c'était il y a quelques années, une histoire sans intérêt, du moins, c'était ce qui était prévu. les woods parvenaient tout juste au sommet de la gloire qu'ils connaissent aujourd'hui. jeanne est entrée dans leur vie comme de nombreux journalistes, à l'époque. elle n'était pas sensée rester dans le paysage, au départ. mais jeanne.. jeanne était sûre d'elle, jeanne était charismatique, jeanne avait un truc. elle attirait le regard. et hannah n'a pas pu s'empêcher de le retenir, ce regard. et ce sourire. mais aussi son numéro. il y a eu un verre, pris à new york, où elles se sont vues la première fois, au cours d'une conférence de presse donnée par le groupe. puis il y a eu une première nuit, la toute première avec une femme pour hannah, et la promesse de se revoir à paris. ce qui est effectivement arrivé, une, deux, trois fois. et d'autres. c'est avec jeanne que hannah a découvert sa bisexualité, c'est avec jeanne qu'elle a apprivoisé ce côté de sa personnalité. ce sont les mains de jeanne qui ont guidé les siennes, un peu hésitantes, au début. mais la tournée commençant, hannah a laissé derrière elle sa jolie journaliste et a cessé de donner des nouvelles. jeanne a appris ce qu'elle devenait dans les tabloïds et autres pseudo-presse people. elle a vu les unes, elle a été mise au fait des rumeurs et elle s'est résignée. au fond, elles ne s'étaient rien promis. ce n'était rien d'autres que quelques parties de jambes en l'air, hors du temps, loin des autres. seulement hannah est revenue à paris, quelques fois, toujours pour quelques semaines, quelques mois. quelques soirées, volées ici et là. mais rien de plus. pas de mots, pas de confidences. juste des soirées, des dîners ici et là, à paris, en simples amies. puis, lorsque la porte de l’appartement de l'une ou de l'autre se refermait sur leurs deux corps, leurs doigts se mêlaient, leurs regards s'accrochaient, leurs bouches avides se trouvaient. ça a duré quelques temps comme ça avant que jeanne n'en vienne à parler de choses sérieuses. de coming-out, d'officialisation, d'appartement commun. non seulement hannah a pris peur, elle qui refuse tout engagement, mais elle a violemment refusé de devoir dire au monde entier qu'elle était amoureuse d'une femme. ce mot-là, elle l'a craché, comme si aimer jeanne était un maux, comme si c'était douloureux, voire honteux. elle a paniqué. elle, lesbienne ? non. elle n'a jamais aimé les étiquettes et a eu l'impression qu'en plus de vouloir lui en coller une, jeanne cherchait à la faire rentrer dans un moule, à la façonner à l'image de la petite-amie qu'elle aurait aimé avoir. sauf qu'elle n'était pas prête, qu'elle ne voulait pas. alors elle s'est enfuie, elle a rompu tout contact, a viré le numéro de téléphone de jeanne de son répertoire ainsi que celui de léo et elle a rayé la journaliste de son existence. elle a fait comme si elle n'avait jamais existé. elle s'est complu dans les bras de gabriel et n'est plus jamais revenue sur cette histoire. nul, en dehors d'elles deux, ne sait ce qui s'est passé, durant deux ans, entre les albums, les tournées et la promo. aux yeux du monde, elles n'ont été en contact que professionnellement parlant. jeanne sait, par ailleurs, qu'elle va devoir rencontrer à nouveau la route d'hannah, puisque les rumeurs disent que les woods vont ressortir un album. selon elle, elle a tourné la page mais qui sait ce qui arrivera, le jour où leurs chemins se croiseront à nouveau ?