nom complet ▲ orlandini (nom de famille typiquement italien), isaya (à se demander ce que ses parents avaient fumé), marion (ça, par contre, c'est bien français). surnommée isa ou zaza par ses proches, les plus rares, les vraiment super intimes, l'appellent isy. lieu de naissance ▲ briançon, hautes-alpes, provence-alpes-côte d'azur. pas trop loin de la frontière italienne, on comprend mieux ce que papa orlandini est venu y foutre. âge ▲ et ta sœur ? dix-neuf ans. nationalité ▲ franco-italienne, on a le swag (lolilol) ou on l'a pas. diplômes, études ▲ détentrice d'un bac économique et social. métier ▲ fantôme des bancs de la fac d'anglais. rien foutre, c'est bien aussi. statut matrimonial ▲ lolwut. orientation sexuelle ▲ ça dépend des jours, de ce qu'elle a dans le sang, aussi. situation financière ▲ absolument délicieuse. (plus qu'aisée, mais ça c'est grâce à papa.) idole(s) de vie ▲ et ton cul ?  nombre d'amis facebook ▲ zéro pointé, pour cause d'absence de facebook. moyen de déplacement ▲ bus, métro, rer, ses pieds aussi. groupe ▲ tu t'laisses aller. avatar ▲ nastya kusakina. crédits ▲ tumblr monamour.

premier point ▲  ses cheveux, sa fierté. elle ne les a pas coupés depuis cinq ans. tout ça après une remarque quasi anodine de la part de Jamal.  deuxième point ▲ Jamal. une grosse part de sa vie, Jamal. le tunisien, son rayon de soleil, son adoré, son petit coeur. copain d'enfance devenu meilleur ami puis petit ami. p'tet bien le seul homme qui prendra une telle place dans sa vie et dans son coeur.  troisième point ▲ grande paumée, toujours indécise, toujours à changer d'avis, elle n'a aucune foutre idée de ce qu'elle veut faire de sa vie, comme études. elle passe plus de temps en compagnie de son paquet de clopes que sur les bancs de la fac.  quatrième point ▲ c'est p'tet idiot comme truc, mais elle est fière de son accent du sud-est. c'est bien la seule chose qu'elle ne changera jamais chez elle, avec sa tignasse blonde.  cinquième point ▲ jamais satisfaite de son apparence générale. trop grande, trop maigre, pas assez de poitrine, les yeux trop pochés et trop cernés, elle trouve toujours un truc à redire sur son corps.  sixième point ▲ pas bavarde, la blondinette. il n'y a qu'avec les personnes de confiance qu'elle décroche plus d'une trentaine de mots dans une conversation.  septième point ▲ drôle de métabolisme aussi. elle a beau bouffer comme quatre et souvent des trucs bien gras ou bien sucrés, elle doit batailler pour prendre un kilo dans le mois. huitième point ▲ pas sportive pour un sou. elle a toujours détesté courir (quel intérêt de faire des tours autour d'un terrain ou après une balle ?) et la simple idée de suer lui fait pousser des boutons. elle aime marcher, pourtant. et nager, aussi. neuvième point ▲ allergique aux microbes et à la saleté. elle passe son temps à faire le ménage et elle prend au moins deux douches par jour - une le matin, une le soir. cherchez pas, elle a toujours été comme ça, même étant gamine.  dixième point ▲ si elle a toujours été vaguement mélancolique sur les bords, ça n'a fait que s'aggraver. et ne cherchez jamais, jamais à lui demander pourquoi. c'est le meilleur moyen de la faire fuir. parce que la fuite, c'est sa meilleure arme.

La lumière dégueulasse d'une aube d'hiver rentrait dans la pièce par les fenêtres grandes ouvertes. L'air était glacé, assez pour refiler une pneumonie aux deux imbéciles qui étaient restés dans le salon toute la nuit, avec pour seule compagnie celle des bouteilles diverses et variées, alcoolisées ou non. Celle des mégots de clopes et de joints, celle des bouquins ouverts ou pas dispersés partout, celle du tapis au sol, de l'énorme couette sur le canapé défoncé, de la chaîne hi-fi qui crachouillait un tube de Renaud. La compagnie de cette odeur presque écœurante de tabac froid que le vent d'hiver n'arrivait pas à chasser tant elle était imprégné dans les tissus. La compagnie de l'autre, et ça, finalement, c'était peut-être le plus important. Lève-toi, ô Éternel ! Que l'homme ne triomphe pas ! Que les nations soient jugées devant ta face ! Frappe-les d'épouvante, ô Éternel ! Que les peuples sachent qu'ils sont des hommes ! Un sourire étira les lèvres de la fille aux paroles du mec sur lequel elle était à moitié avachie. A plat ventre sur le canapé et la tête sur ses cuisses, elle avait le regard un peu vide de celle qui est fatiguée de tout et de rien à la fois. Celle qui croit plus en rien. Et surtout pas en une connerie appelée religion. Pourquoi, ô Éternel ! te tiens-tu éloigné ? Pourquoi te caches-tu au temps de la détresse ? Le méchant dans son orgueil poursuit les malheureux, Ils sont victimes des trames qu'il a conçues. Car le méchant se glorifie de sa convoitise, Et le ravisseur outrage, méprise l'Éternel... Isy ? La fille grogna et se tourna machinalement sur le dos. Ta gueule, Jamal. J'aime pas la Bible. Il sourit, de toutes ses dents blanches sur sa face basanée d'Arabe. Ouais, mais t'adores ma voix. Le nie pas, tu parles dans ton sommeil. Elle se remit sur le ventre, confortablement, pour le laisser fourrager dans ses cheveux épais. Il ne vit pas le sourire, plus chaleureux cette fois, qui étirait discrètement sa bouche. P'tet bien, ouais. Ta voix, et tes mains. Et ta bite, aussi. N'empêche, ta gueule. J'ai envie de pioncer. Ils avaient dix-sept ans. Peu importait l'école, les parents, les engueulades, du moment qu'ils étaient tous les deux, qu'ils partageaient un petit bout d'un truc qui avait vaguement le goût d'éternité et de ciel chauffé par un soleil éclatant, un soleil rempli de promesses d'un avenir. D'un avenir ensemble. Mais évidemment, rien se passe jamais comme prévu, et qui pouvait prévoir que Jamal se casserait le cou pendant une sortie dans les Alpes pour un peu d'escalade ?

Le mâle alpha venait prendre des nouvelles d'un de ses louveteaux. C'était à ça que faisait penser Filippo Orlandini. A un loup. Vieux, boitillant, grisonnant, mais à un loup quand même, fort de sa sagesse et sûr et certain de sa victoire contre son rival. C'était rare qu'il appelle, encore plus rare qu'il se déplace jusqu'à Paris en personne. Fallait croire que le boulot de directeur d'agence bancaire couplé à un poste officieux de conseiller en comptabilité dans une grosse boîte italienne n'aidait pas à se dégager du temps libre pour se construire un semblant de vie sociale. Ca faisait longtemps, fillette. Isaya ne daigna lui accorder un vague regard qu'à cet instant, un bout de clope au bec et les doigts tachés de nicotine. Longtemps. Un an, presque, depuis qu'elle était partie pour Paris en fait. Un peu sur un coup de tête, un peu sans trop savoir pourquoi, beaucoup par besoin de fuir Briançon. Peut-être même aussi dans l'idée de fuir ses souvenirs, mais les souvenirs vous collaient à la peau comme une mauvaise gangrène. Impossible à arrêter. Impossibles à détacher. Elle soupira, se redressa sur son canapé. Pourquoi t'es là ? Sa question bloqua les paroles de son père dans sa gorge. Il manqua s'étrangler, toussa un coup. Une mauvaise toux, le genre de toux qui annonce une pneumonie. Ou bien un trop plein de clope. Filippo fumait comme un pompier, pire encore que sa fille. Je m'inquiétais. Tu donnes tellement peu de nouvelles... Elle leva les yeux au ciel, poussa un soupir vaguement exagéré alors qu'elle écrasait furieusement son mégot dans le cendrier dégueulant déjà de cendres. Et alors ? Mes états d'âme ne regardent que moi. T'es gentil, papa, mais fous-moi la paix et rentre à Briançon. Commence déjà par sauver ton mariage avant de t'occuper de moi. Elle renifla, sèchement, se rallongea sur son canapé, en lui tournant ostensiblement le dos. T'as mieux à faire que m'emmerder au sujet de la mort de Jamal. Sur ce... Filippo fut tenté, un instant, d'aller secouer sa fille. De lui coller quelques baffes, peut-être. Mais il se contenta de hausser les épaules. Et abandonna définitivement.