lord evan c. northumbrie feat. ben barnes
"Lolita...ma douce Lolita" son souffle, dense fumée grise, s'écrasa au creux de son oreille pâle. Sa tête bascula avec une certaine lenteur sur les cheveux parfumés de la jeune nymphe assise sur ses genoux. Ses paupières, lourdes et fatiguées de devoir lui ouvrir les portes de la réalité, se fermèrent doucement, se déposant sur ses joues creusées par le temps et le désespoir. Elle était le miel de sa vie, qui s'écoulait, comme Vénus dans ses veines juvéniles, s'infiltrant dans les plaies fraiches...embrassant les pores désastreux d'un cadavre animé. Elle était l'oiseau exotique qu'il avait emprisonné dans une cage dorée...il la retenait par l'argent...par les présents, gâtant sa fierté de femelle, faisant rosir ses joues d'ivoires. Elle était la jeunesse qui le noyait, la folie qui l’enivrait. Ce n'était pas tellement pour son teint parfait, pour ses cheveux semblables à ceux des anges, ou pour ses prunelles, gouffres des mensonges qu'elle lui susurrait sensuellement, les nuits estivales, mais seulement pour son âme frivole que rien, encore, n'effrayait. Il aurait souhaité la cueillir auparavant, l’user quand lui-même était un adolescent aveuglé par des rêves éphémères. Mais il était arrivé trop tard...et elle, trop tôt. C'était mal...il lui pompait ses heures...sa vie tandis qu'il jouissait de souvenirs qu'il n'a jamais vécut. Et elle, elle, pauvre naïve lui souriait, lui offrait son corps, son esprit, ses caresses, ses baisers...elle se sacrifiait, faisant durer, encore quelques instants, les songes, étouffés par la chaleur des ténèbres infernales, d'une nuit d'été.