Sortir, boire, oublier. Encore une de ses soirées où t'as rien de mieux à foutre que de te retrouver à cuver une bouteille de vodka, posé dans le bar du coin. Je suis faible. Perdu dans un océan de conneries, je ne sais plus où j'en suis. Ma soeur est enceinte, c'est une chose, de moi, s'en est une autre. Qui aurait dit que de coucher avec un membre de sa famille pouvait être aussi bon et à la fois si dangereux? Se laisser glisser dans les flammes de l'enfer et y crever dedans. L'interdis est excitant. Les règles sont là pour ne pas être respectés, sinon à quoi servent-elles? A mettre des limites à nos idées farfelues? Tout passe au dessus. C'est un filet qui laisse tout passer. Il faut juste trouver la bonne combinaison pour s'en sortir. Après tout, pourquoi se contenter d'être comme tous les autres? D'être un brave mouton à la suite de tant d'autres. Autant vivre. J'ai couché avec ma soeur oui, et j'ai aimé ça. Pourtant, aujourd'hui les conséquences retombent. Je n'aurais jamais penser que j'étais capable d'être aussi con par fois. Je me complet dans cette connerie que j'ai engendré. Je suis complètement à la masse. Je suis pas normal. J'aime souffrir. Je suis maso, complètement. Je veux oublier, tout oublier, le plus longtemps possible. J'veux pas me réveiller un matin en me rappelant que j'ai mise ma soeur en cloque. C'est pas le genre d’exploits qu'on est fier d'arborer, au contraire. Je suis là, planté devant l'entrée du Queen, une clope à la bouche. Je vois pas ce que je peux faire de mieux. Un vendredi soir seul, autant aller choper dans un bar. Histoire d'oublier un peu plus le corps envoûtant de la seule vraie femme de ma vie qui n'a jamais compter. Un groupe de filles me passe devant et je les regarde, je les analyse, je les déshabille du regard. C'est un vrai plaisir. Je dois oublier. Je m'approche de l'une d'elle, je lui parle, je la drague. Plus tard, je l’entraînerais dans les chiottes et je lui montrerais ce dont je suis capable. Mais pas maintenant. On rentre, elle elle va dansé, moi je me pose au bar. Si je suis venu, c'est avant tout pour me foutre la tête à l'envers. Je vais boire à n'en plus pouvoir. Dégueuler en plein milieu de la piste, rentrer en titubant. Mon quotidien quoi. Je commande un verre, puis un autre. Ce soir, je vais tout oublier. Même mon nom. Et je vais baiser. Je me plais à croire que demain, tout sera redevenu comme avant. Pas de gosse, juste une magnifique femme avec qui j'ai eu une relation, avec qui j'ai couché. C'est beau de rêver. J'avale lentement le liquide. Je vais sombrer. Petit à petit. Finalement, après une dizaine de verres, je me lève et je vais pour danser, mais j'me prend quelqu'un de plein fouet, je tombe comme une loque par terre. Un tapis, une décoration. Je suis rien. Quelqu'un me marche dessus, je lui balance mon poing dans le genou. Dégages connard. Je finis par me relever. Je le regarde, il est planté devant moi et je souris. Morgan. « Tiens donc. Morgan, ça faisait longtemps. » Un sourire étire mon visage. J'empeste l'alcool, j'commence à voir trouble et à tanguer sur le côté. Retiens moi. Dans le pire des cas, je tombe et j'me relève pas.