Comme le ciel gris et menaçant, l'humeur de Clive était maussade. Il s'était levé du pied gauche, n'avait fait que ronchonner toute la journée. Critiquant de ne rien trouver dans son appartement, d'en avoir marre de la pluie alors qu'au fond il adorait ça. Soupirant dès lors qu'il voyait la paperasse qu'il devait remplir. Café en main il tournait en rond, lézardait et s'ennuyait profondément. Homme lunatique et éternel insatisfait il ne comprenait pas comment tout pouvait basculer en l'espace de quelques minutes. Il se rappelait encore cette maudite soirée il y a quelques jours. Une dispute avait éclaté dans la froideur de son bureau. Il n'y avait qu'elle et lui. Son tempérament distant ne lui plaisait pas, mademoiselle voulait plus, mademoiselle rêvait aux histoires d'amour comme elles étaient décrites. Lui était réaliste, coupable. La culpabilité le gagnait toujours dès lors qu'il avait le malheur de croiser son regard. Kacey était magnifique. Une perle comme il en avait peu vu, mais jeune, si jeune. Assumer une telle attirance, un tel écart d'âge n'était pas une chose simple. Elle était insouciante, idiote. Il le lui disait souvent, elle la gamine comme il l'appelait. Tout aurait été plus simple si elle n'avait pas eu le même regard sur lui, si elle n'avait pas laissé les choses se faire, si elle avait été comme toutes les gosses de son âge. Ainsi il serait passé à autre chose, aurait continué sa vie comme si de rien était, mais tout ça n'était qu'une parallèle face au monde dans lequel il vivait, car tout était différent ici en ce bas monde. Kacey, Kacey, Kacey. Il se répétait son nom comme pour y voir une réponse, comme pour y trouver une solution. Solution pour en faire quoi ? Se trouvant bien idiot il comprenait qu'il ne pouvait pas tout contrôler, tout diriger. C'était la dispute de trop, une de plus. Rien n'allait jamais entre eux. Un jour bien et paisible, presque affectif, le lendemain à dix lieues d'écart. Il ne l'aimait pas, il préférait ne pas se le dire. Il ressentait quelque chose pour elle en revanche. Une jalousie grandissante, un coeur débattant toujours plus fort en sa présence. Le corps d'une gamine pour un esprit bien plus affuté. Bon sang qu'il arrête, il s'en voulait, se torturait pour ne pas avoir réagi avant. Maintenant il était trop tard, il était trop plongé dans cette folle histoire.
S'affalant sur son canapé il était en pleine réflexion. En fait il pensait à elle encore et toujours cette brune, cette garce. Un besoin de remettre tout en ordre dans son esprit un brin dérangé. Le café dégueulasse qu'il ingurgitait n'aidait en rien et à peine installé il se relevait déjà, vidant le contenu de la tasse et se servant un liquide ambré plus fort, au gout meilleur. Une petite merveille ayant coûtée une petite fortune. Qu'il était bon d'avoir de l'argent, de pouvoir vivre dans un quartier assez bien famé et de pouvoir boire et manger sans se préoccuper de voir son compte virer au rouge. Un instant paisible dans son tourment, son esprit soulagé ne pensait plus à elle, mais il en fallait peu pour la ramener. Un sac d'affaires qu'elle laissait dans un coin par exemple, ou la façon dont elle avait noué ses vieux gants ensemble. Sa présence avait modifié bien des choses alors pourquoi se sentait-il aussi coupable ? Coupable d'être heureux. Voilà une connerie bien humaine. Au fond l'homme craignait de l'obliger, de la détourner comme dirait certains. Utiliser son insouciance pour profiter d'elle, pour en abuser. Mais malgré le fait qu'il pensait à lui, qu'il laissait ses envies et sentiments parler pour une fois, jamais elle était restée sans choix. La preuve avec ces derniers jours. Cette dispute avait tout changé et il devait s'en remettre, se changer les idées. C'était terminé. Un mot le faisant frissonner. Ingurgitant le liquide comme pour se punir, il soupirait. Il venait d'envoyer valser quelques trucs qui régnaient sur la table basse. Il ne se souvenait même plus du motif profond de leur dispute si ce n'est son comportement. Si ça ne lui plaisait pas elle n'avait qu'à retourner fricoter avec les gosses de son âge. Elle l'avait pris au mot, s'était enfuie et l'avait laissé à son compte. Des jours entiers sans la voir et un manque profond s'installait, les mêmes genres de manques qu'il avait pu ressentir dans un passé lointain. « Bordel ferme là. » S'autocritiquant, voulant couper court à ses pensées il n'y avait pas moyen et il comprenait bien vite que ça serait encore le cas durant quelques temps. Tant pis il avait l'habitude de se sentir coupable, de chercher des réponses qui n'amenaient que davantage de questions. Toute sa vie n'avait été qu'un long combat contre lui-même. Toujours à vouloir prouver des choses, à se perfectionner. N'importe quel domaine où il avait posé les pieds en était témoins.
A cette heure la seule personne qu'il pouvait porter dans son coeur, dans son être n'était plus là. Comme disparue, comme endeuillé il passait outre, il fermait finalement les portes de son coeur. Soupirait d'aise en ne ressentant plus rien, en ne pensant même plus à elle. Qu'elle s'amuse, qu'elle joue avec des types de son âge, en fait ça ne l'importait plus maintenant. Mensonge. Un de plus, mais certains mensonges sont bénéfiques. Pensant un peu plus à lui, il oubliait, effaçait son regard sur lui, son sourire, la douceur de sa peau. Kacey n'était plus. Il respirait à nouveau, pour quelques minutes très certainement, mais au moins il laissait le soulagement du silence prendre l'ascendant. Si seulement il avait su. Si seulement il avait imaginé que le scénario comportait encore quelques rebondissements, quelques passages où une fois de plus il ne comprendrait rien, où il se penserait vraiment con. Les coups pris sur la gueule tout au long de sa vie avait dû endommager quelque chose là-haut. Bien entendu que ça avait endommagé son être. Les douleurs qui le réveillaient la nuit n'étaient pas des fantômes. L'insomnie et les migraines atroces qu'il ressentait de plus en plus souvent. Ce qui avait mis un terme à sa carrière. Ce problème cérébral avait peut-être des conséquences ailleurs, mais il ne se faisait pas de soucis particulier, il n'y pensait même pas, trop occupé à se détendre, à s'endormir sur son canapé, son esprit enfin vide. Vide jusqu'à ce que cette porte se fasse cogner d'une façon à la fois douce et violente. Paradoxe étrange. Insoumis il ne se levait pas, emmerdait la personne derrière la porte à attendre, mais les coups continuaient, se faisaient plus pressant. Serrant les dents et se levant, il se dirigeait d'un pas silencieux vers ce morceau de bois. Mal rasé, fatigué, une mauvaise nuit de plus à cause des mêmes soucis. Déverrouillant la porte et l'ouvrant il resta pourtant muet. Constatant, ou essayant de constater. Fantôme ? Il semblait vraiment dans le doute, un instant sans armure il redevenait impassible en un battement de cils. « Qu'est-ce que tu veux ? » Belle entrée en matière bravo Clive, ta délicatesse entrera dans la légende, elle est là et tu ruines tout en l'espace d'une phrase. Surtout ne rajoute rien, fermes là « Ah oui tu viens chercher ton sac j'imagine. Il est à sa place habituelle tu peux entrer. » Crétin. Faisant taire cette petite voix absurde qu'on appelait conscience il refermait la porte derrière elle. Presque trop têtu pour imaginer autre scénario que ces deux phrases venaient de résumer.
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Sujet: Re: Like a stone ♠ Kay' Mar 12 Juin - 23:30
You’r fucking bastard ! Idiots, trop humains, trop lui, trop elle, trop eux, trop de disputes. Et ça avait fini par exploser, voire même imploser. Une nouvelle fois il l’avait accueillie avec une froideur sans pareille. Il aurait pu faire entrer un ennemi ou un inconnu dont il se méfie dans son bureau que ça aurait donné la même chose. Alors elle était partie, ne se souciant plus de lui, plus d’eux. Il avait poussé le jeu trop loin. Mais était-ce un jeu ? Serait-il un jour capable d’assumer, capable de se dire que oui, il est possible d’avoir de l’attirance l’un envers l’autre malgré une différence d’âge conséquente ? Coupable, coupable, coupable, un mot qu’il lui répétait sans cesse, un mot qu’elle aurait voulu voir s’effacer pour le remplacer par heureux. Parce que c’est bien ce qu’elle lui souhaitait d’être heureux, mais en serait-il apte avec une gamine de quinze ans ? Si jeune, trop jeune. Pas assez mature pour certains, trop pour d’autres. Le juste milieu aurait été parfait. Malheureusement elle ne connait ni milieu, ni centre, ni gris. Elle se contente d’un trop ou d’un pas du tout, d’un tout blanc ou d’un tout noir. Une santé pourrie à souhait à cause de qui elle risquait sa vie à chaque combat contre un concurrent ou un sac de sable, un père totalement absent qui se fou bien de la gueule de sa famille, une petite sœur en perdition comparée aux autres enfants de son âge et elle… gamine de quinze à l’esprit d’une jeune femme de dix ans son ainée. Si seulement elle en avait vingt-cinq, mais non, elle n’était qu’une petite fille qui allait sortir de son second cycle pour entrer au lycée. Si seulement elle avait pu être normale, comme les filles de son âge. Vous savez, ces filles qui ont du mal avec leur math, ces filles qui gloussent quand un beau garçon passe, ces filles qui ne rêvent que du prince charmant, de richesse et de paillettes, ces filles dont le seul souci c’est d’être bien coiffées pour aller au collège. Quelle bande de dindes !
Non, Kacey n’est pas comme elles. Plus sérieuse, plus renfermée, plus je-m’en-foutiste et surtout plus mature et plus réaliste. Son problème à elle ce n’est pas ses cheveux mais sa famille, elle n'a pas de soucis en math bien au contraire elle est même en avance, elle ne glousse pas elle se contente de regarder, elle ne rêve pas du prince charmant elle n’est pas dans un conte de fées, elle ne rêve pas non plus de strass et de paillettes mais d’un boulot potable pour payer les factures tout en s’épanouissant un minimum. Kacey n’est pas comme elles, non, et heureusement dans un sens vu comment ces filles peuvent être ridicules. Se levant de devant son ordinateur, elle commençait sérieusement à tourner en rond dans sa chambre tout en ayant extrêmement chaud. La chambre sous les toits en plein été, quelle excellente idée. Et cette chaleur malgré la grisaille du ciel ne lui donnait qu’une envie : aller à la plage mais à Paris, à part Paris plage, on est assez loin des côtes. Elle avait donc dans l’idée d’aller à la piscine pour calmer les sensations que donnait cet air lourd, jusqu’au moment elle se souvenue que la semaine dernière, après avoir été à la piscine, elle était directement passée chez Clive et avait laissé son sac là-bas. Et merde, il ne lui restait plus qu’à aller le chercher. Sortant de chez elle sans prendre le temps de dire à sa mère où elle allait, elle enfilait sa veste tout en marchant. Pourquoi une veste alors qu’il fait chaud ? Parce que le temps au-dessus de sa tête lui hurlait que dans quelques heures la pluie se mettrait à tomber, et Dieu seul sait à quel point il est temps qu’elle tombe cette saloperie.
Elle ne mit pas de temps à arriver chez lui avec la ligne de bus dans lequel elle s’était simplement contentée de regarder le paysage, les oreillettes fixées aux oreilles. Non, décidément elle n’est pas comme les filles de quinze ans. Nombreuses sont les filles de sa classe qui pleurent pour un mec ou qui envoient l’une de leur copine pour régler leurs problèmes de couple ou encore pour aller avouer au garçon en question qu’elles ont des sentiments. Kacey a une autre méthode qui se résume en une phrase : on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Et c’est pour cette raison qu’elle frappait à la porte de chez Clive, bien déterminée à récupérer son sac mais aussi à s’expliquer. Et autant dire que la première phrase qu’il lui avait lancée laissait voir sa si bonne humeur, assez pour que la demoiselle sorte son sourire sarcastique. « D’après toi, je viens t’emprunter tes toilettes, j’ai que ça à faire, crétin. » Une conversation qui commençait sur les chapeaux de roues comme on dit. Entrant dans le loft en question, elle se dirigeait donc vers le salon pour récupérer son sac. Mais elle ne partirait pas de suite, c’était hors de question de laisser ça en suspens, elle se connait par cœur, ça finirait par la ronger et par exploser deux fois plus fort. Posant ses fesses sur la table du salon, elle était à peine assez grande pour que ses pieds touchent le sol, saloperie de croissance ! « T’es disponible pour parler ou t’en a rien à foutre comme d’habitude et je m’en vais comme je suis arrivée ? » Agressive ? Un peu, mais elle le connait, c’est le seul moyen pour le faire réagir et s’expliquer comme d’habitude. Se levant de la table, les mains dans les poches de sa veste presque assez grande pour faire disparaitre son shorty, elle attendait une réponse. Peu importait laquelle, elle voulait une réponse à une question bien précise : « Pourquoi t’es si froid avec moi ? Si tu n’arrives pas à assumer, qu’est-ce qu’on fou ensemble ? Si c'est pour se foutre sur la gueule à longueur de journée je vois pas l'intérêt. » Ensemble… un mot qui sonne habituellement si bien était, dans cette conversation, un mot qui allait probablement causer des dégâts, psychologiquement parlant en tout cas.
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Sujet: Re: Like a stone ♠ Kay' Jeu 14 Juin - 2:11
Like a stone
Kacey & Clive
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La force de conviction qu'il tentait de mettre pour barrer la route de son esprit à Kacey était incroyable. Lui-même s'étonnait de se battre ainsi contre sa propre personne. Contre la nature des choses. Il devait s'y faire, essayer au moins. Il le voulait et le voulait sincèrement. Kacey n'était pas une gamine comme les autres, ni une femme comme les autres. Kacey était entrée dans sa vie comme une tornade, comme un cyclone sulfureux. Elle avait dégagé toutes les ombres, tous les nuages qui pouvaient tourner autour de lui. Ce sentiment qu'on a de planer, d'être défoncé et de vivre un instant sans être vraiment là. Le vivre comme en étant qu'un esprit, en voyant sa propre personne agir, la pousser ailleurs pour mieux faire. Cette profonde attirance, ce profond sentiment. Il aurait voulu l'assumer. Et le pire dans cette folle histoire c'est qu'il l'assumait à part entière. Le regard des autres lui importait que peu voire pas du tout. Qu'est-ce que ça pouvait bien foutre aux autres de toute façon ? Ca ne les concernait pas, ça ne concernait personne d'autre qu'elle et lui. Que ce fou et cette rêveuse ou il ne sait quoi d'autre encore. Seulement une part de moralité futile et stupide avait fait son apparition. Il se connaissait. Sachant pertinemment le personnage qu'il pouvait être. Il n'était pas fréquentable. C'était un vieux boxeur à la carrière brisée, aux rêves brisés, qui n'avait pas la vie devant lui comme dirait certains. Chaque jour à se réveiller en vie était un exploit. Exploit que ses jambes répondent, que son esprit demeure à peu près intact. Elle n'avait vu que la surface de l'iceberg et pourtant elle brisait à merveille la glace, savait percer à jour petit à petit la véritable personne qu'il était. Et pourtant. Il s'en voulait d'être ainsi avec elle, de lui faire du mal, ne supportant pas cette idée. Seulement peut être fallait-il se mettre à sa place. C'était la seule excuse dont il arrivait à se convaincre. La loi considérait tout ça comme un détournement. Son père s'il savait empêcherait surement la gamine de le voir et le foutrait en taule. Au fond il ne voulait pas se rendre coupable de ça. Il ne voulait pas la convaincre d'un rêve, la forcer ou la manipuler. Il ne se rendait peut-être pas compte. Lui-même n'était plus vraiment sûr de rien vis-à-vis de sa propre personne ces temps-ci.
Il se forçait de fermer une fois encore cet esprit, mais même si la tempête se faisait plus douce, même s'il arrivait à s'endormir elle revenait à la charge. Un peu comme ce qu'il entendait contre la porte. Un peu comme cette main s'évertuant à frapper de plus en plus fort, s'impatientant. Les comparaisons et autres métaphores ne manquaient vraiment pas pour décrire tout ce qu'il pouvait se passer dans son petit crane défectueux. Et malgré un soupire de plus, malgré quelques injures il s'était levé et avait ouvert. Ce geste avait été aussitôt regretté. Une douleur dans la poitrine, une décharge électrique dans la moelle épinière. Il n'y avait pas que ça qu'il regrettait. Croiser son regard avait causé une douleur profonde et ses paroles si minables lui avaient fait monter ce sentiment de culpabilité atroce. Par chance elle lui répondait, droite puissante et crochet, elle prenait l'avantage le mettait K.O quelques instants. Elle avait bien appris, fier de son élève et de sa répartie. Il soupirait, encore. Sale manie, tic vicieux. Il l'observait depuis l'entrée, quelques instants alors qu'elle l'ignorait. Le froid se faisait sentir, les frissons auraient pu lui prendre. Il se laissait surprendre cependant par la tournure des choses, par ce qu'elle faisait, s'installant sur la table, lui faisant face. Le loup hésitait un instant, mais s'approchait cependant. Il n'avait plus rien à perdre au fond. Il aurait voulu lui hurler de partir, d'arrêter tout ça de ne pas s'entêter à chercher des réponses, mais sa seule réponse fut un hochement de tête et un geste de la main comme pour lui dire de continuer. Son être se battait contre lui-même. Coeur contre esprit. L'un voulait tenter de réparer, car désenchanté, l'autre voulait ne plus ressentir toutes ces hormones causant tant de troubles. « Tu crois honnêtement que ça me plaît ? Que mes tendances autodestructrices me forcent à être ainsi ? Tu ne comprends pas. Et ce n'est même pas ta faute. » Clairement pas sa faute. Sa voix était plus calme, moins froide, mais pas trop. S'exprimer. Il en avait l'occasion. Mais l'homme a toujours été maladroit et ceux depuis toujours. Difficile pour ces êtres de s'exprimer clairement, de ne pas tout foirer en mélangeant mots et phrases pour ne pas être compris. Et déjà il sentait comme une difficulté à venir. Déjà il se devait de trouver un certain courage, d'être un homme. Doux paradoxe. Ca le rendait fou, mais il tentait de le cacher au mieux.
Comme une aide il récupérait son verre, resservait une bonne dose de whisky. Mal poli de boire devant l'invitée. Prêt à la servir, mais le moment n'était pas propice en civilité absurde. Une traite, une inspiration c'est le temps qu'il lui fallut pour en vider les deux tiers et plus encore. Se perdant un instant dans la chaleur du liquide. Dans sa couleur il réfléchissait, se battait. Le pire combat de son existence. Combat atroce. Tentant une approche il faisait à nouveau quelques pas. Proche sans l'être. « Je ne veux pas te forcer, te manipuler je ne me le pardonnerai pas. Etre avec toi me fait revivre, me fait oublier tant de choses qui me pourrissent l'existence et malgré les apparences j'assume. C'est juste que le sens de ce mot est abstrait. » Chercher ses mots, les trouver et essayer d'en faire un usage à peu près correct. Il se noyait, buvait la tasse, car il avait l'impression de dire conneries sur conneries. Si seulement il trouvait la solution à ce problème. Cette foutue énigme qui se ferait faire tirer une balle à n'importe quelle personne. « Ca ne m'amuse pas de te faire du mal. Tout ceci n'est pas un jeu et te bousiller n'est pas quelque chose que je veux. Je n'ai pas peur d'être vu avec toi, j'ai peur d'être poussé loin de toi ! On te fait peut-être croire que tu as quinze ans, mais tu es dix ans en avance sur les autres. Que ferais-tu toi si la moralité des autres te poussait à douter de ce que tu fais ? Et si je te manipulais pour combler un vide ? Que je te détournais vulgairement des choix que tu as, de ton libre arbitre. » Clive semblait réussir à s'étonner de cracher une part du morceau. C'était compliqué, lui-même étant confus il n'était pas sûr que les mots qui s'alignaient à la sortie de sa bouche aient un quelconque sens, même pour une personne largement plus intelligente que lui. S'asseyant et vidant le reste de son verre, il ne croisait pas son regard. « Ca me pourris la vie et je pourri la tienne. Tu crois que ça me plait de te faire subir mes conneries ?! » Son caractère l'aurait poussé à jeter le verre contre un mur, par rage, par agacement, mais pour changer il gardait son sang-froid, à peu près, sa main serrait déraisonnablement le verre. Son coeur débattait, semblait être proche de s'arracher de ses chaînes et de s'enfuir, sa tête commençait à le lancer. Se calmant pour apaiser possible douleur, il fermait les yeux une seconde, ou deux. Fixant la table ensuite puis comme en quête d'une présence quelconque cherchait son regard et s'y plongeait. Comme le plus efficace des médicaments, les prunelles de la belle, de sa belle suffisait à apaiser cette bête qui le rongeait intérieurement.
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Sujet: Re: Like a stone ♠ Kay' Mer 27 Juin - 23:24
William Ernest Henley disait dans son poème Invictus« Aussi étroit soit le chemin, bien qu'on m'accuse et qu'on me blâme, je suis le maître de mon destin, le capitaine de mon âme. » Et Kacey comptait bien mettre en pratique ces rimes immensément riches. Maître de son destin, capitaine de son âme… elle avait déjà commencé à en faire les frais. L’auteur avait oublié ô combien il est difficile de prendre sa vie en main. Elle avait pourtant essayé et jusque-là ça lui réussissait plutôt bien, si ce n’est un point noir en particulier : son couple. Des hauts des bas, ça lui paraissait naturel, mais autant de bas ne lui convient pas. Elle aurait aimé pouvoir s’afficher avec lui dans la rue comme bon lui semble sans que ses regards accusateurs ne se posent sur lui et plus particulièrement sur lui. Elle l’observait, elle le savait, quelque part en lui il se refusait à être avec une gamine de son âge, il ne supporte pas les possibles regards sur lui. Et bien qu’elle le comprenne, elle ne cautionne pas son comportement pour autant. Oui, bien évidemment, elle ne veut pas le forcer à se montrer avec elle, mais qu’il la repousse même en privé est une chose qu’elle ne comprend pas. Pourquoi s’ils sont protégés des regards indiscrets ? Sa conscience, sa morale ? Si c’est ça, ça ne l’a pas tellement gêné le soir où il l’a embrassé dans les vestiaires de la salle de boxe. Mais peut-être était-ce de la faute de Kacey ? Bien que son jeune âge soit flagrant il avait trouvé quelqu’un à sa taille dans le domaine de la répartie, quelqu’un qui savait et qui n’avait pas peur de lui tenir tête malgré tout. Il pouvait bien hurler, lui crier dessus parfois, elle ne lâchait pas le morceau, jamais, bien trop têtue pour ça.
Et aujourd’hui, le morceau elle ne le lâcherait pas. Il avait beau dire que ce n’était pas sa faute mais dans l’histoire c’est son âge qui pose problème, c’est cette jeunesse qui ne grandit pas assez vite, physiquement parlant en tout cas. Comme la plupart des gamines de son âge elle devrait trainer avec quelques copines à faire deux ou trois magasins dans les rues parisiennes. Mais non, elle était là, avec Clive, à parler d’eux. Cet eux qui pose tant de soucis dans leurs vies respectives. Soupirant doucement en le voyant boire un autre verre, elle ne bougeait pas pour autant, elle se contentait de l’écouter. De l’écouter et de le voir s’autodétruire. Et face à cela elle se sentait totalement impuissante, car il pouvait parler autant qu’il veut, lui dire que ce n’est pas sa faute autant de fois qu’il le souhaite, elle le sait, elle est la raison de la présence de ce breuvage alcoolisé. Et ce soulagement par l’alcool, aussi confortable soit-il, allait avoir sa peau un jour ou l’autre, et c’est une chose que Kacey refusait. Elle le refusait d’ailleurs assez pour s’emparer de son verre avant qu’il n’éclate à l’intérieur de sa main. « Arrête, tu vas te faire mal imbécile. » Posant le verre près d’elle, hors de portée de Clive, elle s’autorisait à se lever quand elle comprit qu’il n’avait plus rien à dire, pas pour le moment en tout cas. Posant ses fesses sur lui, elle soupirait doucement, lacée d’avoir toujours cette conversation qu’elle trouve importante certes, mais aussi inutile, l’ayant eu des milliards de fois : « On en a déjà parlé à plusieurs reprises, tu ne me manipules pas, tu ne me contrôles pas et tu me forces à rien. Tu le sais aussi bien que moi que je suis assez grande pour prendre mes décisions sans être influencée par qui que ce soit. Si tu me manipulais je ne te dirais pas merde ou non quand j’ai envie. Sauf que c’est le cas, et je te le dis souvent merde en plus. » Un rire fin mais sincère. Elle voulait détendre la situation, la rendre plus zen, moins froide et surtout moins cassante et moins lourde.
Mais là il fallait avouer qu’il venait de lui poser une colle assez conséquente. Qu’est-ce qu’elle ferait à sa place ? L’adolescente rebelle aurait tendance à dire qu’elle s’en foutrait quitte à être puni pénalement parlant. Mais l’adulte qui repose en elle était à l’antipode de ça et aurait tendance à dire qu’elle douterait également de la légalité de ses actes, du jugement d’autrui et de la moralité dans sa vie. « Je crois que même si ma raison réagirait comme toi, j’écouterais ce qu’il y a là. » Le cœur, oui, elle venait de poser sa main sur son torse, désignant l’endroit où son organe de vie battait. « C’est probablement gamin mais au fond, les gens, on s’en fou. C’est juste des fouteurs de merde et si je dois faire des tests psychologiques, juridiques ou je ne sais quoi d’autre pour prouver scientifiquement que tu ne me manipules pas je le ferais volontiers. Parce qu’il y a que ce qu’on ressent qui compte, le reste on s’en fou, ça concerne pas les autres, c’est notre vie, pas la leur. Et même si je comprends que les regards sur toi ne sont pas agréables si on sort comme n’importe quel couple faut que tu comprennes qu’on est pas les premiers et certainement pas les derniers non plus. » Un fin sourire qui se voulait rassurant avait pris possession de ses lèvres naturellement rosées. Et même si ça ressemblait à des paroles de morale, elle pensait le moindre mot qu’elle venait de dire. Quinze ans… au fond ce n’est qu’un chiffre qui s’oubliera avec le temps. Beaucoup de vieux couple peuvent avoir 10 ans de différence, voire 15 ans et parfois même 20 ans. Et personne n’y a jamais trouvé à redire. Et si elle devait se battre bec et ongles pour prouver ses sentiments sincères, elle le ferait aussi sans aucune hésitation.
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Sujet: Re: Like a stone ♠ Kay' Ven 6 Juil - 1:00
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Kacey & Clive
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Se comprendre, communiquer, discuter. Autant de mots, de formes d'actions possibles. Parfois Clive avait comme d'étranges pensées. Comme ci son côté le plus paranoïaque le poussait vers un précipice de folie intense. L'incompris. Le solitaire. Chaque mot dans sa bouche semblait peser une tonne, chaque geste de sa part semblait activer un tsunami sans précédent sur son petit monde. Il ne savait plus comment réagir ni agir au fond. Paumé, il était comme un gosse dans les bois courant à s'en briser les jambes pour se cacher d'un putain de loup qui voulait sa peau. Parano, cet adjectif se répétait. Idiot tout autant. Le boxeur était faible, acculé dans les cordes il subissait coup après coup, le gong il le voulait, mais il ne venait pas. Le K.O si proche. Ses souvenirs pouvant parfaitement illustrer sa façon d'être actuelle, son vécu présent. Ce sentiment d'un recommencement, d'un cercle vicieux qui l'enfonçait toujours plus ne lui plaisait pas et pourtant il trouvait le moyen de cracher le venin qui l'empoisonnait, de dire les choses, d'ouvrir ses pensées pour ses beaux yeux, lui qui ne disait pourtant jamais rien ou trop peu. Il avait le courage de foutre son orgueil dans un coin pour tenter de se faire comprendre, pour s'expliquer. La pire chose qu'il estimait être dans cette histoire étant sa culpabilité. Coupable de la mettre dans cette relation, comme coupable de lui faire vivre un enfer constant, lui faire supporter sa personnalité torturée. Elle n'avait que quinze ans bordel et il lui faisait encaisser des coups qui la blesseraient bien trop profondément. Cet oiseau fragile. Majestueux, aux airs forts, mais si frêle qu'il finirait par la briser. Mais peu importe ce qu'il pouvait se dire, toutes les pensées se stoppaient face à une autre. Ne pas la perdre. Egoïsme intense de cet homme ayant trouvé quelque chose dont il dépendait malgré lui. La garder près de lui, l'avoir rien que pour lui. Se doper et planer, se renforcer, découvrir. Aimer finalement. Tout se résumait à ce sentiment et comme un coup de poignard dans l'estomac. Comme une décharge électrique il réalisait dès lors, surement pour la première fois à quel point il pouvait ressentir des choses à son égard. Oh Kacey pensait-il. Elle serait sa mort. Cette gamine l'aurait. Cette gosse l'avait déjà.
Dans son monde il ne semblait plus remarquer les gestes de sa belle. Il ne réalisait pas, entendait simplement sa voix comme un écho lointain et une poigne se desserrant. La sienne. Douleur intense, elle préservait son intégrité physique, du moins ce qu'elle pouvait. Les nerfs de sa main brûlant et actifs le ramenaient à sa place, le réveillaient. Son regard se figeant dans celui de Kay une fois de plus. Pas de SOS, aucune fusée de détresse dans les yeux du blond, simplement un regard plus ou moins vide, plus ou moins spectateur d'un combat en son être. Sa présence au fond lui plaisait, même si ce n'était que pour s'expliquer ou en finir. L'issue lui serait fatale, quelle que soit la manière dont ça se passerait, il connaissait certaines réponses. Elle, à présent assit sur lui. Contre lui il pouvait sentir sa chaleur, son doux parfum, quelques envies que son coeur lui commandait, que son esprit refusait, les jugeant déplacées à l'heure des explications. Sa main pourtant blasée de ce combat se déposait sur la joue de cette nymphe, douce et légère caresse, presque furtive, n'osant que peu après ce qu'il avait pu dire. Tout ce qu'il souhaitait au fond c'était sortir de ce cercle, trouver une route qui lui indiquerait une autre direction au lieu de toujours revenir au même point. « Ton âge ne te rend pas justice. Tu es si jeune et tellement plus sage que le vieux combattant que je prétends être. Me dire merde est certainement la chose la plus intelligente qui te passe par la tête. Tu as tout compris. Comme toujours tu comprends tout. » - C'est sans doute pour ça que je me bats contre la morale pour toi - Il aurait pu ajouter une telle chose, il le pensait, mais ne l'a pas dit. Temporiser était surement la chose à faire, s'il ne voulait pas tout foutre en l'air, s'il ne voulait pas la blesser davantage, car sa capacité de bourreau sanglant n'était plus un secret pour lui et préserver le coeur déjà fragile de cette jolie brune était comme une priorité. Si tel n'était pas le cas alors sans doute qu'il s'en fouterait des conséquences possibles en lui offrant tout ce qu'elle souhaitait. Au fond rêveuse elle ne voulait que vivre une relation normale. Au lieu de ça il la tenait comme prisonnière dans un pseudo cocon pour les protéger.
Si stupide. Il se sentait si stupide. Son front contre celui de Kacey, les yeux dans les yeux. Il était à lui seul un paradoxe, coupable et paisible à la fois. Arrivant à se détendre grâce à elle, du moins légèrement. « Je ne suis pas doué pour tout ça. Je ne sais pas être tendre, je ne sais pas être un parfait compagnon. Je veux te donner ce que tu veux. Pour la première fois de ma vie je pourrais me complaire dans l'illusion d'un romantisme, te promettre la lune voire l'univers tant qu'à faire. Te perdre pour toujours serait ma plus grande erreur. La pire connerie que je pourrai faire. Je ne regrette rien. Je ne regrette pas de t'avoir embrassé ce soir-là. Je le voulais, j'ai pensé à moi, mais j'ai écouté mon coeur. J'ai fait à ce moment-là ce que tu veux que je fasse en ce moment. J'ai fait taire mon esprit et ma morale pour que mon coeur puisse se réchauffer enfin. » Elle avait tellement raison, elle savait tellement choisir ses mots face à lui, faire comprendre son point de vue et s'exprimer pour lui communiquer ce que cette pompe à sang, ce que ce muscle pouvait souhaiter. Plus que mature, plus qu'intelligente. Elle était une exception, une colombe chez les rapaces en somme. En pleine réflexion, le moment était décisif. Un choix. Il devait en faire un, comprendre le fond de ses pensées, laisser parler l'organe qui palpitait si fort qu'il lui écrasait la poitrine. Battement accentué par le simple fait de sentir sa jeune main tout contre lui. La perdre, cette option était impossible. En finir, il n'en était clairement pas question. Changer. Il ne pouvait pas continuer ainsi, être ce monstre de froideur, ce connard gâchant tout. Essayer de changer. Non le faire tout simplement. Chemin difficile, pente sinueuse, mais elle le valait bien. Ses bras l'entouraient à présent, comme pour lui montrer l'envie qu'elle reste avec lui, sur lui. Si proche. Ses lèvres pas oppressantes s'aventuraient vers celle de cette sirène, symbiose complète, réchauffé. Une éternité qu'il n'avait pas fait tel geste vers elle. Et aussitôt le bienêtre de cet acte lui prouvait tout ce qu'il devait savoir. A contre coeur il se détachait cependant. « Il va me falloir du temps. Je ne peux pas dès demain te prendre la main et t'offrir une journée rien qu'à nous. Je vais avoir besoin de temps, mais changer est le seul moyen pour te garder. Pour toi. » Clive étonnamment tendu, un brin anxieux, s'ouvrant légèrement, mais déjà trop à son gout. Son regard la fixait, prenait la fuite, revenait se clouer dans les prunelles intenses de la belle. Comme un besoin de briser le silence, il lui tardait d'entendre à nouveau sa douce voix lui parler et apaiser les possibles plaies qui s'ouvraient en son être.