Voilà une heure que j'étais partie de l'appartement. A quoi bon y rester? A quoi bon, le voir partir? Faire ses valises, vider 4 ans de vie commune? Je ne vois pas l'intérêt de m'infliger ça. Je le savais, malgré tout, je savais que ça se terminerait comme ça, après tout, je ne suis pas faite pour l'amour... enfin il semblerait. Ses crises de jalousie, son incapacité à faire les choses, comme faire sa demande par exemple, le fait qu'il aime plus que tout s'enfermer dans son monde alors que je rêve d'aventures! Nous n'étions pas fait l'un pour l'autre, mais malgré ce constat réel, la peine et la douleur sont là depuis plus d'une semaine. Hugo a déserté mon appartement, et Jeremie fait ses valises!
Mais quelle joie dans ma vie! J'étais over entourée et moi voilà over toute seule! Je file rue Mouffetard, au bateau ivre, où j'espère en ressortir tout aussi ivre que lui, et y croiser Cameron peut être. Je marche sur les pavés de la ruelle, et entre dans le bar, je salue le barman et propriétaire qui depuis le temps me connait. "Gin Fizz" Lui dis-je tranquillement. "Mauvaise soirée?" "Mauvaise semaine, voir mauvais mois." Lui dis-je avec un léger sourire. Je bus une gorgée tranquillement, quand je la vis arriver.

Elle s'installa à côté de moi et déjà, je me sentis plus en paix, Cameron était une de ces filles, avec qui tout semble plus cool (sans mauvais jeu de mots), plus apaisant. Elle qui chante avec une telle violence parfois, et pourtant c'est la plus tranquille de mes amies, c'est une amie, et pas seulement une connaissance de soirées. "Salut!" Lui dis-je avec un sourire somme toute tristounet! "Je... suis célibataire!" Lançais-je avec une ironie non contenue. Je poussais un grand soupir, buvant une lapée de cocktail. "C'est la merde... ma vie c'est la merde..." Dis-je en percutant que sa vie à elle n'était pas non plus un bonheur absolue. Elle qui vivait dans la rue. "Pardon, je suis conne..." M'excusais-je après coup. "Oui j'ai encore de l'air dans mes poumons et mes deux bras et jambes... mais putain, à quoi bon construire pendant 4 ans, quand on savait qu'on allait droit dans le mur??" Je regardais droit devant, dans le vide. "Pourquoi tout est si compliqué Bordel! Je ne pense pas demander des choses impossibles, et pourtant! Hugo, est partit, et Jérémie en train de faire ses valises... je vais me retrouver archie seule, archie déprimée aussi... parce que même si je savais qu'un truc clochait dans notre couple, je n'étais pas seule. Pas vraiment du moins! tu vois ce que je veux dire?"

J'écoutais avec attention ses paroles, oui elle avait raison, comme souvent d'ailleurs, mais je ne voulais vivre seule, ni encore moins adoptée un chat pour me réconforter ou encore écumer les bars pour trouver une nouvelle présence chaque soir, non. Je bus mon verre en hochant la tête. "Cam... " Lui dis-je alors avec plus de sérieux. "Je sais que ta vie te plait ainsi, que de vivre dans la rue est un style artistique et ton choix, je ne jugerais, tu le sais, mais j'ai un service à te demander." Je me tournais vers elle, plongeant mon regard dans le sien. "Viens habiter à la maison." Je me fis la réflexion que peut être elle prendrait ma demande comme de la pitié en corrélation avec sa situation. "Ce n'est pas parce que je veux te materner, je pense être aussi folle que toi, mais juste... enfin, pourrais tu me rendre ce service et installer tes bagages, tes guitares et tout ce qui fait que tu es toi, et que tu es mon amie, dans mon appartement trop grand?" Je posais ma main sur la sienne. "Je me fous de ma rupture, enfin... c'était voué à l'échec, je veux ta présence dans mon appart... on fera les folles, j'accepte même que tu chantes jusqu'à pas d'heure, que tu invites qui tu voudras, que tu fasses de ma chambre d'amis, ton espace à toi, que tu vides mon frigo, que tu me pompes toute la flotte de mon cumulus..." Je ris.