Appartement. Pas le sien, mais pas inconnu. Il ressent la fatigue. Il est énervé. Stressé parce qu'il doit finir cette putain de robe, et que merde, en ce moment il a l'impression que tout lui échappe. Comme cette fille ... c'est bien dans son appartement qu'il est en ce moment. Il remet sa chemise. Elle braille , casse un truc. Il l'a regarde, insinue qu'elle exagère, même s'il sait que non. Soham tu te fous des filles, et tu t'en cures car il n'y que ton bonheur, ton malheur qui compte. Elle te regarde encore une fois . Il lui dit qu'il se casse, qu'elle ne comprend rien, que NON Lysmée , n'est pas sa vulgaire meuf, c'est sa soeur. Elle ne l'a pas compris. Et que non elle ne le trompe pas, encore moins avec sa soeur, qu'es-ce qu'elle est conne putain. Il se barre définitivement. Il regarde son portable et un merde s'échappe. Il avait oublier qu'il avait un rendez-vous avec Lysmée. Et pas n'importe lequel, c'était leur moment à eux. Il lui avait dit à Haussman , près de l'opéra. Et il avait près de 40 minutes de retard. Il n'ose même pas l'appeler, car il est déjà de mauvaise humeur, vraiment. Il court, prend le métro et heureusement pour lui il n'est pas trop loin. Il arrive au lieu convenu et vu la figure de Lysmée, ça ne va pas. " Je suis désolé ..." Et son désolé, on sait très bien où il peu le garder. C'est la même chose à chaque fois. Il n'a que ça dans la bouche . " mais vraiment ." Ahahaha. " Histoire de filles tu vois ... j'avais pas oublier." Et menteur en plus de ça. Mais il a tellement envie que sa Lysmée, ne lui en veut pas , qu'il préfère mentir.

Il ne réponds pas. Cela m'angoisse. J'ai le cœur palpitant qui cogne contre ma cage thoracique. Je suis certain que si les gens autour de moi faisaient attention, ils verraient qu'il y a quelque chose qui essaye de sortir de ma poitrine, à travers mon chemisier. Mais ils sont bien trop occupés avec leurs propres pensées. Je suis plantée là, comme une idiote, devant le théâtre tandis que les gens comment à entrer. Il fait nuit, mes chaussures commencent à me faire mal et il n'est toujours pas là. Bon sang, Soham. Ce n'était pas son genre d'être en retard, surtout que c'était le spectacle qu'on attendait depuis des mois. Je regarde une énième fois ma montre et roule des yeux. Il avait intérêt à avoir une bonne excuse. Cela ne me ressemblait pas de lui en vouloir ainsi, pour ce genre de choses mais c'était le ballet qu'elle avait toujours rêvé de voir. Il lui avait fait une telle surprise en revenant avec les billets que toute la semaine qui avait suivie, j'avais été sur un petit nuage. En ce moment-même, j'étais loin d'être aussi enchantée finalement. Je ne suis même pas soulagée de le voir arriver. Je suis un peu remontée et quand il s'excuse, je lui réponds d'un regard noir. « Tu es désolé. Ah, oui, bien sûr. Cela change tout. » Je caresse sa joue d'un air attendri. « T'aurais pu trouver une autre excuse. »  Je tourne les talons, entre dans le théâtre du Châtelet et tend les billets au garçon qui nous donne le livret explicatif. Il fait déjà noir et j'aurais pu remercier mon frère d'avoir trouver d'aussi bonnes places, facile d'accès, mais je suis bien trop remontée contre lui. De tout le spectacle, je ne lui ai pas adressé la parole et pendant les entractes, ait fait mine de me plonger dans les dépliants qu'on nous avait distribué. Le spectacle m'avait fasciné, émerveillé et je n'avais pas du tout de mots pour décrire mes émotions. La danseuse dans le rôle de Clara avait été merveilleuse et le Casse-Noisette l'avait été tout autant même si mon personnage préféré restait la fée Dragée. A la sortie du spectacle, sentant le regard insistant de mon frère sur moi, je me retournais vers lui pour lui demander ce qu'il y avait. Décidément, il manquait sûrement de sommeil vu son air fatigué et... tourmenté ?

Il avait oublié, il l'avait oubliée, grosse erreur. Il avait essayé de sortir un mensonge minable comme la situation, encore une plus grosse erreur. Le spectacle était magnifique mais impossible de l'apprécier. Tremblant devant le silence de Lysmée. Parle putain, parle. Aucun bruit, aucun regard, même pas la moindre insulte. Il parait que le contraire de l'amour n'est pas la haine mais l'indifférence. Il comprend dès à présent. Il l'a regarde, jusqu'à ce qu'elle décèle qu'il faut que les deux parlent. C'est insoutenable. Et puis elle lui demande ce qui ne va pas ? Enfin il croit, il a mal au crâne d'un coup. La fatigue , le stress, sa vie. " J'ai une robe à finir, j'ai oublier que je l'avais oublié chez l'autre fille ..." Il sait pas s'il aurait du lui dire qu'il avait oublié ses affaires chez une conquête, mais c'est lysmée, elle sait tout, il doit tout lui dire, c'est écrit dans les étoiles à jamais surement. " Et j'ai mal au crâne car elle a osé te mettre dans nos histoires voilà." Il s'approche d'elle, lui embrasse le front. " Tu m'en veux toujours ? Parce que c'était juste à cause d' une pauvre fille ... Je suis désolé."

Je me doutais bien que mon frère pouvait avoir une vie sociale. C'était normal, d'ailleurs, je trouvais ça plutôt bien. Seulement, une part de moi n'admettait pas que ses relations puissent avoir des conséquences sur leur relation, à eux. Je pouvais me montrer un peu gamine. Au fond, je n'étais même pas sûre de vraiment lui en vouloir. Mais c'était une façon de lui faire comprendre que cela m'affectait. Notre complicité me semblait être quelque chose de normal et j'avais du mal à imaginer que les autres filles ne puissent pas le comprendre. Je fixe mes pieds, comme si le bout de mes chaussures étaient une merveille du monde. Je n'écoute que d'une oreille distraite ses explications et je ne peux m'empêcher de sourire devant les faits. Je comprends qu'il soit un peu dépassé, il a  tellement, tellement de travail. Même Papa, l'incarnation même du perfectionnisme dit qu'il se tuera la main dans la pâte. Ma bouderie a duré le temps d'un long spectacle, c'est vrai, je suis toujours soit égoïste soit possessive, jalouse, odieuse ou carrément insupportable quand il s'agit de Soham. Seulement, à la sortie, je ne peux pas jouer la comédie plus longtemps. Et encore moins, quand il embrasse mon front, juste à la racine des cheveux. Je souris. Comme il l'avait si bien dit, c'était « à cause d'une pauvre fille ». Non vraiment, il y avait eu plus grave, et il y aurait plus grave. Je passe mes bras autour de son cou pour une courte étreinte. « Bien sûr que non, je ne t'en veux plus. Mais tu peux toujours te faire pardonner pour le geste... avec une crêpe ou un chocolat chaud, par exemple ... Mais quand je dis ça, je ne dis rien, hein. » Je ris doucement puis lui prend le bras. « T'es venu comment ? » Je m'arrête pour refermer ma veste et nouer mon écharpe. « Tu veux marcher un peu ? Enfin... à moins que t'es encore du travail, j'voudrais pas te retarder ! » Je me mords la lèvre inférieure, en pleine réflexion.  

Il avait l'impression que c'était le même discours à chaque fois. Il fallait qu'il déteste les mecs parce qu'ils s'approchaient certainement trop près de Lysmée, et il fallait que les filles lui pourrissent la vie car elles n'aiment pas Lysmée. Pas qu'elle soit détestable au contraire. C'était lui qui faisait naître cette merde. Ces parents enfin si on peut appeler ça comme ceci. Des gens qui vous on abandonnés pour ensuite débarquer comme une fleur, parce que fauchés on se rappelle qu'on n'a pondu un gosse il y'a de cela 23 ans. La Lysmée, sa fragile, sa sœur,elle ne parle pas, même pas un seul regard, et bien sur qu'il se sent mal, au point même de partir loin, très loin. Mais il se dit que c'est toujours comme ça, il boude, elle boude, ils se réconcilient tellement rapidement qu'ils en oublient pourquoi ils étaient en froid. Mais soham ne veut pas ça, c'est peut-être pourquoi il lui fait un bisous sur le front. Pour lui dire qu'il est là. Qu'il la protège sans doute, peut-être mal, peut-être trop, mais il est là. Il l'a voit sourire, et normal il esquisse un sourire aussi. Automatisme. Il esquisse même un autre sourire en entendant comment il peut se faire pardonner. " Tout ce que tu veux. Tiens même si tu veux les deux, je te fais ça tout de suite maintenant." On dirait un gosse. Elle lui demande comment il est venu . Et bien en courant, essayant de démarrer les clés de sa moto, mais tellement stressé qu'il s'est dit que le métro était plus envisageable. " En métro, et en courant aussi un peu." Il pense à sa moto, son bébé, et qu'il l'a laissé juste devant l'appart de cette autre fille. Il imagine si quelqu'un la raye ou je ne sais quoi. Cauchemar. Il comprend même pas pourquoi elle demande s'il a du travail. Comme si Lysmée allait le retarder alors que tout le monde sait, que c'est sa source d'inspiration. " Un violoncelle à finir mais il attendra, une robe à finir mais elle peut pas attendre, mais de toute façon j'ai besoin de toi. Pour l'essayer ..." Il a prend par la main en lui disant " J'pense que c'est la plus belle que j'ai jamais faite Lysmée ... faut que tu la voit. Limite je pourrais tout arrêté après avoir fait celle là. En fait il aimerait tellement arrêté, tellement. Tout ces mensonges, et puis le fait que Lysmée est son double, son image, qu'il est l'ombre, qu'il expose, il se sent dégueulasse.

De l'air, de l'air, enfin. Je n'avais pas voulu sortir pendant les entractes. Grave erreur. Mais c'était dans un souci de perfectionnement du rôle. La petite fille boudeuse, clouée à son siège. Je n''avais rien raté du spectacle mais c'était bien gardé de partager mes impressions avec Soham. Mon frère, mon ange gardien, mon tout. Frère, il ne l'était pas vraiment, pas comme le dictionnaire le définissait mais moralement, il en avait tous les comportements et attitudes. Je l'avais connu un peu avant de devenir adolescente. A l'époque, je l'avais dévisagé comme on considère une bête de zoo mais il ne m'en a jamais tenu rigueur, au contraire, il s'était toujours montré avenant et adorable. Je l'avais vite adopté et depuis, il n'avait pas quitté la famille. On s'était observés tout d'abord. Puis, on a veillé attentivement l'un sur l'autre. On grandissait sereinement et vint le jour où il avait fallu affronter la vie : autrui et les obligations. Autrui car comme des personnes normales, on s'était liés respectivement avec des personnes. J'avais eu des petits amis, cela fonctionnait plutôt bien mais cela n'avait jamais été plus loin que les bisous dans le cou. Soham mettait un point d'honneur à ne se mêler de ma vie privée mais il avait toujours une remarque sur mes fréquentations, accompagné du surnom adéquat. Quoiqu'il en soit, si vraiment il avait vu qu'un garçon me tenait vraiment un cœur, il aurait lâché l'affaire. Donc, d'un côté, j'attisais ces petites moqueries car au fond, je ne leur accordais peut être que trop peu d'importance à ses pauvres garçons. Et puis rien ne vaudra jamais le plaisir d'être avec Soham autour d'un chocolat brûlant et d'une crêpe au chocolat. Il ne me refuse pas ça. Je souris légèrement. A lui d'interpréter ce sourire. « Le métro ? T'as pas eu froid aux yeux, dis donc. » J'avais beau être native de Paris, le métro et moi cela fait 2156454. « Enfin bref, tu as laissé ta moto à la maison ? » Il me prend la main. Ce contact me surprit au premier abord mais je me calmais et au contraire, resserrait un peu cette étreinte comme pour mieux la sentir. J'hausse les sourcils et me retourne vers lui. « Soham ! » Je fronce les sourcils. Je place mes mains à la naissance de son cou, juste en dessous des ses oreilles. « Ne dis pas des bêtises voyons. Toutes tes robes sont magnifiques et je suis tellement fière de les porter si tu savais ! Je suis tellement fière de toi. Tu as des doigts en or. » Je pose mon index sur ses lèvres. « J'ai aussi très hâte de la voir et toutes les autres qui suivront. » On avait encore tellement de temps devant nous. Je le voyais déjà connu et reconnu parce qu'il le méritait. Quelle était la meilleure des revanches que le succès ? Contre ses parents, contre son enfance, contre tout ceux qui n 'avaient pas vu en lui la graine de génie, qu'il possédait indubitablement. Notre manège était peaufiné au détail près. Il ne restait plus qu'à attendre un petit signe. Je passai mon bras sous le sien et commençait à faire des pas. « Marchons un peu, tu veux bien ? Je commence à prendre froid. »