En venant m’installer à Paris, j’avais choisi de quitter ma famille ainsi que mes amis qui résidaient tous à Nice. Mais l’importance qu’avaient les etudes à mes yeux m’avaient poussée à le faire sans trop de regrets. Cela ne faisait qu’environ six mois que je vivais dans la capitale, mais ce n’était pas pour autant que mes proches ne me manquaient pas, bien au contraire.
Heureusement que le téléphone me permettait de rester en contact avec eux le plus possible. D’ailleurs, j’avais pris l’habitude d’appeler ma mère pratiquement tous les soirs lorsque j’avais le temps, et cette situation me rappelait vaguement quelque chose : à l’époque où j’habitais encore dans le sud de la France, c’est à ma cousine Francie que je téléphonais toute la sainte journée, quand on ne tchatait pas via internet ou qu’on ne s’envoyait pas de lettres. Bref, tous les moyens étaient bons. Il fallait dire que la brunette avait toujours été comme ma sœur et que son départ m’avait beaucoup affectée. Ceci étant, pas un seul jour n’était passé sans que nous ne prenions des nouvelles l’une de l’autre, et c’est probablement à cela que l’on mesure l’importance et la sincérité d’une relation. Aussi, si j’avais laissé derrière moi ma famille ainsi que la plupart de mes amis en quittant Nice, j’avais retrouvé Francie à Paris, en chair et en os cette fois. Malgré le fait que n’avions jamais vraiment été séparé grâce aux nouvelles technologies, nous avions pas mal de temps à rattraper elle et moi, et c’était la raison pour laquelle nous étions pratiquement toujours fourrées ensemble ces derniers temps. Aujourd’hui, nous n’avions pas fait exception à la règle, et comme nous avions toutes deux terminé les cours relativement tôt – pour une fois – j’avais même invité ma cousine à passer le reste de l’après-midi chez moi, dans ce petit appartement où je vivais désormais depuis six mois. Enfin, où je « vivais »… disons que tout est relatif. Presque rien n’était encore déballé si ce n’est ce dont j’avais quotidiennement besoin, et des tonnes de cartons jonchaient encore le sol çà et là. Rien que pour aller jusqu’au petit salon c’était le parcours du combattant. Pourtant, cela ne semblait pas gêner Francie qui, telle une enfant de cinq ans, s’était assise parmi les cartons pour en ouvrir quelques-uns. Peut-être bien qu’elle avait l’impression que c’était Noël avant l’heure de cette manière.
Dis, tu comptais allait t'installer ailleurs en fait ? Non, pourquoi ? la questionnai-je en fronçant les sourcils, curieuse de savoir pourquoi elle me posait cette question. Je venais tout juste d’arriver, et il était hors de question que je reparte déjà. D’ailleurs, lorsque j’avais quitté Nice, j’avais énormément appréhendé mon arrivée ici. Paris est une ville tellement immense et animé. Bien sûr, Nice ce fait pas partie des plus petites villes non plus, mais la vie y était tellement différente. Par chance, je m’étais rapidement accommodée à celle-ci, et me surprenais même à beaucoup aimer cette ville.
Tu imaginais flasher sur un beau parisien et aller poser tes valises chez lui ? Je vois pas d'autres solutions parce que y'a presque rien d'installé. Tu gères pas blondie ! Et voilà où elle voulait en venir. Je me disais aussi que c’était bien étrange qu’elle ne m’ait pas fait de remarque au sujet de mes cartons qui n’étaient toujours pas déballés.
Non, il n’y a vraiment aucun risque, lâchai-je en laissant échapper un petit rire bref.
En revanche, c’est vrai que j’avais songé à venir m’installer chez toi plutôt, pour pouvoir te surveiller de près, poursuivis-je. Evidemment, je n’étais pas sérieuse le moins du monde, mais il n’en restait pas moins que j’étais de nature curieuse et que rien que pour ça, j’aurais aimé pouvoir savoir ce que faisait ma cousine de ses journées. Peut-être bien que c’était elle qui avait flashé sur un beau parisien, et qu’elle ne me le disait même pas ! Il était clair que si j’apprenais qu’elle me cachait quelque chose d’aussi important, j’étais bien capable de la ligoter à un tronc d’arbre et de laisser une chèvre lui chatouillée les pieds en lui léchant les orteils.
« Tu te rends compte qu'on pourrait être en train de dévaliser les boutiques, un Starbucks à la main, et qu'à la place de ça, on meurt de chaud dans ton appart' parce que tu es une limace du rangement. Sur ce point, elle n’avait pas tort. Mais pour ma défense, je passais mon temps à travailler, particulièrement en ce moment. Je n’avais pas déménagé pour rien et ne perdais pas de vue mon objectif. Néanmoins, je ne disais jamais non à ce genre de sortie avec Francie.
Premièrement, je ne t’ai pas fait venir pour que tu ranges mon appart’, me défendis-je en prenant au passage ce qu’elle tenait dans les mains – à savoir une photo de famille dans un cadre – que je déposai par la suite sur un meuble.
Deuxièmement, il est toujours temps de s’improviser un après-midi shopping si le cœur t’en dis, ajoutai-je, un léger sourire en coin.
Troisièmement… t’en a pas marre de toujours me critiquer ?! me plaignis-je en criant presque avant de lui balancer un coussin dans la tête.