On est samedi après-midi et par chance, je ne travaille pas. Par chance, ma petite amie non plus. Cela ne fait pas très longtemps que l'on vit ensemble, dans l'appartement même où j'habitais avec Théa. Certains diront que ce n'est pas bien, que j'aurais dû choisir un autre endroit, que je n'aurais pas dû inviter mon actuelle petite amie dans cet appartement mais en déménager. J'ai des souvenirs avec mon ex là où j'habite et même si je prétends avoir tout à fait tourner la page, je n'ai jamais été capable de déménager, allez savoir pourquoi. Toujours est-il qu'alors que nous étions dans les bras l'un de l'autre devant un film, la demoiselle me proposa alors d'aller faire un tour en ville, histoire de prendre un peu à l'air, de se changer les idées et de passer du temps dehors. Je ne pus que répondre positivement à sa demande. Il faut bien dire que mon métier était prenant et qu'il était rare que nous ayons des moments libres en commun à des heures où les magasins étaient ouverts. Il ne nous fallut que peu de temps pour nous habiller et mettre des chaussures. Pour une fois également, Stella, notre chienne, allait rester à la maison, nous laissant un peu de temps tranquille. Nous marchions tranquillement, main dans la main, profitant du beau temps qui ne tarderait pas longtemps. Après un ou deux magasins pour mademoiselle et quelques repérages pour les cadeaux de Noël, nous ne savions plus réellement quoi faire ou où aller. Je lui proposais alors d'aller faire un tour dans un parc, endroit où nous nous étions d'ailleurs rencontrer la première fois. Il ne nous fallut que peu de temps pour arriver à destination, alors que je tenais ses sacs dans une main. J'embrassais doucement celle qui glissais sa main dans mon dos. Je regardais autour de moi, espérant trouver l'endroit qui pourrait lui faire plaisir et c'est ainsi que j'aperçus, à quelques mètres de moi la jeune Théa... J'étais persuadé que c'était elle. Quelque chose en moi me le disait. Bien des fois, lorsqu'elle venait à peine de partir, j'avais cru la voir, au détour d'une rue ou dans un café. Bien sûr ce n'était jamais elle et à chaque fois, j'étais déçu. J'avais fini par perdre espoir et toutes ces images avaient disparu. Seulement cette fois, c'était différent. Je savais que c'était elle, je savais qu'elle ne s'envolerait pas. Elle était bel et bien là. Bien sûr j'avais vu la poussette devant elle, qui ne l'aurait pas vu ? Théa ? Son sourire me fit mal au cœur, horriblement, plus que je ne l'aurais cru. J'avais imaginé tant de choses pour nos retrouvailles. Le temps avait passé et j'avais perdu espoir. Rien n'allait se dérouler comme je le pensais, je le savais. Je regardais celle qui partageait à présent ma vie et lui souris doucement. Je lui proposais de la retrouver dans quelques instants, chose qui ne lui fit absolument pas plaisir. Elle ne connaissait pas Théa, du moins que de nom et l'avait vu sur certaines de mes photos, rien de plus. Je m'approchais un peu plus de celle qui avait partagé ma vie et souris légèrement. En effet ouais... Depuis que tu es partie... Tu... Tu vas bien ? Je la regardais se tourner rapidement et regardais l'enfant en souriant. Une belle petite fille qui lui ressemblait. Je n'aurais jamais cru que la voir avec un enfant me ferait autant de mal. Je priais intérieurement pour qu'elle soit de moi, parce que je préférais encore qu'elle m'ait caché mon enfant plutôt qu'elle en ait un avec un autre. Jazz. Un prénom magnifique. Je lui fis un petit signe, souriant. Coucou princesse. Je me retournais vers elle. Elle est mignonne comme tout... Elle a quel âge ? Je passais une main sur mon avant bras, impatient de connaître la réponse. T'as le temps qu'on s'assoit et qu'on parle un peu ? Qu'elle ose seulement me dire non.

Qui aurait cru que nos retrouvailles se passeraient dans cet endroit, qui aurait seulement cru que deux anciens ennemis devenus amants et secrètement parents se réuniraient par la force des choses au milieu de parc. Était-ce un coup du destin ? Était-ce un coup de chance, la preuve même que rien ne s’était terminé malgré mon départ ? Pour le coup, je ne m’attendais pas à le retrouver de sitôt ou peut-être dans d’autres circonstances, en faisant les courses par exemple, lors d’une balade seule, ou bien par hasard dans la rue. En fait, j’aurais simplement préféré le revoir autrement qu’avec Jazz. J’aurais été bien plus à l’aise en fin de compte, mais le samedi, c’était notre jour à moi et Jazz. Notre petit jour de détente et de câlins pour décompresser. Notre petit jour à nous deux. Sans vraiment savoir quoi lui dire, si je devais fuir, lui rendre des comptes, lui donner des explications et lui balancer en pleine figure qu’il était l’heureux papa d’une petite fille de presque deux ans, je resta sans mots jusqu’à ce qu’il ne soit assez proche de moi que pour m’obliger à parler. Elle était encore là, l’autre femme. Je la voyais au loin, je les avais déjà apperçus tous les deux à s’embrasser mais pourquoi venait il vers moi alors que j’avais fuit lâchement sans donner d’explications. Bien sur je lui avais promis de l’aimer toute ma vie et cette promesse je l’avais tenue, si bien que voir cette fille le toucher comme je pouvais le faire deux ans plus tôt, me faisait du mal, me brisait le cœur, me donnait juste l’envie de pleurer et de filer en hurlant de douleur pour protéger ma fille. Cachant les larmes qui me piquaient les yeux derrière un visage légèrement souriant, je faisais face au passé que j’avais quitté avec difficulté. Au fond, s’il était resté célibataire, ça aurait sans doute été plus facile.. « Tu ne m’as pas oubliée, c’est déjà ça.. Salut.. » répondis-je à son exclamation, prononçant mon prénom pour s’assurer que c’était bien moi. Depuis que je suis partie.. Non, effectivement il n’avait rien oublié. « Un peu plus de deux ans.. Oui, oui disons que ça va. Et toi ? Une nouvelle femme dans ta vie à ce que je vois.. » dis-je en m’efforçant de faire passer ces mots pour de la sympathie et non de la jalousie. « Tu ne devrais pas trainer, j’ai pas envie que tu te fasses gronder en retournant avec elle, elle a plutôt l’air jalouse  là.. Tu as toujours eu le don de choisir les femmes les plus possessives.. » Ajoutais-je en souvenir du passé. On avait peut-être mal démarré notre histoire mais nous nous étions finalement bien trouvés. Jalouse comme jamais, je ne supportais pas qu’une femme pose son regard sur Callum. C’était d’ailleurs bien souvent lui qui en faisait les frais alors qu’il n’en pouvait rien, s’il était sexy de nature. Confortablement installée dans mes bras, Jazz gazouillait pour montrer qu’elle était aussi présente et ne faisait pas partie du décor. Penché sur la petite aux cheveux bruns frisés de maman et aux yeux bleus-verts de papa, la petite se cacha dans mon cou en riant, amusée par cet homme qu’elle ne connaissait pas et qui pourtant avait un rôle dans sa vie de petite fille. Caressant son dos en souriant face à ce portrait pour le moins inattendu, je la pencha vers lui. « Tu dis bonjour Jazz ? » Très accessible, je ne m’attendais tout de même pas à ce qu’elle se pende à son cou et décide de quitter mes bras pour se réfugier dans ceux de Callum pour lui donner un bref baiser sur la joue. « Une vraie petite arsouille.. Je crois qu’elle va très vite me ramener un amoureux celle là.. Voir même plusieurs au fond.. » lâchais-je en riant avant de la récupérer pour ne pas déranger Callum. « Oui.. Je l’ai plutôt bien réussie.. Mais elle tient beaucoup de son papa aussi. Un parfait mélange en fait.. » ajoutais-je sans avoir la moindre envie de lui donner son âge mais au fond, j’en avais pas vraiment le choix. « Un an et demi.. » répondis-je à demi-mot. C’était sûr, il allait comprendre. La relation entre mon départ un peu plus de deux ans plus tôt était évidente. Ou bien croirait il que je l’avais quitté pour un autre ? Quelle absurdité.. «  Je pense que c’est pas une bonne idée. Ta copine t’attend tu sais et j’ai pas envie de fiche tout en l’air, je l’ai déjà fais une fois et j’en suis désolée, Callum.. » Malheureusement, il était plutôt décidé à laisser baigner sa copine dans son jeu pour obtenir des informations. S’il en voulait, j’allais lui en donner. « Bon.. Très bien.. » dis-je en m’installant sous un arbre à une petite table de Pic nic où je pris Jazz sur mes genoux. « Que veux tu savoir, au juste ? » demandais-je en priant pour qu’il ne me demande pas si c’était ou non sa fille.

Je me doutais bien que ma petite amie n'allait pas jeter l'éponge comme ça. Je la savais jalouse et encore plus lorsqu'il s'agissait de Théa. Je lui avais raconté parce qu'elle s'interrogeait sur les photos dans mon appartement. Elle avait d'ailleurs tout fait pour que je change le maximum des images de la demoiselle pour qu'elle puisse faire sa place dans mon logement. Deux avaient pourtant résister, celle où nous étions ensemble avec Sébastien alors que nous étions adolescents et la seconde nous représentait à l'un des anniversaire de notre meilleur ami que nous fêtions toujours. Depuis son départ, j'avoue ne plus l'avoir faire, ça n'avait plus de sens sans elle. Et même si elle était de retour aujourd'hui il était pour moi hors de question de recommencer. Sa promesse, pour être franc, je n'y croyais pas. Elle pouvait me dire ce qu'elle voulait, lorsqu'on aime quelqu'un, on ne part pas du genre au lendemain, pas comme elle l'avait fait. Je ne comprenais toujours pas les motivations qui avaient poussé son départ. Cela faisait longtemps maintenant mais je ne lui avais toujours pas pardonner. Je crois bien que je ne le ferais jamais d'ailleurs. Je ne pensais pas avoir fait quoi que ce soit de mal alors ce départ n'était que ça volonté, qu'elle l'assume. Comment j'aurais pu t'oublier en même temps... Je hochais la tête doucement en l'entendant dire que cela faisait déjà deux ans. Elle allait bien, c'était déjà ça. Peut être disait-elle cela simplement parce qu'elle ne voulait pas m'inquiéter, ou pire, me parler. Je retins un soupire, presque déjà blasé alors que la conversation venait à peine de commencer. Il était si difficile de la revoir. J'avais perdu espoir de la retrouver et la colère avait aussi près le dessus sur la douleur. J'opinais de nouveau légèrement la tête en l'entendant dire que j'avais une nouvelle personne dans ma vie. Et oui... La vie avance tu sais... Elle est adorable. C'était sans doute la seule chose qu'elle avait pour elle d'ailleurs, du moins pour me plaire. Je n'étais pas amoureux, ce n'était pas difficile à voir ou à comprendre. Je sais que je suis le pire des hommes en disant que j'ai besoin de compagnie et que si elle a des sentiments naissants, ce n'est pas forcément mon cas... Je hochais la tête doucement, ne pouvant m'empêcher de sourire en l'entendant parler de mon goût pour les jeunes femmes possessives. Elle attendra de toute façon je ne lui laisse pas le choix. À croire que peut-être quelque part elle te ressemble... Si seulement elle pouvait être à sa place. Peut-être aurait-ce été mieux si elles n'avaient pas été amenées à se croiser. Je n'aurais pas eu à dire à Théa que j'avais une petite amie, je lui aurais caché et au moins, je pourrais être tranquille si j'avais besoin d'aller les voir, ma petite amie n'aurait eu aucun doute. Pour le coup les choses se compliquaient un petit peu mais je me savais tout à fait capable de gérer, même s'il fallait pour ça prendre de grandes décisions dans ma vie. La petite fille qu'elle tenait dans les bras se mit à gazouiller et je ne pus que sourire face à cela. J'adorais les enfants. Si beaucoup les trouvaient agaçant lorsqu'ils étaient tout petits, ils parvenaient à me faire craquer quelque soit leur âge. Je ne pus m'empêcher de rire en la sentant s'accrocher à mon cou. Je la pris doucement et la regardais, souriant. Elle avait des yeux qui me ressemblaient... Théa les trouvait beau, il faut croire que c'était aussi le cas si ces yeux sont à un autre homme. Bonjour Jazz. Oh mais non dis pas ça, elle est adorable. Ça par contre tu devrais te méfier. Je ne résistais pas tellement lorsque la demoiselle reprit son enfant. Elle reprit la parole et je me contentais de hocher la tête doucement. Un an et demi ? Cela voulait possiblement dire que cette petite pouvait aussi... être la mienne. Et ses yeux... J'avais un peu du mal à comprendre tout ce qui se passait et j'avais besoin d'explications. Alors elle avait plutôt intérêt à dire oui pour les explications. Pour le moment c'est pas elle ma priorité d'accord ? Elle peut attendre elle va pas en mourir. Je la suivis, regardant autour de moi sans plus dire un mot. Je m'installais à ses côtés et regardais la petite. Elle est de moi ? C'était direct certes mais je ne voyais pas tellement comment demander cela autrement. Je la regardais. Dis le moi s'il-te plaît. Ça pourrait expliquer ton départ. Et si c'est pas ça je voudrais que tu me dises ce qui c'est passé, pourquoi tu es partie comme ça... Il soupira doucement. Je veux dire, ça se passait bien entre toi et moi non ?

En revenant en ville, je savais que je tomberai sur lui, je savais qu’on se retrouverait face à face à un moment ou à un autre, j’espérais juste avoir les mots justes pour le retrouver mais visiblement, les mots me manquaient, peut-être n’étais-je pas prête à le retrouver comme si de rien n’était, peut-être n’étais-je pas encore totalement prête à lui avouer pour ma fille. Le revoir dans d’autres circonstances aurait été beaucoup plus facile pour moi, j’aurai sans doute été bien plus à l’aise qu’à cet instant présent. J’avais entre les bras la preuve de notre amour, la raison de mon départ. La ressemblance entre Callum et Jazz était frappante, il fallait vraiment être aveugle pour ne pas le remarquer, c’était aussi évident que le nez au milieu du visage.. La présence de sa nouvelle petite copine ne me mettait absolument pas à l’aise. La simple pensée qu’il l’ai touchée une fois dans sa vie ou simplement embrassé me rendait folle… De nature jalouse depuis que nous étions sortis ensemble, je n’imaginais pas une autre femme le toucher et encore moins face à moi. Mais les voir échanger ce baiser me bloquait. Cette boule au fond de ma gorge m’empêchait de m’ouvrir à lui. Si nous avions été seul, cela aurait été tellement plus facile.. Nous nous serions retrouvés, j’en suis sure. Mais de cette façon, j’avais trop de mal d’oublier ces images d’elle, trop difficile à trouver les mots juste pour lui dire la vérité.. « Je ne sais pas.. En deux ans, les souvenirs s’éffacent.. Mais pour être honnête, je suis contente que tu ne m’ais pas complètement oubliée, même si tu as du faire une croix sur notre histoire et que tu dois m’en vouloir d’être partie.. Enfin je le comprends alors je l’assume … Je suis désolée en tout cas » lui répondis-je en baissant les yeux. Je n’arrivais pas à le fixer tant je m’en voulais, c’était affreux cette sensation, cette culpabilité sur mon dos. Et dire qu’on aurait pu avoir une famille si je lui avais laissé le droit d’être père.. Sa réponse me blessait mais au fond, je l’avais mérité. Il avait du souffrir lui aussi par ma faute, alors me faire souffrir à mon tour n’était que trop juste. Toujours les yeux rivés sur le sol, je n’osais pas les lever face à lui. Je n’osais pas affronter son regard. Je savais que je craquerai, je savais que je cèderai aux larmes. « Oui.. Heureuse pour toi. Vous êtes mignons.. Tu le mérites Callum. J’ai pas assuré, j’ai pas été celle qu’il te fallait, alors j’espère qu’elle le sera et que tu iras loin avec elle.. » dis-je en levant finalement les yeux sans parvenir toutefois à le regarder dans les yeux. Je pensais qu’il allait repartir vers elle, qu’il allait la retrouver et vivre sa vie en m’oubliant simplement, en m’effaçant de sa vie et de sa mémoire.. Je n’appartenais plus qu’au passé désormais. La jeune femme semblait s’impatienter, mais Callum lui désirait en savoir plus. Soumise, j’accepta finalement de discuter avec lui tandis que la jeune femme partait, folle de rage. « Les femmes jalouses c’est pas forcément le top.. Et elle ne me ressemble pas. Elle est peut-être mieux que moi mais il n’y a aucune comparaison à faire entre elle et moi.. Heureuse qu’elle te convienne. » répondis-je en m’installant. Posant la petite sur la table, je l’embrassa avec amour tandis qu’elle jouait avec mes longs cheveux bruns bouclés. « Je sais.. C’est pas bien de se laisser approcher. Mais c’est pas comme si tu étais un inconnu … » Finalement installée, je la  garda dans mes bras et continua d’éviter le regard de son père, préférant me plonger dans celui de ma fille qui m’apaisait et dans lesquels je trouvais la force pour répondre à ses questions. « Elle, non. Mais toi tu vas te faire tuer quand tu rentreras.. Enfin si tu es sadomasochiste tant pis pour toi. » répondis-je avant de lui demander ce qu’il désirait avoir comme explications. Sa première questions fut évidemment la pire.. Caressant le visage de Jazz qui commençait à fatiguer, je soupira un moment. « J’ai le droit à un joker .. ? » Demandais-je en tentant d’esquiver la réponse par le rire, en vain. « Callum.. J’étais jeune .. Je savais pas quoi faire.. Mais oui.. C’est ta fille.. Notre fille..  Je crois qu’elle te ressemble assez pour ne pas en douter une seconde.. De toute façon je n’ai jamais couché avec un autre que toi alors pour le coup la question est résolue.. » répondis-je. C’était dit, il le savait désormais. Lorsqu’il me demanda de confirmer que tout allait bien entre nous, je sentis cette émotion dans sa voix. Je leva enfin les yeux vers lui et planta mon regard dans le sien. « Callum, j’ai jamais été aussi heureuse qu’avec toi.. Mon départ n’a rien avoir avec ce qui se passait entre nous, j’étais parfaitement heureuse, j’avais tout ce que je désirais avec toi.. » lui dis-je avant d’ajouter en soupirant «  Ecoute.. J’ai su que j’étais enceinte et j’ai paniqué.. J’ai cru que tu m’en voudrais. Tu voulais avoir ta vie, comment combiner ta vie et un bébé ? J’ai juste voulu faire ça pour toi.. Je savais que tu me détesterais, mais j’ai juste fais ça pour toi.. Pour ton bonheur. J’ai sans doute fait une erreur et j’en suis désolée mais j’avais peur. J’avais peur de ta réaction, de celle de mes parents.. Mais il n’y a pas une seconde que j’ai passé sans avoir pensé à toi. Jazz est notre fille, j’ai pas pu m’en séparer, c’était mon bébé, une partie de toi, j’étais incapable de m’en séparer Callum. Je suis désolée du choix que j’ai fais, je t’ai désolé de t’avoir fait du mal mais je n’avais aucune autre solutions..  Essaie de me comprendre… »

Quelque part, je ne sais pas tellement pourquoi, j'espérais que jamais Théa ne remettrait les pieds à Paris. Je ne savais pas où elle était mais si elle n'était jamais revenue c'est qu'elle devait être bien là où elle était. J'avais tellement peur de l'affronter que je préférais qu'elle reste loin de moi pour toujours. J'étais un homme, j'étais plein de fierté et je n'avais pas accepté le mal qu'elle avait pu me faire. Tout le monde autour de moi pouvait d'ailleurs en témoigner, je n'avais pas dit un mot sur ma rupture avec elle, sur le mal que je pouvais ressentir. Si on me posait la question, je répondais toujours la même chose : Je vais bien, elle est partie, tant pis pour elle. Je ne voulais pas tourner la page, je voulais l'arracher et la brûler. Même si elle me promettait tout l'amour du monde, tant qu'elle n'était pas là, elle ne faisait plus partie de ma vie. Elle avait voulu partir et j'avais exaucé son vœu... Mais maintenant qu'elle était là, tout était différent. Je ne savais pourquoi elle était revenue, ce qui s'était passé dans sa vie ou même si elle était accompagnée mais j'étais persuadé d'une chose : elle ferait de nouveau de partie de ma vie. Je me moquais bien de ce que mon actuelle petite amie pouvait dire et si elle voulait partir, la porte était grande ouverte. Si elle souhaitait me faire la vie dure pas de soucis. Ou alors peut-être aurais-je dû partir. J'avais souvent pensé à aller vivre à Londres, ma ville natale où j'avais passé quelques années. Je n'y étais jamais retourné mais cela me manquait quelque part. En partant, je me séparais de tous nos souvenirs, de ma vie d'avant. Pourquoi je ne l'avais pas fait ? Je ne me voyais pas quitter ma mère et mes frères et sœurs. Je savais que mon père n'attendait que ça. Je ne lui parlais pas mais je recevais souvent des mails de sa part, me disant qu'il voulait me voir, me rencontrer, voir l'homme que j'étais devenu. J'avais pris la peine de répondre une seule et unique fois pour lui faire comprendre qu'il était clair et net que je ne souhaitais pas le voir ne serait-ce qu'une seconde. Mais revenons-en à Théa. Je me doutais ce que ça avait dû lui faire de me voir avec une autre. Jamais un instant je n'avais imaginé voir la demoiselle aux bras d'un autre homme. Je savais que cette image m'aurait déchiré le cœur. Et c'était ce qu'elle venait de voir. En plus de ça, j'étais son premier amour et vous savez ce qu'on en dit. J'ai fait une croix dessus parce que tu es partie sans un mot, du jour au lendemain sans rien dire à personne... Tu ne pouvais tout de même pas espérer que ma vie s'arrêterait avec ton départ... Surtout pas deux ans plus tard. Tu as fait tes choix. Je t'en ai voulu mais maintenant... La colère est passée. Parce que oui, pendant un temps, j'avais l'impression que le monde s'était arrêté, que plus rien ne comptais et que les jours étaient si longs, si vides... Son regard croisait rarement le mien, elle semblait si honteuse. Je ne l'avais jamais vu comme ça avant. Ses mots me glacèrent le dos mais je fis mine de rien. Si elle s'imaginait un seul instant que je veuille aller loin avec elle c'est qu'elle n'avait jamais dû prendre réellement conscience de la force des sentiments qui m'animaient pour elle. T'inquiète, ce qui a été fait est fait et n'est pas à refaire. J'étais content qu'elle accepte de parler. Quant à sa réflexion sur le fait que les femmes jalouses n'étaient pas forcément le meilleur choix à faire, je ne pus m'empêcher de sourire. J'aimais ça, n'allons pas nous mentir. Cela me prouvait au moins que ma petite amie tenait à moi réellement. Moi j'aime bien. Ça c'est vrai. Vous êtes différentes mais ce n'est pas le sujet. Elle peut dire ce qu'elle veut, je m'en moque. Si elle est pas contente, pour moi c'est la même chose. Nous allions nous installer un peu plus loin et je ne pouvais plus quitter l'enfant des yeux. J'avais la conviction que c'était la mienne, elle me ressemblait tellement. Surtout ses yeux... Je secouais la tête lorsqu'elle demanda un joker et compris alors. Et enfin, elle confirma mes hypothèses. Jazz était ma fille, notre fille, notre bébé, le fruit de notre amour. Je ne savais pas réellement comment elle avait pu tomber enceinte alors qu'il me semblait qu'on prenait nos précautions mais je n'en avais sincèrement rien à faire. Je n'osais même plus parlé, comme si cette nouvelle m'avait sonné. Ce n'était pas ton seul choix Théa... Tu aurais pu me le dire ! Me dire que tu étais enceinte. Tu sais très bien que je ne t'aurais ni forcer à la garder ou à avorter. Je t'aimais plus que tout et j'étais prêt à tout pour toi. Ma vie c'était toi. Et rien d'autre... Tu aurais dû m'en parler, au moins essayer de savoir au lieu de faire ça ! Tu te rends compte que tu m'as privé d'un an et demi de mon bébé ? J'espère pour toi qu'elle ne parle pas et qu'elle ne marche pas ensemble parce que si tu m'as volé c'est si beau moment, je te jure que je ne te pardonnerais pas. Je me moque de ce que tu veux ou non, c'est ma fille et je veux ma place de père pour elle. Théa était toujours aussi importante dans ma tête mais Jazz venait de prendre une place de malade dans mon cœur. Je tendais mes bras doucement vers elle. Passe la moi, s'il-te plait. Je pris l'enfant doucement dans mes bras, la serrant contre moi et embrassant son crâne. Eh princesse... C'est Papa... Cela faisait bizarre... Il était si ému, si chamboulé... Cela semblait tellement étrange de dire qu'il était papa. Je ne comprendrais jamais le fait que tu sois partie, la façon dont tu l'a fait et le choix que tu as fait sans m'en parler... Je n'ai jamais été un monstre avec toi, on était heureux, tu le dis toi même. Je ne t'ai jamais forcé à quoi que ce soit, pour rien, vraiment. Et tu es partie sans rien. Et s'il t'était arrivé quelque chose, elle serait devenue quoi alors que je l'ai même pas reconnu ? Elle porte même pas mon nom... Il regarda l'enfant et caressa ses cheveux. Papa va plus te lâcher maintenant.

En fin de compte, Callum ne m’en voulait pas… Il me détestait littéralement, me haïssait profondément. Son regard posé sur moi et Jazz en disait long et bien qu’il garde un calme olympien presque incroyable, je savais ce qu’il ressentait. On dit que les yeux sont le reflet de notre âme, et depuis toujours je parvenais à lire en lui comme dans un livre ouvert par ce biais. Il m’en voulait, de rage presque. Il m’en voulait vraiment et au fond je pouvais le comprendre, bien que j’aurais aimé qu’il en fasse de même. Ce que j’ai fait était peut-être une erreur mais en la commettant à l’époque, j’étais perdue. Je n’étais qu’une gamine, tombée enceinte par mégarde, sans savoir de quoi serait fait mon avenir, si Callum accepterait ce bébé, s’il me forcerait à m’en séparer ou bien s’il me demanderait de choisir entre lui et ce bébé qui grandissait en moi et dont j’avais pu entendre le tout petit cœur battre. Il avait le droit de m’en vouloir, mais il fallait qu’il se mette aussi à ma place. Le choix que j’avais fais était tout sauf facile à accepter. Il avait sans doute souffert, mais j’avais du souffrir encore plus que lui, parce qu’en plus de souffrir de son absence, je souffrais de la culpabilité d’être partie presque comme une voleuse, comme s’il n’y avait rien eu entre nous, comme si je lui avais mentis alors que je n’avais jamais prononcé un seul mensonge envers lui. Jamais pas une seule fois. Il avait beau me regarder dans les yeux et m’assurer que la colère était passée, je savais que tout ça n’était qu’un tissu de mensonge. Je le voyais dans ses yeux que mon retour lui faisait autant de mal que mon départ, que sa colère, peut-être enfouie au fil du temps refaisait surface. Le ton de sa voix, tout me laissait croire qu’il m’en voulait et qu’il m’en voudrait probablement à vie. Avait-il donc vraiment fait une croix sur notre passé ? L’avait-il vraiment envoyé dans ses plus lointains souvenirs ? Notre histoire ne représentait-elle vraiment plus rien à ses yeux ? Sa façon de parler de sa petite amie me faisait bizarre. Il semblait ne lui accorder aucune attention. Elle pouvait même faire une crise de jalousie que cela lui aurait été complètement égal. « Je vois. Tu as changé Cal.. » répondis-je presque surprise. Il ne ressemblait plus en rien à l’homme que j’avais connu il y’a quelques années. A sa réponse, mon sang ne fit qu’un tour. Il pouvait bien me blâmer, mais il n’essayait même pas de comprendre le tiers de ce qui s’est passé. « Non Callum ! Je n’en savais rien ! Justement ! Je ne savais pas comment tu allais réagir, je ne savais pas quoi faire, j’étais perdue ! Tu ne peux pas savoir ce que j’ai ressentis parce que tu ne l’as pas vécu. Tu n’es pas le seul à en avoir souffert j’ai souffert encore plus que toi je te rappelle parce qu’en plus de souffrir de la séparation, j’étais enceinte, seule, je me sentais terriblement coupable et j’ai eu un accouchement traumatique ! Alors cesse de te faire passer pour le petit malheureux parce que tu n’es pas le seul dans le cas ! Moi aussi j’ai souffert énormément alors maintenant arrête de me culpabiliser ! Et Non elle ne parle pas, non elle ne marche pas ! Content ?! » Lâchais-je finalement de rage et retenant mes larmes. Tendant les bras vers Jazz dans mes bras, je me doutais qu’il voulait la prendre près de lui. La petite fille, amusée ne rechigna pas le moins du monde et à son tour lui tendit les bras en se penchant vers lui tout sourire. Elle avait ce regard de son père, son sourire malicieux qui nous faisait craquer. Elle était parfaite, une petite fille parfaitement éveillée et très intelligente. Obligée de lui céder ma fille, je resta les bras vides, comme si on me prenait une partie de moi, ce à quoi je devais me faire maintenant qu’il désirait entrer dans la vie de Jazz. En l’entendant prononcer le mot papa, mon cœur se serra, il me faisait atrocement mal. Les larmes qui s’accumulaient dans mes yeux et que je m’efforçais de retenir forçaient presque le passage mais je tenais bon. N’ayant jamais oublié Callum, une photo de nous deux trônait dans la chambre de petite princesse de Jazz. Elle avait toujours eu son papa sous les yeux au fond, je lui parlais de lui bien qu’elle ne me comprenne pas vraiment, je tentais de lui faire prononcer ce mot en tout premier, une fierté de maman toujours aussi amoureuse en fait. En entendant ce mot, elle-même était chamboulée. Les yeux rivés sur Callum, elle éclata d’un rire franc en continuant de gigoter contre lui fièrement. De nouveau rivés sur moi, ses paroles furent la goutte de trop. Cette fois s’en était de trop. Je n’en pouvais plus. Mordant ma lèvre, je fondis littéralement dans un torrent de larmes et quitta les lieux à grandes enjambées pour rejoindre le premier café du coin avant de m’enfermer dans une de ses toilettes pour y laisser aller ma peine. Il ne m’avait jamais autant fait souffrir. Sans doute était-ce mérité ? Je le voyais déjà continuer à me reprocher les choses. Je ne voulais rien entendre. Rester seule dans ces toilettes, pleurer longtemps et vider tout ce sac que je portais sur mon dos depuis deux ans. Deux ans d’accumulations d’un mal-être et de souffrances que je m’éfforcais de garder pour moi.