19 avril 2004 - l'introduction

By the time I was your age I'd give anything to fall in love truly was all I could think, that's when I met your mother the girl of my dreams, the most beautiful woman that I'd ever seen.

« J’avais quatorze ans quand je l’ai vu pour la première fois. Je m’en souviens comme si c’était hier. Le soleil plombait sur Ses boucles d’ébène encadraient parfaitement son visage et tombaient légèrement sur ses épaules. Un visage étroit, pas trop pulpeuses ni trop minces, un nez fin. Même de loin je pouvais détailler son visage. Mon regard glissa le long des courbes de son corps si parfait.» Je ris. Étais-je vraiment en train d’écrire à un enfant qui n’avait jamais vu le jour? Oui. « Tu sais, ta mère était vraiment une femme fantastique. Je n’avais jamais vu une femme aussi belle qu’elle. Si tu l’avais vu, je crois que tu aurais pensé la même chose. Je ne sais même pas si tu aurais été une petite fille ou un petit garçon. » Et c’est à ce moment que les larmes, je ne savais même pas que je les retenais, se mirent à couler.  Je les essuyai rapidement. J’étais fort. Je n’étais pas le genre de mec à pleurer et puis, elle était décédée depuis maintenant deux ans. C’était si difficile d’écrire ces mots, mais je savais qu’il me fallait les extérioriser. Je savais que ce n’était pas bien de tout garder en dedans. Pourtant, je n’avais plus la musique. J’avais cessé le jour ou elle est décédée. « Ta mère aurait bien aimé avoir un garçon. J'aurais bien aimé également. Elle voulait t’appeler Thomas. Tu sais, elle s'amusait à prononcer ce nom avec un pitoyable accent français.» Je soupirai. Me rappeler de tous ces moments, tous ces petits détails me faisaient mal. C’était comme si une main invisible traversait ma poitrine afin d’atteindre mon cœur, qu’elle l’agrippait fermement avant de me l’arracher. « Je l’ai aimé, ta maman. Je l’ai aimé de tout mon cœur. Tu sais, j’aurais tout donné pour passer ma vie avec elle. J’aurais arrêté la musique, j’aurais donné tout mon argent – bon ce n’était pas beaucoup, mais c’est l’intention qui compte, pas vrai? – j’aurais donné ma vie pour qu’elle vive encore. Elle méritait de vivre. Elle avait des projets, de grands projets. Elle voulait sauver le monde. Ta maman, c’était comme ces super-héros. Elle ressemblait à tout le monde, mais elle faisait le bien autour d’elle. Chaque fois qu’elle entrait dans une pièce, elle l’illuminait. Elle brillait plus fort que le soleil. Je te jure, ta maman était un ange. Je comprends donc que Dieu aie voulu la ravoir à ses côtés. »


2378  jours avant - la rencontre

She said boy can I tell you a wonderful thing? "I can't help but notice you staring at me, I know I shouldn't say this, but I really believe, I can tell by your eyes that you're in love with me."

« Revenons-en donc à ce jour ou je l’ai aperçue pour la première fois. Mon regard était fixé sur elle, mais étonnement je n’ai pas réalisé qu’elle bougeait. Elle s’avançait vers moi. "Je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer que tu me regardais." M’a-t-elle finalement dit.  J’ai été pris par surprise. Je sais, la discrétion n’a jamais réellement été mon point fort, mais c’était si évident? » Les larmes coulèrent de plus belle en repensant à cette première rencontre. « Je n’ai jamais cru aux coups de foudre. Je n’ai jamais cru aux histoires qui finissent bien. Après tout, je n’avais que quatorze ans à l’époque et pourtant. J’ai senti quelque chose en moi changer lorsque ses paroles atteignirent mes oreilles. Je voulais qu’elle parle encore. Sa voix était une si douce mélodie. Après un moment, je sorti de mon mutisme. "Je sais qu’on ne se connait pas, mais je te trouve magnifique." Que j’ai finalement dit, un petit sourire en coin. » Ce même sourire apparu sur mon visage au moment d’écrire ces lignes. « Elle a rougi et je l’ai trouvé encore plus magnifique. Tu sais, mon cœur s’est mis à battre plus vite quand j’ai réalisé que c’était mes mots qui la faisaient rougir et je n’avais qu’une envie, la prendre dans mes bras.  Je n’ai rien fait. J’étais bien trop timide pour cela. Déjà, je venais de la complimenter. C’était déjà une étape importante que je venais de franchir. "Tu n’es pas mal non plus." Le rire qui suivit ces paroles était le son le plus mélodieux que j’avais entendu jusqu’à ce jour. Ris encore pour moi, ais-je pensé à ce moment. "Seulement pas mal?" J’avais répondu d’un air offusqué, ma réponse ou était-ce mon attitude lui arracha un autre rire à mon plus grand bonheur. Puis il nous fallu retourner en classe. "À la prochaine." qu’elle m’a dit. Comme un idiot, je n’ai rien répondu.» Un léger rire quitta mes lèvres en repensant à cet instant.


1181 jours avant - la relation

Now most of the time we'd have too much to drink and we'd laugh at the stars and share everything. Too young to notice and too dumb to care, love was a story that couldn't compare.

« Il m’a fallu trois semaines pour finalement proposer à ta mère de sortir. Pathétique, uh? Tu sais, j’ai eu peur qu’elle dise non. Je veux dire, elle était tellement magnifique et moi j’étais tellement normal. En fait, je ne l’étais pas. Je n’étais pas populaire. J’étais lunatique. J’étais petit. Je n’avais rien de spécial et j’étais bizarre. Pourtant, elle a accepté. Peut-être avait-elle aussi eu le coup de foudre? Peut-être qu’elle avait aussi ces papillons au creux de son estomac. J’ai eu l’impression que le temps s’est figé, qu’un an a passé avant qu’elle ne me donne sa réponse. J’ai probablement eu l’air ridicule ce soir-là. Je veux dire, personne n’est très attirant lorsqu’il mange de la pizza. Parce que j’étais si romantique que je l’ai invité à manger une pointe de pizza à mon restaurant favori. Quoi de mieux qu’un coke et une pointe de pizza peperonni-fromage pour faire bonne impression. Il faut croire qu’elle m’a tout de même bien aimé malgré le fait que j’aie roté devant elle. Je crois qu’au contraire, ç’a détendu l’atmosphère. » J’ai ris et levé les yeux, regardant la tour Eiffel au loin. Elle l’aurait aimé cet appartement. « Enfin, de fil en aiguille, nous avons continué à nous voir. Cette soirée-là, je ne l’ai pas embrassée. Je ne sais pas si c’est parce que j’étais trop nerveux ou parce que j’avais l’impression que son père nous observait. C’est lors de notre troisième rendez-vous, en fait, que ce moment magique est arrivé. Plusieurs personnes autour de nous disaient que nous étions jeunes, que ce n’était qu’un amour de jeunesse. Ils nous trouvaient mignons. » Un autre rire passa la barrière que formaient mes lèvres. Ils étaient loin de savoir à quel point notre amour était fort.

« C’était au mois de juin que nous avons eu cette conversation. Nous étions ensemble depuis un long moment; un peu plus de trois ans. Moi, j’étais convaincu que ta mère était la femme de ma vie et je savais que c’était avec elle que je voulais passer le reste de ma vie. Nous étions assis, je m’en souviens comme si c’était hier, sur le porche devant la maison de mes parents. "Jak, tu crois qu’un jour on va se marier?" Je l’ai regardé un peu surpris. Je veux dire, normalement c’était le mec qui demandait la fille en mariage, pas vrai? "Oui, un jour. Et toi, tu y crois?" Elle m’a regardé comme si j’avais fait la plus grosse erreur de l’univers. "Évidemment!" Elle avait presque l’air offusquée. Je l’ai serrée tout contre moi et nous sommes restés assis pendant je ne sais plus combien de temps. Tu sais, Thomas qu’en Islande, au mois de juin et juillet, il ne fait presque jamais nuit. Nous avons rapidement perdu la notion du temps et elle s’est endormie dans mes bras. La gardant toujours dans mes bras, je suis rentré dans la maison et me suis dirigé vers ma chambre. Je l’ai posée sur le lit et je me suis installé à ses côtés. "Je te promets, Lilja, que nous allons nous marier. " Elle a ouvert les yeux et m’a souri. "Je t’aime Jak." J’ai souri comme un idiot parce que j’étais heureux. "On devrait faire un truc pour célébrer ça." Elle s’est levée et m’a prise par la main. "Dépêche!" J’ai ris et nous avons descendu les marches à toute vitesse. Nous sommes sortis de la maison et elle s’est étendue sur le sol. "On peut regarder les étoiles. Tu crois que tes parents on quelque chose à boire?" Moi j’ai couru vers la maison et j’ai attrapé la première bouteille qui m’est tombée sous la main. Jack Daniels. Un classique. J’ai rejoint ma dulcinée et nous avons regardé les étoiles. Nous avons bu, discuté, ris. À un moment, je suis allé chercher ma guitare et je lui ai joué un morceau. Je crois même que l’on s’est endormi dehors, la bouteille de Jack à nos côtés. »


23 octobre 2010 - l'annonce

She said boy can I tell you a terrible thing? "It seems that I'm sick and I've only got weeks. Please don't be sad now, I really believe, you were the greatest thing that ever happened to me."

Les mots que je m’apprêtais à écrire étaient probablement les plus douloureux. Je pris une grande inspiration avant de tout déballer. « Ta mère et moi étions prêts. Nous voulions être parents. Nous n’avions que vingt ans, mais nous savions que nous deux, c’était solide. Après tout, nous avions passé notre adolescence ensemble. Quand elle m’a dit qu’elle était enceinte, j’étais l’homme le plus comblé. Tu sais, j’aurais bien aimé te serrer dans mes bras, sentir ta petite main s’accrocher fermement à la mienne, tenter de déterminer si tes yeux auraient été ceux de ta mère ou les miens. Pourtant, trois jours plus tard, la nouvelle est tombée. » À ce simple souvenir, les larmes coulèrent sur le papier et mes lèvres se mirent à trembler. « Elle m’avait appelée et elle était en pleurs. Je n’étais pas capable de comprendre ce qu’elle me disait. Je me suis donc rendue chez elle. Nous nous sommes assis sur son lit et je l’ai serré tout contre moi. Cancer. Elle avait une tumeur sur la moelle osseuse et au state ou elle en était, il n’était plus possible d’effectuer un quelconque traitement. Ça ne servirait à rien. J’ai tenté tant bien que mal de retenir mes larmes, mais elles coulèrent sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit. Par chance, j’étais assis. Je crois que je me serais effondré au sol si ça n’avait pas été le cas. J’ai eu le souffle coupé pendant un instant. Comment était-ce possible. Elle semblait être en parfaite santé. Hormis ce petit épisode, il y a quelque jours ou elle ne se sentait pas bien. Et puis, nous attendions un enfant. Ça ne pouvait pas nous arriver. J’ai prié pour que ce ne soit qu’un cauchemar, mais les larmes qui mouillèrent mon t-shirt prouvèrent que tout cela était bien réel. "Épouse-moi." J’ai défait mon étreinte et elle m’a regardée, choquée. "Quoi?" J’ai pris ses mains entre les miennes et nos doigts se sont entrelacés. "Tu te souviens, je t’ai promis qu’on allait se marier un jour et je veux tenir cette promesse. Va t’acheter une robe et on va se marier. N’importe quand. On ira à l’église ou dans une chapelle. Je m’en fous si ce n’est pas fait dans les règles de l’art. Je veux être à toi pour toujours et je veux que tu sois mienne." Elle devait croire que j’étais fou et pourtant, elle a hocher la tête. Je n’avais que ma bague qui était trop grande pour ses frêles doigts, mais pour l’instant, ça allait suffire. Nous sommes allé retrouver ses parents et leurs avons annoncé la nouvelle. Ils ne semblaient pas choqués, mais ont plutôt bien pris la nouvelle. À moins que ce ne soit parce qu’ils ne voulaient pas ruiner cet instant de bonheur et chasser le petit rayon de soleil qui venait de percer les sombres nuages qui, tout à coup, envahissaient son existence. »


8 jours après - le mariage

I said girl can I tell you a wonderful thing? I made you a present with paper and string, open with care now, I'm asking you please, you know that I love you, will you marry me?"

« Huit jours plus tard, je me retrouvais debout, à côté d’un prêtre. Mes parents tout comme sa mère et certains membres de nos familles respectives étaient assis dans les premiers bancs de l’église. Bien que le contexte dans lequel nous nous marions était triste, un large sourire ornait mon visage. Même si elle partait dans les prochains jours ou les prochains mois, j’aurais tenu ma promesse. C’était ce qui importait. J’avais encore ces papillons dans l’estomac quand un de mes amis a commencé à jouer la marche nuptiale au piano. Une larme coula sur ma joue lorsque je vis Lilja entrer dans l’église, sa magnifique robe blanche sur le dos. Je me répète, mais ta maman ressemblait à un ange, vraiment. Ses cheveux d’ébène parfaitement coiffés, son maquillage subtile et naturel, tout chez elle était parfait. Elle marchait vers moi et je n’avais d’yeux que pour elle. Je me foutais que notre mariage ne dure que quelques mois. Elle deviendrait ma femme et c’était ce dont j’avais toujours rêvé. » Mon regard se posa sur la photo de notre mariage. Je la pris dans mes mains et du bout des doigts, caressai le visage de celle qui fut mienne. « La cérémonie fut de courte durée, mais Thomas, quand le prête m’a demandé si je voulais prendre ta mère pour épouse, je ne l’ai même pas laissé terminer sa phrase. J’ai dit oui tout de suite. Il n'y avait même pas de question à se poser. C'était elle et personne d'autre et ce, depuis la première fois que mon regard s'est posé sur elle. Je n’avais jamais pris le temps de réfléchir à tout ce que ça impliquait, les paroles récitées par le prêtre, mais elles allaient prendre tout leur sens. »


373 jours après - les funérailles

I'm scared to get close and I hate being alone. I long for that feeling to not feel at all. The higher I get, the lower I'll sink. I can't drown my demons, they know how to swim.

« Lilja allait bien. Du moins, pendant les deux semaines suivant notre mariage. J’avais arrêté les cours parce que je voulais passer tout mon temps avec elle. Ça peut te sembler stupide, Thomas, mais son état s’est rapidement dégradé. Elle t’a perdu, nous allions célébrer notre premier mois de mariage. » Mon sœur se serra à cette simple pensée. J’ai ouvert la fenêtre de mon appartement avant d’étouffer. « Je m’en souviens comme si c’était hier. Elle était dans la salle de bain quand elle a crié mon nom. J’ai accouru et je l’ai vue recroquevillée sur le sol en pleurs. "Mon ange, qu’est-ce…" Je n’ai pas eu à terminer ma phrase que j’ai compris. Elle bégayais et tentait de parler, mais rien de compréhensible ne sortait de sa bouche. Je me suis assis à ses côtés et l’ai serrée contre moi. C’était un peu comme quand elle m’a annoncé qu’elle avait le cancer. Qu’est-ce qu’il y a à faire? On se sent tellement impuissant et avec raison. On ne peut rien faire contre ces fichus évènements. » Je levai les yeux histoire de me sortir la tête de ce douloureux moment. Après une grande inspiration, je repris mon crayon et recommençai à écrire. « J’ai consolé ta mère du mieux que j’ai pu. Je l’ai laissé pleurer, je l’ai laissé crier. Je savais que je ne devais pas parler. Je l’ai consolé et ensemble, nous sommes finalement passé à travers cette étape. Je me dis que c’est probablement un mal pour un bien. C’est un peu cruel d’écrire ces mots, mais je ne sais pas comment les formuler autrement. Tu sais, elle n’aurait pas supporté de t’avoir dans son ventre pendant neuf mois. Elle n’aurait pas été assez forte. Bien qu’elle ne voulait pas suivre de traitements de chimiothérapie, elle était quand même trop faible pour porter un enfant. [/color][/i]» Je ne pouvais pas écrire plus longuement sur le sujet. Ça faisait trop mal de parler de ce petit être auquel je m’étais tant attaché en si peu de temps. « Enfin, le bon côté des choses est qu’elle aura tout de même vécu plus longtemps que ce que les médecins avaient prédits. Elle a vécu un an. Elle est décédée le jour de notre premier anniversaire de mariage. J’étais allé la rejoindre à l’hôpital. On le savait tous, c’était la fin ou du moins, ça n’en était pas loin. J’avais dormi à l’hôpital ce soir-là. Nous étions resté éveillés jusqu’à minuit afin de célébrer notre premier anniversaire de mariage. Nous n’avons eu le temps que d’énoncer l’évènement  et j’ai pu poser mes lèvres sur les siennes pendant un bref instant avant que le bip des machines ne se transforme en un long bruit. » J’ai pris une pause. Je suis sorti prendre l’air parce que j’étouffais. Je me suis assis sur le porche devant l’immeuble à logement dans lequel j’habitais et j’ai pris ma tête entre mes mains. J’ai pleuré pendant un moment. Je n’étais plus capable de faire semblant d’être fort. S’en était trop. Après avoir pleuré ce qui me semblait être toutes les larmes de mon corps, je suis retourné dans mon appartement et j’ai continué cette lettre. « Une semaine plus tard ont eu lieu ses funérailles. Les obsèques à l’église, n’en parlons même pas. On m’a demandé de faire un discours, mais à peine avais-je dis une phrase que j’ai éclaté en sanglot. Je ne m’attarderai donc pas trop sur le sujet. C’est encore difficile pour moi d’en parler. Voir son mon sur une pierre tombale m’a semblé surréaliste. Je l’ai aimé, Thomas, ta maman. Je l’ai aimé de tout mon cœur. Elle est la meilleure chose qui me soit arrivé. Ce fut difficile de voir son cercueil descendre tandis que le prêtre parlait. Je ne l’écoutais même pas. J’avais les yeux rivés sur le cercueil. Et ils l’ont finalement recouvert de terre. Elle était belle et bien morte. Elle était partie et pour de bon.  Au moins, elle ne souffrait plus. Elle reposait en paix. »

1097 jours après - la nouvelle vie

I found out how hard it is to really change. Even hell can get comfy once you've settled in. I just wanted the numb inside me to leave. No matter how fucked you get, there's always hell when you come back down.

« C’était difficile de vivre sans ta mère. J’ai survécu deux mois avant de finalement éclater. J’avais l’impression de la voir partout. Je la revoyais assise sur mon lit, à mes côtés tandis que je lui jouais ma plus récente composition. Ou encore j’étais certain de la croiser dans la rue parfois. Tu sais, ça me rendait fou. Ton père est loin d’être quelqu’un qu’il faut interner, mais mon père a dit qu’à me regarder, on aurait pu me prendre pour l’un de ces patients d’asiles psychiatriques. C’était comme une obsession. Elle me hantait. J’ai donc décidé de partir. J’ai presque tout laissé derrière moi hormis quelques photos, ma guitare et mes vêtements. J’ai tout mis dans des valises et j’ai pris l’avion. Destination? Je n’en avais aucune idée. J’avais amassé pas mal d’argent en faisant de petits boulots ici et là. Je suis d’abord allé aux Etats-Unis pendant un peu plus d’un mois avant de finalement m’envoler pour la France. Ta mère adorait tout ce qui était français. Elle apprenait cette langue, tu sais? Elle me disait parfois des mots en français. Je ne comprenais rien, mais c’était mélodieux. J’ai donc acheté un de ces livres qui aide à apprendre une langue et je l’ai étudié pendant mon vol. Heureusement, les gens te comprennent tout de même si tu parles anglais. J’ai pu me débrouiller pendant un moment et voilà. Ça fait maintenant deux ans que je suis installé dans la ville lumière. J’ai suivi des cours d’art, de dessin plu précisément et je me suis fait embauché dans un salon de tatouage. J’y travaille depuis près d’un an et demi. J’ai repris ma guitare récemment. Je l’avais en ma possession mais je n’avais plus le courage ni l’envie de jouer. J’ai recommencé à télécharger mes vidéos sur Youtube. Ce n’est pas vraiment une façon glamour de gagner ça vie, mais j’ai assez de visionnements pour que ça me rapporte quelques sous.

Voilà, tu sais tout maintenant.

Je ne t’ai peut-être jamais connu, mais je t’aime. Pas une seconde ne passe sans que je ne me demande ce qu’aurait été ma vie si tu en faisais parti. Je sais que la mort de ta mère était inévitable. Elle allait partir un jour ou l’autre, mais toi qu’en serait-il advenu de ma vie si tu y étais entré? Je n’en sais rien, mais en t’écrivant cette lettre, c’est comme si tu y étais.

En espérant que tu me reviennes dans un autre corps,

Je t'attendrai.»

J’ai fermé le carnet qui contenait mon journal avant de me diriger vers mon lit et somber dans un sommeil agité, comme c’était le cas chaque nuit depuis ce soir d’octobre 2011.