nom complet ▲ Félix Théodore Alègre, ça sonne de joie et de vie. lieu de naissance ▲ sous le soleil et la chaleur d'Azur. âge ▲ dix neuf ans, de quoi faire de nombreuses erreurs, encore. nationalité ▲ français pure souche. diplômes, études ▲ brevet des collèges, mention bien. métier ▲ fantôme du métro, attrape rêves. statut matrimonial ▲ accompagné. orientation sexuelle ▲ hétérosexuel. situation financière ▲ dépendante de la générosité des autres. idole(s) de vie ▲ Joseph Kittinger, pour son courage. Coluche, pour son humanité, chose que le monde ne possède plus. Mais surtout, Christopher McCandless ... nombre d'amis facebook ▲ faut-il encore avoir facebook pour ça. moyen de déplacement ▲ par la simple force de ses jambes. groupe ▲ gagnants perdants. avatar ▲ sid ellisdon. crédits ▲ tumblr.

la parade d'un autre monde ▲  vivre dans le métro, personne ne l'a voulu. Même pas Théo, même pas Ondine, même pas Félix. C'est un peu comme une toile d'araignée transparente, elle vous emporte dans son filet pour ne plus jamais vous  relâcher. Au final, elle reste votre ultime refuge. A force d'y vivre, la pénombre devient bouclier et l'agonie des trains rassurante. la folie des ordures ▲ ça sent mauvais, on y trouve souvent rien aussi. Pourtant, Félix, chaque jour, une fois la nuit tombée, il quitte le métro pour fouiller vos ordures. Le pauvre clochard que l'on pointe du doigt, c'est lui. Mais c'est pas grave. C'est pas grave, parce que dans les poubelles, Félix y trouve des tas de belles choses. Pour embellir son quotidien mais aussi celui de ses deux amis. Quand on manque de rien, on jette sans regarder. On balance des choses sans se rendre compte de ce qu'elles peuvent réellement apporter. Suffit de plonger dans la misère pour comprendre la valeur du monde.  bouffée d'oxygène ▲ quand on pense à Félix, on pense aussi aux étoiles qu'il a dans les yeux. Sa façon de parler, aussi. D'une voix douce et presque chantante. Oui, on dirait qu'il chante tout le temps, même quand il chante pas. C'est étrange à décrire. Un drôle de sentiment qui vous prend comme ça, rien qu'en l'écoutant. Peut-être son sourire, sa façon de bouger les mains, son accent. Une chose est sûre, ce petit gars, il vous transporte, ailleurs, plus loin. C'est beau, c'est grand, presque palpable. C'est Félix. Félix et sa vision du monde. le centre du monde ▲ de toute façon, il s'en fout. Du temps qui passe, de l'argent inexistant, des fringues sales, de l'amour d'Ondine. Félix, c'est pas un garçon méchant mais il est juste un peu trop égoïste. S'il chante, c'est pour montrer qu'il existe, pas pour l'argent. S'il est avec Ondine, c'est pour assouvir ses besoins, pas pour l'amour. S'il traîne avec Théo, c'est parce qu'il le connaît depuis longtemps, pas pour la complicité. C'est toujours comme ça avec lui, de toute façon, ce doit être ce qui le rend si fascinant, au fond. les amants tristes ▲ il pense souvent à cette époque là, perdue dans les péripéties de sa vie. A son cœur battant et son envie de la revoir. Cet amour qui remuait ses entrailles à le rendre fou, tel un possédé. Oui, l'amour, ce sentiment comparable à un démon. Il dicte vos actes, s'écrase sur votre âme jusqu'à vous détruire totalement. Félix a souffert de l'amour, il en souffre toujours, d'ailleurs, quand il y pense trop longtemps. Le soir, couché sur son matelas humide contre Ondine, ça grouille en lui. Un espèce de dégoût constant et incontrôlable. Une allergie à l'amour, peut-être.  enfant de la lune ▲ c'est comme ça qu'on désigne les personnes comme lui, juste pour rendre la chose plus poétique. Ça sert à rien d'en parler. C'est c'qu'il dit souvent, le Félix. Avec son regard froid et un peu perdu. C'est pas utile. Il en rajoute une couche, pour se protéger. Protéger Ondine. Fin non, surtout Théo. Ses mains se perdent dans ses poches, juste histoire de masquer les preuves. Faire oublier la maladie, sa peau recouverte de tâches blanches pas vraiment esthétiques. Cette bêtise qui le ronge et le rend horriblement humain. Mais surtout vulnérable. Il déteste ça, se plaindre, parler de son effroyable défaut de fabrication. Tellement qu'il a arrêté le traitement, de toute façon, sous le métro, y a pas de soleil.  into the wild ▲ de loin son film préféré. L'histoire de ce type qui lâche tout pour réaliser son rêve. Y a rien de plus admirable qu'une personne comme Christopher. Vivre ses rêves. Et puis c'est tout. Ne surtout pas se perdre dans les futilités de la vie et y croire, jusqu'à la dernière seconde. Félix aussi est courageux. Il a tenté sa chance, en quittant le sud pour la ville dans le but de percer. Vivre au milieu des paillettes et vendre sa voix. Ça a un peu merdé, faut l'avouer. Il lui arrive de regretter aujourd'hui mais garde à l'esprit que tout n'est pas encore perdu. Le bonheur est à porté de mains. rouge ▲ il s’énerve souvent, pour un oui et pour un non. Sa voix s'élève et résonne dans les tunnels du métro. Ça lui fait du bien d'extérioriser ce qu'il peut ressentir, de lâcher au visage des autres ce qu'il pense réellement. Ses mains se serrent régulièrement, aussi. L'impulsivité de Félix est l'un de ses plus grands défauts. Faut dire que ça arrive en lui comme un espèce de tsunami. Un truc immense, impossible à fuir. Vous avez beau courir, l'eau finira toujours par vous submerger. La colère noie parfois les pensées de Félix. Il est humain, après tout.  le politiquement correct ▲ Félix est une cellule morte. Théo et Ondine le sont aussi. La société n'admet pas pauvreté et faiblesse. C'est ainsi que malades, tristes, rêveurs et chômeurs sont devenus, au fil des années, le cancer de la vie. Notre génération se base sur des règles établies, des conditions sur lesquelles il ne faut surtout pas baver. Puissance et violence président l'humanité, ou du moins ce qu'il en reste. Elles n'épargnent personne, même pas trois petites âmes perdues dans le métro de Paris.  luciole ▲ Il brille, par sa présence, par son rire, ses blagues inutiles. Félix, c'est peut-être pas le plus chanceux mais il reste heureux. Et ça reste l'essentiel.

Félix, il a jamais connu ses parents. Du moins, il s'en souvient plus. De toute façon, il veut plus y penser, ça le rend malheureux. Ça l'a toujours rendu malheureux. Ils sont morts quand le gamin venait de fêter ses quatre ans. On peut pas dire que Félix comprenait grand chose à la mort. Sa grand-mère lui disait que c'était un grand voyage dont on ne revient pas.
Un grand voyage. C'est tout ce qu'il a su en retenir, plongé dans son minuscule costume noir, noyé par les larmes des autres. Il a mal vécu ce passage de sa vie. Pas pour la mort en elle-même, vu qu'il savait pas ce que c'était mais plutôt pour l'absence.
Les histoires tendres avant d'aller dormir, le parfum de sa mère, ses longs cheveux. Sa mère, c'était de loin la femme la plus tendre. Elle lui disait toujours 'fais attention au soleil. Fais attention Félix, les choses arrivent si vite.' Et il riait, lui, dans son bonheur délicat et léger. Puis la force de son père, aussi. Chaque dimanche, il lui apprenait à faire du vélo. Félix aimait pas faire du vélo, ça lui permettait juste de passer du temps avec son paternel.
Puis y a plus rien eu, comme ça, du jour au lendemain. Ça l'a rendu malade. Malade de tristesse, de solitude. Le chagrin ça rend les gens moches. Il salit votre âme, même celle d'un gamin. Félix a frappé une fois, ses camarades de classe. Les professeurs l'ont engueulé. Ses grands-parents aussi. Le môme a continué, pour apaiser ses maux.

C'est grâce à ça qu'il a rencontré Théo, au fond. Théo l'enfant perdu. Théo et ses lunettes cassées. Théo.

Ils ont commencé à chanter, tous les deux. Félix à la chanson, Théo à la guitare. Ça sonnait bien aux tympans, c'était beau, c'était délicat. C'était à eux. Leur musique, le lien évident qui les reliait. Félix faisait ça pour le plaisir, dans un garage. Pour passer le temps, puis aussi, pour les filles. Elles aiment toutes les hommes de talent.
Surtout Angélique. Angélique, elle portait plutôt bien son prénom. Sous sa grande chevelure blonde se cachaient de magnifiques yeux bleus. Et un sourire à se damner. Il lui a fallu peu de temps, à Félix, pour tomber sous le charme.

Des papillons dans le ventre, comme ils disent. Elle lui disait sans cesse qu'il avait une belle voix, entre deux baisers. Qu'il ferait mieux de tenter sa chance ailleurs parce qu'ici, dans le Sud, y avait pas de place pour les artistes. Il aurait aimé partir, mais il l'a pas fait, pas de suite. Quitter Angélique, c'était pas possible. Elle voulait pas voyager avec lui. De sa douce voix, elle répondait qu'elle pouvait pas laisser sa famille. Que sa vie était ici, et pas ailleurs.
Finalement, ça a même pas duré un an. À seize ans, il a finit par comprendre que cette fille se foutait de lui. Lui, le naïf, lui, l'amoureux, lui … le cocu. Félix a souffert de cette acide vérité. Il était jeune, il se voyait déjà l'aimer jusqu'à la fin de ses jours, une connerie dans le genre. C'est d'ailleurs certainement ce qui l'a poussé à rejoindre Paris, pour mieux l'oublier.

Il s'en souvient encore. Un ado un peu paumé qui attrape les mains de son ami avec un sourire aux lèvres, sûr de lui. 'Viens avec moi, à Paris.' Paris c'est beau. C'est grand. L'incarnation du rêve. Félix, les yeux pleins d'étoiles. Les mains qui tremblent un peu aussi, par la peur du nouveau. Du futur. Pourtant, un excitation lui prend aux tripes. Le chanteur veut parcourir le monde, offrir du bonheur par leur musique, faire découvrir aux autres ce qu'il peut avoir sur l'âme. Tout ça avec Théo. Parce que la vie sans Théo, c'est pas pareil. C'est moins joli, c'est bien plus effrayant. Malgré ce qu'il peut en dire, il voit plus vraiment sa vie sans son ami.

Ils ont donc quitté le Sud, sur un coup de tête, avec l'intime conviction de réussir. Le but ultime de leur vie, ils le réaliseraient ensemble. À jamais.

La réalité a bien vite repris le pas une fois perdu dans la ville. Les rêves de Félix se retrouvent avortés. C'est là qu'ils finissent dans le métro, avec Théo. À l'époque, ils avaient pas assez d'argent pour le moindre studio. Ils en ont toujours pas d'ailleurs. Le garçon, effrayé, ne perd pourtant pas la face. Il allait pas baisser les bras comme ça, autant pour lui que pour son ami.

C'est là qu'il a commencé à un volé, une fois, puis deux … il volait des légumes, des montres, des portes feuilles. Il aurait bien aimé voler leur maison, si seulement c'était possible. Attraper Théo par les mains et lui dire 'regarde, ça va aller maintenant, on a un toit, un vrai, qui te détruit pas la santé'. Tellement pathétique. Le seul toit que Félix a su se dénicher est celui de la prison, pour quelques mois seulement. Étrangement, il a trouvé ce break derrière les barreaux apaisant. On s'occupait de lui, de sa maladie, de sa peau détruite par le soleil, de son estomac qui criait famine. Seul Théo lui manquait.

Peu après sa sortie, Félix a rencontré Ondine. Une jeune fille plutôt jolie. Elle portait un désespoir qui la rendait encore plus fragile et attirante. Ils ont couché ensemble une fois. Le chanteur a aimé, il a recommencé, encore et encore, juste pour le plaisir. Sans se soucier de Théo ou même d'Ondine. Depuis, ils vivent tous les trois sous le métro.

Le métro et son ultime lueur d'espoir.

grande classe le félix .

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