La musique envahit mon appartement. Je suis seul encore une fois. Vide, je me sens vide et crevé. Comme si on m'avait retiré le peu de joie de vivre qu'il pouvait me resté. Au fond, je m'en foutais. J'avais tout perdu. J'avais perdu la bataille de celle que je croyais aimée en la laissant seule comme pour toutes les autres. Elle n'était pas comme toutes ses filles de passage pourtant, elle était plus que ça et je n'avais jamais fais attention à ça. Je n'avais jamais fais attention au fait que quelque part, il se pouvait que je sois accroché à elle. Je lui avais fais comme aux autres, je l'avais laissé avec un gout amer de solitude dans la bouche le matin. On peut me catégoriser comme un connard oui, c'est ce que je suis de toute façon. Je le cris et l'assume, je suis un putain de connard. Un briseur de coeur, un coureur de jupon, tout ce que vous voulez. On va dire que je suis surement pas le seul sur Terre. C'est censé me remonter le moral, c'est pas vraiment le cas. A vrai dire, je réfléchis peut-être trop aux conséquences de mes actes. Je me suis attaqué à une fille que j'apprécie, c'est la première fois. C'est comme quand on fait du vélo sans les petites roues pour la première fois et qu'un caillou vient se coincé dans la roue, que le vélo dérape et que l'on tombe. J'ai dérapé et je suis tombé de haut cette fois si. Tomber de mon trône de salop sans coeur et sans reproches pour finalement se rendre compte que c'est tout le contraire. J'ai peut-être un coeur au fond. Et elle me l'a pris. Elle l'a entre ses mains.

Les soirées en solitaire sont souvent très calme. Couché devant la télé avec un saladier de pop corn à côté pour le côté gros. Je me retrouve à regarder un vieux polard français bien nul. Y a rien de mieux, surtout à une heure aussi tardive de la journée. Je me contente donc de ça et je zappe de temps en temps, dans l'espoir de trouver quelque chose d'un peu plus encourageant. Je finis par somnoler sans avoir le courage de me lever pour aller me mettre au lit. Je sais que demain je bosse, tôt en plus, et que j'aime pas être en retard, mais savoir que je dois ouvrir les yeux et marcher jusqu'à ma chambre me décourage vraiment trop rapidement. Je finis par me blottir dans les bras de Morphée sans rien capter du reste. Ce qui finit par me réveiller quelques minutes plus tard? Un con qui s'amuse à défoncer ma porte à coup de poings et de pieds. Je me lève, énervé et surtout, la tête dans le cul. J'ouvre violemment la porte. « Putain mais vous savez que la nuit c'est fait pour dormir? C'est pas possible ça. Qu'est ce que vous voulez?! » Je suis énervé, c'est plus fort que moi. Je déteste qu'on me réveille en plein rêve. Je me frotte rapidement les yeux; histoire d'y voir un peu plus clair. Joshua? Bordel qu'est ce que fou mon collège de travail à cette heure là devant ma porte? Il fait sacrément chier celui là. « Josh, qu'est ce que tu fous ici? Tu devrais dormir, ou j'sais pas. Tu devrais pas être ici. Putain mec, t'es blanc comme un cachet d'aspirine, t'es sur que ça va? » Il est blanc et il a vraiment pas l'air bien. Je me pousse de la porte en passant une main dans mes cheveux. « Vas y rentre, t'as l'air mort de froid. » J'attend qu'il rentre, laissant la fraîcheur de la nuit envahir l'appart, me faisant frissonner au passage. Dommage, j'peux pas finir mon début de nuit.

Ce mec est un putain de déchet ambulant. Il pue l'alcool à plein nez, il a des relents d'herbe. Ce mec est un déchet ouais. Qu'est ce qu'il fou chez moi? Il peut pas aller gindre ailleurs? Il est bourré et pourtant, je sais très bien que je peux pas le laisser dans cet état là. Je suis sur d'avoir au moins un jour était dans un état pire que le sien. Remarque, j'me souviens pas de la plupart de mes soirées. Le matin, se réveillé dans un lit inconnu à côté d'une belle brune ou blonde qui nous a fait rêvé le temps d'une soirée et qui nous parait tellement fade et laide alors qu'on décuve progressivement. Ce con ne me répond même pas. A quoi bon, vu sa gueule, il a juste envie de vomir ses tripes et de repartir. C'est dingue ce que s'est valorisant d'être l'hote de la maison où il dégueule. Il dormira sur le canapé si ça lui chante tant qu'on y est, mais moi, je le ramène pas chez lui. Plutôt crever. Alors que je me fou sur le côté, il fonce dans l'appart et n'atteins même pas les chiottes pour se vider. Ou alors, il voulait pas les atteindre. Cool, mon parquet avait besoin de changer de couleur. Je détourne le regard alors que je ferme la porte d'entrée. Génial. Je dois m'occuper de mon collègue de boulot complètement torché qui vient de dégueuler dans mon salon. Heureusement qu'Erwen est pas là ce soir. « Désolé. » Il peut. Je m'approche de lui et lui prend sa clope des mains avant de l'écrasée par terre. Rien à battre du parquet. Je le regarde un instant. Il me fait pitié. J'attrape sa veste et la lui fou sur le dos. « Tu gardes ça. C'est à toi. » J'ai pas franchement envie de m'énerver contre lui. Ca sert à rien, il s'en branle. « Ecoutes, tu nettoies ça, tu fais pas chier. Tu rentres pas chez toi dans cet état là. A tous les coups, un pervers vicieux va te chopper dans un coin et te refiler le sida. » Je lui balance la serpillière. Il a intérêt à le faire. « Et la prochaine fois, t'évites de te planter devant chez moi, de limite défoncer la porte juste pour dégueuler. Tu le feras devant la porte. » Ouais, je suis pas cool. Rien à foutre.

Il me fait chier. Il est là, en gros déchet ambulant dans mon salon, trempant limite dans son vomi. Il est vraiment tomber bien bas ce mec. Même moi j'ai jamais réussi à être dans un état pareil. Il va pas vouloir se bouger le cul ce con. Il va rester planter là, en espérant que je sois charitable et que je lui offre l'hospitalité. Bon, c'est vrai, c'est le cas, m'enfin. Il peut nettoyer. Je meurs d'envie de le pousser pour voir sa réaction si il se retrouve au milieu de tout ce qui se trouvait dans ses tripes avant qu'il ne se vide au milieu du salon. Je ne le fais pas, croisant simplement mes bras contre mon torse. Il me fait pitié. « Saoule moi pas. » Je roule les yeux. Ce mec est incroyable. Il ose me dire de ne pas le saouler alors que ce con vient de gerber dans mon salon. Je le chope par la manche et le regarde dans les yeux. « Tu vas pas me faire chier longtemps espèce de con. Alors maintenant, tu nettoies. Que tu tiennes debout ou pas, j'en ai franchement rien à foutre. » Je le relâchais violemment. Il s'en foutait franchement. Qu'il rigole, ça ne durera pas. Il doit me prendre pour un cul serré. Pour un de ses mecs qui ne savent pas profiter des plaisirs de la vie. Il ne me connait pas bien. C'est dommage, j'aurais presque sortit l'herbe de sous mon lit et je lui aurais proposé un joint. Ne l'enfonçons pas plus. L'état dans lequel il est suffi. « Vas crever. Genre je vais me faire violer, c’est pas prêt d’arriver ça. Prends pas ton cas pour une généralité. Puis lâche moi un peu merde. Je vois pas pourquoi tu m’engueules sérieux.» Il se lève et titube vers la cuisine. Il connait bien mon appart à force. Je ris à l'entendre parler. Ce mec est drole, vraiment. « Tu vois pas pourquoi je t'engueule? Tu dégueules dans mon salon, tout naturellement et tu crois que je vais t'accueillir avec des fleurs? Putain mec, redescend de ton nuage là. Et ouais, c'est sur que je me fais violer à tous les coins de rue. Vas y, tu vas dégagé, tu me casses les couilles ce soir. » Je soupire en le regardant. J'attrapais mon paquet de clope et en allumer une. Je tirais dessus et souffler doucement la fumée. « Je sais, je suis un rabat joie et je te fais chier. Mais il en faut toujours un. D'habitude, c'est plutôt les autres qui s'acharnent à m'engueuler quand je suis bourré, ça fait plaisir de voir que y a pire déchet humain que moi. » Je le regarde. Il doit s'en foutre. Ou alors, il comprend rien, au choix.