PÈRE ▲ J'ai un jour chercher la définition de ce mot pour en comprendre son sens, mais encore aujourd'hui je suis dans le brouillard. « Homme qui a engendré un ou plusieurs enfants ». Donc oui, je peux coller cette étiquette à mon géniteur, mais se doit aussi être un exemple et quelqu'un sur qui on peut compter quand quelque chose ne va pas dans notre vie. Alors, là mon paternel peut aller se recoucher. Le métier du mien, c'est taulard, le genre de type qui a passé plus de temps derrière les barreaux qu'auprès de sa famille, pour qui la fierté était le nombre de ses inculpations et non pas les réussites de ses enfants. L'honneur, il ne doit certainement pas connaître. Moi, je le considère comme un monstre pour qui je n'ai jamais eu d'affection et pour qui je n'en aurais jamais. Au lieu de m'aider à grandir dans ce monde brute, il a tout fait pour me détruire et cela même lorsqu'il était absent, je lui en voudrais toujours pour ça. Au lieu des caresses sur les cheveux, les sourires pleins de fierté, j'ai seulement eu droit aux baffes et aux insultes qui résonnent encore dans ma tête. C'est un monstre, de ceux dont on parle pour faire peur aux enfants désobéissant et cela me fait vraiment peur, car au fond je lui ressemble plus que je ne veux me l'avouer. DÉPENDANCE ▲ Je n'ai jamais eu grand-chose dans ma vie, mais j'avais ça. Je me croyais forte et je voulais surtout oublier le fait que ma vie n'était qu'une misérable succession de chaos, j'ai donc choisi la facilité. Cela a commencé plutôt simplement, par une cigarette un jour à la sortie du collège quand je n'avais que treize ans avant que me propose lors d'une soirée quelque chose d'un peu plus fort et j'ai sombré, littéralement. Je ne vivais plus que pour ça, même si j'essayais de faire semblait que tout allait bien dans ma vie, une fois en dehors du système scolaire plus rien n'avait d'importance. Avec l'alcool en plus, j'ai rapidement perdu le contrôle et j'ai commencé à m'en rendre compte en voyant les regards de ma mère, en écoutant les sermons de mon frère qui essayait de jouer le rôle de notre père. Mais je ne pouvais pas abandonner, je ne me sentais jamais plus vivante que dans ces moments-là, j'étais en phase avec moi-même et je croyais vraiment en avoir besoin. Résultat des courses, une overdose et il a fallu que je passe à deux doigts de la mort pour comprendre que je foutais ma vie en l'air plutôt que de la rendre meilleure. Un peu de volonté, je voulais m'en sortir, je voulais redevenir quelqu'un. HOMMES ▲ L'image que j'ai de cette partie de l'espèce humaine n'est pas réellement positive, même si mon frère a toujours tout fait pour essayer de m'en changer l'image que je m'en faisais. Pourtant, je dois avouer qu'il y en a un qui ne m'a pas laissé totalement indifférente, qui a réussi à faire battre mon cœur d'une manière assez étonnante pour la jeune fille que j'étais. Lui. J'ai voulu y croire pendant un moment avant de comprendre que je n'étais qu'une conquête, pourtant, il est resté dans mon existence, spectateur de ma déchéance. Depuis, je laisse les hommes venir à moi, me séduire et je leur laisse croire qu'ils sont différents de leurs congénères pour leur simple plaisir. Je les laisse alors utiliser mon corps, même si dans un sens j'ai bien conscience que moi aussi j'use d'eux. Mais je ne me sens pas la force pour le moment de m'ouvrir assez pour laisser la chance à l'un ou à l'autre de me faire sentir aimer, l'amour est un sentiment beaucoup trop destructeur. J'avance donc en changeant de compagnon chaque soir, dès que j'ai envie d'un peu de compagnie, que j'ai envie d'avoir le sentiment d'être importante pendant un petit moment. Aucun ne se plaint et moi non plus, tout le monde y est gagnant. PARIS ▲ C'est dans cette ville que j'ai vue le jour, elle m'a vu grandir et surtout me détruire, il y a bien longtemps que je ne me sens plus à ma place ici. Je rêve de verdure, de campagne pour enfin pouvoir prendre un véritable nouveau départ, mais la vie fait que je suis encore bloqué ici aujourd'hui. Laisser les bruits de la circulation, cette odeur presque constante de gaz d'échappement et surtout mon passé derrière moi est un leitmotiv pour continuer d'avancer. Paris, cette ville qui est celle des lumières pour beaucoup est une véritable prison pour moi et je croyais que j'allais y finir ma courte vie. Mais non, je suis plus forte que je ne le pensais et je sais que je peux avoir une vie bien meilleure, ailleurs, dans un autre endroit où je pourrais enfin goûter à la liberté. FAMILLE ▲ C'est une notion bien étrange à mes yeux, quelque chose de totalement utopique. Mon père était toujours absent et préférait ses coups louches plutôt que de s'occuper du bonheur de sa femme et de ses enfants. Pendant ce temps, ma mère jouait la gentille petite épouse en attendant qu'il revienne et quand c'était le cas, elle craignait le moment où il allait repartir et que la dépression serait de retour. Femme soumise jusqu'aux bouts des ongles, je n'ai jamais réussi à la comprendre. Ensuite, il y a mon frère, c'est le seul en qui j'ai pu un tant soit peu compté pendant les années où j'ai cru que je ne valais rien, lui-même avait eu des coups durs, mais il a toujours réussi a les surmonter. Il a toujours été plus fort que moi, je crois qu'il en avait besoin pour pouvoir tenir à bout de bras cette famille qui tombait tout le temps en morceaux, pour être l'homme entre deux femmes brisées. C'est le seul qui est de l'importance à mes yeux, mais je n'ai pourtant pas gardé contact avec lui depuis mon départ, je devais me reconstruire avant et surtout ne plus souffrir. Cette connerie que j'ai faite était stupide et je la regrette, mais je sais qu'il m'en veut encore pour avoir eu ce geste. Alors, j'attends ce moment pour reprendre contact avec lui, pour lui ouvrir à nouveau ma petite existence. Je veux qu'il voit que sa petite soeur n'est plus cette fille défoncée à longueur de journée.

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léo barrin ▸ nature du lien.
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