Toutes les semaines des « Fends-toi. », « L'attaque part de droite, est paré, la riposte touche. Point. 5-3. Assaut terminé. Vainqueur : James. », « James, Tu prends tes parades beaucoup trop tard, c'est normal que tu te fasses toucher. » Toutes les semaines des après-midi à courir après un ballon pour améliorer sa technique et espérer le mettre au fond des cages de ses adversaires. On pourrait prendre le souhait de conjuger les cours, l'escrime et le football comme un pari osé mais finalement, pour James ce n'était qu'un mode de vie. Il avait cette chance de réussir à l'école sans beaucoup travailler et ces deux sports étaient des choses qui lui tenait tellement à coeur qu'il pouvait passer son temps à tirer ou faire des jongles, son sabre et ses chaussures à crampons toujours à portée de main. Inévitablement, les bons résultats et les victoires en compétitions suivaient. Avec un entrainement poussé, il aurait pu se spécialiser dans un des deux sports et devenir sabreur ou joueur de football professionnel. Il n'aurait peut-être pas eu la renomée internationale dont il rêvait mais il aurait pu au moins vivre d'une de ses passions. Il aurait pu. On le lui avait dit à maintes reprises et il s'apprêtait même à faire un choix mais la vie en a décidé autrement.

Un jeune homme était allongé dans un lit d'hopital. Il avait quinze ans, les yeux rivés sur son blackberry, le visage triste. Soudain, un bruit se fit entendre, il leva la tête et vit une jolie blonde faire son entrée dans la pièce. Il ne pu s'empêcher de sourire tandis que cette dernière le rejoignait, montait sur son lit et entourait son corps de ses bras fins. Elle posa sa tête sur le torse du français et profita de ce moment tant attendu. « Emilie ? Ta main droite appuie sur un de mes bleus. » La jeune femme soupira puis se relèva légerement pour finalement s'asseoir à coté de son cousin, une main toujours posé sur son épaule. « J'ai eu tellement peur pour toi James, j'ai pas dormi de la nuit, heuresement que ton père est passé à la maison tout à l'heure pour donner de tes nouvelles... » Aussitôt, James perdit son sourire. L'évocation de son père n'était pas une chose dont il avait spécialement envie à ce moment-là. Ce dernier était militaire et n'avait jamais été là pour lui. Tout comme sa mère qu'il ne connaissait même pas. Le jeune homme vivait depuis son plus jeune âge chez sa tante, sœur de son paternel. Il ne voyait ce dernier que rarement à cause de son travail. Il le prenait tellement à coeur que cela en était déconcertant. « Il nous a dit que t'avais eu un accident de voiture mais que les médecins avaient dit que t'allais t'en sortir... Je l'ai aussi entendu raconter à ma mère la... Discussion que vous avez eu ce matin. Ca avait l'air assez violent mais en même temps... C'est pas trop étonnant. » James lacha un léger rire. Sa cousine avait cette facilité à sortir la phrase qui le faisait sourire, c'était à la fois fascinant et adorable. « Tu rigoles mais à la base, on avait plutôt bien démarré. Après j'ai pas pu m'empêcher de lui faire remarquer que j'espérais qu'il faudrait pas que j'ai un autre acciddent de voiture pour le voir la prochaine fois et ça a un peu mal tourné. Il m'a dit de pas commencé, je lui ai dit que c'était pas ma faute si il était toujours absent. Je lui ai rappellé qu'il avait jamais été là pendant mes compétitions d'escrime ou mes matchs et je lui ai aussi dit que je voulais des informations sur ma mère. Autant dire que j'ai sorti le grand jeu quoi... » Et finalement, cela n'avait été qu'un affront de plus entre le père et le fils Cooper. James ne détestait pas son père, loin de là même. Il avait juste des reproches à lui faire et ce dernier ne les acceptait pas, c'était tout.

« Mon rendez-vous est terminé, j'arrive dans cinq minutes. » Une fois le message envoyé, James grimpa au volant de sa voiture et pris la direction du café parisien où sa meilleure amie l'attendait. Cette dernière était celle qui le supportait tous les jours depuis bientôt sept ans. Celle qui connaissait tout de lui et qui savait tout lui pardonner. Un peu comme Emilie, sauf que Alexandra n'avait pas grandi avec James. Ils s'étaient rencontrés en première année d'école de commerce. James y était entré car suite à son accident il avait abandonné tout espoir d'un avenir sportif. Au niveau physique il en avait eu pour un an sans sport à faire notamment de la rééducation et laisser son genou se reposer et il s'en était sorti avec une cicatrice sur la tempe droite, une sur l'avant-bras gauche, des côtes touchés, un genou vrac et d'autres conneries. Enfait, c'était surtout son moral qui avait été le plus touché. Il pensait être fort mais enfait cette année passée à se rétablir l'avait détruit intérieurement. Son morale avait été en chute libre pendant des mois et la situation ne s'était pas arrangé quand il avait repris l'escrime et le football. Les médecins avaient été formels : il fallait qu'il abandonne tout espoir d'une carrière professionnelle. Il aurait pu la jouer à la David Villa et aller à leur encontre en leur prouvant qu'il pouvait le faire mais son père avait refusé. La santé de son fils passait avant les rêves qu'il avait quand il était gosse. Il ne l'avait pas dit exactement comme ça mais c'est ainsi que James l'avait interpêté. A l'époque il n'avait pas eu la force de se battre contre lui et peut-être que maintenant il le regrettait. Il était vrai que de tant en tant il se demandait quelle aurait été sa vie sans cet accident, quelle aurait été sa vie si il avait décidé de persevérer. Quelle sport aurait-il choisi ? Ca il n'en savait rien. Parfois il se disait qu'avec l'escrime il aurait été tranquille médiatiquement mais la célébrité qu'aurait pu lui apporter le football ne l'aurait pas dérangé non plus donc il n'avait pas de réponse et c'était sans doute tant mieux. Enfin disons qu'au fond de lui il savait très bien où allait sa préférence mais il préférait se la cacher et continuer de faire preuve d'impartialité. Enfin bref', il avait eu un choix à faire suite à sa terminale et il était donc parti vers une école de commerce où il avait rencontré Alexandra qui elle était plus venu là par défaut, après avoir abandonné son projet. Projet qu'elle avait depuis qu'elle était plus jeune et qui consistait en la création d'une ligne de vêtement. Elle avait déjà des modèles mais il lui manquait de l'argent et de la motivation. Devinez qui un an après avoir rencontré la demoiselle a décidé de se lancer dans l'aventure avec elle ? Au début de leur deuxième année ils se sont lancés dedans et ça a fonctionné. Un an plus tard ils arrêtaient leurs études car leur marque était déjà distribué dans plusieurs enseignes. Alexandra était la créatrice, James celui qui avait géré tout le coté administratif de la chose. Aujourd'hui ils possèdait deux enseignes dans Paris et leurs vêtements étaient toujours en vente dans d'autres magasins. Ils n'étaient pas non plus extraordinairement connus mais ils vivaient très bien de leur business. Plus jeune jamais James n'aurait pu s'imaginer une vie pareille et pourtant... Tout était bien réel. Il profitait de sa bonne situation en gardant cette partie de nostalgie en lui qui ne pourra jamais le quitter. Il n'était pas toujours facile à vivre car ce qu'il avait vécu l'avait rendu pragmatique et à tendance cynique mais il pouvait être de très bonne compagnie quand il faisait des efforts...