i was born to feel (un)happy

La neige tombait sur la ville de Moscou. On devait avoir 5 ou 6 ans, et je me souviens de ce moment, parce que nous étions en train de regarder un dessin animé à la télé, tous les deux allongés sur le canapé, pieds contre pieds. Papa est rentré et a dit bonjour à maman, puis quelque chose sur son entreprise, bref, tout allait bien. Et c'était comme ça tous les jours, un quotidien sans embûche et sans dangers, tout allait pour le mieux. On se ressemblait beaucoup toi et moi. Le même regard, le même rire. Je n'imaginait pas une seule seconde ma vie sans toi à cet âge là : Amélia, ma soeur jumelle. Celle qui me complète, qui me comprend, qui me sourit, qui me fait vivre. Plus qu'une soeur, une meilleure amie, un double, un clône. Nos parents s'étaient installé dans un vaste appartement avec une grande baie vitrée, pas très loin de la place rouge. J'aimais y aller en hiver avec toi, pour jouer dans le froid des flocons qui nous caressaient les joues en tombant. A nos yeux, toute notre vie était tracé ici, à Moscou. Je voulais quelque chose de simple, au fond, j'étais fragile. Papa a éteint la télé, tu as bougonner, alors j'ai bougonner aussi, mais il nous a amener dehors, dans le parc, et tout allait mieux. A notre vue, les gens disaient « Oh qu'ils sont mignons les deux petits jumeaux » Si seulement je savais que j'aurais pu leur répondre « Plus pour longtemps. ».

paris, you, me, him, us

Sans explications, d'une semaine sur l'autre, nous nous retrouvions dans un autre pays, parlant une autre langue. J'étais persuadé qu'on allait revenir à la maison dans peu de temps, mais toi tu avais compris que l'ont devait se faire une nouvelle vie ici, à Paris. La France. Pourquoi ? Tu ne pouvais pas me répondre, nos parents disaient que je ne comprendrait pas, que c'était trop compliqué, mais mieux ainsi. J'ai 8 ans, et nous sommes dans le hall de l'ambassade Russe à Paris, à attendre, pour des papiers, une école. La dame de l'accueil nous donne des bonbons. C'est gentil. Une heure après, nous sommes de retour à la maison. Papa dit que c'est « Une nouvelle, grande et belle aventure ! » que nous allons commencer. 2 ans plus tard, on a intégré une école française. Je me suis endurcie pour faire face à ces européens hautains, étranges, avec qui j'allait devoir passer ma vie. C'est comme ça que l'on a rencontré Ches. Nous étions des inséparables. Du cache-cache au premier joint, du chat perché au premier baiser. Je suis devenu le petit junkie de la bande. Spliff, bang, poussé d'archimède, rails puis cachetons, j'ai évoluer avec le temps. Mais j'étais devenu ce petit bonhomme surexité et toujours souriant, m'étant habitué à ma vie de futur parisien à tes côtés, Amélia, et par dessus tout avec Ches. J'étais très loin de savoir qu'il finirait par te dire détruire, et par me détruire aussi par la même occasion. Tous les trois, soudées, nous avons tout découvert ensemble. L'amitié, la drogue, le rire, la peine, la joie, l'alcool, la drogue, le plaisir, la haine, l'amour et la mort.

your death breath me off

Du jour au lendemain, t'es parti. Sans rien dire, sans prévenir, et par dessus tout à cause de lui. Je le savais que notre relation était bizarre, tu l'aimais, lui pas vraiment, il te faisait espérer, gentiment, puis un peu plus chaque jour. Jusqu'à ce que tu te tue pour lui. Il ne le méritait pas, je te jure...J'ai perdu une partie de moi même, j'ai l'impression d'être vide depuis que tu n'es plus là. Durant de longue semaine je ne parlais plus à personne, je ne voyais plus personne : A quoi bon ? Tout ce dont ma vie était faite avait disparu : Toi. Comment as tu pu me faire ça ? Pour lui ? Je ne me jamais senti aussi trahit, abandonné et blessé. Inutile de te dire que j'ai sombré dans la drogue chaque jour un peu plus, je le sens, je me détruit le cerveau, je deviens absurde, je fais n'importe quoi. Mais tout ça c'est de ta faute, et de sa faute à lui. Vous, que je croyais mes meilleurs amis, vous m'avez détruit. Mais je lui ai pardonné, par vengeance contre toi. Maintenant, chacun est mauvais d'une façon ou d'une autre dans l'histoire. Je suis la victime de vos putain de connerie. J'ai décidé de ne plus vivre pour personne, sinon pour moi.

my fish's name is bob,
and he is as druged as me

Alors maintenant je suis dans un appart', je sais pas trop si il est carré, rond, triangle, rectangle ou parallélépipède, mais parfois je le trouve bizarre, tu comprends ? En journée je bosse dans ce magasin, tu sais, en haut de la grande rue. Avec tout un tas d'adolescent fashion en mal d'amour, qui vienne acheter leurs ceintures diesel à 80€. C'est merveilleusement ininteressant de voir leur tête toute la journée, mais au final, je m'en fou d'eux, de mes collèges, du patron, et du reste. Moi, tout ce qui m'importe, c'est Bob, parce que Bob, je le nourrit au cachetons, et donc au final c'est le seul qui me comprend. Il faut que je rentre à l'appart, tu sais il est sympa mon appart carré-rond. Oui finalement, je crois qu'il est carré-rond, moite-moite de chaque côtés. Je suis à ma 4ème pilule la journée, je vois la vie en bleu, vert, jaune, violet, magenta, cyan, et c'est super cool. Là, je suis dans la rue, je sourit tout seul, et je croise un ami, je ne sais plus son nom. « Junk ! Ca va mieux depuis hier ? » Hier, hier, j'ai fais quoi hier ? « Mec, t'étais tripé, j'ai jamais vu ça. » Donc, voilà où sont passé les cachets d'LSD que m'avait gentiment vendu Stan. « On remet ça demain soir, j'ai 50grammes de purple à écouler. » J'acquiesce. Bob, il faut que je fasse fumer Bob, mais je vois pas trop comment je peux faire fumer un poisson dans l'eau. Il faudrait que je réfléchisse à ça. Bref, je remet mon casque Beats sur mes oreilles, et je pousse le son de Micropoint un peu plus fort. « Tu vas pas mourir, tout va bien, tout va bien. »