I MEAN MY, MY, MY, MY YOU'RE LIKE PELICAN FLY

Marchant le long du canal avec mon tee-shirt bleu Yves Saint Laurent, je devais rejoindre sur le pont qui reliait les deux rives ma meilleure amie Lumen. Je l’avais connu lorsque j’étais en Angleterre & je l’ai retrouvé en France, à croire qu’on était vraiment inséparable « à la vie, à la mort » comme on disait enfant. Le hasard avait quand même fait fort, on travaillait dans le même institution, pas le même service, mais le même hôpital, il était bon de la voir sur mon lieu de travail. Tout était si hostile parfois là-bas, entre les familles qui me remettent la vie de leur proche entre mes mains & mes supérieurs hiérarchiques qui me reprochent ma grossesse, j’avais besoin de Lumen au travail pour les affronter… Or, il n’y était pas tout les jours. En effet, Lumen faisait des études de psychologie & n’était à l’hôpital que 3 fois dans la semaine. Il fallait aussi que j’apprenne à me débrouiller seule, sans elle. Car oui, lorsque mon enfant naîtra, même si Ella sera là, ce bébé sera ma chair & je serais son seul parent. Du moins pour le moment puisque je ne savais pas encore l’identité exacte du père…

Je vis sa frimousse de loin, ses cheveux blonds que le vent caressais & son visage baissé entrain de regardé le canal. Lumen était une jeune femme séduisante, il n’était pas rare qu’un homme s’arrête sur son chemin pour aller l’aborder & c’était le cas ! De là où j’étais, je voyais que la personne n’avait pas l’air très charmante, je vis Lumen faire deux trois grands gestes puis, l’homme parti dans ma direction. Passant près de lui, je pu confirmer mes dires, il n’était pas beau du tout ! Arrivant sur le pont, je ne pu m’empêcher de me moquer de Lumen.

« Tu as osé repousser ce bel étalon ? »

Nos rires sonnèrent ensemble en harmonie ! Je lui fis une bise sur la joue pour la saluer & nous commençâmes à faire quelques pas ensemble. On ne savait pas où on allait & cela importait peu pour le moment ! J’avais pleins de choses à raconter à Lumen, il s’en été passé des choses pendant qu’elle était à la fac & moi à l’hôpital ! Il fallait que je lui parle de Lukas, de ma grossesse, d’Aaron mais aussi d’Ella ! Mais bon, je ne voulais pas monopoliser tout de suite la conversation alors, je lui demanda :

« Ça va ? Alors raconte-moi tout ce que j’ai pu louper pendant que tu étais à tes soirées étudiants & moi, chez moi à regarder l’amour est dans le pré ! »

En réalité je ne regardais pas réellement ça mais, c’était mieux de dire ça plutôt que d’avouer que je regardais à 19 :35 « Dr.Quinn, femme médecin » sur Gulli… Ne me jugez pas ! Je savais que Lumen avait eu une aventure avec un de mes patients, d’ailleurs à chaque fois que je le voyais je me sentais gênée, pas pour moi, mais pour lui puisque je savais absolument tout sur lui ! Mais bon, j’étais son médecin après tout, je devais tout savoir ! Au moins s’il vient me voir un jour avec des douleurs dans l’entre jambe, je serais qui est la coupable…

Les cours avaient tout juste repris, je n'avais donc que les horaires de mes matières principales, les options n'étant pas encore réparties dans mon planning ce qui me laissait encore beaucoup de temps libre. Et justement, aujourd'hui, j'avais un cours à 8h et le reste de ma journée était libre. C'était donc le moment parfait pour une journée avec Jaimie. Nous avions beau nous connaitre depuis notre plus tendre enfance et travailler dans le même hôpital quelques jours par semaines, cela faisait des semaines que nous n'avions pas passé une journée ensemble. Après mon cour, j'ai pris la direction du canal St Martin. Je n'avais pas le temps de passer me changer, mon jean et mon débardeur ferraient l'affaire. Je fis un petit détour par un café où j'achetais deux Mocchiato caramel : un pour Jaimie et l'autre pour moi. J'étais une vraie dingue de ce café, j'aurais pu boire ce truc toute la journée et je savais que Jaimie l'aimait beaucoup aussi. C'était notre petite habitude : nous retrouver avec des cafés bien chauds, peu importait le temps et la température. Nous étions prêtes à braver le froid, la canicule ou la neige pour pouvoir nous retrouver et ça avait toujours été le cas. Depuis que nous étions enfants. Lorsque Jaimie avait déménagé, j'avais supplié ma mère pendant des semaines de bien vouloir me laisser lui rendre visite et des années plus tard, c'était mon inconscient qui me suppliait. Et qui pouvait résister à son propre inconscient ? Certainement pas moi.
Une fois près du canal, Je pris la direction du petit pont en fer où nous avions l'habitude de nous retrouver et, accoudée à la barrière, j'attendis l'arrivée de la future maman. Quelqu'un vint se poser près de moi et en entendant un "mademoiselle, vous êtes charmante"et en sentant une main se poser sur mon bras, je me retournais face à mon boulet de service du jour. C'était un faux-beau. Vous savez, ce genre de mec mal coiffés, à peine rasés avec des yeux à vous faire tomber. Le genre de type à qui on a envie de faire toutes sortes de choses dés qu'on le voit mais qui, en y regardant de plus près, cumule tous les défauts possibles. (Je vous laisse imaginer la forme étrange de son nez et le nom de boutons d'acnés au niveau de ses joues. Pourquoi est ce qu'il fallait toujours que ce soit moi qui me retrouve avec de genre de types ? Je n'étais pourtant pas moche et je n'avais pas l'air si désespérée ... enfin, je l'espérais.
Je fis un sourire mi-poli mi-faux-cul au boulet avant de faire quelques gestes en lui expliquant que je n'étais pas intéressée. Je le regardais s'éloigner et croiser une jeunes femme vêtue de bleu. Pas de doute possible : c'était Jaimie. Elle s''approcha de moi et je la serrais dans mes bras. Je n'eus pas le temps de dire quoi que ce soit qu'elle se moquait déjà gentiment de moi : « Tu as osé repousser ce bel étalon ? ». Je fis exprès de rentrer dans son jeux en lui disant : « "Bel étalon" ? Ma pauvre Jaimie, tes hormones de femme normale en ont pris un coups depuis que Bébé St James est là dessous !» Nous nous mîmes à rire ensemble et cela annonçait déjà une très bonne journée ! Je lui donnais son café en précisant qu'il était décaféiné. Je ne voulais pas rendre ce petit bout de chou accroc à la caféine avant même qu'il ne soit né ! Jaimie engagea la conversation la première : « Ça va ? Alors raconte-moi tout ce que j’ai pu louper pendant que tu étais à tes soirées étudiants & moi, chez moi à regarder l’amour est dans le pré ! »
« L'amour est dans la pré ? Sweety, il faut absolument que tu sorte un peu de chez toi quand même ! ou que tu loue de bons DVD plutôt que de te ramollir le cerveau avec ces bêtises. Quoique, tu as peut être pour destin d'aller t'installer en pleine campagne avec un bel agriculteur ! » Je me mis à rire et attendis un peu avant de répondre à sa seconde question. Est ce que j'allais bien ? oui, pour ça, il n'y avait pas de soucis, mais il s'était passé des tas de choses depuis notre dernière conversation "confidences" et j'avouais ne pas savoir par où commencer.
« Les fêtes étudiantes ? Oh mon dieu ce que j'ai pu m'amuser comme une folle à la dernière où je suis allée ! Cela faisait des moi que je n'avais pas pris une cuite comme celle ci ! Le plus triste c'est que je suis incapable de me souvenir de la fin de la soirée ... Je crois que c'est ce qui va le plus me manquer après mon diplôme. »
Qu'est ce que je pouvais lui dire d'autre ? L'histoire de l'ascenseur avec Sylvain ? Non, ce serait pour plus tard, et ma peur d'une grossesse il y a quelques semaines ? Non, ça aussi ce serait pour plus tard. Bien que je mourrais d'envie de tout lui raconter...
Je changeais donc de sujet en prenant de ses nouvelles : « Et toi alors ? Ce petit cœur en sucre ne te fait pas trop de misères ? Qu'est ce que je suis impatiente qu'il soit là !» Et c'était vrai. J'étais véritablement dingue de ce bébé des mois avant qu'il ne naisse. Je ne pouvais plus passer devant une boutique pour enfant sans regarder les jouets et les tenues les plus fun que je pourrais lui offrir. J'en étais presque venue au point de faire une liste des choses qu'il ne fallait pas que j'oublie de lui donner. J'étais tout simplement folle. Mais j'étais pardonnée : Un bébé, c'est tellement optimiste comme événement !!
Je sirotais mon café en attendant que Jaimie me comte les joies de sa grossesse (ou pas).