Je m'étais rendu rue Montmartre car on m'avait proposé de jouer dans l'un de ses nombreux bars. J'aimais bien me rendre sur place, pour voir quelle était l'ambiance du lieu. J'avais donc négocié l'heure et le jour du concert avec le tenant du bar autour d'une bonne bière, j'avais été séduit par son bar à l'ambiance cosie et intime qui allait bien avec mon style de chansons. Une heure plus tard, je sortais du bar, les affaires ayant été règlées. Il faisait déjà nuit , il devait être environ vingt heures. Je me suis alors dit, pourquoi pas aller dans un bar auquel j'étais habitué. J'allais souvent à Montmartre, et c'était tout le temps ce bar-là que je fréquentais. Je remontais la fermeture de ma veste et me dirigeais vers le bar en question.

Je poussais les portes du lieu, sourire au lèvres. Je saluais quelques connaissances, puis allais m'installer au bar. Je commandais une bière, j'avais envie de marcher droit ce soir. Oui je tenais assez bien l'alcool, du au fait que j'avais été depressif pendant un petit moment. Je racontais ma vie au barman, Sam, un ami avec qui j'aimais bien discuter. Ne pensez pas que je suis alcoolique, on se voyait en dehors de ce bar car il était aussi musicien. Eh, pourquoi je me justifie moi ? Enfin bref, je jetais un coup d'oeil à la grosse horloge. 20h35. Le temps passe vite. Peut-être trop. Le bruit de la cloche qui retenti lorsqu'on ouvre la porte attira mon attention. Je faillis passer dessus mais quelque chose me força à m'assurer que j'avais bien vu. Mon coeur ratta un battement lorsque je la reconnus. Calie. Cette fille pour qui j'avais eu le béguin. Et qui m'en avait franchement fait baver. J'étais sur que les femmes se rendaient compte de ce puissant pouvoir qu'elles avaient, celui de faire tourner les hommes en bouriques. Puis je fronçais les sourcils. Il manquait plus que ça. J'hésitais franchement entre me lever et me mettre à gueuler, ou faire semblant de ne pas l'avoir vue pour voir si j'étais vraiment rien pour elle. Finalement j'optais pour la deuxième solution.

- Une vodka steuplait, lachais-je avec un air renfrogné.

Sam me regarda bizarrement puis s'éxecuta. Il savait que quand je n'allais pas bien, je prennais toujours un alcool fort. Pour une fois, je regrettais qu'il me connaisse aussi bien. Je soupirais fortement, fixant le minuscule verre empli d'un liquide limpide. Fallait-il vraiment que je recoule ? Tout ça pour une fille. Y a des fois où j'ai moi-même du mal à me comprendre. Cette pensée m'arracha un sourire ironique. Puis je saisis le verre et l'avalais d'une traite. La sensation du liquide qui brula ma gorge en passant me remit les idées en place. C'était le passé. Je ne devais pas regarder derrière moi mais plutôt devant moi, l'avenir était bien plus intéressant.

Je résistais difficilement à l'envie de tourner la tête pour voir ce qu'elle fabriquait ici, et aussi m'assurer que je ne me trompais pas. Il y en a beaucoup, des belles blondes, à Paris... Sam me lança un regard interrogateur, et je lui jettais un regard assassin pour toute réponse. Je passais une main dans mes cheveux, que je frixionnais rageusement, ne sachant pas vraiment quoi faire...

La journée avait été merdique. Mais dans le genre bien merdique. Six heures de cours, un partiel raté, des escarpins détruits, une dispute avec Samantha et aucune réponse de la part de Pandore. Le genre de journée dont elle se serait bien passé. Le genre de journée qui l’avait clairement achevée. Mais elle n’avait pas envie de rentrer chez elle et de s’enfermer dans sa chambre pour encore réviser. Foutus partiels d’avant vacances. Foutues études, aussi. Elle détestait ce qu’elle faisait et le signifiait clairement à son père, qui lui avait forcé la main pour reprendre une vie normale. Elle le voyait déjà pousser une gueulante si jamais elle n’avait pas son trimestre. Chose qu’elle se devait de ne pas laisser arriver. Caliopee en avait assez. De son père qui la surveillait plus ou moins et qui tentait de remettre de l’ordre dans sa vie. Et de sa sœur, parce que c’était son idée. Mais merde, elle était majeure et elle faisait ce qu’elle voulait non ? Libre à elle de foutre sa vie en l’air si c’était ce qu’elle avait choisi. Marre de voir les gens essayaient de diriger sa vie, d’en faire ce qu’il voulait et non ce que elle, voulait. Avec leur connerie, ils avaient failli la marier. Mais heureusement pour elle, elle s’était réveillée au dernier moment et avait lâché le mec devant l’autel. Sursaut dans la réalité qui lui avait sans doute fait échapper au pire. Depuis, elle reprenait ses vieilles habitudes et terminait dans des états impossibles, au grand dam de son père et sa jumelle.

Perdue dans ses pensées, Calie avait marché dans Paris sans vraiment s’en rendre compte. Se laissant portée par ses pas, peu importe l’endroit où ils l’emmèneraient. Elle aimé ça, marcher sans vraiment aucun but. Juste pour se retrouver avec elle-même et faire un peu le point. Sa marche l’avait mené jusqu’au quartier de Montmartre, pas très loin de là où se trouvé son Ecole d’Architecture, à vrai dire. Elle défila dans la rue, sans trop savoir de quoi elle avait envie. Si, finalement, si. Elle avait envie d’un verre et même, en avait besoin après cette effroyable journée. Et puis qu’ils aillent tous au diable : son père, Pandore, Samantha. Tous autant qu’ils étaient. Les nerfs à fleur de peau, elle passa la porte d’un bar, où elle venait de temps en temps. Ce bar-là n’était pas vraiment le genre d’endroit où elle sortait habituellement et c’était justement pour ça, qu’elle y venait. Il lui permettait d’échapper un peu à son quotidien de luxe et de grand n’importe quoi, seule et autour d’un verre. Généralement de l’alcool.

Rosemary s’avança vers le bar, ne faisant pas vraiment attention à certains regards et certaines têtes qui se tournaient sur son passage. Sans vouloir se vanter, elle savait qu’elle faisait envie à pas mal d’hommes sur Paris et ça ne la gênait pas, au contraire. Elle s’installa sur un des tabourets, en bout. Et attendit, passant son regard sur la salle, quand elle le vit.. Eric. Ça faisait un bout de temps qu’elle ne l’avait pas croisé et le fait de le voir ici, la surprit. Combien de chance y avait-il pour qu’ils se croisent dans cet endroit ? Certainement très peu. Fallait croire que c’était le jour. Elle quitta son tabouret pour venir s’installer sur celui de libre, près de lui. Il avait été un de ces mecs avec qui elle avait trompé son ex, qui avait failli lui passer la bague au doigt. Une histoire d’une nuit, pour elle. Sûrement un peu plus pour lui, de la manière dont il agissait avec elle. « - Une vodka. » dit-elle au serveur qui s’approcha pour venir lui demander sa commanda. Inspirant légèrement, Calie se tourna vers lui et lâcha un : « - Je.. ça fait un bout de temps, toi. »

THANKS

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Je me revoyais, complétement abattu, jouant des musiques déprimantes, faisant aussi pleurer mon auditoire. Trainant de bar en bar, ne dormant plus, étant parfois tellement bourré que je m'endormais dans la rue. J'avais réussi à m'en sortir, je ne savais pas vraiment comment, mais en tout cas, il y avait au moins une chose qui était sure, c'est que la musique m'avait aidé. Sans la voir, j'ai su qu'elle s'était rapprochée. Elle était venue s'assoir à côté de moi, manquait plus que ça. J'étais persuadé qu'il y avait quelqu'un qui s'acharnait sur moi, là-haut, bien que je ne fus pas du genre à me plaindre. Elle commanda une vodka, mais je ne me résignai pas à tourner la tête, pas encore. Je n'étais pas vraiment prêt à la regarder en face sans avoir envie de me barrer en courant ou de lui fourguer mon poing en plein milieu de la figure.

- Je.. ça fait un bout de temps, toi.

Sans déconner ? Ce fut ce que je voulais lui répondre, mais j'étais assez rancunier, et quand j'étais de mauvaise humeur, je pouvais faire la tête assez longtemps... Je lâchais un soupire résigné, et au bout de quelques minutes assez longues où je gardai le silence, j'ai tourné la tête dans sa direction. Toujours aussi belle, elle n'avais pas changé. En même temps en quoi, un an ? On ne pouvait pas changer du tout au tout. Je passais une main dans mes cheveux, puis m'appuyais à nouveau sur le zinc du bar.

- Ouais.

J'avais rien trouvé de mieux à répondre, mais c'était déjà pas mal que je lui aie répondu. J'aurais très bien pu être lâche et payer la note avant de me casser. Cette fois-ci, je n'étais pas sur qu'elle aurait fait l'effort de me suivre. Faut dire que je n'avais plus du tout confiance en elle, mais ça n'avait pas l'air de l'affecter plus que ça.

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