Théa venait juste d'arriver. La musique était assez forte pour qu'elle ne s'entende pas marcher, ni même parler d'ailleurs. Son haut de maillot de bain était caché sous une doudoune mont clair dont elle était bien fière et son jean serré (tellement qu'on se demandait comment elle pouvait marcher, d'ailleurs) lui faisait des fesses à couper le souffle. Elle avait une paire de bottine à talon compensé et galérait pour se frayer un passage dans la foule. Ce soir, c'était open appart, hot & cold chez un mec qu'elle ne connaissait qu'à peine. Si elle était là, c'était pour accompagner sa cousine qui voulait absolument faire une apparition. Bon, c'était aussi pour montrer avant tout le monde son nouveau maillot de bain victoria secret qu'elle venait tout juste de recevoir. Oui, en plein automne. Et alors ? Hors de question de passer à côté d'une occasion pareille pour se montrer. Arrivée enfin au bar, la jeune blonde demanda en hurlant un gin tonic. Le serveur la regarda avec un air de dédain et lui servit. Apparemment, il était plutôt habitué au vodka pomme ou vodka orange puisqu'elle eut un vague mélange de gin et de shweppes. Elle s'en contenta et se décida à aller visiter. L'appartement était en fait un duplex. L'étage du dessus était aussi grand qu'en bas, ce devait faire dans les cent mètre carré. Théa fut impressionné de la façon dont c'était fait. Un trampoline à fond vide servait de mezzanine et on y trouvait quelques personnes, allongées. Théa ouvrit le porte des chambres pour finalement tomber sur un lit immense. Elle ne put s'empêcher de se jeter dedans. Moelleux et douillet, elle y aurait bien passé la nuit. Entendant des pas dans le couloirs, la jeune blonde pria pour que personne ne la dérange. Dommage, la porte s'ouvrit lentement. « C'est occupé ! » L'éternelle voix de Théa, violente et sèche.

t’es là, à cette soirée, et tu sais même pas pourquoi. c’est vrai ça, qu’est-ce que tu fous là, en fait ? t’en sais foutument rien. c’est pas ton genre de soirée, ça, les trucs à thème. hot & cold en plus, j’vous jure. t’avais clairement aucune idée de comment tu devais t’fringuer. heureusement qu’c’est des nanas qui t’ont ramené, elles ont pu te trouver comment t’habiller. un sweatshirt polaire dc tellement confortable, un short de bain hurley bien coloré, à la mode été, et une paire d’havaianas, ça devrait l’faire, qu’elles t’ont dit. et dire qu’au début, elles voulaient te faire venir en pantalon de ski et torse nu. elles en ont de l’imagination, ces nanas. à peine arrivé qu’elles t’ont déjà lâché, d’ailleurs. elles te laissent seul dans cette jungle où tu n’connais personne, alors tu t’contentes de prendre une bière. et c’est là, au bar, que tu la vois. tu sais qu’ta soirée, finalement, ne sera peut-être pas aussi pourrie que tu l’pensais. t’as vraiment envie d’aller la voir, ouais, vraiment. et l’temps de réfléchir à c’que tu pourrais bien lui dire, elle a déjà filé. elle est déjà plus loin, en train de monter les escaliers. tu la suis. c’est qu’elle marche vite, même avec ses talons. t’arrives enfin, et « c'est occupé ! » toujours aussi aimable, celle-là. t’entres quand même, lentement. « ah ouais, même ma compagnie, tu la refuses ? » un léger sourire timide, et tu restes planté à plus d’un mètre d’elle. elle t’impressionne autant qu’elle t’intrigue, cette blonde-là.

Théa était trop bien. S'enfonçant dans le lit, sans jamais avoir l'impression de s'arrêter. Il ne manquait plus qu'une énorme couette pour que tout le monde l'oublie et que plus jamais personne ne la remarque. L'alcool, elle lavait mauvaise ce soir. Très mauvaise apparemment. Voulant rester seule, l'arrivée de quelqu'un dans la chambre ne la rendit pas vraiment heureuse. Elle balança une phrase avec un ton désinvolte avant de se retourner rapidement, reconnaissant la voix qui lui parlait. « ah ouais, même ma compagnie, tu la refuses ? » Sa tête s'était retournée tellement vite qu'elle en perdit l'équilibre et eut l'impression de tomber du lit. Pourtant, elle n'avait pas bougé d'un pouce. Andrea avait fait son entrée dans la chambre. Sur le coup, Théa avait été surprise de le voir. Et puis, après réflexion, ça ne la choqua pas plus. Elle prit la parole, un peu dans le gaz. « je sais pas. j'hésite. » Théa se retourna doucement, manquant une fois de plus de tomber. Assise sur le canapé, les jambes dans le vide, es bras en arrière, Théa gonfla sa poitrine, face au jeune homme. « T'as un laissé passé pour rentrer ? » Levé de sourcil, Théa était plus que fière de sa blague.

tu pousses la porte, tu te fais remballer, et tu regrettes presque aussitôt de l’avoir suivie. qu’est-ce qui t’a pris, andrea ? pourquoi tu l’as suivie, au juste ? ta curiosité, hein. t’es attiré, et tu sais même pas pourquoi. t’aimerais bien savoir pourquoi d’ailleurs, tiens. c’est le fait qu’elle t’ait dit que tu lui plaisais, c’est ça ? ouais, c’est sans doute ça, ouais. pour une fois, ouais, pour une des rares fois où tu plais à quelqu’un. ça t’est monté à la tête, c’est ça ? c’est les hormones qui te sont montées, évidemment. pour une fois, faut pas louper l’occasion. pourtant, si ça avait pu être caetana qui t’avait dit ça, ça t’aurait bien plus arrangé, hein ? « je sais pas. j'hésite. » hm. si elle-même n’est pas sûre, vous êtes mal barrés. c’pas toi qui va réussir à décider. c’pas andrea le fragile qui va réussir à prendre une décision, quelle idée. « t'as un laissé passé pour rentrer ? » tu souris un peu timidement. beaucoup, beaucoup timidement, en fait. tu t’approches, tendant ta bière, un peu timidement. tout est timide avec toi. t’es trop fragile, décidément. « j’ai.. une bière ? aha.. aha.. » ça fait rire que toi, décidément. tu souffles un bon coup, pour te donner un peu de courage, et tu t’assoies à ses côtés. tu passes délicatement tes doigts sur son avant-bras, et te transformes instantanément en tomate par la même occasion. « toujours pas décidée à te faire tatouer ? »

pardooon, c'est d'la merde en boîte  

« j’ai.. une bière ? aha.. aha.. » Théa jeta un coup d'oeil à son verre d'alcool fort qu'elle avait posé sur la table de nuit avant de s'étaler comme une merde sur le lit. Sa tête tournait tellement vite qu'elle se croyait dans des montagnes russes à disney. D'ailleurs, elle avait l'impression de voir six Andréa alors qu'un seul suffisait bien largement. Elle haussa donc les épaules en le regardant entrer avec sa bière dans la chambre. Il poussa quelque peu la porte, les laissant assez confiné tous les deux. « toujours pas décidée à te faire tatouer ? » Théa fit non de la tête comme une gamine de six ans le ferait. Elle avait maintenant le nez dans son verre et attendait pour le boire, on ne sait quoi. Elle se releva ensuite, bien trop rapidement et commença à tituber avant de se rattraper sur l'armoire. Dur. « En fait non, j'attends un bel homme me prenne par la main et m'emmène. » Théa regardait Andréa avec des yeux de chat et le biche à la fois. Bien sur, elle parlait de lui. De qui d'autre pourrait-elle bien parler ? Mais son état était loin d'être sexy. Même si elle avait fait une tentative de levé, elle était bien mieux allongée et faisant la morte sur le lit. Elle se jeta de nouveau dessus, ne désirant plus bouger d'une seule mèche de cheveux. Elle tendit ensuite la main, vers Andréa. « Tu devrais venir, on est trop bien. »

Spoiler:

face à toi, théa est bien plus que torchée, c'est à se demander comment elle fait encore pour tenir debout, et quand elle se lève et se rattrape heureusement à l'armoire, tu te demandes vraiment combien de verres elle a pu boire pour finir dans un tel état. t'es même pratiquement sûr que toi, qui ne boit que très peu, après la même quantité d'alcool qu'elle, tu serais en train de faire un coma éthylique par terre, dans un coin. c'est même certain. « en fait non, j'attends un bel homme me prenne par la main et m'emmène. » tu regardes autour de toi, l'air de dire qu'elle peut encore attendre un moment, son bel homme n'est pas prêt d'arriver, non, c'est sûr. et personne n'est dans les environs. la pauvre, elle va devoir se contenter de toi ce soir. enfin, au moins, tu t'occuperas d'elle, et comme il le faut, c'est déjà un avantage. un avantage non négligeable, même. tu lui souris, un peu, un peu désolé pour elle, en même temps. elle se jette à nouveau sur le lit, et t'as peur qu'elle se fasse mal d'une quelconque façon, alors tu restes planté, droit comme un piqué, plutôt mal à l'aise, à la surveiller, qu'elle aille bien, qu'elle ne se blesse pas ou peu importe. elle te tend sa main peu de temps après ; « tu devrais venir, on est trop bien. » tu poses ta bière sur la commode et t'assois sur le lit, pas trop près d'elle. mal à l'aise le petit ravel, mal à l'aise. tu restes muet, ose à peine la regarder de temps à autres pour vérifier qu'elle est toujours en vie. « et, euh, si ça va pas, que t'as envie de vomir, ou j'sais pas quoi, tu m'dis hein, déconne pas.. »

Théa s'était recroquevillée au fond du lit et s'enfonçait dans la couette. Elle avait bien bu, certes mais elle était dans une passade assez négative de son état. Disons qu'elle préférait se morphondre plutôt que de danser partout. Et maintenant qu'elle n'était plus seule, elle n'avait aucune idée à quoi s'attendre. Parler pendant des heures de sa situation amoureuse merdique ou alors se jeter sur ce jeunôt pour l'empirer. Telle était la question. « et, euh, si ça va pas, que t'as envie de vomir, ou j'sais pas quoi, tu m'dis hein, déconne pas.. » Théa leva la tête assez rapidement, ça tournait mais elle contrôlait parfaitement la situation. Elle jeta un coup d'oeil a Andréa avec un air de défi. « pffff. je suis une fille, je vomis jamais. ou alors, des paillettes. » Théa se rallongea. Elle ne trouva pas mieux à faire ensuite que de s'approcher d'Andréa et de poser sa tête sur ses genoux. Elle n'en avait que faire de savoir s'il était à l'aise ou pas. Elle voulait juste qu'on s'occupe d'elle. « T'sais. Ma vie, c'est quand même un bon gros bordel. » Elle fit une pause, et reprit. « Non mais franchement. j'ai tellement cru tout contrôler que j'ai commencé vingt choses en même temps et donc, je ne sais plus où j'en suis maintenant. » ça paraissait logique dans sa tête, mais Andréa ne connaissait pas ses histoires alors il ne pouvait être vraiment objectif. « Toi, t'es un mec. t'as pas de problèmes. » Et ça, c'est bien ce qu'elle croit.

« pffff. je suis une fille, je vomis jamais. ou alors, des paillettes. » tu rigoles un peu à ses paroles, amusé, mais pas pour autant plus à l’aise dans la situation dans laquelle tu te trouves. ce mythe selon lequel une fille est raffinée et vomit des paillettes et ne fait pas caca t’a toujours fait rire. pour toutes les filles que t’as connu, rares sont celles qui sont réellement raffinées. elles jouent les raffinées, mais en vérité, dès qu’elles sont en confiance et à l’aise, elles laissent découvrir leur vraie nature, qui est bien loin de rendre ce mythe véritable. et s’installe alors près de toi, bien trop, et ce que tu redoutais le plus arrive ; elle pose sa tête sur tes genoux. la proximité est bien trop grande pour que tu sois à l’aise. ton cœur ne cesse de battre la chamade, et tu ne sais pas vraiment ce que tu dois faire, surtout étant donné la tournure que prend la conversation. « t'sais. ma vie, c'est quand même un bon gros bordel. » tu ne comprends pas pourquoi elle te dit ça, et elle ne te laisse même pas le temps de répondre qu’elle continue son discours ; « non mais franchement. j'ai tellement cru tout contrôler que j'ai commencé vingt choses en même temps et donc, je ne sais plus où j'en suis maintenant. » tu fais la moue avec ta bouche, tu n’sais pas de quoi elle te parle, alors c’est plutôt difficile de lui donner une réponse concrète, mais tu t’y essayes quand même. « mais non, mais c’est pas grave, t’as juste à prendre du recul et reprendre chaque chose, t’as la vie devant toi pour tout finir, c’est rien.. » ouais, t’espères, mais tout dépend de ce dont elle parle, en fait. « toi, t'es un mec. t'as pas de problèmes. » t’as envie de rire, mais de rire jaune. et puis de pleurer un peu, aussi. parce qu’on va pas se le cacher, andrea, t’es un fragile dans le fond, un sensible, c’est pas nouveau de toute façon. t’es bien plus fragile que tu ne le laisses penser, et un rien suffit à te briser. vraiment rien. « c’est c’que tu penses ça théa, c’est pas parce que j’suis un mec que j’ai pas de problèmes, j’dois en avoir plus que toutes les filles que tu connais réunies.. » et tu te rends compte de ce que tu dis, tu réalises qu’elle voudra sans doute des explications, alors t’essayes de faire comme si t’avais rien dit. « j’peux t’aider pour tes soucis s’tu veux, ‘paraît que j’suis de bons conseils.. »