Vincent me réveilla d'une grande claque dans le dos, m'écrasant un peu plus le nez sur la paperasse qui s'étalait sur mon bureau et qui me servait en quelque sorte d'oreiller. Grimaçant, il me fallut un petit moment avant de réaliser ce qui se passait. Bon sang ! Je m'étais endormit ! M*rde ! Serrant les dents, je massais méticuleusement ma nuque en grognant et en lançant un regard à mon subordonné qui, comme à son habitude, affichait un immense sourire. Il commença à balancer ses vannes habituelles, un sourire charmeur aux lèvres, tandis que, ne l'écoutant que d'une oreille, je jetais un coup d’œil à mon reflet dans la surface luisante de l’abat-jour en chrome de ma lampe de bureau. Quelle journée ! Je n'avais même pas pris une pose et ne comptait même plus le nombre de cafés que j'avais ingurgité. Sans succès manifestement puisque le sommeil et la fatigue accumulée avait eu raison de moi. Depuis combien de temps étais-je en train de comater ainsi ? Mon reflet me renvoyait une image lamentable. J'avais enlevé ma veste et ma chemise blanche était froissée, ma cravate défaite pendouillait lamentablement contre mon buste, mes cheveux bruns étaient en pagaille et des cernes commençaient à s'installer sous mes yeux. Il était tant que je cesse de travailler aussi tard le soir. D'autant plus que mes bestioles allaient rapidement me le faire regretter. Heureusement que la concierge avait la gentillesse de les sortir de temps en temps.
Après un grognement, je jetais un coup d’œil à ma montre. J'étais sensé travailler de 6h30 à 15h00 ou de 14h00 à 22h30. Hors j'étais arrivé au bureau ce matin à 6h00 et il était presque six heure de l'après-midi ! Et je pouvais me brosser pour qu'on me paie mes heures supplémentaires. "Allez champion ! Je crois que t'as assez bossé pour aujourd'hui, non ? La femme de ménage m'a dit que t'étais resté jusqu'à minuit hier soir. Tu vas finir pas crever le gueule ouverte sur ton bureau si tu continues !" me lança Vincent en ricanant. "Hum...". Mon collègue attrapa mon agenda et commença à le feuilleter avant d'esquisser un sourire goguenard et de me le balancer devant les yeux. "Allez dépêche-toi bourreau des cœurs ! Il ne faudrait pas faire attendre cette dénommée Nina avec qui tu dois dîner ce soir ! T'es un vrai petit cachotier, hein ?"
Nina ?! Oh mince ! Lorsque je réalisai ce qu'il qu'il venait de me dire, ce fut comme un claque. J'avais complètement oublié le dîner auquel j'avais invité Nina il y a une semaine ! Quel idiot ! En à peine 5 minutes, sans prendre la peine de saluer mes collègues ou de ranger mon bureau, je me retrouvais dehors. Voilà des mois que j'essayais de me convaincre d'acheter une voiture et pourtant je roulais encore avec cette bonne vieille moto Honda noire que j'avais eu d'occasion il a 4 ans. Un très beau modèle, rapide et esthétique, mais je devais me persuader qu'une voiture serait de loin beaucoup plus pratique surtout en as d'intempérie. Bref ! Je troquais mon imper contre un blouson de moto en cuir noir, enfonçait mon casque sur la tête, enfourchait puis démarrait la bécane, et me voilà partit à toute allure en direction de mon appartement.
A peine renté, j'envoyais un message à Nina pour lui dire que je passais la prendre chez elle, sans lui spécifier dans quel restaurant nous allions nous rendre. Je comptais lui en faire la surprise. Je ne pense pas avoir déjà pris une douche et m'être habillé aussi rapidement. Je pris pourtant soin de bien soigner mon apparence. Un beau costume noire et une chemise d'un bleu acier. Je mis un bout de temps avant de décider qu'une cravate serait trop formel. Il fallut également convaincre mes deux chiens et mon chat que ce n'était pas du tout le moment de faire preuve de tendresse en se frottant contre mon pantalon. Une fois bien habillé et fraichement parfumé et coiffé, je quittais en trombe mon appartement pour grimper de nouveau sur ma moto et me rendre devant chez Nina. Lorsque j'enlevais mon casque et vérifiais ma montre, j'étais pile à l'heure. Soupirant, rassuré, je levais les yeux et attendis que la jeune femme apparaisse. Mon cœur battait déjà à vive allure et ça n'avait rien à voir avec le stress. Qu'est-ce que j'allais bien pouvoir lui dire exactement ?
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Sujet: Re: Un dîner particulier [Nina Stenson] Jeu 3 Mai - 16:24
Cymon&Nina
"Ecoute Cymon... Je crois que la dernière fois était une erreur et... Non! Tu ne peux pas lui dire ça! Hum... Ecoute Cymon, à propos de la dernière fois... je crois qu'il faudrait oublier ce qu'il s'est passé et... Et quoi ? Et quoi ? Mais qu'est-ce que tu fous bordel, Nina ?"
Nina se frappa la tête d'un geste d'impatience. Voilà presque vingt minutes qu'elle tournait en rond dans son salon à se demander ce qu'elle allait bien pouvoir dire à Cymon. La brunette avait évité celui qu'elle considérait comme son meilleur ami depuis plusieurs semaines déjà, étant dans un état de totale confusion. Seulement elle allait devoir cette fois se confronter au problème, ne pouvant continuer à fuir perpétuellement, et avait donc accepté de dîner avec lui lorsqu'il l'avait appelée une semaine auparavant. Le jour J était vite arrivé, trop vite selon Nina, et elle ne s'était toujours pas décidé sur ce qu'elle allait dire à Cymon. Il lui avait manqué terriblement puisqu'il était devenu la personne la plus proche de la demoiselle depuis le décès de son mari et de sa fille, devançant même son frère duquel elle s'était bien éloigné. Mais le problème se trouvait là. Ils s'étaient liés, et avaient finit par dépasser une limite que Nina n'avait jamais pensé pouvoir franchir. Avant l'incident, Nina n'avait jamais considéré Cymon autrement que comme un deuxième frère, l'ex meilleur ami de son défunt Clay. Et c'était très bien comme ça. Et pourtant, lorsque les deux amis s'étaient retrouvés à Paris, cet évènement inexplicable s'était produit et avait plongé Nina dans l'incertitude. Que ressentait-elle envers lui réellement ? N'avait-ce été qu'une erreur ? Il était très proche de Clay après tout, peut-être était-ce la raison pour laquelle elle avait suivit le mouvement ? Pour se sentir plus proche de lui ? Etait-ce juste un simple écart à ne plus reproduire ou d'autres sentiments plus profonds se cachaient au fond d'elle ? La vie amoureuse de Nina avait été réduite à néant depuis plus de deux ans et le mannequin se retrouvait tout à coup submergée par des émotions qu'elle n'avait plus ressenties depuis longtemps. Elle s'était fermée comme une huître, ne voulant plus ouvrir son coeur, particulièrement en raison de l'impression qu'elle ressentait de trahir Clay si elle le faisait, et ne savait pas si elle était déjà prête à le réouvrir. Et même si c'était le cas, Cymon avait été le meilleur ami de Clay bon sang! Comment pouvait-elle ne serait-ce que considérer l'embrasser ? Voilà des mois qu'elle s'interdisait tout sentiment et ne s'autorisait que des écarts sans lendemain et elle cédait pour la personne la plus apte à l'attacher à son ancienne vie et à lui faire ressentir de la culpabilité. Elle n'était pas prête, tout simplement, et ne savait comment expliquer tout ça à Cymon sans le blesser, bien qu'elle ne sache pas ses pensées à ce sujet d'ailleurs.
De plus, Nina était déjà en quelque sorte engagée avec un autre depuis quelques jours. Enfin... pas vraiment engagée mais elle avait commencé à ressentir une attirance envers Clément et avait fini par l'embrasser avant de lui avouer qu'elle ne voulait pas se lancer directement dans quelque chose de sérieux pour le moment, son coeur et ses pensées étant encore trop habités par son amour pour Clay. Ils avaient donc décidé de laisser faire et de voir où ceci allait les mener sans engagement de leur part.
Ce dernier point ne faisait que perturber encore plus le mannequin par rapport à ce qu'elle ressentait pour Cymon. Elle ne voulait pas lui mentir, ni lui faire de la peine, mais elle ne savait pas comment justifier ce qu'il s'était passé non plus. Stressait-il autant qu'elle quant à ce rendez-vous ? C'était probable. Lui aussi devait éprouver des regrets, du moins c'était ce que pensait Nina. Après tout, Cymon avait lui aussi perdu Clay et ne devait pas être très à l'aise avec l'idée de "se taper" sa femme.
Autant dire que les deux jeunes gens étaient dans une histoire assez complexe et que cette soirée allait peut-être les éclairer et apporter des réponses. C'était ce qu'espérait Nina en tous cas.
La demoiselle avait passé son après-midi à se faire du sang d'encre, alors qu'elle avait toujours adoré voir son Cymon, si bien qu'elle n'avait pas vu le temps passé et qu'elle réalisa, à 18h, que le soir était déjà entrain de tomber. Sa cousine n'était pas encore rentrée, si bien qu'elle avait la salle de bain disponible pour elle toute seule et elle fonça dedans pour se rafraîchir un peu et se faire une beauté.
Elle passa ensuite dix minutes à poireauter devant son armoire, ne sachant pas trop pour quel genre de tenue elle devait opter, craignant que si elle était trop sexy, elle fasse passer le message qu'elle en voulait encore. Elle enfila finalement une jolie robe rouge, qui était une couleur qui lui allait à ravir.
Au moment de passer une couche de rouge à lèvres assortie à sa tenue, elle entendit le bruit d'un moteur de moto retentir et son coeur fit un bon en avant. Elle se précipita, un peu trop rapidement à son goût, vers la porte d'entrée, sautant en même temps par dessus son chiot qui avait décidé de lui tendre un piège en s'étalant en plein milieu du chemin, empoigna sa veste, et sortit à toute allure de son appartement pour rejoindre Cymon qui l'attendait, comme prévu, en bas. Elle n'avait même pas pris la peine de vérifier que c'était bien sa moto, elle était certaine que c'était lui.
"Hey mon beau", lâcha-t-elle lorsqu'elle arriva finalement en face de lui.
Elle n'eût pas besoin de prétendre un faux sourire, celui-ci se dessina automatiquement sur ses lèvres. Elle avait tellement fui Cymon ces derniers temps, qu'elle en avait oublié à quel point il la rendait heureuse et était important à ses yeux. Le revoir après ces nombreux jours, lui fit chaud au coeur.
Sujet: Re: Un dîner particulier [Nina Stenson] Jeu 3 Mai - 22:45
J'observais la porte d'entrée avec un regard étrange, un peu confus. Étais-ce vraiment une bonne idée cette soirée au restaurant ? N'avais-je pas été un peu trop présomptueux ? Je pouvais sentir le poids des billets de théâtre dans mon blouson et ma gorge se serra. Je n'aurais sans doute pas du. Nina pouvait prendre peur et prendre ce rendez-vous pour une tentative de la séduire et l'attirer de nouveau dans mon lit. *Cymon, qu'est-ce que tu peux être con parfois, mon vieux !* Je baissais les yeux, soupirais, alors que la pote d'entrée s'ouvrait soudain puis se claquait derrière une jeune femme. Pas n'importe quelle femme bien sûr, il s'agissait de Nina. Il me fut alors tout bonnement impossible d'ingurgiter la salive que je voulais avaler à ce moment là. Nina avait fait l'effort de ne pas revêtir une tenue trop sexy ? Raté. De toutes les manières, elle aurait pu débarquer avec une vieille tenue de sport ou un pyjama que ça aurait été la même chose. Nina était belle naturellement, inconsciemment aussi sans doute. Je me rappelais de l'une des dernières soirées que j'avais passé avec Clay avant sa mort. Mon ami n'avait jamais ignoré que je trouvais sa femme charmante. Il ne l'avait jamais mal prit, il n'en était que plus fier tout simplement, et parce qu'il savait que je ne toucherais jamais Nina. Jamais. Vraiment jamais ?
J'avais l’impression d'avoir endossé le rôle d'un horrible salop. Comment avais-je pu faire une chose pareille à Clay ?! Il m'arrivait parfois d'imaginer mon meilleur ami me regarder d'un air mauvais et remplit de haine. J'avais même fait un cauchemar dans lequel il essayait de m'étrangler pour se venger ! Voilà sans doute pourquoi j'avais invité Nina à dîner. Pour s'excuser, pour espérer que le fantôme de Clay s'apaise. Et peut-être aussi pour me racheter une conscience, me sentir moins stupide. Je m'était déjà fait tout un monologue moi aussi pour savoir de quelle manière j'allais parler à Nina. Je l'avait tant répété qu'il y a une minute encore je le connaissait pas cœur ce discours. Et pourtant, alors qu'elle arrivait à ma hauteur avec ce sourire sublime... je venais de toute oublier. De perdre tous ses moyens. Il n'en restait plus une phrase. Je fis mon possible pour arborer mon plus beau sourire, sans trop paraître crispé. "Hey ! ça fait plaisir de te revoir." J'hésitais, puis posais une main délicatement sur son épaule et déposais un baiser sur son front. "Tu vas voir, je vais t'emmener dans un endroit que tu vas adorer ! Allez en selle !"
J'ouvris le coffre situé sous la selle de ma moto justement et en retirais un deuxième casque et un autre blouson que je tendis à la jeune femme, accompagné d'un clin d’œil. Je voulais avoir l'air détendu, me comporter comme je l'avait toujours fait avec elle. Cette allure de petit séducteur maladroit, bien dans ses pompes et dans sa tête. Alors qu'en réalité, j'en était le parfait contraire au quotidien. Plus encore en présence de Nina. Séducteur tu parles ! Bientôt trente ans et toujours célibataire. Ma mère me le reprochait assez. J'attendis que Nina soit convenablement installée avant de démarrer. Je ne roulais pas trop vite, histoire de ne pas l'effrayer, mais j'adorais craner avec ma bécane, comme dans mon adolescence. Je n'avais peut-être jamais grandit au fond.
Au bout de quelques minutes, nous arrivions enfin à destination. Je garais la moto, aidais Nina à descendre, rangeait les affaire dans le véhicule, puis l'entrainais par le bras dans l'une des petites ruelles pittoresques de Montmartre. Mon endroit préféré de Paris. Je lui faisais signe de ne pas faire de bruit, comme si parler aurait pu détruire la magie qui s'installait. Je pénétrais avec elle dans un petit restaurant charmant dont Vincent m'avait parlé un jour. Je donnais mon nom au patron et il nous guida jusqu'à la terrasse au fond du bâtiment. Là, je ne pus m'empêcher de sourire, fier de mon choix. Nous avions une vue panoramique incroyable de Paris vue d'ici. Et la Tour Eiffel, comme pour nous saluer, scintillait de mille éclats. Merde. Trop romantique sans doute. Je perdis légèrement mon sourire pour redevenir un peu plus sérieux. Je tirais une chaise pour Nina, face à la vue. "Installe-toi. Alors... qu'est-ce que tu en dis ?". Je m'asseyais à mon tour, me débarrassant de mon blouson pour rajuster mon costume. Je ne devais plus paraitre aussi relax que tout à l'heure. Dieu qu'elle était belle !
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Sujet: Re: Un dîner particulier [Nina Stenson] Ven 4 Mai - 9:19
Cymon&Nina
Nina lança un de ses plus beaux sourires à Cymon, heureuse de le voir. La boule de stress était toujours là mais semblait s'être apaisée, comme si l'homme était capable d'effacer ses angoisses. Elle le sentait crispé néanmoins, mais cela la soulagea de savoir qu'elle n'était pas la seule à paniquer un peu. Elle laissa Cymon lui poser un baiser sur le front avant de lui adresser un clin d'oeil, visant à le détendre un peu.
"Moi aussi ça me fait plaisir de te revoir, tu m'as manqué tu sais..."
Elle ne mentait pas en lâchant ses mots car Nina avait vraiment ressenti l'envie de revoir Cymon a plusieurs reprises, de lui envoyer un message ou de l'appeler, mais s'était abstenue à chaque fois, craignant sa réaction et ce qu'il se passerait s'ils se rencontraient à nouveau. C'était dommage que leur relation se soit tendue à ce point ces dernières semaines, car Cymon était devenu un réel point de repère pour Nina depuis cet horrible jour où elle avait dû mettre ses deux amours sous terre. Il avait dû retourner à Paris après, mais il était devenu un confident et une personne très importante à ses yeux. Être avec lui était un des rares moment où Nina s'autorisait à aller bien pendant ces dernières années, avant son arrivée à Paris. Il avait suffit d'une bêtise pour que cette complicité se retrouve dominée par la gêne et les regrets. Ce que souhaitait Nina le plus au monde à cet instant ? Redevenir les Nina et Cymon de ces deux dernières années.
Lorsque Cymon lui ordonna de monter sur sa moto, Nina s'exécuta tout en passant sa tête dans le casque qu'il lui tendait et en enfilant le blouson. Nina se demandait tout le temps à quoi elle devait ressembler quand elle était en tenue de moto. Sûrement pas très élégante en tous cas... Mais elle s'en foutait.
"Allez ! En route! Et attention à ne pas dépasser la vitesse autorisée Mr le flic!", elle tira la langue, amusée, à Cymon.
Nina se plaça à l'arrière de la moto et se serra contre lui, passant ses mains autour de son corps. Elle apprécia le fait que Cymon conduise lentement, n'étant plus très à l'aise sur la route depuis un petit bout de temps. A vrai dire, c'était les voitures qui lui posaient problème. Depuis l'accident, Nina avait évité le plus possible de monter dans l'une d'elles, dénichant à chaque fois toutes sortes d'excuses les plus improbables les unes que les autres. Lorsqu'elle n'avait pas le choix, elle embarquait dedans bien sûr, mais alors montait en elle un élan de frayeur qu'elle tentait de dissimuler le plus possible. Les voitures remontaient tout simplement bien trop de mauvais souvenirs en elle. Clay et Lilly étaient morts dedans... et son frère et elle avaient failli y passer aussi. De quoi laisser une phobie à vie.
Enfin, ils arrivèrent à destination. Après que Cymon l'eût aidé à descendre de la moto, Nina avait maîtrisé l'art de cacher sa petite culotte lors d'opérations telles que celle-ci, elle ôta son blouson et son casque, le laissa les ranger et se fit entraîner dans une ruelle. Elle garda le silence, obéissant au garçon, tout en observant autour d'elle. Décidément, Paris était bien différent de la Californie, mais c'était cela qui faisait tout son charme et que Nina l'appréciait tellement. Ils rentrèrent dans un restaurant où un serveur les conduisit tout au fond. Arrivés à leur table, Nina resta quelques secondes émerveillée devant la vue. Tout Paris s'offrait à elle et la Tour Eiffel scintillait de milles feux. Cymon n'aurait pas pu mieux choisir. Cela ressemblait certes à un dîner romantique, mais Nina ne fit aucune remarque, car c'était juste parfait. Elle s'assit enfin et répondit à la question de Cymon :
"C'est splendide Cym'. T'es le meilleur tu sais ?"
Un sourire éblouissant se dessina sur ses lèvres et Nina se pencha pour poser, à son tour, un baiser sur la joue de Cymon.
"Alors, dis-moi... quoi de neuf depuis la dernière fois que l'on s'est vu ?"
Nina tentait de commencer avec une conversation bateau, histoire de détendre un peu l'atmosphère. Elle avait cependant rougit rien qu'à l'évocation de leur précédente soirée. Ca promettait...
Sujet: Re: Un dîner particulier [Nina Stenson] Ven 4 Mai - 14:13
[HJ : sorry ! je repasse à la narration à la 3ème personne parce que finalement, ça me convient mieux mdr J'espère que ça ne te gênera pas !]
Cymon aurait pu observer cette vue pendant des heures. Un paysage envoûtant à déguster avec un bon verre de vin, seul ou accompagné... mais avec le silence. Sauf qu'à cet instant, le seul paysage que l'homme était capable d'observer ainsi, c'était le visage de Nina. Il ne pouvait s'empêcher de repenser à toute ces choses qu'il avait vécu avec elle. Plus jeune, il la prenait toute entière dans ses bras et il la faisait tourner et tourner encore dans de grands éclats de rire. Tout ceci était si innocent autrefois... tout comme ses bagarres de gamins entre lui et Clay dont ils revenaient couvert de poussière, bras-dessus bras-dessous comme des frères. Il n'avait pas encore trouvé le remède pour éviter ce flux de souvenirs qui l'envahissait à chaque fois qu'il était avec elle. Il avait souvent essayer de décrypter ses réels sentiments envers elle. De la simple fraternité ? Une amitié sans frontière et sans limite ? Ou plus encore ? Un frisson passa sur sa nuque et il préféra jouer nerveusement avec le couteau posé près de son assiette. S'il pouvait donner l’impression d'être heureux et de réussir sa vie, il en était tout autre. Cymon avait un grand manque de confiance en lui jusqu'au complexe. Il s'était noyé dans son boulot pour se cacher la vérité peut-être. Il n'avait jamais réussit à diriger sa vie par lui-même. Il était nul avec les femmes, tout bonnement incapable d'être naturel et de ne pas perdre le contrôle de ses nerfs. Sa vie se résumait à des journées et des nuits entières passées dans son bureau à enchainer les cafés et les sandwich au thon, des ballades avec ses deux chiens sous la pluie, des sommeils pesant en solitaire sur le canapé devant un feuilleton américain, des rares nuits dans son grand lit froid à fixer le plafond en caressant machinalement son chat d'une main, des soirées de détente en compagnie de Sylvain où ses footings régulier avec Nolan. Et des femmes ? Rien. Nada.
Cymon s'arracha à ses pensées pour se concentrer de nouveau sur Nina. Il n'était plus temps de fuir ses responsabilités. Il était pour passer une bonne soirée et pour clarifier certaine chose, dénouer cette gêne qui pesait entre eux. Mais de quelle manière ? Tout en douceur, se répétait-il. Tout en douceur. Il toussota l'air de rien, affichant un sourire détendu. Il fit de son mieux pour ne pas rougir lorsqu'elle l'embrassa et prit un air de vantard sûr de lui pour répliquer : "Oui je sais, on me le dit souvent !". Menteur. Quoi de neuf depuis la dernière fois ? On y arrivait. Il se sentait presque soulagé que ce soit elle qui les entraine sur la piste. Cymon fit la moue et haussa les épaules avant de s'installer au fond de sa chaise et de se laisser aller contre le dos de celle-ci, jouant toujours avec le fameux couteau. "Oh tu sais, la routine. J'ai pas mal de boulot en ce moment sans compter que passe mon temps à repousser les avances de mon collègue, Vincent. Te méprend pas surtout, c'est pas mon type." Il se lança dans un rire un point nerveux puis pinça ses lèvres avant d'ajouter : "Il est sympa mais un peu collant. Et toi raconte-moi. Comment tu vas ?" Cymon avait conscience de s'éloigner un petit peu du sujet mais ils y reviendraient forcément. Ils avaient toute la soirée pour ça.
Le serveur leur apporta les menus et la carte des vins en même temps qu'un pichet d'eau et une panière de pains ronds et chauds. Cymon se permis de remplir leur deux verres, gardant le sourire autant que possible tandis que son cœur manquait de s'éjecter de sa poitrine à tout moment.
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Sujet: Re: Un dîner particulier [Nina Stenson] Ven 4 Mai - 16:05
Cymon&Nina
Nina observait Cymon jouer avec son couteau tandis qu'il lui répondait à sa question. Elle fronça les sourcils , sentant sa nervosité. Elle essayait quant à elle de se relaxer un maximum pour passer une bonne soirée sans que défilent dans sa tête les images de leur dernière rencontre et que recommencent à monter en elle les regrets. Mais Cymon était tellement à cran que cela relevait d'une mission impossible. Tout en l'écoutant essayer de plaisanter d'un rire nerveux, Nina se demanda si leur relation allait pouvoir un jour redevenir ce qu'elle était avant son arrivée à Paris. L'homme devant elle n'était qu'une pâle représentation du Cymon qu'elle connaissait si bien et qui était, d'habitude, si décontracté avec elle. Elle aurait aimé pouvoir faire n'importe quoi pour le relaxer un peu, mais ne savait absolument pas comment s'y prendre. Soudain, elle posa sa main sur celle de Cymon qui jouait avec le couteau pour qu'il arrête, ce mouvement la distrayant plus qu'autre chose.
"Hey Cymon... relaxe! C'est moi, Nina, pas le grand méchant loup!"
Elle y avait peut-être été un peu fort, mais s'il continuait à agir de cette façon pendant toute la soirée, il allait finir par avoir des cheveux blancs. Elle posa sa main sous le menton du garçon pour lui redresser la tête et l'obliger à la regarder droit dans les yeux. Un sourire rassurant accompagnait le regard pétillant de la brune tandis qu'elle tentait de faire descendre la tension de son ami.
Elle n'avait pas envie de discuter de cette source de nervosité tout de suite, sachant très bien ce qu'elle cachait, c'est pourquoi elle se contenta de maintenir le contact des yeux avec Cymon pendant quelques secondes, essayant de lui souffler par eux un soupçon d'apaisement. Elle décida ensuite de reprendre la "conversation" où elle en était restée, pendant que lui versait de l'eau dans leurs verres.
"Sinon moi ça va. Ma cousine vient d'emménager chez moi du coup j'essaie de m'habituer mais ça fait du bien de ne pas être seule là dedans, même si je pouvais compter sur Mel' dès que j'avais un coup de blues bien sûr, mais c'est différent."
Un sourire se dessina encore une fois sur ses lèvres. Nina passa sa main dans ses cheveux avant d'attraper la carte devant elle et de l'ouvrir.
"Je commence à m'adapter, même si la Californie me manque parfois... mon frère surtout.", finit-elle par lâcher dans un soupir de nostalgie.
Elle ne retournerait bien sûr pour rien au monde aux Etats-Unis, ou en tous cas pas avant un bon bout de temps. Le changement était ce dont elle avait besoin et la meilleure façon pour elle d'essayer d'avancer et de faire son deuil, chose pour laquelle elle n'avait pas été très forte il fallait l'avouer. Par moments, quand elle était seule chez elle et livrée à ses pensées, Nina se demandait comment elle pourrait un jour arriver à tourner la page alors qu'elle avait encore en elle toute cette tristesse et cette rage qu'elle n'arrivait pas à évacuer. Elle avait pleuré bien sûr, mais ne s'était jamais vraiment laissée aller par peur que le monde ne s'écroule autour d'elle. Elle voulait donner l'impression à ses proches qu'elle encaissait et que ça allait mieux, afficher une sorte de façade, pour qu'ils arrêtent de s'inquiéter. Alors comment pourrait-elle un jour oublier si elle n'était pas elle-même capable d'affronter la réalité ?
"Je suis contente que tu m'aies appeler... et désolée d'avoir tout fait pour t'éviter ces derniers temps..."
Peut-être qu'un brin d'honnêteté détendrait un peu Cymon, bien que Nina ne comptait bien évidemment pas parler de Clément dans son récit de : "que m'est-il arrivé depuis la dernière fois que l'on s'est vus ?". Elle reporta ensuite son intention sur la carte, et fit mine d'être absorbée par son contenu, se rendant compte qu'elle avait encore une fois émis une allusion envers ce qu'il s'était passé.
HJ : Ha non hein! Tu réécris tout ton texte en "je" immédiatement! Mais nooon t'inquiètes ça ne me gêne pas Moi je préfère aussi je dois avouer, quand j'écris en je j'ai l'impression que je parle de moi >.<
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Sujet: Re: Un dîner particulier [Nina Stenson] Ven 4 Mai - 17:57
Cymon savait qu'il ne devait pas réagir comme ça. Nina n'était pas dupe, elle voyait très bien l'état de nervosité dans laquelle il était. Il était en train de tout gâcher et c'était complètement idiot. C'était plus fort que lui, il aurait tellement voulut se comporter comme d'ordinaire et la faire rire, lui faire oublier un instant ce qui lui pesait sur le cœur. Lorsqu'elle posa sa main sur la sienne pour l'empêcher de malmener ce pauvre couteau et qu'elle lui redressa la tête, il ne respirait plus, le souffle entrecoupé. Elle avait raison, ce n'était qu'elle, pas de quoi stresser autant au point de se faire du mal. Il esquissa un maigre sourire d'excuse et leur servit à boire. Petit à petit, il se sentit un peu mieux. Il posa son regard sur le paysage calme et apaisant, inspira un peu d'air frais, puis se tourna de nouveau vers la jeune femme qui répondait à sa question. Il se maîtrisait de nouveau un peu plus. Elle lui parla de sa cousine et de Mélissa, deux jeunes femmes que Cymon se souvenait avoir déjà croisé. Il était rassuré que la demoiselle ait des amies sur qui compter en cas de coup dur. Lui-même aurait adoré tenir ce rôle mais son travail et ce qui s'était passé entre eux la dernière fois avait été un obstacle à cette présence. Elle partagea également sa mélancolie en disant que la Californie et son frère lui manquaient. Cymon pouvait parfaitement le comprendre, il voyait bien que Nina faisait tout pour cacher sa souffrance. Malgré tous leurs efforts, chacune de leur conversation tournait toujours autour de Clay. C'était impossible à éviter et ils le savaient. "Tu sais Nina... tu as beaucoup de courage. Toi et moi savons que c'est une bonne chose que tu ais changé d'air pour venir à Paris. Et je te connais, tu n'auras aucun de mal à t'y habituer". Elle était forte, elle arriverait à passer ce cap. Elle avait juste besoin d'un peu d'aide.
Cymon porta son attention à son tour dans la carte des menus. Tout paraissait alléchant mais il n'était pas certain d'avoir un énorme appétit ce soir. Mais il fallait avouer que la cuisine française l'avait toujours charmé. Nina passa une main dans ses cheveux, sans doute un peu nerveuse elle aussi. Puis elle s'excusa de l'avoir un peu évité depuis la dernière fois. Cymon hésitait encore à se lancer dans le sujet mais ils ne pourraient pas tourner autour du pot continuellement. Il reposa alors le menu sur son assiette, s'assura qu'il n'y avait personne pour les entendre et se lança : "Écoute Nina... je ne peux pas t'en vouloir d'avoir réagit comme ça. Moi-même il m'a fallut du temps pour trouver le courage de t'appeler. Mais en ce qui concerne l'autre soir... je voulais te dire, je ne regrette rien, je..." "Vous avez fait votre choix ?" Cymon sursauta un peu. Le serveur ! Pourquoi fallait-il toujours qu'ils arrivent aux mauvais moment. L'inspecteur s'empressa de rouvrir la carte, un peu gêné. "Heu... votre menu dégustation c'est pour deux personnes ?" "Oui Monsieur". L'homme leva les yeux sur Nina pour l'interroger quand au choix. Peut-être désirait-elle autre chose, il n'avait rien troué de mieux sur le coup. Jamais il ne s'était sentit autant stupide. Être honnête de cette manière n'était sans doute pas la meilleure stratégie, il l'avait peut-être blessée. Il aurait voulu se rattraper mais n'en avait pas l'occasion.
Non, il ne regrettait pas entièrement. S'ils n'avaient pas cédé à la tentation la dernière fois, qui sait ce qui serait arrivé ensuite ? Il avait eu le courage d'en parler au patron du bar où il passait souvent. Un chic type qui gardait les secrets aussi bien que les billets de sa caisse. Il l'avait écouté et ses paroles avaient un peu ébranlé l'inspecteur. "Et si c'est ce qu'il voulait ?" "Hein ? Qui ça ?" "Peut-être que ce Clay ne voulait savoir sa femme que dans les bras d'un homme en qui il avait toute confiance : vous. Vous l'aimez cette femme ?" "Je ne sais pas..." Cymon ne pouvait s'empêcher de se poser des tas de questions. Est-ce que Clay l'aurait voulu ? Peu importe... ce n'était pas l'opinion de Clay qui importait mais celle de Nina. Elle n'était sans doute pas prête à se lancer dans une quelconque relation et encore moins avec le meilleur ami de son défunt mari. Il fallait qu'il redescende sur terre.
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Sujet: Re: Un dîner particulier [Nina Stenson] Dim 6 Mai - 9:51
Cymon&Nina
Le cerveau de Nina arrêta toute sorte d’activité pendant quelques secondes en entendant les paroles : « je ne regrettes rien » sortir de la bouche de Cymon. Ces quelques instants semblèrent durer une éternité et Nina était prête à embrasser le serveur lorsque celui-ci interrompit Cymon dans son élan. Bon sang, qu’allait-elle répondre ? Elle n’aurait jamais imaginé qu’il lui confesse ne rien déplorer à propos de ce qu’il s’était passé. Elle pensait qu’il aurait été dans le même état qu’elle : une sorte de confusion mélangée à des regrets. Mais ce n’était vraisemblablement pas le cas et Nina se retrouvait à présent perdue, ne sachant quoi répondre. Elle ne voulait surtout pas le blesser mais ignorait ce qu’il attendait d’elle. Elle aurait voulu savoir la suite de ses dires, mais en même temps la craignait. S’il ne regrettait rien, cela signifiait-il qu’il désirait plus que leur relation amicale ? Toutes sortes de pensées et de questions traversèrent l’esprit de la brune, chacune la troublant plus que l’autre. Elle répondit d’un hochement de tête distrait à Cymon lorsqu’il proposa le menu dégustation pour deux personnes, étant dans un autre monde. Elle ne pouvait pas… c’était plus fort qu’elle… Autant elle avait apprécié ce moment partagé l’autre soir avec Cymon, elle avait adoré sentir ses lèvres contre les siennes, percevoir les battements de son cœur, sa tête posée contre son torse, le contact de son corps… mais elle aurait également désiré oublier tout ça. Elle ne pouvait pas, tout simplement. Sa tête lui criait qu’elle bravait l’interdit, qu’elle allait trop loin et que jamais elle ne pourrait se pardonner si elle recommençait. Tout cela n’avait été qu’une erreur à ne plus recommencer. Rien que repenser à tout ça faisait jaillir en elle l’impression de trahir Clay. Comment pouvait-elle ne serait-ce que considérer aller plus loin avec le meilleur ami de l’homme avec qui elle s’était mariée et avait eu un enfant ? C’était impensable… Comment avait-elle pu en arriver là ? Pourquoi n’avait-elle pas réussi à se retenir et à empêcher cet écart ? Un sentiment incontrôlable s’était emparé d’elle ce soir là et elle n’avait plus été maîtresse de son corps, de ses émotions. Elle s’était laissé aller et avait dépassé la limite qu’elle ne devait jamais franchir. Clay devait se retourner dans sa tombe ! Elle savait qu’elle lui avait promis de retrouver l’amour si jamais n’importe quoi lui arrivait un jour, mais avec son meilleur ami… Ce n’était sûrement pas ça que Clay aurait voulu. Mais après tout, qu’en savait-elle ? Son mari lui avait été arraché brusquement et jamais elle n’aurait de réponse à cette question. Qu’avait-il voulu sous-entendre à leur mariage lorsqu’il lui avait fait tenir cette promesse que l’un, comme l’autre, devrait réapprendre à vivre si quelconque malheur s’abattait ? Promesse que Nina avait d’ailleurs toujours trouvée lugubre et n’avait jamais prise au sérieux. Et pourtant, le destin avait voulu que Clay lui soit retiré après seulement trois ans de mariage et le mauvais présage de Clay se réalisa. Et Nina se retrouvait à présent seule, sans son protecteur qu’elle pensait être son âme soeur, devant des questions sans réponses. Elle avait perdu la foi en l’amour et ne savait pas s’il lui serait encore possible de rouvrir son cœur. Vivre lui semblait déjà bien assez dur jusqu’alors, et la voilà à présent dans une impasse, ne sachant plus quoi faire ni ressentir. Ses émotions nouvelles envers Cymon lui donnaient un mal de crâne. Elle ne savait pas ce qu’il en était de son côté, mais elle doutait qu’un jour il lui serait possible de se pardonner pour ce qu’elle avait fait.
« Cymon… je… »
Les mots n’arrivaient pas à sortir de la bouche de Nina. Elle ne savait pas quoi dire, quoi faire. Elle ne savait même pas ce qu’elle pouvait ou non ressentir ! Pourquoi fallait-il que tout cela soit aussi compliqué ? Elle aurait tant désiré pouvoir parler avec Clay une dernière fois, connaître ses pensées et ce qu’il jugeait de tout ça… Mais c’était impossible. Clay était partit et ne reviendrait jamais… tout comme sa Lilly…
« Cymon, tu étais son meilleur ami », finit-elle tout simplement par lâcher, ces quelques paroles résumant au fond très bien toutes ses émotions.
HJ : Enfin la maintenance est terminée :P Ca faisait plusieurs jours que ma réponse était prête!
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Sujet: Re: Un dîner particulier [Nina Stenson] Lun 7 Mai - 13:27
Cymon ne savait plus si son visage avait pris une teinte blanchâtre ou cramoisie. Peut-être un mixte des deux. Il ne put s'empêcher d'empoigner son verre d'eau et de le vider d'un trait. Une quinte de toux le prit lorsque l'eau tenta difficilement de se frayer un passage dans sa gorge sèche. Bon sang ce qu'il pouvait être con parfois. Nina restait muette et il n'avait pas besoin de la regarder pour savoir qu'elle devait se poser un milier de questions ou de jugements à propos de lui. Comment ratrapper l'afaire, maintenant ? Il ne voulait pas la perdre... il ne supporterait pas ces lons moment d'absence, il avait besoin d'elle. Cymon repensa à ce livre de Bernard Werber sur la réincarnation. Il en avait oublié le tittre mais se souvenait des grandes lignes. Dans chacune de nos vies, pour peu qu'on croit à la réincarnation, on retrouve les mêmes âmes auxquelles nous seront toujours intimement liées. Que ce soit bon ou mauvais, qu'elles soient amour, amie ou ennemie. Peut-être était-ce le cas avec Nina. Non mais à quoi il pensait là ? N'importe quoi ! Le serveur était partit, laissant un pesant silence autour de la table. Cymon était conscient qu'il devait parler et s'expliquer, mais sa voix semblait coincée au fond de sa gorge. Etais-ce normal qu'il fasse aussi chaud tout à coup ? Il pensait à Clay et au plus profond de lui-même, comme chaque soir alors qu'il peinait à s'endormir, il lui demanda pardon. Mais il était mort, et c'est aux vivants qu'il devait désormais des explications. A Nina, plus particulièrement.
Ce fut elle qui prit en première la parole, hésitant tout d'abord, ne sachant probablement pas quoi dire ou ignorant comme le formuler sans le brusquer. Sans le blesser. Nina avait trop de coeur, il ne méritait peut-être pas autant d'égard de sa part. Les yeux baissés, il attendait la suite, comme un condamné attend son heure. Pourtant sa voix était douce, un peu tremblante peut-être sous l'émotion. « Cymon, tu étais son meilleur ami ». Cymon sentait ses poumons s'opresser et ses yeux le piquaient, sans douet parce qu'il retenait des larmes. Il ferma les paupières un instant. Dans sa tête il ne cessait de répéter la même chose : *Excuse-moi Clay... pardonne moi...* L'inspecteur de police se redressa un peu sur sa chaise, toussota, renifla, et effectua un mouvement mécanique jusqu'à sa gorge pour dénouer sa cravate qui l'étranglait. Il n'avait pas de cravate. Il soupira, posa ses coudes sur le bord de la table et joignit ses mains devant son visage, y appuya son front quelques secondes. Enfin, il releva les yeux. "Je sais, Nina. Je m'excuse de ne pas pouvoir t'apporter ce dont tu as le plus besoin ces temps-ci. Tu as besoin de Cymon, celui qui te fait rire et qui prend soin de toi comme un frère. Pas comme un amant..." Il eut le courage de plonger ses yeux dans les siens, comme pour y puiser le courage de continuer. Il aurait voulu lui dire ce qu'il ressentait vraiment mais il savait que cela destabiliserait encore davantage Nina. Elle ne devait pas se douter que, sans doute, il était amoureux d'elle. Peut-être. Il avait du mal à fixer la chose. Il esquissa un sourire. "Oublions ce qui s'est passé tu veux bien ? Et si tu as besoin d'une explication quant à ce qui s'est passé la dernière fois et bien... tu n'as qu'à te dire qu'il s'agissait simplement d'un état de faiblesse, d'un soir ou tu avais simplement besoin d'un peu de chaleur et de tendresse pour t'aider à continuer ton chemin."
Cymon n'avait que des images floues dans sa tête. Ils ne possédaient pas d'excuse réelle. Ils auraient pu être ivres pas exemple mais ça n'avait pas été lecas. Ils avaient fait l'amour en toute connaissance de cause, parfaitement conscient de ce qu'ils faisaient l'un et l'autre. Repenser à cette nuit où il avait son corps contre le sien, ce corps qu'il n'avait même jamais osé imaginer posséder même dans ses rêves, le mettait dans un état de torpeur étrange. Il aurait vraiment mieux valut qu'ils s'abstiennent ce soir là. Ils n'en auraient pas tant souffert par la suite. "J'aurais du y mettre un terme avant qu'il ne soit trop tard, Nina. Je me sens mal parce qu'inconsciemment, j'ai l'impresion d'avoir... profité de la situation. Tu n'as rien à te repprocher. J'ai agis de manière stupide..." et pourtant avec tant de plaisir ! Mais ça, il devait le garder pour lui. Enfin, le serveur apporta un plat immense garnit de mets délicieux à l'odeur alléchante. Cymon sourit, et trouva le moyen de changer de sujet. Il se sentait un peu mieux d'avoir parlé et à partir de maintenant, quoiqu'il ressente, il devait enfermer son coeur à double-tour et jouer le rôle qu'il devait jouer avec Nina. Celui du meilleur ami, du protecteur. Et rien d'autre. Peu importe l'intensité avec laquelle cela le ferait souffrir. "Ca alors ! Du homar ! Oh ça me fait penser à quelque chose de vraiment drôle. Un jour, maman avait rapporté deux énormes homards vivants du marché et, mon frère Ycare qui était encore jeune était persuadé qu'ils étaient morts bien sûr. L'une de ces bestioles à refermé sa pince sur son doigt et il nous a fallut un temps fou pour maitriser mon frère qui hurlait dans toute la maison ! Ah ah ! Moi et mes frères on se tordait de rire !" Il n'y avait pas eu une seule fille parmis eux. Leur mère avait espéré longtemps mais son dernier enfant, Ycare, dut un garçon lui aussi. Il en avait d'ailleurs beaucoup souffert le pauvre et ça a sûrement du jouer dans ses penchants pour les hommes par la suite. Allez savoir ! "Il faudra que je te le présente, un de ces jours. Il est sur Paris lui aussi."
Avait-il réussit à détendre l'atmosphère ? Il l'espérait grandement tout en remplissant l'assiette de la jeune femme d'un peu de tout ce qui se trouvait dans le plat. Le serveur apporta également une bouteille de champagne. Cette soirée pouvait encore être sauvée, il n'y avait plus qu'à croiser les doigts et demander au fantôme de Clay de s'éloigner un peu. Juste pour quelques heures...
Invité Invité
Sujet: Re: Un dîner particulier [Nina Stenson] Lun 7 Mai - 22:20
Nina pouvait sentir un mélange d'émotions négatives traverser son ami : de la culpabilité, de la gêne, du désarroi. Mais celle qui devançait toutes les autres se révéla être une à laquelle Nina n'avait jamais fait attention de la part de son ami : de l'amour. Elle pouvait le percevoir à présent, car un tout autre point de vue était à présent adopté quant à leur relation. Elle ignorait si elle avait été aveugle à ce point et si ce sentiment était présent chez Cymon depuis un bout de temps, ou si c'était nouveau, mais l'important était que Nina était consciente que son ami en disait moins que ce qu'il désirait afin de la protéger en quelque sorte. Jamais elle ne l'avait considéré comme plus qu'un ami extrêmement proche mais à présent tout était différent. Maintenant qu'elle savait que, pour lui, cela avait représenté bien plus qu'un coup d'un soir, cela changeait tout. Elle se demanda comment elle avait pu être si idiote pour ne pas se rendre compte de ça avant. La réponse était simple : elle n'avait cessé de penser à Clay et à Lilly ces deux dernières années et avait complètement fermé son coeur à toute relation autre qu'amicale. Elle avait été tellement égoïste qu'elle n'avait pris que ce qu'elle voulait de sa relation avec Cymon et n'avait jamais pensé une seule seconde que lui puisse la considérer d'une autre façon. A présent qu'elle tentait de reconstruire sa vie à Paris, elle commençait à entrevoir la réalité, ce qu'elle avait fui en s'enfermant dans sa tristesse pendant très longtemps. C'était comme si elle se réveillait d'un rêve, d'une torpeur... ou plutôt d'un cauchemar. Et tout à coup, elle se retrouvait dans un monde qui avait continué à avancer sans elle. Sa bulle avait explosé et la vérité lui explosait clairement au visage. Ce soir, il était devenu évident pour elle que Cymon éprouvait pour elle des émotions plus fortes que ce qu'il avait bien voulu lui avouer. Et il était là, devant elle, à ne pas oser en dire trop par peur de l'effrayer et aussi, elle en était sûre, par respect pour Clay.
Et là était tout le problème, en effet... Clay... Verrait-il d'un bon oeil son meilleur ami tenter de se rapprocher de sa femme ? Approuvait-il ce qu'il s'était passé ? Bien qu'il soit mort, son avis contait encore énormément aux yeux de Nina, après tout elle avait pensé qu'il était son âme soeur... l'homme de sa vie... Or cela n'avait été que foutaises! Son mari lui avait été enlevé injustement et éclaté sa petite bulle en même temps. Nina avait vécu une chimère lors de son mariage avec Clay. Elle croyait ses rêves de petite fille être devenus réalité. Elle avait trouvé son prince charmant et tous deux allaient vivre un "happily ever after", comme le concluent toujours si bien les contes de fées. En réalité, la vie était loin d'en être un et elle n'hésitait pas une seule seconde à vous enlever les êtres qui comptaient le plus au monde pour vous. Il avait suffit d'un claquement de doigts et Nina avait perdu à jamais son époux et son enfant. Tout n'était qu'injustices et voilà tout. Tous ces concepts romantiques traitant de l'amour absolu n'étaient que purs mensonges et avaient fait perdre à Nina sa foi en l'amour. Elle savait pourtant qu'elle devrait un jour réapprendre à y croire, sinon sa vie deviendrait bien lugubre, mais elle ne savait tout simplement pas quand elle y serait prête. Cet accident avait fait croître en Nina une autre peur : celle de reperdre un être cher. Si son coeur était cadenassé à double tour, c'était également parce qu'elle ne voulait plus souffrir, car elle ne pourrait certainement plus le supporter. La mort de ses deux amours avaient fait rendre compte à Nina à quel point la vie ne tenait qu'à un fil et que rien n'était acquis. Et elle craignait soudain que tous ceux qu'elle aime ne finisse par mourir, comme si elle ne méritait pas ce bonheur. Se renfermer sur elle-même la protégeait en même temps de souffrir encore plus. A chaque fois qu'elle s'était crue capable de tenter de se laisser aller, son angoisse revenait toujours au grand galop et elle se réenfermait dans sa carapace protectrice.
Comment pouvait-elle expliquer ça à Cymon ? Que non seulement la peur de trahir Clay la rongeait de l'intérieur, et encore plus lorsque cette déloyauté se produisait avec son meilleur ami, mais qu'en plus elle appréhendait de laisser rentrer les gens dans sa vie plus qu'ils ne l'étaient déjà par peur de les perdre encore une fois ?
Nina dévisagea Cymon et vit son visage se décomposer petit à petit, au fur et à mesure de ses paroles. Cela lui faisait tellement de mal de le voir comme ça. Elle aurait souhaité le prendre dans ses bras, lui souffler que tout irait bien, mais c'était impossible. De plus, si elle mettait ses pensées à exécution, elle craignait de perdre une fois de plus le contrôle et de se mettre à l'embrasser, à sentir son coeur bondir hors de sa poitrine et à ne plus savoir s'arrêter. Or, elle ne pouvait plus se permettre un tel écart. Il fallait qu'elle se montre raisonnable afin de ne pas se perdre complètement et de se retrouver encore plus confuse que ce qu'elle n'était déjà.
Lorsqu'il plongea son regard dans le sien, tout en proposant qu'ils oublient tout ce qu'il s'était passé et lui cherchait des excuses, Nina ne ressentit aucun soulagement. Elle lui causait du mal, elle en était consciente, et s'en voulait énormément pour ça. Elle ne savait pourtant pas comment agir autrement qu'en approuvant ses dires et accepter de passer à autre chose, même si elle était consciente que ce ne serait probablement plus possible. Il se sentait coupable alors qu'il n'était responsable de rien. C'était elle et seulement elle la fautive. Elle aurait dû arrêter immédiatement dès le moment où ils s'étaient embrassés, et ne pas laisser les évènements aller plus loin. Elle aurait dû se rendre compte que Cymon avait un sérieux penchant pour elle, au lieu de jouer à l'aveugle. Peut-être que rien ne se serait alors jamais produit. Et pourtant, même si elle regrettait qu'ils aient fait l'amour, elle n'aurait voulu pour rien au monde annuler ce moment. C'était un peu contradictoire, mais cela faisait un bon bout de temps que Nina ne s'était plus sentie aussi entière que lors de cette nuit-là. Et cette sensation l'affolait terriblement.
"J'aurais du y mettre un terme avant qu'il ne soit trop tard, Nina. Je me sens mal parce qu'inconsciemment, j'ai l'impresion d'avoir... profité de la situation. Tu n'as rien à te repprocher. J'ai agis de manière stupide..."
Ce ne fut qu'à ce moment là que Nina réagit enfin et interrompit Cymon dans ses paroles. Elle l'avait jusqu'alors laisser parler, mais elle ne voulait pas qu'il prenne sur lui toute la faute et se sente encore plus mal que ce qu'il n'était déjà.
"Cymon, arrête... Je suis une grande fille et je suis autant responsable que toi. Et je suis désolée si je t'ai laissé croire quoi que ce soit mais..."
Mais quoi ? Peut-être avait-il eu raison de penser que Nina, elle aussi, ressentait plus que ce qu'elle ne laissait paraître. Peut-être était-ce le cas d'ailleurs ? Seulement la brune avait en elle un tel flot de sentiments qui se mélangeaient, qu'elle n'arrivait plus à les discerner entre eux.
"C'est plutôt toi qui n'a rien à te reprocher, d'accord ? Je ne te laisserai pas prendre toute la responsabilité sur ton dos alors que c'est moi qui aurait dû tout arrêter au moment même. Tu n'as absolument pas profité de la situation. J'étais... consentente..."
Elle fut contente d'être interrompue lorsque le serveur apporta le homard, car elle sentait qu'elle allait finir par en dire trop. Elle tenta de se reconcentrer et de ne plus penser à tout ça pour que leur soirée puisse être rattrapée et qu'ils passent tout de même un bon moment. Nina s'aperçut que Cymon avait la même idée derrière la tête, puisqu'il changea d'un coup d'attitude et tenta de reprendre de l'assurance. Il essayait de faire revenir le frère, le meilleur ami dont Nina avait tant besoin et pourtant elle pouvait toujours sentir qu'il n'allait pas bien. Elle essaya de se relaxer tout en le regardant la servir d'un peu tous les plats.
"Ca alors ! Du homard ! Oh ça me fait penser à quelque chose de vraiment drôle. Un jour, maman avait rapporté deux énormes homards vivants du marché et, mon frère Ycare qui était encore jeune était persuadé qu'ils étaient morts bien sûr. L'une de ces bestioles à refermé sa pince sur son doigt et il nous a fallut un temps fou pour maitriser mon frère qui hurlait dans toute la maison ! Ah ah ! Moi et mes frères on se tordait de rire !"
Elle n'eût pas à se forcer à sourire finalement, car Cymon lui fit retrouver son rire immédiatement en lui racontant cette anecdote familiale. Nina pouffa en mettant sa main devant sa bouche en entendant son ami lui raconter l'aventure du homard. Elle s'imaginait la situation dans sa tête et son visage recommença à s'illuminer.
"Vous êtes sadiques! Ton pauvre frère avait sa main coincée dans une pince de homard et tu te moquais de lui!", elle prit un faux air sévère avant d'exploser de rire en ajoutant : "Mais je n'aurais pas fait mieux! Bien que c'était de moi généralement qu'on riait à la maison et non pas de mon frérot. C'était un vrai démon! Il tentait toujours de me faire des frayeurs et je tombais tout le temps dans le piège! C'est pourquoi je rejoins le côté de ton frère, par empathie, et je tiens à préciser que, si un jour il tient à porter plainte pour traumatismes engendrés par sa famille, je me rangerai de son côté!"
Nina tira la langue, amusée, à son ami. Contente que l'atmosphère se détende quelque peu. Peut-être qu'avec l'alcool que le serveur apportait à table, cela irait encore mieux. Mais qui sait... l'alcool ne rend pas toujours les gens très sages...
"Et je serais ravie de le rencontrer! Rien que pour lui affirmer mon éternel soutient!"
Nina tendit un de ses plus beaux sourires à Cymon, espérant qu'il se détende un peu. Elle leva son verre de champagne pour trinquer avec lui. Dieu sait qu'elle allait avoir besoin de boire ce soir, histoire de calmer les battements de son coeur qui menaçaient de le faire exploser à tout instant.
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