L'alcool est l'aspirine de l'âme

Ft. Sirius & Nina

Aujourd'hui, en cette journée parisienne splendide , Lilly aurait atteint sa troisième année. Nina aurait fêté l'anniversaire de sa petite princesse en famille, avec l'amour de sa vie, Clay, mais aussi probablement en compagnie de son frère et des grands-parents de la petite. La journée aurait été merveilleuse dès le lever de Lilly. Nina lui aurait apporté au lit un petit déjeuner spécial anniversaire préparé par ses soins avec tout l'amour qu'est capable de donner une mère. Elle aurait tout englouti tandis que ses parents la regarderaient avec un sourire resplendissant sur leurs lèvres, ne pouvant croire que leur petit bébé avait déjà trois ans. Ils auraient discuté du programme de la journée, auraient mangé le gâteau préféré de la fillette - un moelleux au chocolat -, auraient déballés les cadeaux devant le regard émerveillé de leur petite fille.

Mais tout cela n'arriverait jamais, sinon dans les rêves de Nina Stenson, veuve non seulement d'un mari mais aussi d'un enfant qui n'aurait jamais dû partir aussi jeune. En cette journée affreuse, Nina aurait voulu pouvoir ne pas sortir du lit, ne pas voir les gens marcher comme si de rien n'était dans la rue ni le soleil briller alors que la pluie devrait battre à flots pour accompagner le coeur sanglant du mannequin de vingt-quatre ans. La vie continuait mais la douleur n'en diminuait pas moins, particulièrement lors de trois dates dans l'année qui n'auraient dû - si la vie avait été juste - que relever du bonheur : l'anniversaire de Lilly, de Clay, du mariage de ce dernier et Nina. Et le degoût n'en devenait que plus grand dans toutes les cellules de son corps. Qu'avait-elle mérité pour que ses deux amours lui soient retirés aussi brusquement ? Dieu était-il du côté des assassins, des violeurs, des dictateurs ? Comment se pouvait-il que des ordures puissent respirer l'air frais du matin et pas ces deux anges ? On avait beau tenter de rassurer Nina avec des belles paroles telles que : "Ne t'inquiètes pas, tu finiras par vivre avec, cela passera", il n'en était rien et le vide de l'absence ne se calmait pas, au contraire, il ne faisait qu'augmenter au fil des secondes qui passaient.

Nina ne fut qu'un zombi tout au long de la journée, écoutant à peine ce qu'on lui disait, répondant vaguement et mangeant à peine. Si bien que le studio l'a renvoya finalement chez elle pour qu'elle se repose. Mais ce geste ne servit à rien puisqu'elle ne faisait que déprimer, seule dans son nouvel appartement. Si seulement elle pouvait appuyer sur un bouton magique qui ferait disparaître toute sa tristesse d'un seul coup afin qu'elle puisse enfin tourner la page. Mais on ne trouvait ce genre de choses qu'à la télé.

Finalement, la jeune femme se décida à bouger boire un verre, n'en pouvant plus de l'atmosphère étouffante de sa demeure. Et c'est ainsi qu'elle se retrouva au Harry's New York Bar, parce qu'il contenait le nom de la ville de New York et que cela la fit se sentir comme aux Etats-Unis, son pays natal dont elle se sentait parfois nostalgique. Un mojito devant elle, assise sur une chaise haute au comptoir, comme les gros alcooliques dépressifs que l'on voit dans les films, Nina tenta de noyer sa douleur dans l'alcool. Elle n'aimait pas cette idée, mais à vrai dire ce breuvage l'avait déjà réconfortée plusieurs fois depuis le décès des siens et si elle pouvait se sentir un peu mieux, ne serait-ce qu'illusoirement, aujourd'hui, cela ne pourrait pas lui faire du mal. Elle tomberait peut-être même sur une de ses nouvelles connaissances et arriverait à se changer les idées, bien qu'elle fut très sceptique sur ce point. Elle ne voulait déranger personne avec ses problèmes, n'aimant pas se lamenter devant des gens, sachant que cela les plongeait surtout dans l'embaras. Ainsi, elle n'avait appelé aucun de ses nouveaux amis aujourd'hui et ne s'attendait donc pas vraiment à tomber sur une tête connue.

Jusqu'à apercevoir à quelques chaises d'elle un visage qui lui semblait familier mais sur lequel elle n'arrivait pas à mettre un nom. Où avait-elle déjà pu voir cet homme mature ? Ce n'était pas à Paris, elle en était persuadée. Mais où alors ? Il était séduisant, devait avoir la trentaine, peut-être plus, et avait un look assez rock. Un homme comme ça, elle s'en serait très surement rappelé, et pourtant... Soudain, l'homme leva son regard sur elle, sentant qu'elle le fixait, et Nina détourna les yeux, gênée.

Code by Anarchy Gif by actucine