Quand j’étais petite ma mère disait que j’étais spéciale et que je ferais de grandes choses. Elle me le disait toujours et je la croyais. Parfois on partait juste elle, moi et mon petit frère parcourir la ville à la recherche de choses nouvelles. Je m’en souviens comme si c’était hier. Mais en réalité, c’était il y a bien longtemps. Un jour je suis rentrée chez moi, elle n’était plus là. Elle était partie où je ne pouvais la suivre. Où personne ne l’aurait pu. La vie c’est comme ça. Un moment vous êtes heureux, vous croyez être sur le chemin pour rentrer à la maison, mais on vous persécute et c’est fini. J’avais très peur avant vous savez… je me disais que la vie était dangereuse peu importe ce qu’on faisait. Puis j’ai vu l’autre côté de la médaille. La vie est fragile. Je ne veux plus la gaspiller à avoir peur. Depuis que ma mère est morte, mon père a refait sa vie, il est devenu quelqu’un d’autre. Il a été présent dans ma vie depuis, mais pas pour les bonnes raisons. Il a voulu que je devienne ce que je n’étais pas. Il a toujours eu un peu honte de moi, parce que je n’arrivais pas à suivre le chemin qu’il m’avait fixé. C’était dur, j’ai longtemps voulu ne pas le décevoir. Mais je n’étais pas moi-même, ça ne pouvait pas fonctionner. Je me suis donc mise à vouloir à tout prit être différente de tout le monde. Je portais des trucs étranges que je fabriquais moi-même, j’écoutais plus en classe, je préférais dessiner un autre monde, mes notes n’étaient pas suffisantes la plupart du temps. Les gens disaient que c’était parce que j’avais perdu ma mère et que je me rebellais. Il y avait un peu de vérité dans ces propos, mais je voulais surtout trouver cette fille que ma mère avait vu en moi… Il y a deux semaines je me suis rendu à la maison familiale (où ce qui en reste). J’étais assise devant mon père, mon frère et ma belle-mère Margaret (à mon grand désarrois) et n’ayant pas planifié du tout cette situation j’ai dû leur annoncer, en cachant mon stress intense, que j’étais gay et que je voulais devenir une artiste. Je sais… c’était peut-être trop d’un seul coup… et c’était vraiment le cas à vrai dire. Il était furieux. Dans le genre TRÈS furieux… Et ça a réveillé quelque chose en moi. Au lieu de m’apitoyer sur mon sort et de lui demander pardon d’être qui je suis, j’ai pris la décision la plus impulsive de toute ma vie : PARTIR. Alors me voilà à Paris.. Pourquoi Paris? Mon amie d’enfance à déménager ici il y a quelque année, elle sait qui je suis, ça ne l’embête pas. De plus je me débrouille très bien en français, je viens chaque été d’habitude et mon père m’a ‘‘un peu’’ obligé à apprendre cette langue (parmi tant d’autre que je n’ai pas appris). Je me suis dit que pour une artiste, Paris c’était très bien non? Enfin bref, tout cela pour dire qu’un jour je trouverai ce que je ferai de ma vie et j’espère le découvrir ici.
P.S: Je ne suis pas la plus forte. J'ai juste fait ce qu'il fallait.