Le 11 septembre , ou la date de naissance d’un môme qui aurait mieux fait de ne jamais exister. C’est dans une chambre d’hôpital miteux que naquit le p’tit Beetle Galahad Greenwood. Beetle parce que sa mère était fan des Beatles et que ouais, cette pauvre femme était nulle en orthographe. Galahad parce qu’elle était fan des histoires à l’eau de rose. La légende du roi Arthur, des chevaliers courtois et tout ça, c’était son tripe. C’est pour ces raisons qu’elle baptisa son fils de la sorte, sans se soucier des brimades dont il pourrait être victime durant son adolescence, oubliant que les enfants pouvaient être particulièrement cruels entre eux. Elle ignorait que Beetle pouvait être traduit par «coléoptère», «scarabée», «mailloche», « mouton » et « tapette » en français. Ces quelques traductions laissent à supposer que l’avenir de victime de ce mioche était déjà tout tracé. Rose n’eut cependant pas l’occasion de voir grandir son fils. Un cancer du sein qui avait fini par se généraliser l’emporta alors que Beetle avait à peine cinq ans. Cette suite à cette tragédie que le rejeton atterrit dans une famille d’accueil particulièrement détestable. A vrai dire, s’il avait eu son mot à dire, Beetle aurait préféré vivre à la rue plutôt que se retrouver dans ce taudis qui ne méritait même pas le nom de maison et entouré de gens qui le détestaient sans aucune raison. Ces derniers étaient du genre à lui foutre une raclée pour un oui ou pour un non – ou simplement parce qu’ils étaient de mauvaise humeur – et à le priver de nourriture lorsqu’il ne ramenait pas des bonnes notes à la maison. Et comme si cela ne suffisait pas, Beetle était la tête de turc de prédilection de tous ses camarades. C’était le genre de gosse à qui on plongeait la tête dans les toilettes pour ensuite tirer la chasse. Le genre de gosse à qui on piquait son casse-croûte et à qui on faisait porter son sac. Ce qu’il y avait de bien avec Beetle, c’est que jamais il ne se plaignait. Il encaissait tout sans rechigner et jamais il ne rendait les coups qui lui étaient donnés. Ses professeurs auraient pu s’interroger sur l’origine de tous ces hématomes dont son corps était parsemé s’ils n’avaient pas été au courant de la situation de punching ball du gamin. Au début, ils avaient fait l’effort de distribuer des punitions et de coller des heures de retenue aux fauteurs de trouble qui s’acharnaient sur lui. Mais voyant que Beetle se laissait faire, ils avaient fini par baisser les bras, décrétant qu’il était un gosse turbulent à tendance bagarreuse et que c’était son tempérament qui lui causait tous ces coups bleus. Sauf que les parents adoptifs de Beetle ne supportaient pas d’entendre ses enseignants se plaindre de son pseudo comportement de rebelle et ne se gênaient pas pour redoubler les coups pour calmer ce petit impertinent. Beetle parvint à faire abstraction de toute cette violence jusqu’à ses 14 ans. Il s’était pourtant juré d’attendre sa majorité avant de se tirer de cette baraque où il n’avait jamais été le bienvenu sans faire de vagues. Sauf que sa patience avait des limites. Et il y avait toute cette colère qu’il avait emmagasinée en lui depuis toutes ces années qui ne demandait qu’à s’extérioriser. C’est donc sans état d’âme qu’après s’être procuré une arme, l’ado colla une balle dans le crâne de ses tuteurs avant de disparaitre dans la nature. Enfin, disparaitre est un grand mot. A vrai dire, il s’était mis en quête du grand Jack Stride qui était certainement l’homme le plus recherché de Londres à l’époque. Beetle ignore toujours comment il a fait pour mettre la main sur un mec qui arrivait même à tromper la police, mais il y était parvenu.

Beetle avait alors imploré le squelette de l’aider à dissimuler les corps de ses parents adoptifs, lui promettant tout ce qu’il voulait en échange. Beetle s’était visiblement adressé à la bonne personne. En effet, le tatoué avait accepté sa requête et s’était habilement débarrassé des corps de sorte à ce qu’on ne les retrouva jamais. Seulement, effrayé par l’apparence et la réputation de psychopathe du terroriste londonien, Beetle n’a pas tenu ses engagements et a préféré migrer vers la Croatie afin de se faire oublier. Pourquoi la Croatie ? Tout simplement parce que c’était une destination de rêve et que les images qu’il avait vues dans les magazines touristiques lui avaient énormément plu.Sauf que le jeune homme a claqué tout son fric dans ses billets d’avion et qu’une fois sur place, il n’avait nulle part où aller. Il a alors eu la chance – ou la malchance, tout dépend du point de vue – de faire la rencontre de Vladislav. Ce dernier lui a proposé de taffer pour lui en échange d’un toit. Beetle ne s’est pas offert le luxe de refuser, même en sachant qu’il s’agissait d’un job de barman dans un club d’échangistes. Ce genre de boulot n’effrayait pas Beetle. Pour avoir fréquenté de tels endroits dans sa jeunesse – c’était un peu près le seul lieu où il (ou plutôt son cul ) était accepté à part entière –, il savait à quoi s’attendre. De toute manière, il n’avait pas d’autre choix que celui d’accepter s’il voulait survivre. Inutile de préciser que ses heures supplémentaires n’étaient pas rémunérées et qu’elles contribuaient à payer son loyer, je suppose ? Beetle s’est fait arnaqué sur toute la ligne. Vladislav a profité de lui, faisant de lui son esclave et ce, depuis le début et pourtant, il ne l’a jamais abandonné. Sûrement parce qu’il avait peur de le faire. C’est que le croate n’était pas des plus tendres. Dès que Beetle osait le contredire ou élever la voix, il s’en prenait plein la tronche. Et pas que la tronche d’ailleurs. Un jour, alors que son patron était bourré, Beetle a eu le malheur de lui demander quelques heures de temps libre. Ce qui s’est soldé par un refus, bien entendu. Mais Vlad’ ne s’est pas contenté de le faire crouler sous le travail. Il a brisé la bouteille qu’il tenait à la main sur le comptoir et a frappé Beet’ au visage avec, ce qui lui a valu cette longue balafre au niveau de l’œil qui le défigure. Depuis, le p’tit a retenu la leçon et a appris à fermer sa gueule.

Quelques années plus tard, les activités pour la plupart illégales de Vladislav ont été découvertes par les autorités. Sans plus attendre, ce dernier a décidé de mettre les voiles cap sur Paris, emmenant sa tapette de poche avec lui, sans lui demander ce qu’il en pensait, évidemment. C’est ainsi que Beetle a atterri dans la capitale française, bien décidé à se débarrasser de sa réputation de victime et à en profiter pour prendre un nouveau départ.

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