Dormir. Je ne sais faire que ça depuis samedi. Dormir, me réveiller avec une sensation de vide, me souvenir de sa cause, m'épuiser à pleurer tout ce que je sais, me rendormir... Encore et encore, une douce rengaine qui me martèle les tempes et me donne mal à la tête en même temps qu'une drôle de nausée. J'ouvre lentement les yeux, l'obscurité est maîtresse dans ma chambre, je sens Caramel qui relève la tête contre ma poitrine, l'air aux aguets. Elle joue les sentinelles avec moi, j'aurais pu trouver ça attendrissant. Elle aboie et, juste après, j'entends du bruit en provenance de mon salon. Je lâche un soupir, à tous les coups ça va être encore Aaron qui joue les inquiets. Je ne me préoccupe pas de ma tenue (qui se résume à un débardeur trop large et à un vieux short) pour sortir dans ma chambre, mais je me fige en entrant dans le salon. La douleur revient me lacérer le coeur. « Qu'est-ce que tu fous là ? » Je siffle. Colère, tristesse, sentiment diffus de trahison, c'est ce que je ressens en faisant face à Cesar à cet instant précis.

Comment expliquer à la fille qu'on aime, que ce n'est pas la seule qui fait battre votre coeur ? Comment lui faire comprendre qu'on est désolé mais qu'on n'arrive pas à regretter ? Comment lui expliquer que Lumen ne peut pas rester seulement mon passé mais qu'elle devient mon futur aussi ? Comment dire tout simplement quelque chose face à ses yeux traites pleins de larmes ? J'ai l'impression d'être une poupée de chiffon,qu'un sadique (ou sadique en l'occurence XD) s'amuse à transpercer de part et d'autre avec une grande aiguille. Lumen, Albane.. D'un côté un passé au doux accent anglais, de boucles blondes et de rire, sans note de peur, de trahison ou de la moindre douleur, une complicité tendre... et de l'autre un présent douloureux plein de doute, de maladresse, d'amour à l'état brute, mais mal polie sous nos éclats. Comment briller entre deux amours totalement différents, mais sans lesquels je finirais noyer dans la Seine ? Parfois il faut prendre son courage à deux mains et aller au-devant des ennuies, ne pas attendre que le mal vous frappe en lâche par derrière. « Qu'est-ce que tu fous là ? » Je me tourne vers elle, ayant à peine fait un pas à l'intérieur. Ses yeux me transperce tel les aiguilles du vieux sadique, colère, triste, trahison... Je sais ce qu'elle ressens, je l'ai ressenti déjà trop de fois avec elle. « On doit parler, non ? »

« Parler ? » J'ai un ricanement ironique, amer aussi. Je me retiens de cracher sur le sol. J'ai un goût de bile dans la gorge, la nausée ne veut pas passer, ma vision a du mal à se remettre au point et je cligne des yeux un moment. « Pour dire quoi ? Que tu t'es royalement envoyé en l'air avec une de mes plus proches amies ? Je le sais déjà. Lumen me l'a dit. » Je marque une pause, esquisse un sourire désabusé. « Enfin, dit... Disons plutôt que je l'ai deviné. Tu comptais m'en parler quand, hein ? » je siffle de nouveau. Cette fois c'est la colère qui gonfle dans mes veines, une fureur abominable que je ne me connais pas. J'ai envie de casser quelque chose. N'importe quoi. Je me contente de m'enfoncer les ongles dans les paumes et les dents dans la lèvre inférieure. « Tu oses me parler de confiance alors que tu te gênes pas pour aller voir ailleurs. Merveilleux. La prochaine, c'est quoi ? Tu vas encore te faire passer pour mort c'est ça ? » Sourire ironique encore, mais mes yeux hurlent la douleur qui me détruit le coeur à petit feu depuis samedi. J'ai envie de pleurer. Je refuse. Tenir droite ! « Alors, vas-y, je t'écoute. »

Je m'approche doucement d'elle, ma Albane. Ma douce Albane que je comprends plus vraiment, qui se perd à travers Paris. Parfois je me demande où on est tous les deux, car on est plus les deux personnes d'avant, celle qui se sautait dessus au moindre moment pour baiser n'importe où. « Oui parler... » Je soupire, qui suis-je pour lui faire autant de mal. Peut-être devrais-je partir et la laisser tranquille. « Albane, je suis désolée. Lumen... Je ne peux pas t'expliquer ce qui nous a pris. Tu ne comprendrais pas. » Je soupire, vaincu petit à petit par sa tristesse, je n'ai même plus envie de me battre pour ça... pourquoi d'ailleurs ? Un couple en ruine qui essaye du mieux qu'il peu de se débattre face à une fin inévitable ? « Je comptais pas t'en parler pour éviter ça ! On voulait juste oublier ça. » Je lui prends la main, malgré le risque de m'en prendre une, le bras étant en écharpe, que peut-il m'arriver de pire ? « Tu oses faire ta crise là, alors que tu fais pas mieux derrière mon dos avec Jayden ! Il n'y aura pas de prochaine fois Albane. » Un sourire triste se dessine sur mes lèvres, comment lui faire comprendre... ? J'ai envie de tout casser sans comprendre moi-même le pourquoi entier.« Tu veux qu'on se sépare ? »

Il s'approche, ses doigts s'enroulent autour des miens. Tenir droite, tenir droite, j'ai énormément de mal à me conformer à cette résolution que je viens de prendre. J'ai juste envie de m'effondrer dans ses bras, je me contente de serrer nerveusement ses doigts entre les miens, les emmêler, fermement. J'ai besoin de ce contact, un besoin avide, c'est comme de l'oxygène. Ma colère fond comme de la neige au soleil et il ne reste plus que la tristesse. Et le goût acide d'un sentiment de trahison au fond de la gorge. « Ouais, j'ose. Finalement t'as fait la même chose... » Je déglutis, sursaute en relevant le nez vers lui, les yeux écarquillés. Comment est-ce qu'il peut oser me proposer ça ? La réponse vient d'instinct, fulgurante. Ma main claque avec violence contre sa joue et j'attrape le col de sa chemise pour le secouer. « HORS DE QUESTION ! » Mes larmes brûlent mes yeux et finissent par échapper à mon contrôle, j'arrête de le secouer, et j'appuie finalement ma tête contre son épaule. « Tout mais pas ça. S'il te plait tout mais pas ça. »

La douceur de sa peau me fait frissonner, j'ai déjà besoin de plus, j'ai besoin qu'elle soit collée à moi, pour toujours. J'ai envie de la serrer contre mon corps, de l'embrasser jusqu'à en perdre le souffle, de la tenir tout près de mon coeur. Cependant, ce n'est pas le moment pour non, je dois d'abord affronter mes erreurs, malgré la peur qui se glisse le long de ma colonne. « Oui je l'ai fait, mais Lumen représente bien plus pour moi que Jayden représente pour toi. Je la connais depuis toujours et on a perdu le contrôle. Elle et moi s'est du passé. » Je me mords la lèvre, retenant le "malheureusement"que crie une partie de moi. Une vieille partie de moi que j'ai caché et que je préfère oublier. Comme beaucoup de choses d'ailleurs. La baffe part tout de seul, envoyant mon visage valsé et dans un réflexe humain je lui lâche la main et pose la mienne sur ma joue rouge sous le coup. Je m'y attendais mais j'en ai le souffle couper. Je me sens aller d'avant en arrière, encore perdu sous le choc. « J'ai pas dis que j'en avais envie, je te demande à toi, de choisir. J'ai commis une erreur à toi de voir...» Je reprends brutalement mes esprits en la voyant pleurer. Mon coeur fini en un paquet de lambeau. Non pas ça, tout sauf ses larmes, frappe moi encore si tu veux, mais ne pleure pas... Je la serre fort contre moi, posant mes lèvres dans ses cheveux « On fera ce que tu veux, je te le promets, mais ne pleure pas... »

Je m'accroche à lui, je me blottis le plus étroitement possible contre son corps, autant que me le permet mon ventre qui commence sérieusement à devenir gênant, à presque huit mois de grossesse. Mais j'arrive à enfouir mon visage contre son cou comme j'ai l'habitude de faire, je sens son odeur, elle me réconforte, elle me calme au bout de longues minutes. Je lâche un petit reniflement un peu piteux et je cale un peu mieux mon nez au creux de sa peau, je suis bien là, même si ce serait presque parfait si je sentais sa peau contre la mienne. Nus, oui, c'est le meilleur état, encore qu'il ne soit pas encore la perfection absolue. Le mieux serait que nous puissions partager le même corps, la même chair, ça peut être effrayant mais c'est comme ça que je le sens. « Ce que je veux c'est toi et tu le sais. Je t'aime, bordel. Je t'aime, plus que tout. » Je m'essuie les joues d'une main tremblante et relève les yeux vers lui. Je suis incapable de lui en vouloir, ça fera ma perte un jour. Tant pis, pour le moment j'ai juste besoin de lui. « Embrasse-moi. »

Je sens son souffle se calmer petit à petit contre ma peau, dans la zone sensible de mon cou où elle se blottit toujours. J'ose faire un petit sourire lorsque nos corps essayent de se trouver le mieux possible. Ce n'est toujours pas suffisant mais c'est déjà mieux. En fait, ce n'est jamais totalement suffisant, il faudrait qu'on soit une même-personne pour que ça le soit. Même lorsque je suis au plus près d'elle lors de nos rapports, ce n'est pas suffisant pour calmer mon envie d'être avec elle. « Je t'aime moi aussi Albane, plus que tout. » Je mordille doucement son lobe, mes mains se posant doucement sur ses hanches la collant plus encore contre moi. Mes désirs sont tellement forts qu'ils me font mal, je veux plus, toujours plus. Ils ont tous raison, elle est trop gentille avec moi, je suis qu'un parfait connard égoïste. A peine me le demande-t-elle que mes lèvres s'écrasent contre les siennes avec une certaine violence sous la passion qui m'habite. Tout mon être ne crie qu'une chose : « Pardonne moi. »

Dieu seul sait à quel point ça me fait du bien de l'entendre me dire qu'il m'aime. Une bouffée de soulagement m'envahit et détend mes muscles, j'en viens même à ronronner imperceptiblement contre son cou, ça fait du bien, un putain de bien fou. C'est ahurissant comme je l'aime, malgré tout ce qu'on a enduré, malgré tout ce que les autres peuvent dire, mon corps et mon esprit ne font que hurler son nom et je doute trouver un homme capable de me combler comme il le fait malgré la douleur, toujours présente dans un coin de mon esprit. Mais la douleur est dérisoire. Ses lèvres se plaquent contre les miennes, immédiatement j'enfouis mes mains dans ses cheveux et je me presse un peu plus contre lui si c'est possible, j'ai besoin de sa peau contre la mienne, MAINTENANT ! « Bébé bordel je t'aime... Je... » Je me mords la lèvre et appuie mon front contre le sien, doucement je viens caresser son visage du bout des doigts. « Ca m'a fait mal d'apprendre ça mais j'suis foutrement incapable de t'en vouloir Cesar... Je t'aime trop pour ça... »

Je la sens ronronner contre ma peau, ce doux son qui se glisse à mon oreille afin de détendre mon corps entier. Elle m'aime, je l'aime, on va s'en sortir comme toujours, ca doit se finir bien, c'est comme ça. Lumen doit rester un simple fantasme, je n'ai plus le droit de faire souffrir Albane? C'est elle mon futur. Ses doigts dans mes cheveux me fait frissonner tandis que je la soulève sans effort. J'ai besoin de plus qu'un simple baiser, ma bouche va laper, mordiller, sucer chaque centimètre de peau libre que je peux atteindre. « Moi aussi je t'aime, je t'aime. J'ai besoin de plus là... maintenant. » Je l'embrasse à nouveau rapidement, perdu dans mon désir grandissant d'elle. Mes pieds avancent tout seul en direction de sa chambre, j'ai besoin d'elle, maintenant, tout de suite. « Je suis désolé Albane, je t'aime. Pour toujours. »

Tout ira bien. Tout se finit toujours bien de toute façon entre nous. Mais là j'ai besoin de ses mains, de ses lèvres, de son corps pressé contre le mien et de sa voix, j'ai besoin de lui tout entier. J'ai envie de me fondre en lui, complètement. C'est une belle utopie. Pouvoir être avec lui tout le temps, constamment, incrustée jusqu'au creux de ses os... Mais sa voix me tire de mes pensées, je me sens soulevée sans trop d'efforts et instinctivement je m'accroche à lui, j'enfouis mon visage dans ses cheveux et je respire l'odeur de son shampoing à pleins poumons. C'est dingue comme je l'aime, putain... « Arrête de t'excuser... » Je préfère l'embrasser à pleine bouche, longuement, pour le faire taire. Je remarque à peine qu'on est déjà rendus dans la chambre. « J'ai besoin de te sentir, bébé, s'il te plait... » Mes mains se sont déjà aventurées sous son haut pour l'en débarrasser, le tissu tombe au sol et je me tortille un moment pour dézipper ma robe et la faire glisser le long de mes épaules. Putain, sa peau sur la mienne, vite...

Je la pose doucement sur le lit, comme si elle était la plus précieuse chose au monde. Pourtant, je l'ai détruite mainte et mainte fois, quel genre de con suis-je ? Je viens chercher sa langue de la mienne avec douceur, les yeux clos afin de profiter de ce cocktail de sens, de plaisir. C'est tellement bon que j'en veux tout de suite plus alors que je l'aide à retirer sa robe « ok ok... » Je vais doucement lui mordiller la clavicule, descendant petit à petit mes morsures le long de son corps « J'en ai besoin aussi, j'en ai marre d'attendre, je te veux. » C'est un besoin primitif qui hurle en moi, pourtant, j'essaye de l'étouffer, je veux prendre mon temps, faire les choses bien pour une fois. Je lui retire son soutien-gorge, allant tout de suite coller ma peau à la sienne. Enfin...

J'aime cette douceur dans ses gestes. Ca fait du bien, ça répare les morceaux brisés de mon coeur, ça me prouve qu'il tient toujours à moi, qu'il me veut, autant que je le veux. Ca me réconforte, ça me rassure, et surtout ça me tire de légers soupirs alors que mon soutien-gorge quitte ma poitrine gonflée et déjà la peau de Cesar se presse contre la mienne. Bon sang. Ca y est. Mais je veux plus, j'ai besoin de plus. Je laisse lentement glisser mes mains le long de son dos avant de passer sur l'avant de son corps pour déboutonner son jean et le lui retirer souplement. Une fois ceci fait, je me tortille tant bien que mal pour pouvoir me frotter à lui. Je le veux, bon sang ce que je le veux... « Bébé... Viens, s'il te plait, j'en ai besoin... » Et je sais que lui aussi en a besoin. Besoin de retrouver cette pâle copie de perfection quand nous faisons l'amour. L'un dans l'autre, l'un avec l'autre, mais pour un temps trop éphémère.

C'était plutôt étrange. Il y a une demi heure encore j'étais prête à lui passer le savon de sa vie, l'engueuler comme jamais, le foutre à la porte et refuser de le voir pendant des semaines tellement j'avais mal. Et maintenant on est dans le lit, après une séance de sexe des plus bienfaitrices, bien calés l'un contre l'autre dans le lit, la couette remontée sur nos jambes et sa main sur mon sein droit. Je remarque à peine une perle de lait couler le long de mon téton pour échouer sur ses doigts, d'ailleurs. Je préfère me blottir confortablement contre lui, je suis bien là... « Grâce à moi ? » Je hausse un sourcil un peu surpris et, disons-le, sceptique. Mais un sourire joue sur mes lèvres. Je frotte ma joue contre la sienne, rugueuse de barbe. J'aime quand il est comme ça, avec une légère barbe, ça le rend sexy en diable. Et dire qu'il est à moi. A moi et rien qu'à moi. « Je t'aime... »

Le meilleur moment de la journée d'après moi, c'est après le sexe. Ce moment de calme absolue où tu peux partager des gestes tendres avec ta copine. C'est tellement bon d'être là, contre elle, que j'en oublie mes conneries. Je me réfugie dans mon bonheur sachant qu'il sera malheureusement de courte duré... Comme dans tous les couples d'ailleurs. « C'toi qui me fais bander, je te signale » Je souris en sentant sa joue contre la mienne, j'aurais peut-être dû me raser, ca ne doit pas être du plus agréable comme ça. « Tu veux que je rase ? ? » Je serre contre corps contre le mien, remontant le drap sur nous pour un peu d'intimité. « Je t'aime aussi... »

Je ris, encore. D'accord, c'est peut-être de ma faute. Non, sûrement, même. Je serre un peu plus ses doigts entre les miens, j'ai besoin de son contact comme on a besoin d'air pour respirer. Vital. « Certes, j'ai une part de responsabilité là-dedans... » Je pousse un petit soupir d'aise et me blottis un peu mieux contre lui, pendant qu'il me propose de se raser. Je fais la moue. « Non, j'aime quand tu portes une petite barbe... T'es encore plus sexy comme ça. Et puis je crois que ça me choquerait un peu si tu l'enlevais. » Nouveau rire. C'est vrai que j'ai l'habitude de le voir avec, et puis j'aime... vraiment. J'aime l'air que ça lui donne, j'aime le contact des poils un peu rêches contre ma peau, c'est agréable. Réconfortant. Finalement, je me dégage doucement et je lui fais face, frôlant son nez avec le mien doucement. « Je passerais bien la fin de la journée au lit, pas toi ? »