, il n'essaie plus de me sauter dessus, ce qui me rassurer. Je ne sais pas tellement d'où vient cette peur des chiens, je n'ai peur de rien sauf des chiens. Je ne supporte pas qu'ils s'approchent de moi, qu'ils essaient de me lâcher, ils pourraient me mordre. J'ai bien conscience que c'est puéril, et que je devrais consulter pour ça, mais tant pis, je ne croise pas non plus tous les jours des chiens qui me courent après, ou qui essaient de me sauter dessus. J'ignore pourquoi les chiens font ça, mais c'est pénible ! Je ne trouve pas toujours des bancs pour me protéger.

Enfin bon, je tiens Nathan par le bras. J'ai un tas de souvenirs qui me reviennent en mémoire. Nos promenades dans le parc de l'hôpital, après mon opération, j'étais obligée de me tenir à lui, j'étais fatiguée, et je ne voyais pas très bien au début. Je me souviens aussi lorsqu'il restait parfois un peu plus de temps avec moi et qu'il me tenait compagnie, il remplaçait ma famille habitant à l'autre bout du pays qui n'avaient pas les moyens de venir, de toutes façon je ne voulais pas leur dire pour ma maladie, ils m'empêcheraient de vivre ce que je veux vivre avant de mourir. Car je vais forcément mourir un jour, et apparemment je ne serais pas vieille lorsque le grand jour arrivera. Au moins, il faut voir les choses du bon coté, je n'aurais pas de rides à mon mariage et je serais plutôt pas mal conservée. C'est ignoble de penser ça, mais ça me rassure plus ou moins, j'ai moins l'impression que je vais vraiment mourir pour de vrai d'ici quelques années.

Je fus en tout cas très flattée et contente qu'il compliment légèrement mon accent, quoi que j'étais fière, il disparaissait petit à petit et j'allais peut-être réussir à me faire passer pour une français. Je ne veux pas qu'on sache que je viens des Etats Unis, car on me cataloguerait petite bourge qui vient faire ses études à Paris, mais enfaîte, j'ai réussi à le faire grâce aux bourses. Mais pour l'instant les gens savent que je suis étrangère. Alors forcément lorsqu'on me dit qu'il s'entend moins et que je passe de plus en plus pour une véritable française ce pays que j'adore, cela me touche forcément !

- Oh merci ! J'y travaille pas mal ! Mais je n'ai pas toujours le vocabulaire adéquate.

Je lui envoie une sourire radieux, aujourd'hui je l'annonce, c'est un bon jour. Le destin existe peut-être qui sait. Je préfère ne pas y croire, cela évite les désillusions. Après tout je rêvais bien d'une carrière parfaite, et finalement, ma vie se terminera surement dans un hôpital. Avec des fils partout, et cela dans quelques années.. ou mois qui sait, justement le destin nous réserve de surprises parfois peu agréables. Certes mes retrouvailles avec Nathan sont plutôt agréables, mais j'ai peur que cela complique les choses. Je n'ai pas donné de signe de vie pour une simple et bonne raison. La souffrance. Je sais que je le ferais souffrir si je mourrais. Je ne veux pas qu'il endure ça et de plus il mérite mieux.. Nathan est une personne tellement.. génial.. Nous aurions eu notre chance si je n'étais pas tombée malade.. enfin je suppose.

Nous arrivons chez lui, il m'a guidé dans les rues de Paris, je ne savais même pas où il habitait. Je décide de l'attendre dans le hall. C'est une petite court fermée. C'est plutôt mignon, mon appartement ne ressemble pas du tout à ça, c'est plutôt un vieille immeuble sur une grande rue, l'ascenseur date tellement.. vous savez c'est le genre qu'on voit dans les beaux appartements, sauf que chez moi c'est petit, pas super bien entretenu et qu'il tombe régulièrement en panne. Heureusement je vis seulement au deuxième étages, je ne suis pas très haut.

Je suis contente de voir Nathan revenir sans son chien, Je lui envoie une sourire, il me demande ou je veux aller. Je n'y ai pas vraiment pensé.. où allez. Je connais bien quelques bars sympas. Ils ne sont pas trop loin, mais j'ai aussi envie de bouger, je suis partagée, je cherche aussi vite que possible, pour éviter d'avoir l'air de beuguer. Puis j'ai une idée.. On verra si elle lui convient.

- Hum, je connais un bar pas très loin on peut aller boire une verre, puis allez au cinéma après ? Je ne sais pas ce qui passe, mais il doit bien y avoir un film qu'on peut aller voir !

Enfaîte le cinéma c'est un peu prétexte pour s'asseoir contre lui ou quelque chose comme ça peut-être.. mais je pense que cela peut-être une bonne une idée tout de même !

Il revient après avoir déposer son chien. Je me sens bêtement soulagée parce qu'il n'est plus avec son chiot. C'est si bête d'avoir peur d'un chien ? Un tout jeune chien ? Moi j'ai l'impression que je suis stupide à courir sur un banc mais c'est plus fort que moi, je n'arrive pas, ces bêtes là, je les évite comme on évite la peste. En tout cas je peux reprendre son bras tranquillement dans avoir à zieuter le toutou. Il me demande où je veux aller. Il me faut une ou deux minutes pour trouver une idée plutôt bien. J'en suis presque fière ! Je lui propose tout d'abord de boire une verre et d'attraper la prochaine séance de cinéma. J'ignore ce qu'il y a à voir au cinéma mais on trouvera surement un film potable ! Il semble aimer l'idée, je souris bêtement, je suis contente qu'il aime.

Je le reprend par le bras. J'aime bien être en contact avec lui. Je sais que pour mon coeur c'est mal, ma raison ne cesse de me le répéter. On dit pourtant bien que le coeur a ses raisons que la raison ignore. Je crois que cette expression française ne m'a jamais semblé si vraie à ce moment. Je lutte pour ne pas m'attacher, pour ne plus ressentir ce que je ressentais pour lui lorsqu'il s'occupait de moi. Ma raison me pousserait presque à partir en courant. Mais mon coeur est plus fort, et c'est plus fort que moi.. Je le prend donc par le bras, je ne résiste plus tellement. C'est trop compliqué dans ma tête. Je n'arrive même pas à me raisonner, c'est pitoyable.

Nous prenons la route du petit bar pas très loin. Cette fois se sont mes pas qui le guident. Il sort son portable, et il regarde les séances de cinéma. Du moins les films que nous pourrions aller voir ! Il en sort plusieurs, avec pour chacun une critique. Je rigole, on pourrait croire que nous ne sommes pas des amateurs de cinéma. Mais c'est juste histoire de rire, en tout cas cela fonctionne bien. Je ris, je n'avais pas souris ou rit avec une personne depuis un moment. Je crois que je suis vraiment heureuse d'être avec lui. C'est maintenant, après qu'il est énuméré ce que nous avons comme choix, à moi de trancher sur le film que nous pourrions aller voir.

- Bien, moi j'en ai retenu deux ! Avengers ou American Pie 4. Je vais voir celui que tu préfères !

Nous arrivons au bar. Je tire gentiment par le bras Nathan pour y entrer. Je connais bien les lieux pour m'y rendre souvent. J'aime l'ambiance, et parfois j'y travaille mes cours tranquillement. Et j'y travaille parfois à mi temps pour aider mes parents avec mes études. L'argent ne tombe pas du ciel ! La patron me reconnait de suite. J'avance en tenant la main de Nathan. Je tape de mon autre main libre celle de mon patron, presque comme mon père, il est adorable.

- Ah voilà la plus belle des Américaines ! Tu es venu nous présenter son fiancé ?

Je rougis, lorsqu'il dit ça, mais je garde le sourire.

- Non, Nathan et.. un vieil ami ! On peut s'installer ?

Je lui montre une petite table dans un coin avec banquette.

- Bien sûr ma poule ! - je déteste le surnom qu'il me donne - Je vous serre quoi ?

Je regarde Nathan pour lui demander. Moi je vais prendre un truc peu distingué mais que j'ai appris à aimer ici.

- Pour moi un Monaco s'il te plait !

J'entraîne Nathan vers notre table et je m'assoie à coté de lui sur la banquette. Je souris, je suis un peu gênée, mais j'aime tout de même l'ambiance de ce bar.

- Désolée, je t'avais pas dis que je travaillais ici parfois ! Le patron est comme un deuxième père, enfin j'espère que cela ne t'a pas dérangé !

Je me mord la lèvre et je hausse les épaules presque comme une petite fille.

- Alors ce film, tu choisis ?