Ah, la vie à la campagne, on ne pouvait rêver mieux. Du matin au soir, gambader aux milieux des pâquerettes et des pissenlits, c'était là, la véritable liberté. La liberté des premières années, pour laquelle aucun combat ne devrait être nécessaire était la seule qui méritait ce nom. C'était une liberté pure, dont l'on pouvait se gaver jusqu'à en crever sans que cela ne fasse de tort à personne. Rouler dans les herbes folles à tes côtés, cela n'avait pas de prix, Elliott. « Roxaaaaaaaaaane ! Go back home, sweety. » Mais la voix de ma mère ne manquait jamais de nous tirer de nos merveilleux instants ensemble. La partie n'en était que remise au lendemain, le soleil ne cessait jamais son fou voyage autour du globe. Je n'avais pas de frère, je n'avais pas de sœur non plus, faute à mère nature, que sais-je mais je l'avais lui. Il était plus qu'un membre de la famille puisqu'il ne l'était pas. Tout était permis entre nous, le jeu ne cessait jamais. C'était peut-être stupide, mais nous étions les enfants les plus comblés au monde. On nous avait prévenu tôt qu'un jour, il faudrait grandir, que les choses ne pourrait pas être éternellement ainsi. Qu'avions-nous faire de leurs paroles d'adultes? Nous pensions détenir l'absolue vérité, et c'est cela qui fit toute la brutalité de la chute. Cela me frappa comme un coup de poing dans l'estomac.

Nous avions seize ans, Elliott et moi. La situation semblait toute tracée aux yeux de tous. La puberté atteinte, notre si pure amitié se transformait en amour tendre. A quoi bon? Je l'ignore toujours, mais cela devait être courant. Pour ma part, je n'ai certainement pas effectué ce changement psychologique qui accompagne le début de l'âge adulte. Elliott vieillit plus vite que moi, il mûrit, direz-vous. C'était intenable, plus rien n'allait entre nous, désaccord sur désaccord, plus une once de la proximité qui nous liée auparavant n'avait survécut à cela. Ce fut terrible. Puis, il eut une copine, une blondasse superficielle, et là, j'ai compris. J'ai compris ce que c'était, la jalousie. Je m'en suis longtemps mordu les doigts, j'ai commencé à croire que grandir était la chose à faire, que découvrir de nouvelles choses, c'était là le cours normal de la vie. Heureusement, j'ai vite déchanté. Quand je l'ai vu au plus mal, le cœur en miettes, lui, mon ami de toujours, j'ai abandonné l'idée de connaître l'amour un jour. A quoi bon si c'est pour finir par être triste? Je vis sans, et chaque jour que Dieu fait, je me délecte des trésors de la vie, je ne demande pas plus que cela. Puis, vint le jour où je dus quitter la ville. Je ne pouvais me résoudre à partir pour Paris sans lui dire au revoir, et en sachant que nous n'étions toujours pas réconciliés. Alors je m'étais à nouveau rapprochée de lui. Tout était différent maintenant, la complicité n'était plus la même mais les sentiments que j'avais pour lui étaient toujours bien là. Je n'avais pas osé lui parler de mon projet de partir étudier à Paris, alors que j'avais tout juste 18 ans. Je m'envolais un soir, sans lui laisser la moindre chance de me suivre ou de me retenir, réduisant à néant les espoirs qui semblaient naître en lui.

Passons aux choses sérieuses, Paris. Au fond, rien n'a réellement changé pour moi, je pense que je suis toujours la même qu'avant, c'est ce que je voulais ! Les lieux sont vraiment magnifiques et la filière universitaire que j'ai choisie me convient parfaitement. Elliott me manque par moment, je ne l'ai pas revu depuis mon départ d'Angleterre. Des rencontres, j'en ai fait des tas ici, je ne suis toujours pas portée amour. Je suis peut être froide et sans cœur, mais je le vis bien. Mes diverses amitiés me comblent parfaitement, je sors souvent et rien n'entrave le petit cours tranquille de ma petite vie. Heureuse, vous dis-je.

L'histoire est fabuleuse, j'ai vraiment aimé le personnage de Roxanne, cette relation avec Eliott est trop "mignonne". Voilà je te valide mademoiselle. <3
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Grayson, Yannie, Ella, Lumen & Cheshire.