“Me against the music !„

Nous étions samedi et comme tout infirmier qui se respecte, il m'arrivait de travailler le weekend. J'avais commencé ma journée à 8 heures ce matin pour la terminer à 15 heures. Désormais, j'étais libre comme l'air jusqu'à lundi matin et je comptais bien mettre ce temps libre à profit. J'avais déjà prévu ma soirée avec un ami. Nous devions nous rejoindre au Baron, club branché dans le 8ème arrondissement. Cela faisait quelques temps que je n'étais pas sorti pour m'amuser et simplement profiter des services que la capitale pouvait nous offrir de nuit.

Vêtu d'une chemise noire et d'un jean blanc, je pris le métro parisien pour rendre sur les champs. Pour être franc, j'avais hâte d'y être, de pouvoir danser sur la piste et passer un excellent moment entre amis. J'attendais donc à l'entrée du Baron, remarquant alors la présence d'Amadeus Durand à l'entrée. Je souris. Plus les minutes s'écoulaient et plus l'envie de ne pas attendre dehors dans la fraîcheur et la fumée me venait à l'esprit. Je pris donc l'initiative d'entrée dans la discothèque après avoir prévenu mon ami en question que je serais à l'intérieur. Faisant alors la queue pour entrer, je me positionnais devant le videur avec un malin plaisir. « Je comprends maintenant pourquoi Monsieur Durand est passé aux urgences. » Commentais-je avec ironie devant mon ancien patient. Notre rencontre s'était faite à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière où je travaillais. J'avais soigné l'homme en question avant qu'il me fasse du rentre dedans sans prendre de gant. Même si j'avais apprécié son geste pour ce qu'il signifiait, je n'avais pas été plus loin et le revoir ici m'amusait. « Vous allez bien depuis la dernière fois ? » Lui demandais-je par politesse. Je remarquais alors que même si j'avais une certaine carrure, à côté d'Amadeus, j'étais petit, minuscule, une véritable crevette. C'était impressionnant. Je lui souris en écoutant sa réponse. Et finalement, je pénétrais enfin dans le club après avoir donné une tape sur l'épaule du videur.

C'était assez étrange de le retrouver ici. Il m'avait fait de rentre dedans au sein même du service des Urgences alors que sa main était en sang. C'était comme si j'avais été plus important que les soins que je pouvais lui donner. Je repensais à cette rencontre inattendue mais tout aussi intéressante alors que je faisais mes premiers pas au Baron. J'avais légèrement hésité à la sortie de l'hôpital et, finalement, je ne l'avais pas rejoint comme il me l'avait proposé. C'était plus sage. De plus, la fatigue n'était pas bien loin dans le choix de ma décision. Après une nuit entière de garde, je n'avais qu'une envie : celle de me coucher dans mon lit et de dormir jusqu'au début d'après-midi.

Désolé Cassandre, je ne pourrais pas venir. Passe une bonne soirée quand même. Bisous

Ce sms, je l'avais reçu presque trois quart d'heure après mon entrée dans la discothèque. Je m'étais installé au bar, gin fizz en main, lorsque mon téléphone vibra. Je soupirais et répondis immédiatement à ce message. Après avoir renoncé aux quelques demoiselles qui étaient venues me trouver pour une danse sensuelle et sexuellement explicite, je terminais ma boisson favorite et rangeais mon téléphone portable pour me lever. Je n'avais plus rien à faire ici. Ma soirée venait de tomber à l'eau. Je repris donc le chemin de la sortie et croisais entre temps Amadeus aux vestiaires. Je lui souris en attendant ma veste. « Finalement, j'aurais mieux fait de rester chez moi. » Lui dis-je en le fixant dans les yeux. Il était plus grand que moi mais j'arrivais tout de même à percer son regard. Je plissais légèrement les yeux. « Vous avez déjà fini ? » Le vouvoiement était pour moi obligatoire. Bien que nous n'ayons pas forcément une très grande différence d'âge, le fait qu'il ait été mon patient pendant une demi-heure voire une heure au grand maximum m'obligeait à avoir ce ton avec lui. C'était pathétique en sachant que je ne le reverrais surement plus là-bas. Il y avait tout de même une infime chance que je le soigne à nouveau et surtout qu'il soit admis lorsque je serais de garde. Mais, je continuais de la vouvoyer car la relation soignant-soigné était importante même en dehors de l'hôpital.