Ce que j'aime ? Rien de plus simple ! Caleb ! C'est l'homme de ma vie, enfin je dirais plutôt c'était l'homme de ma vie. Mais non, je raconte n'importe quoi, il l'est toujours et il le sera toujours. Parce que c'est lui un point c'est tout ! Même si aujourd'hui une procédure de divorce est en cours. De toute façon elle est en attente, JE l'ai mise en attente. Je ne peux pas me résigner à vivre sans lui, même après ce qu'on a vécu. Je sais qu'il me hait aujourd'hui, mais il faut que je trouve une solution pour le récupérer. Je veux retrouver ma vie d'avant ! Seulement, je ne sais pas si c'est encore possible, j'espère de tout mon cœur que oui. Il m'a toujours aimé comme j'étais, comme je suis toujours d'ailleurs. Il ne m'a jamais demandé de me couper les cheveux, ne m'a jamais dit qu'il n'aimait pas comment je m'étais habillée. Pourtant j'ai des goûts assez spéciaux des fois, j'aime les tissus léger parce que justement ça me permet de me sentir légère. Je ne porte presque jamais de chaussures à talons, je choisis la facilité des chaussures plates. Mes cheveux sont la plupart du temps lâchés et je ne passe pas mon temps à faire des brushings ou encore à les lisser comme beaucoup de femmes aujourd'hui. Je les aime naturels et ca peu me donner un petit air romantique des fois. Mais ce que Caleb aimait par-dessus tout chez moi, c'était mes immenses yeux bleus. Combien de compliments ne m'a-t-il pas fait au sujet de ceux-ci ? Et je savais que ce n'était pas juste pour me draguer, il le pensait vraiment. Je me demande bien si il les aime toujours d'ailleurs, il me déteste tellement que je n'en sais rien.
Aujourd'hui quand je me regarde dans un miroir j'ai envie de pleurer. Et moins je porte de vêtements plus l'envie est forte, j'observe ce corps, mon corps. Il porte encore les dernières traces d'une grossesse. Une grossesse qui nous avait rendus tellement heureux. Jamais je n'aurais pu imaginer que je n'aurais pas la chance de regarder mon bébé bouger dans mes bras, de lui sourire, de le prendre inlassablement en photo pour en garder plein de souvenirs. Et pourtant ... Et donc je m'observais et me sentait détruite de l'intérieur. J'avais encore le reflex de poser ma main sur mon ventre de temps à autre mais je ne sentais plus rien, mon ventre était vide et je n'avais pas mon enfant. Alors je pleurais, encore et encore. J'aurais voulu enlever tous les miroirs pour ne plus jamais pouvoir m'apercevoir dedans et pour ne plus jamais me regarder en me disant que j'aurais probablement été une bonne mère. Je ne me maquillais presque plus. A quoi cela pouvait-il bien me servir ? Mon mascara coulait à chaque fois que les larmes envahissaient mes joues. Je n'étais plus que l'ombre de moi-même.

Je suis allongée sur un lit, trempée de sueur, je serre la main de Caleb dans la mienne. Mon accouchement a été difficile, long et pénible. Mon enfant vient tout juste de sortir de mon corps et je me remets à peine de mes émotions. Je regarde mon mari assit à mes côtés. La même expression d'angoisse se lit sur son visage. On attend identiquement la même chose, un cri, des pleurs. C'est normal, la première chose qu'un bébé fait quand il nait c'est pleurer. Il se demande pourquoi il est là, où il est, et il pleure. Sauf que là, rien. Juste le bruit des médecins et des infirmières qui s'activent autour de nous. Je me redresse un instant je veux voir ce qu'il se passe. Quelqu’un s'approche de moi, je le regarde, son visage est grave. "C'est trop tard ..." Me dit-il. Quoi ? Qu'est-ce que je suis censée comprendre ? Tout se bouscule dans ma tête. Je devais faire un mauvais cauchemar, je devais être chez moi, dans mon lit entrain de rêver, je ne devais même pas encore avoir de contractions, je devais pouvoir sentir ma petite fille bouger dans mon ventre. Mais non ... C'est la réalité. Je le comprends en voyant des larmes couler sur les joues de Caleb. "Non !" J'hurlais, c'est impossible, mon bébé ne peut pas être déjà partit, il venait à peine d'arriver. Mon regard se pose sur les médecins et infirmières dans la salle d'accouchement. Aucun d'eux ne bouge, ils ne font rien. Je ne peux pas comprendre cela. Ils étaient censés se presser autour de mon bébé, essayé de le sauver, faire battre son petit cœur à nouveau. A la place de ca ils me regardent. J’ai la nausée, des vertiges, je me sens mal et c'est dû au fait que j'ai perdu beaucoup de sang, beaucoup trop. Je pleure, encore et encore. Je tremble et je crie. "Rendez-moi mon bébé ! Je veux la voir ! Donnez-là moi ! " . Je ne peux absolument pas concevoir qu'elle soit morte. Hier encore, je la sentais dans mon ventre, ce n'était pas possible. Une infirmière s'approche de moi et me la tends, elle l'avait enveloppé dans un essuie blanc. Je la prends dans mes bras et la regarde. Elle ne respire pas. Son visage est complètement bleu et ses minuscules paupières sont fermées. Je prends sa petite main dans la mienne, elle est toute froide. Je caresse doucement sa joue de mon pouce. Je la trouve magnifique. Elle nous ressemble à moi et à Caleb elle est un mélange parfait de nous deux. Enfin, elle était.

Je me réveille, je suis dans une chambre de l'hôpital. Immédiatement, je me souviens, et je pleure à nouveau. Caleb n'est pas là, je ne sais pas où il est et je n'y pense même pas. Tout ce qui compte c'est moi.
Je reste là plusieurs jours, mes proches se bousculent à ma porte pour me réconforter mais je ne veux voir personne, je refuse de me nourrir, on me laisse partir. Je rentre chez moi avec mon mari et me dirige immédiatement à l'étage. J'ouvre une porte et la chambre qu'on avait préparée pour elle se dresse devant moi. J'y entre, je m'approche du lit, passe ma main sur le rebord. Et dire que j'aurais dû la poser dedans à cet instant. Des sanglots m'échappent, je ne tiens plus debout et me laisse tomber par terre. Ma vie est foutue, je suis anéantie et condamnée ... Si jeune ...
A partir de ce moment, plus rien ne va entre Caleb et moi. On se déchire constamment, je suis persuadée qu'il ne comprend pas mon malheur car il ne l'a pas porté pendant neuf mois. Et lui, il s'apitoie sur son sort. Il m'énerve, on se dispute encore et encore. On se crie dessus. Ça ne sert à rien de continuer et je finis par partir. Je claque la porte et demande le divorce. Le laissant seul dans sa tristesse. Encore une fois, je n'ai pensé qu'à moi.

Pourquoi étais-je partie ? Ca faisait trois jours maintenant et je ne vis toujours pas. J'ai l'impression que je meurs lentement. J'ai une tête à faire peur, je ne prends plus soin de moi, je suis horrible et je m'en fou. C'est le dernier de mes soucis. Je m'allonge sur le lit, celui de la chambre d’hôtel miteuse dans laquelle j’ai trouvé refuge et pleure encore et toujours. Qu'est-ce que je fais là ? Je n'en ai aucune idée. Tout ce que je sais c'est que mon bébé me manque, et Caleb me manque aussi. Il doit me détester pour ce que je lui ai fait mais moi je l'aime toujours autant. Je réfléchis un instant à mon comportement. J'ai été abominable avec lui et pourtant il n'était pas parti, c'est moi qui avait pris la fuite. Je comprends soudain qu'il ressentait la même chose que moi, que même si il ne l'avait pas portée, il l'aimait déjà. Je me souviens de sa réaction quand je lui avais annoncé ma grossesse, il était aux anges. Et moi j’avais été exécrable avec lui. Je n'avais pensé qu'à moi, je suis vraiment une personne égoïste. Mes pensées divaguent un peu et j'en viens à me demander comment j'étais devenue comme ça. C'est simple, je suis enfant unique, mes parents m'adoraient et j’avais été l'enfant la plus pourrie gâtée de la terre. Je n'avais qu'à claquer des doigts pour obtenir ce que je voulais et je ne pensais qu'à moi et à mes désirs. Voilà ça avait été le commencement de tout. Sur le moment je déteste mes parents et les rends responsable de mon caractère, de ma personnalité. Qu'est-ce que j'ai fait en demandant le divorce ? Pourquoi j'ai fait ça ? Je ne peux pas vivre sans Caleb, j’ai besoin de lui pour surmonter tout ça, pour qu'on se reconstruise une vie normale et pour qu'on puisse peut-être un jour avoir d'autres enfants. Je prends mon portable et téléphone à mon avocat, je veux qu'il mette la procédure de divorce en attente. Je veux retrouver mon mari absolument. J'ai bien conscience que ca ne sera pas facile mais je me dois d'essayer ...