Une belle connerie, encore. Une de plus. Le jour se lève sur Paris et tu dors encore, profondément. Perdue dans tes songes, tu ne sais pas encore combien ce que tu as fait est stupide, illogique. Et tu t’éveillera dans tes draps comme chaque matin en croyant que tu es seule. Mais non, tu ne l’es plus. Tu as été faible et tu lui as dis oui. Sans penser aux conséquences. Encore. Paris s’éveille doucement. Le soleil n’est pas au rendez-vous mais ce n’est pas ce qui va empêcher les gens de sortir. Ils ont l’habitude. Et c’est tant mieux pour toi, tu pourras profiter de quelques instants supplémentaires au fond de ton lit.

Je me réveille facilement pour la première fois depuis des semaines. Le silence règne dans l’appartement mais il n’a rien de glauque ou de bizarre. J’ai le sentiment d’être apaisé mais quelque chose remue à mes côtés. Et me fait revenir à la réalité. Je ne suis pas seule. C’est rare. Inhabituel. Mais ça ne me surprends pas. Les événements de la veille me reviennent en mémoire et tout d’un coup, je me sens moins bien que ce que je l’aurai cru. J’émerge lentement comme pour reculer cette fatalité. Seulement, il faut que j’en sois sûre. Je me relève doucement de façon à être assise dans mon lit et me tourne vers le poids qui dort encore à mes côtés.

Cesar.. Je l’ai vraiment fais alors. J’ai dis oui. Et je suis nue, à ses côtés. Je ramène le drap sur moi, en continuant de l'observer. Il dort encore. C’est tant mieux, ça me laisse plus de temps pour réfléchir à tout ce que je viens de faire. Dire que son retour dans ma vie, dans mon lit me surprends serait un euphémisme. C’est plus que ça. Je ne comprends pas. Sept longues années sans nouvelles et le voilà à nouveau à mes côtés. Croyant que le nous que nous formions autrefois existe encore. Enfin, grâce à cette nuit, ce nous est de nouveau d’actualité. Qu’aurai-je du faire ? Le laisser, seul. Sans souvenirs qu’autre que le mien ? Ça aurait été cruel de ma part. Moi qui sais combien la solitude peut être un fardeau.

Il remue une nouvelle fois à mes côtés et je continue de le fixer. Je crois qu’il va se réveiller. Et je commence à paniquer. J’ai perdu l’habitude de me réveiller avec un homme à mes côtés et j’ai presque oublié comment réagir. Surtout en ces circonstances. Mon regard ne le lâche pas tandis que je mordille légèrement ma lèvre inférieure. Attendant qu’il se réveille de lui-même. Au bout de quelques minutes son regard croise le mien. Je souris, légèrement. « - Bonjour.. » Si il me réponds, je n’aurai donc pas halluciné. Je serai bel et bien dans la merde.

Il se réveille et cela ne fait que confirmer la réalité dans laquelle nous sommes tout les deux plongés. Cesar et moi, dans ce lit. Mon lit. Non, tout ceci n'est pas les conséquences d'une trop grande quantité de cocaïne que j'aurai pu sniffer. Non, il n'était pas le fruit d'une hallucination. Et ça me fait paniquer. Comme jamais. Son regard me fixe, je le sens. Je suis paralysée. Que dois-je faire ? Continuer sur cette lancée ou bien revenir en arrière, là tout de suite ? Je relève les yeux et croise son regard. Sa manière de me regarder me trouble, elle n'est plus la même. Son regard se fait plus tendre. Et je n'y suis pas habituée. D'aussi loin que je me souvienne.. Cesar m'avait toujours considéré comme son trophée, sa propriété, sa chose. Comme une magnifique fille de plus à son bras. J'avais détesté ça. Cette manière d'être considérée. De me donner l'impression de n'être qu'un objet. Mais là, c'est différent et je ne sais pas vraiment comme l'interpréter. Si j'étais perdue ? Je pense que le terme n'est pas aussi fort pour démontrer à quel point je ne savais plus où j'en étais. Son retour dans ma vie avait tout chamboulé.

Soudain, je me sens attirée. Arrachée à mes pensées. Et puis finalement pressée contre un corps. Son corps. Je me laisse faire. Alors que je sens ses lèvres venir se poser contre les miennes, comme pour m'embrasser. Je réponds au baiser, aussi naturellement que possible. Ce n'est pas le moment pour montrer à quel point je suis troublée. « - Bonjour toi, bien dormi ? » Je quitte doucement ses lèvres et vient coller mon front contre le sien. Et sur mes lèvres s'esquisse un léger sourire. « - Merveilleusement bien. Ça faisait longtemps.. » Je m'interromps et me rends compte de la véracité de mes propos. J'avais dormi comme un nourrisson. Et cela ne m'était pas arrivé depuis des siècles. Moi qui était habituée à un sommeil plus que agité. « - Et toi ? » Je glisse mon regard sur le sien et le fixe durant des secondes qui me semble une éternité. Je ne savais pas quoi dire, ni quoi faire. Et j'avais peur de comettre une quelconque gaffe. Décidément dormir seule depuis des mois ne m'a pas fais que du bien. Et sans vraiment m'en rendre compte, je lui murmure : « - Alors je n'hallucine pas.. Tu es bien là Cesar.. »