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 elle m'ensorcèle, la seine, la seine, la seine... (célestine)

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MessageSujet: elle m'ensorcèle, la seine, la seine, la seine... (célestine)   elle m'ensorcèle, la seine, la seine, la seine... (célestine) EmptyMar 29 Oct - 18:42



elle m'ensorcèle, la seine, la seine, la seine...

Pont Neuf à une heure bien tardive, ou l'inverse tout dépend de quel point de vue vous vous placez. Il faisait froid. Thomas remonta la capuche de sa veste sur sa tête et tira les manche. Il but la dernière gorgée de la bouteille d'alcool et la posa à ses côtés puis il s'entoura de ses bras pour se réchauffer. Vous me direz, c'est idiot d'être dehors assit contre la rambarde d'un pont à se les cailler alors qu'il pourrait tout simplement rentrer chez lui. Certes, sauf qu'à cette heure-là il n'y avait plus de métro, les vélib' très peu pour lui et marcher encore moins. Il attendait donc le petit matin. Plus qu'une heure ou deux à tirer, ce n'était pas la mort, il avait déjà fait bien pire. Il s'était déjà pointé au collège où il bossait, trempé de la tête au pied car il flottait, sans s'être changé, après avoir passé la nuit dehors. A vrai dire, il n'avait pas vu le temps passé. Il était allé voir son frère et après avoir mangé dans un fast food, joué aux jeux vidéos et avoir bavardé pendant un moment ils avaient finit par se dire au revoir. Comme un con, Thomas ne s'était rendu compte que trop tard qu'il n'y avait plus de métro et chaque fois qu'il avait voulu appelé son frère depuis il tombait sur le répondeur. Il faut dire que Joan n'aimait pas qu'on le dérange quand il voulait dormir et tant pis si son frère devait coucher sous les ponts. Quelques joints et une bouteille d'alcool après, Thomas était donc sur le pont neuf, écouteurs enfoncés dans ses oreilles. Il faisait très légèrement SDF toxico en manque de sa dope qui va agresser une jeune fille innocente mais tant pis, au moins personne ne se risquait à aller lui parler.
Après un long soupir, Thomas se décida à se lever, bon sang, sa tête tournait. Il attrapa sa bouteille vide et suspendu au dessus du vide avant de la laisser tomber, la suivant du regard, la regardant plonger dans la Seine avant de remonter à la surface et à flotter, emportée par le courant. Il finit par s'allonger sur le muret et regarda le ciel nuageux. Il se souvenait avoir traversé ce pont il y a plus d'un an maintenant, tenant par les épaules la jeune et jolie Marion. Ils parlaient fort, sans se soucier des autres et puis ils avaient longé le jardin des Tuileries, avait pris à droite pour arriver place de la Concorde, tourné autour de l'Obélisque en riant, puis étaient descendu dans le métro. Thomas ferma les yeux et se redressa en sortant de sa poche une cigarette. Il la mit dans sa bouche et chercha un briquet, quand enfin il le trouva il essaya d'allumer le bâtonnet en vain, trop de vent. Il s'excita sur le briquet, tenta de parer au vent du mieux qu'il pu, rien à faire Il allait se décourager, levant les yeux au ciel quand il tomba sur une silhouette, là, sur le muret d'en face. Gracile, elle mettait un pied devant l'autre, bras tendu sur les côtés comme une équilibriste. Thomas fronça les sourcils. Et quand il vit que la jeune femme manqua de se casser la figure il sursaute et descendit de son muret, fit quelque pas vers elle. Il jeta un coup d'oeil à gauche, puis à droite, personne. C'était bien la première fois qu'il voyait ce pont si désert. La fille était seule alors ? Il s'approcha davantage. S'arrêta au milieu du pont. Hey ! S'écria-t-il d'une voix rauque, enrouée par le froid, la fatigue mais aussi trop de tabac, d'alcool et de cannabis. Il craignit rapidement que de l'interpeller comme ça elle serait surprise et tomberait à la renverse. Mais ne sur-estimons pas le pouvoir qu'avait Thomas sur les femmes, il ne les faisait toujours pas tomber par terre. Cependant, ceci suffit à attirer l'attention de la petite brune. Thomas la regarda attentivement. Son visage lui était familier. Et à Paris, on ne reconnait pas quelqu'un juste pour l'avoir croisé une fois. On se connait non ? Demanda-t-il avant de faire quelques autres pas en sa direction. Et puis, ça lui revint. Furtivement, par flash. La ruelle, les mecs, les coups. Il se revoyait, à terre entrain de perdre à moitié conscience, accusant les coups de ces racailles. Ce n'était pas encore très clair suffisamment pour qu'il sache qu'il avait à faire avec une vieille connaissance. Et Thomas resta planté là, à la regarder le menton lever, les bras autour de son corps pour se protéger du froid.
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MessageSujet: Re: elle m'ensorcèle, la seine, la seine, la seine... (célestine)   elle m'ensorcèle, la seine, la seine, la seine... (célestine) EmptyMar 29 Oct - 21:34

Trop bas. Trop bas. Pas assez haut. On ne sent pas bien le vent. Un pied. Puis l’autre. Trop facile. La bouteille en verre, entre mes lèvres, elle se vide. Vite. Le palais brûle. La gorge aussi. Puis plus rien. Je lève mes deux bras, fière de moi. Elle glisse de mes doigts froids. Et s’écrase au sol. Le fracas me fait sursauter. Mon sursaut me fait rire. Mon rire interpelle les gens. Ils sont sur le trottoir d’en face. Ils me dévisagent sans trop oser. Je sens leur gêne. Un peu leur peur aussi. Ils me trouvent ridicule mais ne se moquent pas. Pourquoi ? Je ne vais pas les attaquer. Je suis saoule mais pas stupide. Enfin, pas stupidement agressive en tout cas. Si je l’étais, j’aurais foutu une claque à ce metteur en scène miteux qui ne m’a pas retenu. Alors que le rôle était pour moi. On aurait pu croire qu’il était fait sur-mesure. Une cinglée. Qui tente de s’avorter. Elle-même. Mais c’est mon histoire ça. C’est la mienne. C’est moi la cinglée. J’ai pris ce couteau. C’est moi. Ce personnage, c’est moi. Il a manqué la comédienne pour ce rôle.  Et puis je joue admirablement bien la comédie. Je suis douée. J’ai un talent pour ça. J’en suis persuadée. Il est aveugle. C’est qu’un sale gros de toute façon. Avec son gras des joues qui pend. Enfoncé dans son triple menton. Sa chair molle lui cache les yeux et les oreilles. Normal que dans ce cas, je ne sois pas retenue. Sale gros. « Sale gros ! » C’est à cause de ma crampe. Je le sais. En plein milieu de l’audition. Une crampe en bas du ventre. Pliée en deux sur la scène, l’espace de trois secondes. Elle m’a retiré le rôle. Cette foutue douleur liée à mon accident. A ce que j’ai fais. Le passé me rattrape quoi que je fasse. Je ne peux pas l’oublier s’il revient à la charge s’en arrêt. C’est comme ce crétin de Raphaël. Qui resurgit de nulle part. Encore et encore. Ma haine ne peut pas s’apaiser avec lui dans les parages.

C’est haut. Pas trop bas. On sent bien le vent. Un pied. Puis l’autre. Trop facile. Comment je me suis retrouvée là ? Les bras écartés. Ils tanguent un peu. Un pied. L’autre. Il glisse. Je me rattrape. Je me souviens des débris de verre sur le trottoir. D’avoir été triste malgré l’alcool. D’être rentrée dans un bar. D’être partie en courant. Très vite. Sans payer. Mais pas d’avoir grimpé sur le muret du pont. Peu importe, ici, le vent est présent. Il agresse mes joues rosies pas le froid. Il me parle. « Hey ! » D’une voix plus grave que je ne l’imaginais. Non, ce n’est pas le vent ça. Je me retourne. Sur un pied. Les bras arrondis au-dessus de la tête. Comme une danseuse étoile. Je me suis trompée de carrière. « On se connait non ? » Quoi ? Qu’est-ce qui se passe ? «  Non. » Je réponds machinalement. Je ne comprends pas de suite. La vue un peu brouillée, je ne le vois pas bien. Un petit jeune homme. Si petit. Ha oui. Non. Je suis surélevée par rapport à lui. Mes mains se laissent tomber. Sur ses épaules. Courbée, mes yeux plissés le dévisagent. C’est presque indécent. « On se connait, non ? » Un gars tout frêle. Venu de nulle part. Il ne faisait pas le poids. Seul contre tous. Même un par un, il n’aurait pas fait le poids. « Oh mais oui, mon sauveur ! » Qui sait où et dans quel état je serais à cette heure ? Sans son intervention. C’est un peu dérisoire en sachant que j’ai du le soigner après. Enfin, j’ai au moins essayé de le nettoyer. Dans des toilettes publiques. C’est vrai que c’est, de base, très hygiénique.  « J’espère que ça va mieux. Ça m’embêterait qu’un preux chevalier soit hors service par ma faute. Il y a sûrement d’autres demoiselles en détresse à sauver. »  Je me redresse. Lentement. Ce serait con de tomber. En arrière. Sans voir l’eau s’approcher. « Allez viens le héros, montre moi comment tu voles. » Sans attendre sa réponse, mes phalanges s’agrippent à son bras. Pour l’inciter à monter. Lui montrer qu’il n’a pas vraiment le choix.
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