mais tout ça, c'était avant, parce que félix il a pris le large, loin de paris, loin de théo, loin d'ondine, loin des poubelles, loin de tout. on sait plus vraiment ce qu'il est, encore, au fond de lui.

sous vos pieds ▲ vivre dans le métro, personne ne l'a voulu. Même pas Théo, même pas Ondine, même pas Félix. C'est un peu comme une toile d'araignée transparente, elle vous emporte dans son filet pour ne plus jamais vous  relâcher. Au final, elle reste votre ultime refuge. A force d'y vivre, la pénombre devient bouclier et l'agonie des trains rassurante. la folie des ordures ▲ ça sent mauvais, on y trouve souvent rien aussi. Pourtant, Félix, chaque jour, une fois la nuit tombée, il quitte le métro pour fouiller vos ordures. Le pauvre clochard que l'on pointe du doigt, c'est lui. Mais c'est pas grave. C'est pas grave, parce que dans les poubelles, Félix y trouve des tas de belles choses. Pour embellir son quotidien mais aussi celui de ses deux amis. Quand on manque de rien, on jette sans regarder. On balance des choses sans se rendre compte de ce qu'elles peuvent réellement apporter. Suffit de plonger dans la misère pour comprendre la valeur du monde.  bouffée d'oxygène ▲ quand on pense à Félix, on pense aussi aux étoiles qu'il a dans les yeux. Sa façon de parler, aussi. D'une voix douce et presque chantante. Oui, on dirait qu'il chante tout le temps, même quand il chante pas. C'est étrange à décrire. Un drôle de sentiment qui vous prend comme ça, rien qu'en l'écoutant. Peut-être son sourire, sa façon de bouger les mains, son accent. Une chose est sûre, ce petit gars, il vous transporte, ailleurs, plus loin. C'est beau, c'est grand, presque palpable. C'est Félix. Félix et sa vision du monde. le centre du monde ▲ de toute façon, il s'en fout. Du temps qui passe, de l'argent inexistant, des fringues sales, de l'amour d'Ondine. Félix, c'est pas un garçon méchant mais il est juste un peu trop égoïste. S'il chante, c'est pour montrer qu'il existe, pas pour l'argent. S'il est avec Ondine, c'est pour assouvir ses besoins, pas pour l'amour. S'il traîne avec Théo, c'est parce qu'il le connaît depuis longtemps, pas pour la complicité. C'est toujours comme ça avec lui, de toute façon, ce doit être ce qui le rend si fascinant, au fond. les amants tristes ▲ il pense souvent à cette époque là, perdue dans les péripéties de sa vie. A son cœur battant et son envie de la revoir. Cet amour qui remuait ses entrailles à le rendre fou, tel un possédé. Oui, l'amour, ce sentiment comparable à un démon. Il dicte vos actes, s'écrase sur votre âme jusqu'à vous détruire totalement. Félix a souffert de l'amour, il en souffre toujours, d'ailleurs, quand il y pense trop longtemps. Le soir, couché sur son matelas humide contre Ondine, ça grouille en lui. Un espèce de dégoût constant et incontrôlable. Une allergie à l'amour, peut-être. enfant de la lune ▲ c'est comme ça qu'on désigne les personnes comme lui, juste pour rendre la chose plus poétique. Ça sert à rien d'en parler. C'est c'qu'il dit souvent, le Félix. Avec son regard froid et un peu perdu. C'est pas utile. Il en rajoute une couche, pour se protéger. Protéger Ondine. Fin non, surtout Théo. Ses mains se perdent dans ses poches, juste histoire de masquer les preuves. Faire oublier la maladie, sa peau recouverte de tâches blanches pas vraiment esthétiques. Cette bêtise qui le ronge et le rend horriblement humain. Mais surtout vulnérable. Il déteste ça, se plaindre, parler de son effroyable défaut de fabrication. Tellement qu'il a arrêté le traitement, de toute façon, sous le métro, y a pas de soleil. into the wild ▲ de loin son film préféré. L'histoire de ce type qui lâche tout pour réaliser son rêve. Y a rien de plus admirable qu'une personne comme Christopher. Vivre ses rêves. Et puis c'est tout. Ne surtout pas se perdre dans les futilités de la vie et y croire, jusqu'à la dernière seconde. Félix aussi est courageux. Il a tenté sa chance, en quittant le sud pour la ville dans le but de percer. Vivre au milieu des paillettes et vendre sa voix. Ça a un peu merdé, faut l'avouer. Il lui arrive de regretter aujourd'hui mais garde à l'esprit que tout n'est pas encore perdu. Le bonheur est à porté de mains. rouge ▲ il s’énerve souvent, pour un oui et pour un non. Sa voix s'élève et résonne dans les tunnels du métro. Ça lui fait du bien d'extérioriser ce qu'il peut ressentir, de lâcher au visage des autres ce qu'il pense réellement. Ses mains se serrent régulièrement, aussi. L'impulsivité de Félix est l'un de ses plus grands défauts. Faut dire que ça arrive en lui comme un espèce de tsunami. Un truc immense, impossible à fuir. Vous avez beau courir, l'eau finira toujours par vous submerger. La colère noie parfois les pensées de Félix. Il est humain, après tout. le politiquement correct ▲ Félix est une cellule morte. Théo et Ondine le sont aussi. La société n'admet pas pauvreté et faiblesse. C'est ainsi que malades, tristes, rêveurs et chômeurs sont devenus, au fil des années, le cancer de la vie. Notre génération se base sur des règles établies, des conditions sur lesquelles il ne faut surtout pas baver. Puissance et violence président l'humanité, ou du moins ce qu'il en reste. Elles n'épargnent personne, même pas trois petites âmes perdues dans le métro de Paris. luciole ▲ Il brille, par sa présence, par son rire, ses blagues inutiles. Félix, c'est peut-être pas le plus chanceux mais il reste heureux. Et ça reste l'essentiel.