Vingt sept janvier deux mille douze, studio dégueulasse, vue sur l’boulevard barbès, big bang gastrique, regard trouble, corps brûlant, Hiroshima dans l’crâne ,en soit, début de journée classique. Tu te lèves. Ton cerveau ne suit pas l’flot alors tu tombes, t’as pas la force de te relever. Tes doigts glissent sur la table de chevet, un soupire effleure tes lèvres, tout comme ta winston que tu t’empresses d’allumer. L’tabac se consume, ton double vitrage t’empêche d’entendre c’qu’il se passe à l’extérieur, et bordel, c’que c’est reposant. Y’a ce silence qui flotte dans l’air, un silence devenu banal, un silence qui t’as longtemps dévoré l’cœur. Aujourd’hui, y’a plus grand-chose. Tu le vois à travers des figurants diaphanes, au-delà de discussions si peu intéressantes que les mots te semblent à l’envers, aux creux de reins si fade que tu peines à gémir. C’est dégueulasse, ce manque de sens. Ce manque de lui. tu te revois en deux mille dix. Sous l’soleil brûlant de la Californie, t’es au volant d’une magnifique EV1 au cœur de Venice beach, d’la fumée envahis l’habitacle, tu pourrais presque râler à nouveau sur Carth. qui dégueulasse doucement ton bébé. C’drôle, parce qu’aujourd’hui, t’en as plus rien à battre qu’on puisse fumer dans ta caisse. Seulement c’était différent à l’époque. Il y avait c’bonheur qui t’empalé l’cœur, en dépit de tes mœurs. Il y avait ce type aussi. Carthago, celui avait soufflé l’début d’une nouvelle existence, loin de ce passé enfouis sous terre. Vous aviez signés votre union sous l’sourire vicieux d’ Alessandro, cet abrutit d’italiano, chercheur de tête foireux qui t’as repéré au volant d’une caisse, talentueux et invincible, driver à en devenir. Vous êtes comme Caton l'Ancien. Obstinés. Autant que des loups qui se sont mis en tête de massacrer leur proie qu’il disait, t’en ricane presque. Ça n’empêche que tu aimais la vie que tu menais à Los angeles. C’était différent, c’était beau, c’était doux. En partie grâce à Carthago. Tu avais tout ce dont tu pouvais rêver : l’mec l’plus baisable et le plus tendre des USA, des voitures à en plus savoir où les planquer et un boulot, dangereux, illégal mais terriblement grisant et c’est ça, qui te faisais kiffer. Franchement d’quoi tu pouvais te plaindre ? c’bonheur là, lui et toi, vous auriez put l’faire durée encore et encore. trente deux semaines d’plus, trente deux mois d’plus et encore trente deux ans pour s’faire rêver. Mais non p’tit gars, c’était trop beau. Evidement, tu ne peux pas être baisable, talentueux et heureux. Vous n’pouvez pas être amants et duo, en kiff et indemne. La chute, elle a été affreusement violente et si t’avais su, pour sur, tu ne serais jamais venu. Tout a éclaté à la frontière mexicaine, la douane était là, crève de faim à la recherche de coupables et de preuves. Vous vous n’y attendiez tellement pas, tu ne t’y attendais pas. Ton truc à toi, c’était de ne jamais toucher une arme, trop écœuré pour l’faire. On ne sait pas pourquoi mais pour l’peu qu’on savait sur ta vie, ça ne change pas grand-chose. Il n’y avait que ce trente deux qui revenait sans cesse, chiffre maudis sur lequel tu as bloqué. Mais peu importe. Lors de cette mission, tout à foiré, même tes convictions. Cette putain d’arme, tu l’as touché, en vain. Vous avez quand même fini à l’hosto’, incertains d’en sortir sans séquelle. bordel, c’que tu pouvais t’en vouloir, ça te dévorait l’cœur cette histoire. Ca aurait pus t’achever, de savoir que t’as mis la vie de carthago en danger, seulement parce que l’amour c’était fais une place entre vous. T’as senti la panique monter en toi. Plus d’paix, plus d’bonheur grisant, plus de bulle éloigné du passé. L’trente deux revient te hanter et ça te fait si mal, cette histoire. Alors t’as agis, pour l’bien de l’humanité que tu te disais. T’es parti comme un connard le lendemain d’une dispute entre carthago et toi. t’as envoyé chier Alessandro et ses putains d’espoir, t’as écrasé d’un coup d’semelle l’soleil californien et t’revoilà dans l’présent. L’cul par terre et une gueule de bois et t’éclater crâne contre le mur. Tu prends appuis sur ton lit et te relève, ouvrant ta fenêtre pour éviter de redécorer l'sol avec ce que tu as bu hier. Tu inspires profondément et laisse ton regard glisser sur l'boulevard, ta clope pendu à tes lèvres. Bordel, qu'est-ce que tu donnerais pour sentir à nouveau son souffle contre ta peau.