jadley + des retrouvailles glaciales et indifferentes

L'ete pouvait se sentir, les eleves venaient de moins en moins nombreux en cours, beaucoup d'entre eux pensaient que parce que les vacances s'approchaient, ils pouvaient se contenter de ne plus venir, ou bien d'etre évasif en cours. Tu ne le permettais pas. L'annee n'etait pas encore fini et qu'importe si pour la plus part les partiels etaient fini, les cours continuaient a se derouler. Le peut-etre seul avantage a cet effet de pre-vacances etait que les eleves qui venaient toujours en cours etaient serieux et savaient de ne pas plaisanter avec toi. Il n'y avait de foule regorgeant les couloirs de la faculte qui se plaignait ô grand combien ils n'en pouvaient plus des cours et qu'ils avaient hate que tout soit fini. Si on n'aimait pas aller en cours, a quoi cela servait-il d'aller a l'univeriste? Autant faire autre chose. Tu n'essayais pas de les comprendre. Au fond de toi, tu n'en avais rien a faire. Se plaindre n'avancerai rien a leur sort et la plus part des eleves savaient tres bien que ce n'etait pas toi qu'ils iraient voir pour changer de voix. Les quelques eleves qui etaient venu avaient bien vite compris, que tout ce que tu disais etait froid, dégradant, papillon et crustacé , glacial et qui degoutait rapidement de continuer a avoir des doutes.
L'heure de la pause de midi s'approchait, et tu n'avais pas cours jusqu'a cet apres-midi. Tu en profitais donc de ce moment calme ou les eleves ne se vautraient pas dans la cantine afin d'echapper aux penibles heures qu'ils venaient d'avoir derriere eux. Tu t'y rendais alors afin d'aller chercher un sandwich et une bouteille.

J'étais venu chercher ... Quelque chose. Je ne me rappelais juste pas de quoi il s'agissait, en fait. Moi, ici, la Sorbonne ... Cela faisait longtemps que je n'y avait pas posé les pieds, et je m'étais juré de ne pas y retourner. Et pourtant ... Et pourtant, un besoin compulsif de retourner à ce lieu s'était épris de moi, et voilà que je m'y retrouvais. J'y étais soi-disant venu pour voir Jake, qui voulait me rendre certains de mes vieux disques, les BeeGees, Michael Jackson ... Quelques classiques musicaux qui me tenaient au coeur et que je souhaitais récupérer, en fait, même si j'étais certain que l'état dans lequel je retrouverais ces CDs serait loin de celui dans lequel je les lui avais prêté. C'est alors que je me rendis compte que je crevais la dalle, et, du coup, je m'étais dirigé vers le réfectoire, presque de moi même. Un petit sourire à la caissière suffirait pour qu'elle accepte de me laisser déjeuner ici, malgré le fait que je n'étais plus étudiant, non ? Au pire ... J'avais encore ma carte d'étudiant de la semaine dernière. J'avais pris un sandwiche au saumon, sans oignons, avec un peu de laitue et de tomates, ainsi qu'un jus de mangue, histoire de garder la pêche. Je m'étais mis à mastiquer un peu le pain, tout en regardant par la fenêtre. Ça me faisait bizarre, l'air de rien, de ne pas être entouré pour un déjeuner ... Mais cela ne me dérangeait pas plus que cela. C'est alors que mon regard croisa celui d'un autre ... De cet homme. Et bouche-bé, j'étais incapable d'avaler la bouchée qui venait d'entrer entre mes crocs affamés. C'était lui. Le Jader.

Manger et boire ne sert a rien qu'a part se maintenir en vie. C'etait peut-etre la seule utilite qu'il pouvait y avoir pour le corps. Se nourrir pour survivre, mais a quoi ca sert a de se garder en vie pour juste etre malheureux. Enfin, tu ne comprenais pas trop les raisons du corps, la science cela ne t’avait jamais interesser. Tu preferais de loin l’irrationalite et l’ampleur de la philosophie et de la litterature. Tu pris alors ton sandwich et ta bouteille d'eau et marchait en direction de ton bureau. Tu ne mangeais jamais dans le réfectoire, les gens t'y enervais a parler, a ne pas pouvoir rester civiliser en mangeant. Tu avais horreur de toute cette agitation a l'heure de manger. Cependant, c'est en passant par le couloir entre les tables que tu remarquais une tete familiere. Cet homme qui avait du jour au lendemain disparu de la circulation. Tu aurais normalement continue comme ta route, mais cet homme qui s'etait presente a toi en tant qu'Alexandre t'avait intrige lors de votre premier rencontre. Tu t'arretais un peu, reproussant chemin vers lui. "Alors comme cela vous osez enfin repointe votre nez dans cette universite?" Ta voix etait froide et sarcastique. Tu avais horreur des gens qui laissait tomber.

Le Jader s'avance, avec son beau visage, et ce corps ... Ce délicieux corps qui allait avec le reste. Ce premier entretien avec lui était, à tout jamais, resté gravé dans mes plus profonds souvenirs. Ancré au fond de moi. Lui. Moi. Personne d'autre. Rien d'autre que le son de nos deux voix. Il m'avait intimidé, je n'ai pas honte de l'admettre. Il m'avait effrayé, avec cette psychorigidité que jamais je n'avais vu ailleurs. Et pourtant ... Un désir s'était épris de moi. C'était il y a quelques mois, voire, même, un an ... J'étais encore vierge, alors. Je n'avais pas encore revu Jacobs. Autant dire que le Bentley qu'il avait connu n'existait plus. Je me demande s'il va venir me parler. Une part de moi ne le veut pas. L'autre, elle, le désire, avec ardeur et ferveur. Il ouvre la bouche et ma respiration s'arrête. Je lui lance alors un sourire un peu désolé, même si je ressens un léger pincement au coeur : il est assez agressif, je trouve. J'ai peur que cela ne dégénère.

- Je ne suis que de passage. Vous me manquiez trop, voyez-vous. Je me demande d'où les couilles qu'il m'avait fallu pour dire une phrase aussi conne m'étaient poussées. Avant l'accident, j'aurais été incapable d'un tel humour, soyez-en surs.

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