Clément & Nina

Cette soirée n'était que le prolongement d'une journée magique que Clément et Nina avaient passé ensembles. Elle débuta dans un parc, s'enchaîna dans un restaurant et allait s'achever ici, dans l'appartement de Nina. Les deux amis revenaient d'un repas savoureux dans un endroit que Clément avait fait découvrir à la demoiselle et dont elle se promit d'y retourner tellement elle s'était régalée. La soirée avait été aussi agréable que la journée et tous deux avaient encore une fois bien ri, la bouteille de vin qui se vidait à leur table n'y étant pas pour rien. Au moment de partir, Clément avait insisté pour ramener Nina chez elle, sachant parfaitement qu'avec son mauvais sens de l'orientation elle risquait de ne pas retrouver son appartement avant le lendemain, le verre dans le nez n'aidant pas, mais aussi pour être certain qu'elle arriverait chez elle en toute sécurité. Ils marchèrent donc du restaurant jusqu'à l'appartement de Nina, qui se trouvait à une bonne demi-heure de marche, la soirée étant trop douce que pour appeler un taxi. De plus, bien qu'aucun des deux n'osa se l'avouer, ils n'avaient pas envie de déjà se quitter. Leur complicité partagée aujourd'hui les avaient encore plus rapprochés et ils désiraient prolonger la soirée en éloignant le plus possible le moment de se dire au revoir.

C'est pourquoi qu'une fois arrivés en bas de l'immeuble de Nina, celle-ci regarda intensément Clément dans les yeux et décida de l'inviter à rester encore un peu chez elle boire un dernier verre, en espérant que cela n'allait pas faire trop pot de colle, mais elle désirait vraiment rester encore avec lui. Aujourd'hui, Nina avait ressentit à plusieurs occasions un sentiment étrange s'emparer d'elle, quelque chose qu'elle n'avait plus ressenti depuis longtemps et qu'elle avait craint en même temps. Elle était consciente de ces nouvelles émotions, mais tentait de les cacher le plus possible aux yeux de Clément. Elle était à peu près certaine que lui n'éprouvait que de l'amitié envers elle et ne voulait pas risquer de tout foutre en l'air, particulièrement parce qu'elle ne se sentait toujours pas prête à se relancer dans une relation tellement la peur de l'engagement et la perte de sa foi en l'amour étaient présentes en elle. Pourtant, un jour, il faudra bien qu'elle arrête de se trouver des excuses et se lance.

Quoi qu'il en soit, maintenant n'était pas le moment de se poser plein de questions, et Nina chassa ses pensées lorsqu'elle entra dans l’ascenseur, accompagnée de Clément. Arrivée devant la porte de son appartement, elle fit signe à l'homme de ne pas faire de bruit afin de ne pas réveiller sa voisine, bien qu'elle doutât du fait qu'elle dorme déjà, Mélissa étant un oiseau nocturne et la reine des tapages en plein nuit, ce qui n'empêchait pas les deux filles de fort s'apprécier. Elle tourna la clé dans la serrure et ouvrit la porte avec précaution, sachant que sa petite chienne allait probablement lui sauter dessus à la seconde où elle entrerait. Elle ouvrit en riant ses bras à Roxy et alla la poser dans son panier pour s'occuper de son ami.

"Et voilà mon chez moi", lui lança-t-elle, un sourire pendu à ses lèvres.

Nina était assez fier de son appartement. Il était spacieux et assez bien décoré, du moins selon elle. C'était un mélange entre un appartement moderne, de femme, et de souvenirs. Elle s'avança dans sa cuisine, qui était bien évidemment américaine, et se dirigea vers son bar d'où elle sortit deux verres.

"Je te sers quoi ? J'ai un peu de tout."

Elle dévisagea Clément, un sourire de plénitude sur ses lèvres. Elle était heureuse qu'il soit là, avec elle. En ce moment précis, elle n'aurait désiré être avec personne d'autre que lui.

"Et je t'en prie, installe toi!", ordonna-t-elle à Clément en lui désignant son canapé. "Je te ferai visiter après si tu veux, bien qu'il n'y ait pas énormément de pièces vu que c'est un apart pas un château"

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Clément & Nina

Nina s'éloigna du bar vers sa petite cave à vin suffisante pour une dizaine de bouteilles et c'était déjà bien assez pour elle. Elle sortit une bouteille de rouge qu'elle avait ramenée de Californie. Tandis que Clément patientait tranquillement, elle ôta le bouchon et servit le liquide dans les verres avant de les apporter et d'en donner un à son ami. Elle s'installa ensuite dans son grand canapé, étendant ses jambes sur celles de Clément pour se poser contre l'accoudoir. Le fauteuil était si confortable qu'elle se serait bien endormie dessus immédiatement, mais elle resta éveillée et ne montra aucun signe de fatigue pour ne pas que son ami décide qu'il était l'heure de s'en aller. Ils trinquèrent à cette magnifique journée/soirée/amitié ce qui ravit Nina. Il avait raison, cette journée avait été exceptionnelle et Nina ne s'était jamais sentie aussi bien depuis longtemps.

Clément l'accusa de pub mensongère lorsqu'elle lui proposa de faire visiter son chez-soi, car il s'attendait à un palace. Nina lâcha un rire à ses propos tout en lui donnant un petit coup de pied, avant d'avancer :

"Et que voudrais-tu que je fasse seule dans un palace mon cher?"

Durant toute sa vie, Nina avait été habituée à de grandes maisons, son père gagnant plutôt bien sa vie. Mais la Californie permettait ces grands espaces. La chaleur intense qu'il y faisait là-bas obligeait déjà beaucoup de gens à avoir une piscine. Quand elle avait emménagé avec Clay, ils s'installèrent également dans une maison absurdement géante parce qu'ils avaient l'argent. Mais maintenant qu'elle était seule, et bien qu'elle ne manquât toujours pas de sous, bien au contraire, Nina ne se voyait plus habiter dans quelque chose de vaste. Sa solitude n'en paraîtrait que plus grande et elle aurait probablement parfois été effrayée de se retrouver seule là-dedans. De plus, elle associait moins Paris à des villas que Los Angeles. C'est pourquoi elle avait décidé de déménager dans un appartement, assez spacieux quand même.

"Bien, je te ferai visiter alors."

Elle fixa Clément tout en portant son verre de vin à ses lèvres tandis que lui regardait la petite chienne, paisible dans son panier, avant de lui demander s'il n'allait pas les manger. Nina pouffa une fois de plus avant de répondre.

"C'est une femelle, je l'ai achetée dès le lendemain de mon arrivée à Paris pour avoir un petit compagnon. Et quant à ta demande, et bien je ne sais pas. Moi elle m'adore mais toi tu n'est qu'un inconnu à ses yeux... Et ça fait trois jours que je ne l'ai pas nourrie... Donc tu ferais mieux de garder un oeil sur elle."

Elle éclata de rire en voyant l'expression du visage du son ami avant de rajouter :

"Roxy, elle s'appelle Roxy. Tu sais comme la marque de vêtements."

Nina se releva un instant pour aller monter le chauffage. Il avait fait certes très chaud aujourd'hui, mais le soleil quittait son appartement généralement vers quatre heures et le plongeait dans l'ombre. Il avait eut le temps de refroidir d'ici là et quelques frissons traversaient le corps de la brune.

Nina supportait bien l'alcool, mais après ces nombreux verres de vin, elle commençait à tituber légèrement. Ses esprits étaient encore clairs néanmoins et elle était consciente de ses gestes. En se redirigeant vers le canapé, où Clément avait déposé son verre sur la petite table à côté du sien, et la regardait revenir, elle se prit le pied dans le tapis, l'alcool n'aidant pas sa maladresse, et fit un petit vol plané jusqu'à atterrir sur les genoux de Clément, comme si une force supérieure l'avait poussée jusqu'à lui. Elle mit quelques secondes à reprendre ses esprits avaient d'éclater de rire.

"Décidément ! Tu as monté un piège quand je suis partie pour te venger de la roulade, avoue!"

Elle lui tira la langue, amusée. Sa chienne, surprise par cette chute inattendue, avait fui se réfugier sous la table, ce qui ne fit qu'amplifier le rire de l'américaine. Si elle se faisait attaquer, elle ne devait pas compter sur cette petite bête absolument pas féroce.

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Clément & Nina

Alors que Clément réfutait toute accusation de mise en place d'un piège et l'accusait d'avoir trop bu, Nina lui tira la langue en plissant son petit nez d'elfe pour toute réponse. Elle avait bien bu, certes, mais Clément ne s'était pas moins privé qu'elle. Et ce n'était pas parce qu'elle ne marchait plus tout à fait droit qu'elle était saoule. Dans sa tête, ça allait encore plus ou moins bien, c'était son corps fatigué qui ne suivait plus, voilà tout Et puis, qu'est-ce que ce tapis faisait dans son chemin d'abord ? Hein ? D'accord c'était elle qui l'avait placé là mais et alors ? C'est en réalisant qu'elle était entrain de débattre intérieurement sur la présence du tapis dans son salon qu'elle se rendit compte que, finalement, elle n'avait peut-être plus tous ses esprits clairs.

Clément et elle se mirent à rire en apercevant la chienne, effrayée, partie se réfugier sous la table. Nina avait déjà remarqué à plusieurs occasions à quel point sa chienne pouvait être trouillarde, notamment le jour où elle avait dû lui courir après le long des Champs Elysées parce qu'elle avait entendu un bruit qui ne lui avait pas plu. Loin d'être un de ces petits chiens agressifs, Roxy était tout le contraire.

Nina, toujours posée sur les genoux de Clément,reporta son regard sur son ami de la malice plein les yeux. Elle était bien là, finalement. Bizarrement, le garçon était plus confortable que le fauteuil. La situation était néanmoins assez bizarre et aurait pu être gênante mais le verre dans le nez de Nina ôtait tout embarras chez la jeune fille. Elle semblait complètement oublier que, normalement, elle aurait déjà dû se relever depuis longtemps, sa proximité avec Clément étant relativement trop élevée en ce moment même. Elle ne réagit que lorsque ce dernier l'accusa d'une nouvelle tentative d'attentat et vérifia stupidement autour d'elle qu'il n'y ait pas de cygnes quand celui-ci les évoqua. Bien sûr qu'il n'y avait pas de cygne dans son appartement! Elle rit avant de chuchoter :

"Chut! Il faut que tu arrêtes de crier tout haut que je suis une terroriste! Autrement on va venir m'arrêter et ce sera de ta faute!"

Elle lança un regard accusateur à son ami. Tout en parlant, elle réfléchit au fait qu'elle devenait largement plus maladroite qu'à l'habitude quand elle se trouvait avec Clément. Elle n'était pourtant déjà pas au départ très adroite de ses mains et cassait régulièrement quelques objets, mais sa maladresse semblait s'accroître encore plus en sa présence. Peut-être était-ce parce qu'ils s'amusaient tellement et étaient absorbés par leurs conversations qu'elle ne faisait plus trop attention à ses gestes, ou peut-être la perturbait-il tout simplement.

Clément lui demanda ensuite si elle comptait encore rester longtemps dans cette position où si elle allait se décider à lui faire visiter son appartement. Elle fit mine de réfléchir un instant avant de hausser les épaules et de rétorquer :

"Non, ça va, je suis bien installée. Idéalement il faudrait que tu me bordes et je m'endormirais immédiatement!", plaisanta-t-elle.

Sur ce, elle se releva tout en faisant attention à ne pas retomber, rebut une gorgée de vin avant de faire signe à son ami de la suivre.

"Heureusement que j'ai rangé ce matin! Je ne m'attendais pas à avoir un invité ce soir."

Elle tendit un sourire tendre à son ami avant de l'emmener tour à tour dans chaque pièce de son chez-soi. Elle lui montra sa petite salle de sport avec son tapis de course qu'elle avait acquis récemment qui donnait sur une télé, ce qui lui permettait de regarder des films pendant qu'elle s'entraînait, bien qu'elle préférât se livrer à ses pensées tranquillement. Il y avait également de quoi faire des abdos et renforcer ses cuisses. Un petit frigo, enfin, pour y placer ses rafraîchissements afin d'éviter de devoir retourner à la cuisine, qui pourtant n'était pas très loin, pour boire de l'eau. Vint ensuite sa salle de bain, sa petite bibliothèque remplie de littérature anglophone, son dressing et, finalement, sa chambre. Lorsqu'ils arrivèrent dans cette dernière pièce, Nina s'assit sur son lit pour se reposer un peu. Elle sentait la fatigue commencer à monter en elle mais ne voulait toujours pas que Clément s'en aille. Elle lui tendit un sourire avant d'enchaîner :

"La visite te convient ?"

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Clément & Nina

« Toi tu trébuche et moi je disserte sur ton appartement ! Je crois que la fatigue nous guette. »

Nina hocha la tête pour confirmer les dires de Clément, tout en affichant un sourire radieux et néanmoins fatigué. Elle sentait que Clément commençait tout autant qu'elle à voir la fatigue monter en lui, mais elle savait également qu'il n'avait pas moins envie qu'elle de se dire au revoir, autrement il ne serait déjà plus là. Elle se demanda qu'est-ce qu'il faisait qu'aucun des deux ne voulait se quitter à ce point. Certes, ils passaient un moment on ne peut plus agréable, mais il y avait autre chose d'inexplicable. C'était comme si Nina ressentait un vide rien qu'à l'idée de penser que Clément parte. Et pourtant, le chirurgien avait du boulot qui l'attendait demain et ce n'était pas très correct de la part de la jeune demoiselle de le garder ainsi par pur égoïsme.

"Je ne vois pas ce que tu racontes! Je suis en pleine forme moi!", s'écria-t-elle soudain avant de bailler sans pouvoir se contrôler.

Elle se retint de rire quant au moment inopportun qu'avait choisi sa fatigue de se manifester, comme si son cerveau avait voulu l'empêcher de mentir et la rappelait à l'ordre pour qu'elle aille se coucher. Mais elle ne le désirait absolument pas, même si Clément et elle allaient bien devoir se séparer à un moment ou à l'autre.

Alors qu'elle s'était posée sur son lit, la fatigue gagnant chaque membre de son corps, Clément resta éloigna par preuve de respect pour son intimité. Cela ne dérangeait pourtant pas Nina pour le moins du monde que tous deux se retrouvent dans sa chambre. Elle n'aurait pas laissé entrer n'importe qui dans cette pièce, mais que Clément s'y trouve ne la perturbait pas. Elle n'avait d'ailleurs même pas pensé une seule seconde que ça pouvait le gêner. Il l'accusa d'avoir été sérieuse quant au fait de vouloir qu'il la borde et elle lui lança un regard enjôleur :

"M'as-tu vu une seule fois ne pas parler sérieusement?", lança-t-elle ironiquement étant donné que tous deux n'avaient cessé de plaisanter tout au long de la journée/soirée.

Elle posa ses yeux sur Clément et pressentit ce qu'il allait dire à ce moment précis, son coeur se resserrant bizarrement dans sa poitrine, craignant le moment "fatal". Il décida en effet qu'il était temps pour lui de rentrer et s'approcha près de Nina pour lui dire au revoir. Elle ne put retenir la déception s'emparer d'elle et se dessiner sur son joli visage. Bien que cela ne fusse absolument pas raisonnable, elle souhaitait de tout son coeur qu'il demeurât encore un peu chez elle. Elle n'avait pas envie de déjà se retrouver seule... sans lui... A nouveau, elle sentit en elle cette impression bizarre s'emparer de son corps.

Clément posa doucement une main sur la joue de Nina, avant de poser un baiser sur l'autre, et à ce moment précis, une décharge électrique traversa tout le corps de la demoiselle. C'était une sensation qu'elle n'avait plus ressenti depuis très, très longtemps et elle fut extrêmement surprise. Chaque parcelle de sa peau avait envie de prolonger le contact avec l'homme, chacune de ses neurones lui soufflait de ne pas en rester là. Elle ne comprenait plus ce qu'il lui arrivait... ce sentiment qu'elle avait tant craint commençait à l'envahir petit à petit sans qu'elle ne puisse le contrôler. Son corps lui criait de l'embrasser et, l'alcool n'aidant pas, elle ne voyait pas comment l'en empêcher.

Clément recula lentement sa main de la joue de Nina, mais celle-ci l'attrapa, ne maîtrisant plus ses gestes. Elle l'attira vers lui, son corps chargé d'adrénaline ne permettant plus à son cerveau de penser et de donc empêcher ça. Elle souffla ensuite doucement "Reste encore un peu" à Clément qui était alors tellement proche d'elle qu'il ne pouvait qu'avoir entendu, et l'embrassa.

Une émotion de bien-être s'installa en elle et elle aurait voulu que ce moment dure toute sa vie.

Mais d'un coup, elle se recula et baissa les yeux tout en prononçant un "Je suis désolé, je ne voulais pas, je ne sais pas ce qu'il m'a pris" gêné. Qu'est-ce qu'il lui avait pris de faire ça ? Etait-elle devenue folle ? Elle avait certes bu mais l'alcool n'était pas la raison qui l'avait poussée à embrasser Clément. Ce n'était pourtant pas une raison pour lui sauter dessus comme ça. Qu'allait-il penser ? Nina avait commis une erreur qui risquait de faire foirer une amitié à laquelle elle tenait vraiment. Elle craignait à présent, la réaction de son ami.

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Clément & Nina

L'esprit de Nina était envahi de remords mais aussi de l'envie de recommencer. Elle s'était sentie tellement bien pendant ce court moment, qui lui avait pourtant semblé durer une éternité. L'espace d'un instant, elle avait oublié qui elle était, son histoire, sa peur... Il n'y avait plus que Clément et elle dans une bulle bien à eux et tout cela lui parût normal, comme si cela devait se passer. Et puis, la bulle éclata et Nina revint à la réalité. Elle ne savait plus quoi dire ou faire et n'osait plus regarder Clément dans les yeux tellement elle craignait sa réaction et était gênée de son acte. Elle avait également peur que, s'il croisait son regard, il comprenne les émotions qui la traversaient alors et s'aperçoive que son geste n'était pas dû uniquement au vin, même si ce dernier lui avait donné le courage nécessaire pour le faire. Nina était capable d'une relation amicale avec un garçon, elle avait d'ailleurs toujours eu plus d'amis du sexe opposé que de son sexe, mais une attirance forte s'était créé en elle envers Clément, attraction qu'elle n'arrivait plus à contrôler et qui n'avait cessée de s'accroître au fur et à mesure que la journée était passée. Elle aurait aimé pouvoir la repousser, car elle savait bien pourtant qu'elle n'était pas prête pour ce genre de relation, et ne désirait certainement pas d'un seul coup d'un soir avec Clément. En fait, elle ignorait totalement ses désirs. A la fois la déception et le soulagement s'étaient installés en elle quand Clément s'éloigna et ne lui rendit pas son baiser. Elle aurait aimé qu'il la réembrasse, elle se serait d'ailleurs sentie moins idiote s'il l'avait fait, mais était tout de même soulagée car la frayeur de s'aventurer plus loin recommençait à monter en elle, l'image de Clay réapparaissant en elle.

Pourtant, elle n'était pas folle, elle avait bien senti que quelque chose de spécial s'était passé entre eux et que cela n'était pas uniquement de son côté. Clément ne s'était pas reculé immédiatement et, sur le moment, elle avait cru que cela ne lui avait pas déplu non plus. Et pourtant, il s'éloignait de plus en plus, gêné et balbutiant des paroles à la rien à voir, ne sachant plus où se mettre.

Nina ne le regardait toujours bas et fixait le tapis, d'un air triste. Elle ne riait même plus quand Clément tenta d'alléger la situation en glissant une ou deux plaisanteries. Elle hocha simplement de la tête quand il lui assura qu'il ne lui en voulait pas, rassurée en même temps mais pas moins embarrassée et contrariée. Lorsque le chirurgien lui demanda indirectement s'il pouvait s'en aller, elle lâcha un petit "D'accord", bref et faible et se leva de son lit pour l'accompagner vers la sortie.

Une dernière tentative de Clément d'apaiser leur gêne n'ébranla même pas un sourire à la demoiselle, qui malgré tout tenta de faire semblant en dévoilant l'esquisse d'un rire qui n'avait rien de vraiment convaincant. Elle passa la porte devant Clément tout en lui disant :

"Je te raccompagne."

Doucement, elle s'apprêtait à se diriger vers la porte d'entrée, son corps frémissant de plaisir et de honte lorsqu'elle effleura Clément à l'entre-portes.

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Clément & Nina

En tous cas, il fallait bien avouer que le geste imprévu de Nina avait soudain lancé un froid entre eux, qu'elle seule dégageait, et qui continuait à s'installer de plus en plus même lorsque Clément tentait d'apaiser la situation. Nina n'en voulait d'aucunes manières à Clément, même si son comportement semblait démontrer le contraire, et elle était la seule visée par son soudain renfermement sur elle-même. Elle aurait voulu se donner des baffes tellement elle s'en voulait d'avoir agi ainsi, sous l'impulsivité, sans se soucier des conséquences de son acte. Elle aurait dû s'en empêcher, savoir que cela bousillerait toute la soirée, mais n'avait pas pu. Clément était tellement mignon de vouloir la remettre à l'aise, mais ses efforts étaient vains car la fille avait du mal à digérer son comportement. Elle se rendait bien compte qu'elle avait placé Clément dans une situation inconfortable et que le fait qu'elle ne dise plus rien le perturbait, mais elle n'arrivait plus à laisser s'échapper le moindre mot de sa bouche car elle ne savait que dire pour justifier ce baiser si ce n'est que des mensonges prétendant que c'était dû uniquement à l'alcool, mais elle estimait que son ami valait plus que de l'hypocrisie. Plus les secondes avançaient, plus elle regrettait son geste, non pas parce qu'elle n'avait pas apprécié, mais parce qu'elle avait ruiner leur si belle journée en agissant aussi stupidement.

Avançant vers la porte d'entrée sans jeter un regard à son ami de peur de croiser le sien, la tension de Nina ne cessait d'augmenter. Elle n'avait même pas pris la peine de lui répondre quant à leur prochaine rencontre pour qu'il lui fasse visiter Paris comme ils l'avaient prévu, car elle savait qu'elle n'oserait probablement plus regarder Clément en face pendant quelques temps. Que pouvait-il bien se passer dans la tête de son ami en ce moment ? Croyait-il vraiment que tout cela n'avait été dû qu'à l'alcool ? Ou se doutait-il bien qu'il y avait autre chose de bien plus profond que ça caché derrière ? Lui en voulait-il de l'avoir embrasser ? Ou lui pardonnait-il réellement ? Aurait-il aimé prolongé l'échange ou était-il content qu'elle se soit reculée ?

Nina approcha sa main de la poignée de la porte et s'arrêta en plein milieu alors que celle-ci allait croiser celle de Clément, prête également à se poser sur la poignée. Le chirurgien éloigna la sienne d'un coup, et finalement changea d'avis et attrapa celle de Nina, qui ne comprenait plus rien à ce qu'il se passait. Le contact de sa paume contre la sienne l'apaisa et fit trembler tout son corps. Clément posa alors son regard intensément dans les yeux de la brune qui n'avait pu l'éviter alors, tout en lui assurant qu'il ne voulait aucune gêne entre eux. Le mal était fait cependant et cette sensation honteuse s'était déjà emparée de Nina. Pour toute réponse, le mannequin ne put qu’acquiescer d'un hochement de tête, tentant de rassurer son ami malgré le fait qu'il était impossible pour le moment qu'elle se sente aussi à l'aise que plus tôt dans la journée. Elle aurait aimé pouvoir se lever le lendemain et rire de cette broutille avec Clément, mais savait également qu'elle était beaucoup trop sensible et susceptible que pour en être capable.

Ses yeux s'illuminèrent d'espoir quand elle entendit son ami lui certifier qu'il avait apprécier ce geste. Des tas de questions se bousculèrent dans la tête de la brune. Que voulait-il dire ? Qu'entendait-il par là ? Nina resta encore un instant sans voix jusqu'à ce que Clément reprenne la parole et insiste pour qu'elle dise quelque chose avant qu'il ne fasse une connerie. Nina comprit alors qu'elle était son intention et son coeur fit un bond à l'intérieur de sa poitrine. Elle souffla doucement :

"Je préfère que tu fasses une connerie", sachant que Clément comprendrait ce qu'elle avait voulu insinuer par là.

L'homme s'approcha de plus en plus d'elle et Nina se sentit rougir d'excitation à chaque millimètre avancé. Et soudain, il l'embrassa, et Nina se sentit monter au septième ciel. Ainsi lui aussi ressentait cette attirance envers elle... Au contact des lèvres de Clément, Nina se sentit encore mieux que lors de son entreprise, sachant à présent qu'elle n'avait rien à regretter. De l'électricité parcourait tout son corps ainsi qu'un sentiment de force et d'extase. Elle aurait voulu que ce baiser ne s'arrête jamais tellement il était agréable à ses yeux.

Clément s'éloigna doucement d'elle au bout d'un moment, et Nina cette fois ne craignit plus ses pupilles. Elle le regarda pendant un long moment, ses iris dévoilant facilement le bonheur qu'elle ressentait à cet instant. Elle lâcha finalement un rire, soulagée de ne plus être ridicule et de ne pas être la seule à avoir eu cette impression de ressentir plus que de l'amitié. Elle espérait cependant que Clément n'avait pas répondu à son baiser que pour qu'elle se sente mieux et par pitié, mais elle savait, au fond d'elle, que ce n'était pas le cas.

"C'est dingue oui...", articula-t-elle, un sourire pendu à ses lèvres.

Elle passa ses bras autour de lui, avant de le réembrasser encore une fois, une façon d'être sûre qu'elle n'avait pas rêvé.

"Je ne sais plus quoi dire", finit-elle par avouer, puisque tous deux ne s'attendaient absolument pas à ce genre de fin de soirée.

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Clément & Nina

Ce baiser, Nina ne savait pas très bien ce qu'il représentait pour elle. Elle était certes heureuse et il définissait clairement une forte attirance entre les deux amis, mais signifiait-il autre chose ? Il était encore trop tôt à présent pour deviner comment leur relation évoluerait, si elle resterait amicale et plus si affinités ou si une relation plus sérieuse naîtrait. Tout ce qu'elle savait, c'est que ce qu'il venait de se passer lui avait semblé normal. Ce n'était pas uniquement un flirt, il y avait autre chose, mais Nina ne parvenait pas à placer de mots dessus. Ce qui était certain, c'était qu'elle était à traiter avec des gants tellement elle était fragile au niveau relations et qu'elle n'était pas prête à se relancer immédiatement dans une histoire sérieuse. Sa peur n'était pas guérie malgré le fait qu'elle avait embrassé Clément et Clay était toujours bien ancré en elle, comme il le sera probablement toujours. Elle savait qu'elle allait devoir apprendre à vivre sans lui et à se laisser aimer d'autres hommes, mais ce changement n'allait pas se faire du jour au lendemain et il lui faudrait énormément de temps pour accepter de laisser à un autre une place aussi importante dans son coeur. Elle n'allait pas chercher à pousser sa relation avec Clément plus loin, elle n'allait pas se caser avec lui ou tomber amoureuse, du moins pas pour l'instant. Il lui fallait d'abord encaisser cette fin de soirée et réfléchir aux sensations qui avaient traversées son corps.

Au moins, elle n'était plus gênée à présent et regardait Clément avec sourire. Elle lui avoua ne pas savoir quoi dire et Clément décida qu'il était tout de même temps pour lui de partir, particulièrement parce qu'une longue journée de travail l'attendait demain. Nina approuva, non pas par fatalité, mais parce qu'elle était réellement d'accord avec lui. Un baiser avait suffit pour la soirée et elle ne désirait pas aller plus loin pour le moment, pas tant qu'elle n'aurait pas médité là-dessus pendant une nuit de sommeil.

"Tu as parfaitement raison. Moi je m'en fous, je peux faire la grasse mat' demain vu que je ne bosse que l'aprem", ajouta-t-elle en riant, aimant narguer une fois de plus son ami.

Elle était contente que leur complicité et amitié n'avait pas l'air de pâtir par ce qu'il venait de se produire. Elle laissa Clément lui poser un baiser sur sa joue, un sur son front, et un sur ses lèvres, qu'elle prolongea un petit peu avant de lui permettre de partir -oui, oui! Permettre! C'est elle la chef ici! - le voyant bailler. Elle l'imita en riant. Ils étaient clairement épuisés et cela n'avait pas été très raisonnable de veiller aussi tard, mais la brune ne le regrettait absolument pas.

"Bah, au pire tu passes la nuit dans le taxi, au moins t'auras dormi. C'est juste la note qui sera salée!", pouffa-t-elle, amusée par la remarque de son ami.

Clément poussa la poignée de la porte et l'ouvrit avant de lui poser une dernière question, à laquelle Nina répondit d'un hochement de tête :

"Bien sûr qu'on s'appelle!"

Clément passa l'ouverture de la porte et Nina posa un dernier baiser rapide sur ses lèvres avant de reculer à l'intérieure de son appartement, posant à son tour la main sur la poignée.

"A bientôt beau gosse."

Un dernier sourire complice, et la demoiselle ferma la porte contre laquelle elle s'appuya quelques secondes, un sourire béat sur les lèvres et ses yeux plein de points d'interrogation. Elle remarqua que Roxy dormait comme un loir dans son petit panier, son joujou entre ses pattes, et Nina s'éloigna doucement vers sa chambre, un sentiment plaisant en elle. Elle tomba ensuite sur son lit et s'endormit aussitôt, sans prendre la peine de se déshabiller. Cette nuit allait être belle, elle le savait déjà.

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