set fire on the rain.

Il y a la vie, et la mort. Entre deux, il y a beaucoup de regrets et de remords pour très peu de satisfaction. Et là, il y a Julian, son existence pourrie, sa boutique qui part à veau-l'eau, ses deux tentatives de suicide et une succession maladroite de mauvaises décisions qui le conduiront directement sur une pente descendante. Julian, ses histoires de coeur, sa relation en dents de scie et puis, sa romance avec Aaron ! Beaucoup d'évènements survenus ces derniers mois l'ont mené aujourd'hui à une simple conclusion ; pour avancer, il doit faire table rase de son passé. Et pour y arriver, il décide de mettre à plat tout ce qui, aujourd'hui, pèse d'une manière ou d'une autre sur son coeur. Assis à une table de la Guiness Tavern, il laisse la musique l'emporter sur ses pensées et son esprit vagabonder à gauche à droite. Un simple message sur un téléphone portable et la machine est lancée, Cassandre et lui-même ont convenu d'un rendez-vous, ce soir, ici. Un rendez-vous qui, pour l'interne, devait être l'occasion de retrouver une connaissance, un ami, et qui, pour Julian, se présentait comme étant salvateur. L'issue de cette confrontation est incertaine, et c'est en parfaite inconscience que Julian s'aventure dans ce combat. Le coeur au bord des yeux, il commande une bière et soupire. Sa jambe tambourine sous la table et son regard parcourt de temps à autre l'assistance, à la recherche de la silhouette familière de son ami. Cassandre et lui s'entendaient bien, Julian sait que tout peut changer ce soir. Hésitant, il sent la pression le gagner petit à petit et, à maintes reprises, il doit supplier ses jambes de ne pas l'emporter loin d'ici, dans une fuite qui se voudrait irresponsable. Courage, témérité ou esprit de contradiction, Julian ignore les raisons qui le poussent à s'accrocher à cette stupide motivation. Faire table rase de son passé, garder à l'esprit ce simple objectif, il le faut. Ravalant difficilement sa salive, il baisse les yeux vers sa boisson et pousse un long soupire. Que dire, que faire ! Avouer de but en blanc avoir vécu avec le petit-ami d'un très bon ami une romance est délicat, mais Julian en ressent aujourd'hui le besoin. Il a menacé Aaron de le faire, pourtant, ce n'est pas par esprit de vengeance qu'il agit aujourd'hui, mais parce qu'il sent qu'il est temps pour lui de faire tomber le masque. S'il veut pouvoir se concentrer sur sa propre relation, il doit jouer franc jeu. Et si Cassandre ne le lui pardonnait pas, Julian ne pourrait qu'admettre s'être brûlé les doigts, à trop jouer avec le feu.

« à trop jouer, je me

suis brûler. »

Jouer avec le feu... Je ne connaissais que trop bien ce sentiment. Aller au-delà de ces limites, parcourir un chemin difficile alors que l'on s'est très bien que la pente est raide. Je le faisais. Je l'avais déjà fais et je continuer même de le faire dans ma relation avec Alcide. Je lui mentais ouvertement depuis son retour d'Afghanistan. Il était revenu avec une perte de mémoire et il m'avait complètement. Je jouais de son amnésie pour me faire passer pour un simple ami. Je savais très bien que cette manigance finirait par être découverte et pourtant, je continuais de le manipuler contre son gré et derrière son dos sans qu'il ne s'en aperçoive. Je garderais ce subterfuge le plus longtemps possible. Tant que le militaire ne le découvrirait pas, je continuerais et je pourrais rester longtemps dans cette situation maintenant que ma relation avec Aaron avait pris un nouveau tournant. Un tournant que je ne regrettais pas d'avoir entrepris avec lui puisque j'étais bien plus heureux aujourd'hui que je ne l'avais été durant l'année écoulée.

Oui, j'étais heureux. Depuis le début de l'année 2012, depuis même quelques semaines avant la fin de l'année 2011, j'avais repris goûts à la vie de couple et au fait de partager ma vie avec un être, un homme que j'appréciais énormément. Si j'avais su que finalement je me retrouverais dans les bras d'un homme que j'avais rencontré sur les bancs de la fac, qui plus est un homme pour qui j'avais toujours eu cette attirance physique, je n'y aurais jamais cru. Aujourd'hui, je formais un couple avec le premier homme que j'avais connu à Paris dès mon arrivée dans la capitale. Notre relation avait évolué et je devais bien avoué que je ne regrettais pas tous ces changements, surtout après l'épisode « Alcide ».

Ce soir, je sortais donc. Sans Aaron. Julian et moi avions fixé un rendez-vous à la Guiness Tavern pour boire un verre et passer une agréable soirée ensemble comme nous le faisions avant. Je n'avais pas vu le jeune homme depuis quelques temps mais j'espérais bien rattraper le temps perdu. C'était d'ailleurs pour cela que nous nous retrouvions ce soir. Je terminais mon service à 21h30. Une douche dans les vestiaires et j'étais déjà en route pour le bar. Après quelques minutes de métro pour traverser Paris et passer du 13ème arrondissement au 2ème arrondissement. J'entrais rapidement dans notre lieu de rendez-vous et constatais qu'il y avait déjà foule. Je me dirigeais donc entre les différents clients, passant par le bar pour me commander une pression. Là, je remarquais alors Julian et je lui fis signe en attendant ma boisson que je payais immédiatement. Je pris une gorgée, fixant mon ami des yeux. Il semblait "bizarre". En tout cas, il n'était pas comme à son habitude. Je me demandais bien ce qu'il avait. Je m'approchais, glissant une main sur son épaule avant de m'installer face à lui. Je lui souris. « Désolé si j'suis un peu en retard. J'ai eu quelques papiers à remplir avant de finir mon service. » Je posais mon manteau sur le dossier de la chaise pour me retourner vers Julian. « Bon alors, ça va toi ? » Lui demandais-je finalement pour répondre à ses doutes concernant son état vu la tête qu'il faisait avant que je ne le rejoigne. Je bus une gorgée de ma bière, attendant qu'il me réponde.

Il y a peu d'ami sur lesquels on peut se reposer lorsque l'on vit des moments douloureux, particulièrement difficiles. Peu d'épaule sur lesquelles on peut verser des larmes. Peu de choses auxquelles se raccrocher lorsqu'on est à la dérive. Julian est un garçon bien, Julian a toujours été un garçon intelligent, honnête et surtout intègre. Loin de lui l'idée d'avoir voulu blessé volontairement quelqu'un si ce n'est Jéricho, lors de leur tête-à-tête. Il a toujours été posé et réfléchit, loin d'être un de ces "bad boys" qui traîne en gang et qui agresse le premier gamin venu. Julian réfléchissait souvent, mais depuis quelques temps, il avait perdu toute notion de réflexion. Sa vie prenait un tournant décisif, tant au niveau personnel que professionnel. Alors que, doucement, il sentait glisser entre ses mains la possibilité de voir ce qu'il avait mis tant d'année à construire, la vie semble lui donner un dernier coup de pouce afin d'anéantir tout ce qu'il pourrait rester de lui. L'ancien Julian se serait contenté de prendre les choses sans sourciller, sans s'inquiéter. Un rail de coke et tout aurait été oublié. Factures, rappels, avis de saisie, rien n'aurait plus d'importance si seulement il trouvait la force de redevenir le couillon qu'il avait toujours été.

Les choses changent, mieux, les gens changent aussi. Julian n'est plus le même. Après avoir passé plus de 20 ans dans un monde onirique, après avoir fui la réalité pendant tout autant de temps, un simple passage par la case "à moitié mort, allongé sur un lit d'hôpital" lui avait fait ouvrir les yeux. Julian n'est plus le même, Exit l'enfant absent, l'adolescent pourri gâté et capricieux, le mec bien dans ses pompes qui assume chacune de ses décisions et bonjour à l'adulte responsable, qui est enfin prêt à prendre sa vie à bras le corps et en assumer douleur et sacrifices. Alors que sa boutique coule, que sa relation avec Jéricho se noie dans un verre d'eau, il ne pense qu'à une chose. Hier en Ecosse, aujourd'hui, ici, attablé dans un petit tea-room, à attendre un ami sur lequel il avait toujours pu compter et qu'il avait pourtant trahi. Stupidité ou besoin inconscient de s'en prendre à nouveau plein la tronche, Julian attend, Julian poireaute.

Elle était loin l'époque où tout lui semblait si particulièrement beau et simple. Cette époque bénie d'une clarté légère et éloignée de tout sens commun. La réalité le rattrapait aujourd'hui, à son plus grand malheur. Après avoir frôlé la mort, Julian avait énormément remis en question sa propre existence. Allant jusqu'à se rebeller contre celui qui l'avait toujours le mieux défini. Cheshire n'était plus, leur relation n'existait plus. Et alors qu'il était en phase de se retrouver sans sa boutique, sans son meilleur ami et sans son petit-ami, il avait fait le choix d'affronter une autre réalité ; celle des aveux.

Les muscles tremblant, il ravale sa fierté, ravale son orgueil. Il a blessé Cassandre, celui-ci ne le sait pas encore et c'est dans l'espoir de se faire pardonner qu'il désire tout lui avouer. Un besoin involontaire de sentir une nouvelle fois la vie s'écraser sur son visage avec une amplitude hors norme. Et tout arrive, même Cassandre ! Le médecin lui sourit, un sourire qui ne va plus tarder à disparaître. Ce n'est plus qu'une question de minutes, de secondes. Le cœur battant à tout rompre, Julian avale une nouvelle fois sa salive, soupire discrètement et esquisse un sourire. Une atmosphère plutôt tendue mais le jeune interne ne semble pas s'en rendre compte immédiatement. Agissant comme à l'accoutumée, il sourit, fait preuve de légèreté alors que Julian ne cesse de s'enfoncer dans sa chaise. « Désolé si j'suis un peu en retard. J'ai eu quelques papiers à remplir avant de finir mon service. Bon alors, ça va toi ? » Julian esquisse un nouveau sourire, le regardant s'assoir. Et puis, sans attendre, il se redresse sur son siège et pose les deux mains sur la table, plante ses yeux dans ceux de son ami. « Cassandre j'vais pas tourner autour du pot. Il faut que je te parle d'Aaron, et ce que je vais te dire ne va sûrement pas te plaire… » Le regard grave, la mine défaite, Julian ne quitte pas Cassandre des yeux. Peut-être pourra-t-il un jour lui pardonner d'avoir été si bête et irresponsable.

Dès que j'avais croisé le regard de Julian, j'avais senti que quelque chose n'allait pas. Pourtant, idiot que je suis, je m'étais dit qu'il n'y avait peut-être rien, que ce n'était qu'une impression que j'avais eu en le regardant rapidement du bar. Bière en main, je m'installais en face de mon ami dans l'espoir que nous allions passer une bonne soirée. Comme avant. Cette semaine, j'étais libre. Je pouvais me centrer sur Julian. Aaron était parti en Angleterre. Quelque chose se tramait. Je le savais mais je ne voulais pas y croire. Ces deux pauvre sms me laissaient perplexes. Peut-être était-il trop occupé ? Je ne cessais de me répéter ces mots dans le crâne depuis que j'avais reçu son dernier message quelques jours plus tôt. Il devait au moins s'amuser. Quitte à me délaisser autant qu'il en profite avant que je ne le retrouve à Paris car oui, il me manquait. Il me manquait terriblement et son silence ne m'aidait pas à améliorer ce sentiment déjà très fort.

Assis face à Julian, je le regardais buvant quelques gorgées de cette bière que je venais de commander au barman. Il esquissa un sourire. Quelque chose n'allait définitivement pas. Je le voyais se redresser sur son siège comme s'il se préparait à lâcher une bombe et qu'il fallait que je me prépare à l'impact. Je le connaissais bien et je savais quand il allait bien et quand ça n'allait pas. Là, ce soir, il n'allait pas bien. Je pouvais le lire sur son visage. Que lui était-il arrivé ? « Cassandre j'vais pas tourner autour du pot. Il faut que je te parle d'Aaron, et ce que je vais te dire ne va sûrement pas te plaire… » Surpris. Telle fut ma première réaction. Je ne m'attendais pas du tout qu'il me parle d'Aaron. Je savais qu'il se connaissait mais sans plus quoi. Que voulait-il me dire à son sujet ? Je ne savais pas. Je me doutais d'une réponse possible. C'était même le plus probable.
« Tu sais, je sais qu'Aaron est escort en plus de son travail à l'hôpital. » L'informais-je alors. Pour moi, le futur neurochirurgien n'avait que cela à cacher. Évidement, je me trompais mais je ne le savais pas encore. « Donc tu peux te détendre et on passera une bonne soirée comme avant. » Continuais-je, sourire aux lèvres. Julian me paraissait bien trop tendu. J'espérais seulement que ce que je venais dire aller le détendre. « Détends-toi maintenant, c'est bon. T'inquiètes pas pour Aaron et moi. Tout va bien entre nous. Il m'a tout dit. » J'attrapais alors ma bière et je trinquais avec mon ami qui ne semblait toujours pas aussi enthousiaste que moi. Je me demandais ce qui le retenait. « Bah, souris. Tout est rentré dans l'ordre, non ? » Lui demandais-je alors. « C'est pas comme si vous aviez couché ensemble la semaine dernière. Je sais aussi que vous avez été plus intimes avant qu'on se mette ensemble. Ça me gêne pas. C'est du passé. T'inquiètes pas pour ça non plus. Je t'en ai jamais voulu. » Je lui souris à nouveau, prenant ensuite une gorgée de ma boisson.

Ce qu'il s'apprêtait à lui avouer était loin d'être facile. Ce n'était pas comme avouer à quelqu'un avoir osé lui voler son tweed vert ou son baladeur mp3, non, c'était bien pire que ça. Le ventre noué, il regarde Cassandre en se faisant un milliers de scénarii différents. Il n'y avait de toute évidence qu'une seule façon de sonder la réaction de son ami et c'était en lui crachant le morceau. Le visage pâle, presque livide, il regarde Cassandre et angoisse. Celui-ci l'a remarqué, en même temps, il faudrait être bête pour ne pas comprendre que Julian cache quelque chose. Difficilement, il ravale sa salive en le regardant s'assoir et puis, les aveux commencent et la discussion prend une tournure inespérée. De manière tout à fait inattendue, Cassandre esquisse un sourire et lui répond, sans gêne aucune. « Tu sais, je sais qu'Aaron est escort en plus de son travail à l'hôpital. Donc tu peux te détendre et on passera une bonne soirée comme avant. Détends-toi maintenant, c'est bon. T'inquiètes pas pour Aaron et moi. Tout va bien entre nous. Il m'a tout dit. » Il hausse un sourcil, puis un second. Un peu surpris et surtout très étonné de la franchise d'Aaron à ce sujet et de la façon que prennent les évènements. S'il avait été à la place du petit-ami de Cassandre, il n'aurait certainement pas eu le courage d'avouer à son amant que il avait un passé aussi glauque, aussi peu conventionnel et pourtant. Aaron l'avait fait ! C'est sûrement ce qui incita Julian a joué carte sur table. Oui, il aime Aaron, il l'aimait et l'aimerait encore longtemps, évidemment, on ne pouvait pas comparer cet amour à celui qu'il portait à Cheshire où encore à Jéricho, mais si Julian voulait pouvoir aller de l'avant et prendre ses responsabilités, il fallait qu'il suive l'exemple d'Aaron. Rester digne et fier, en toute occasion. Se montrer intransigeant, franc et honnête. Le visage livide, il baisse les yeux en déglutissant. « Si seulement il n'y avait que ça. » Marmonnant à peine sans sa barbe, il relève les yeux et plonge son regard dans celui de Cassandre. « Cass… » mais il est encore une fois interrompu par le jeune interne qui poursuit, sur la même lancée. « Bah, souris. Tout est rentré dans l'ordre, non ? C'est pas comme si vous aviez couché ensemble la semaine dernière. Je sais aussi que vous avez été plus intimes avant qu'on se mette ensemble. Ça me gêne pas. C'est du passé. T'inquiètes pas pour ça non plus. Je t'en ai jamais voulu. » Et bam ! Là tu atteins la corde sensible et le pire, c'est que tu t'en rends même pas compte. Que tu voudrais le couler que tu ne t'y prendrais pas mieux.

Il déglutit une nouvelle fois, baisse les épaules et s'enfonce dans son siège. Il détourne son regard un instant et puis soupire. Il est temps, il le faut. Il plonge ses yeux dans ceux de Cassandre et prend son courage à deux mains. « Je… suis étonné qu'Aaron ait été avec toi aussi clairvoyant et honnête… Vraiment, et agréablement surpris. » Il avale sa salive avec peine et sent sa poitrine se soulever. Envie de vomir, envie de disparaître. Il tremble mais ne le montre pas. Il cherche une façon convenable de balancer la couleur mais il ne trouve pas ses mots, il hésite. « Mais… c'est pas ça qu'il faut que je te dis, que je t'avoue. » Il passe une main dans ses cheveux et ferme les yeux. C'est le grand saut, c'est l'instant X, le pire instant de sa vie et certainement la dernière fois qu'il verra Cassandre mais il le faut, il le doit à son ami et à Aaron, il se le doit à lui-même aussi. Tant de bonnes raisons qui l'incitent à aller de l'avant. Maintenant ! « Pendant… mon séjour à l'hôpital, après mon altercation avec Jéricho… Aaron et moi, on s'est beaucoup vu ! Et avant que tu ne te fasses des idées, non… je n'ai pas couché avec Aaron. » Il tient à ce que les choses soient claires, il tient à être franc. Surtout, il ne tient pas à mouiller Aaron et à lui faire du tort. Il doit dire les choses clairement et ne parler qu'en son nom, comme il l'avait prévu. « Aaron n'a rien fait de déplacé, vis-à-vis de toi Cassandre. Au contraire ! Il est venu passer deux trois nuits en ma compagnie mais seulement parce que je le lui demandais. Il t'est toujours resté fidèle et il m'a toujours fait comprendre que tu étais là et qu'il t'aimait… vraiment. » Lui avouer qu'il avait espéré d'Aaron ce qu'il ne lui avait jamais promis le déchirait, le cœur en miette, il détourna ses yeux un instant, réprima un sanglot et puis plongea à nouveau ses yeux dans ceux de Cassandre. « Au fil du temps, on est devenu complice… et je ne pensais pas que… Cassandre pardonne moi, s'il te plait… Mais je suis tombé amoureux d'Aaron et j'ai cherché à vous séparer, involontairement ou non. Pardonne-moi d'avoir cherché à te nuire pour Aaron, s'il te plaît… » Une lueur de supplique dans les yeux, il déglutit et poursuivit, terminant enfin son discours. « Je ne voulais pas tomber amoureux de lui… ça c'est fait, je ne l'ai pas choisi… et j'ai agi sans réfléchir, je m'en rends compte aujourd'hui. Il fallait que je te le dise, Cassandre. »

Si j'avais su ce qu'il se passerait ce soir, je crois que je ne serais pas venu. Si j'avais su ce qu'il se passait entre Julian et Aaron plus tôt, je crois que j'aurais demandé des explications au concerné. Si j'avais su tout ça, je n'aurais pas été là, ce soir, pensant que tout allait bien alors que tout allait mal. Je n'aurais pas pris une bière pour être avec un ami qui ne semblait pas réceptif et près à prendre du bon temps avec moi. C'était une bonne soirée jusque là. Mais ma bonne humeur et mes envies festives s'estomperait rapidement fassent aux aveux soudain d'un ami que je ne pensais pas aussi trompeur et mystérieux. « Je… suis étonné qu'Aaron ait été avec toi aussi clairvoyant et honnête… Vraiment, et agréablement surpris. » Que pensait-il ? Croyait-il que notre relation n'était pas aussi sérieuse qu'elle en avait l'air ? Que ne passions du temps ensemble que pour remédier à notre solitude amoureuse ? Je pensais qu'il nous aurait pris un peu plus au sérieux. Mais au moins, maintenant, il savait que notre histoire était bien plus sérieuse qu'il ne le pensait. J'étais tout de même un peu déçu qu'il pense ça de moi, de nous. « Mais… c'est pas ça qu'il faut que je te dis, que je t'avoue. » Là, Julian m'interpelle et ma curiosité en prend un coup. De quoi voulait-il me parler dans ce cas ? Oui, mon spider-sens me titillait. Je voulais connaître ces aveux. Je le fixais, prenant une dernière et grande gorgée de ma bière. Apparemment, c'était difficile pour lui de m'avouer ce qu'il avait à me dire et je ne comprenais pas pourquoi. Je l'écoutais. « Pendant… mon séjour à l'hôpital, après mon altercation avec Jéricho… Aaron et moi, on s'est beaucoup vu ! Et avant que tu ne te fasses des idées, non… je n'ai pas couché avec Aaron. » J'avais eu peur un instant. Mais mes craintes s'envolèrent rapidement grâce à Julian. Il avait su me dire les mots qu'il fallait pour que je ne me sente pas trahi par cet ami et ce petit-ami en qui j'avais totalement confiance. Ou presque... « Aaron n'a rien fait de déplacé, vis-à-vis de toi Cassandre. Au contraire ! Il est venu passer deux trois nuits en ma compagnie mais seulement parce que je le lui demandais. Il t'est toujours resté fidèle et il m'a toujours fait comprendre que tu étais là et qu'il t'aimait… vraiment. »

Jusque là, tout me semblait correcte. Aucun des deux n'avaient fait de faux pas l'un avec l'autre. Aaron était resté fidèle et lui et Julian avait simplement passé du temps ensemble. Mon homme avait soutenu un ami, je pouvais le comprendre. J'aurais fais la même chose surtout si cet ami me l'avait demandé. Il avait agi comme il le sentait et c'était aussi pour ce côté généreux que je lui connaissais si bien qui faisait que je l'aimais énormément. Bref, je restais silencieux, attendant toujours cette bombe que m'avait annoncé Julian avant de commencer son petit discours. Je ne m'attendais plus au pire. J'étais même presque sûr qu'il en faisait une montagne pour rien. Je le connaissais, il était capable d'avoir ce comportement. Je lui souriais donc, lui prouvant qu'il pouvait tout me dire et que je ne le prendrais pas mal. Nous étions ami après tout. « Au fil du temps, on est devenu complice… et je ne pensais pas que… Cassandre pardonne moi, s'il te plait… Mais je suis tombé amoureux d'Aaron et j'ai cherché à vous séparer, involontairement ou non. Pardonne-moi d'avoir cherché à te nuire pour Aaron, s'il te plaît… Je ne voulais pas tomber amoureux de lui… ça c'est fait, je ne l'ai pas choisi… et j'ai agi sans réfléchir, je m'en rends compte aujourd'hui. Il fallait que je te le dise, Cassandre. » Je ne bougeais plus. Ce qu'il me disait sortait tout droit de son imagination. C'était impossible. Julian n'aurait jamais pu faire ça. Je me sentais trahi. Trahi par un ami que j'avais aidé dans le pire moment de sa vie et aujourd'hui, je récoltais les conséquences de cette générosité.
« Comment t'as pu faire ça ?! » Lui hurlais-je dessus. « Tu croyais, quoi en jouant à ça ?! » J'étais énervé et surtout en colère. En colère contre le jeune Guillem mais aussi contre Aaron. Était-il simplement au courant des sentiments de Julian à son égard ? Si oui, pourquoi me l'avait-il caché ? Je lui balançais alors le reste de ma bière au visage avant de me lever brusquement. Je m'appuyais alors sur la table pour me pencher vers le jeune homme. « Tu vois cette bière, là, qui coule sur ton visage, et bien c'est la dernière chose que tu auras de moi ! » Je lui donnais une légère claque avant de me redresser, d'attraper ma veste et de partir. Je n'avais plus rien à lui dire. Il avait agis et maintenant c'était à son tour de voir le mal que son geste causait.

Je sortis alors du bar, inspirant profondément pour reprendre mes esprits. Si j'avais su que la soirée tournerait aussi mal, je serais resté chez moi, avec mon chat, à regarder la télé. Je soupirais avant d'enfiler ma veste pour commencer à marcher. Cependant, d'autres questions me venaient alors en tête. Je ne pouvais fuir de cette manière. Je devais affronter la vérité. « Et merde... » Je retournais alors sur mes pas pour retourner voir Julian et avoir mes réponses à mes questions. Cependant, il n'était plus là. Réfléchissant quelques secondes, je me dirigeais vers les toilettes. Vu le verre que je lui avais jeté au visage, il devait être en train de se nettoyer. Je me frayais alors un passage jusqu'au fond du Guiness Tavern et je le trouvais là, pathétiquement en train de nettoyer mes conneries. Je ne regrettais pas qu'il se mette ça dans le crâne. Je vérifiais alors qu'il n'y avait personne d'autres et je fermais la porte derrière moi. « Je ne suis pas là pour m'excuser ou pour te pardonner. T'as foiré et c'est entièrement de ta faute. » Je m'approchais alors de lui, m'appuyant sur un évier. je ne le regardais même pas et mon regard était froid, noir, presque méchant. « Je veux juste que tu répondes à mes questions. Ok ? » Je n'attendis même pas qu'il réponde. Je voulais mes réponses et je les aurais. Il me devait bien ça. « Aaron était au courant de tes...soit-disant sentiments ? »