Sujet: foule sentimentale. ► jo. Ven 28 Juin - 18:15
Il avait laissé tombé à terre ses bonnes résolutions au moment même où elle avait croisé à nouveau sa route. Si différente de la jeune femme abattu et invisible qu'il avait laissé derrière lui, il y a déjà de ça deux ans. Elle était bien belle la Jo', pétillante, probablement bien plus qu'à leurs premières rencontres. Et elle semblait changé, comme si elle était ressorti grandit de leurs histoires alors qu'Ovide demeurait le même. Toujours, le même, fidèle. Il en garde encore un arrière goût âpre, particulièrement frustrant. Il inspire longuement et secoue légèrement son paquet de cigarette, les yeux accroché à l'immense horloge de son salon. Ils s'étaient échangés leurs numéros de téléphone ce jour-là, comme s'ils n'étaient plus que de vieilles connaissances voulant à tout hasard discuté autours d'un café. Mais ils n'étaient pas de vieilles connaissances et Ovide n'avait pas le temps de discuté bêtement autours d'un café. D'un geste rapide, il éparpille les feuilles dominant sa vieille malle, à la recherche de son briquet, caché sous tout le boulot qu'il a traîné avec lui. Avec le geste d'un habitué, il allume sa cigarette et soupire. Il a passé un coup de fil à Jo, avant hier à peine. En toute honnêteté, il pensait que jamais, au grand jamais joséphine ne prendrait la peine de lui répondre. Il l'imaginait bien, à observer son nom s'afficher sur son téléphone, les sourcils froncés. A espérer qu'il cesse de sonner, de la hanter. Elle avait pourtant répondu. Trop rapidement à son goût. Il souvint être resté silencieux un moment pour simplement lui demander de passer chez lui. Un salut au fait, en guise de fin de phrase. Il n'avait pas envie de savoir comment elle allait, Ovide voulait seulement lui laisser le temps de noter son adresse et raccrocher. Alors le voilà. Deux jours plus tard à attendre, passant le temps avec un film prit au hasard en fond sonore. Il parcourait avec soins les notes qu'il avait prit de sa dernière séance de cinéma en vu de son prochain article. Jo ou pas, il n'avait pas le temps d’arrêter de bosser. Il n'avait pas envie non plus. Il ne savait pas vraiment ce qu'il allait bien pouvoir lui dire. Voyons-nous pour discuter. De quoi ? de ce qui la rend si pétillante et plus paisible ? de ce qui lui prend du temps, encore et toujours. Aujourd'hui comme à l'époque ? il était au moins sur d'une chose, l'un comme l'autre n'avaient pas envie de connaitre la réponse. Il va bien falloir pourtant, un jour, aujourd'hui, dans quelques minutes. Il tire une taffe sur sa cigarette, inspire et la recrache. Ils verront bien. Il tend le bras, saisit la télécommande et monte légèrement le son de la télévision, se plongeant aussitôt dans ses travaux. C'est le bruit de quelques coups tapés contre la porte qui le sort de ses pensées. Cette sonnette. Un jour, peut être, il prendra la peine de la faire réparer. Ovide se lève, prend son temps. Il emporte la cendrier pour ne pas avoir à rependre de cendre par terre et ouvre, sa cigarette au coin des lèvres. joséphine. Toujours aussi blonde, toujours aussi fraîche mais beaucoup moins enjoué que de l'autre côté d'une rue maintenant qu'elle est fasse à lui. Il la comprend. Parce qu'il se sent tout particulièrement mal à l'aise. Il avait prit l'habitude de ne plus la voir. De ne plus la voir du tout. C'est difficile pour quelqu'un comme lui de bousculer ses habitudes. il se recule un peu, ouvre la porte et l'incite à entrer. Il tire sur sa cigarette, la tapote légèrement et la laisse à l'abandon, elle et son cendrier sur la malle du salon. Enfin, c'est seulement maintenant qu'il se décide à parler bienvenue chez moi jo son ton est nonchalant. c'est moins froid que l'appartement que nous avions partagé hein ? il se souvient d'un appartement blanc, impersonnel. Parce qu'ils n'avaient jamais prit la peine de discuter déco. tu veux un truc à boire ? il se dirige rapidement vers sa cuisine, se penche sur le frigo et lève les yeux quelques secondes sur le placard, presque penaud. j'ai..de l'eau...ou du café ? il n'est pas du genre à acheter des boissons gazeuse. j'ai bien de l'alcool à la limite, mais c'est un peu tôt. il fait une pause, la fixe et sourit légèrement à moins que tu sois devenu le genre à boire à tout heure de la journée ? il se prépare un café et s'assoit sur le plan de travail de la cuisine, le regard accroché à la silhouette de jo. tu as le droit de t'asseoir tu sais. fais comme chez toi.
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Sujet: Re: foule sentimentale. ► jo. Sam 29 Juin - 17:22
foule sentimentale.
Salut, trois p'tits tours et puis s'en vont. Elle déteste Ovide. Elle le hait, pour avoir dérangé son bonheur auréolé de perfection. Elle le hait de réveiller des sentiments qu'elle croyait éteints et enfouis à jamais. Elle le hait, pour avoir osé l'appeler et lui demander -ou plutôt exiger- de venir le voir à son appartement. Adresse notée en vitesse, salut vite marmonné et on raccroche. Elle n'avait même pas eu le temps de répondre, de lui demander comment il allait, ce qu'il devenait. De toutes façons, elle n'est même pas sûre de vouloir savoir. Elle a tellement souffert par sa faute que son sort lui importe peu. C'est pourquoi elle avait hésité pendant deux jours avant de se décider et de répondre à l'invitation d'Ovide. Elle avait pris son courage dans une main, les clés de sa Clio dans l'autre et s'était rendue dans le dix-huitième arrondissement. Voilà où elle en était. Tergiverser devant l'immeuble de Rochefort, hésiter entre pousser l'imposante porte et gravir les escaliers jusqu'à son appartement ou retourner se réfugier dans la Clio, passer un coup de fil honteux à Ovide pour lui dire que finalement, non, ça va pas être possible. Elle fait sauter dans sa main droite les clés de la voiture. Joséphine n'a pas envie de faire marche arrière. Elle est enfin arrivée là où elle voulait être, prête à faire face à son passé, à leur passé. Mais comme pour toute chose, comme pour se suicider, comme pour décider de tuer quelqu'un, c'est plus facile de prendre une décision bien assise dans son canapé, une cigarette aux lèvres, un thé à la main et le bras chaleureux et aimant de l'homme avec qui on s'apprête à partager le reste de notre vie. Quand il faut faire un pas en avant vers cette confrontation, dont on est sûre d'avoir imaginé les moindres détails, il n'y a plus personne. Elle pousse un soupir, baisse le nez et se mord les lèvres. Elle examine ses chaussures, réfléchissant, retournant encore une fois le problème dans sa tête. Faire face à Ovide, c'est comme se confesser avant de se marier. Elle avait parlé à Alix de son histoire avec Ovide. Elle ne lui avait rien caché, même le fait qu'elle se rendait aujourd'hui chez lui. Elle lui devait bien ça, puisque c'est lui qui l'avait ramassée à la petite cuillère, après qu'Ovide l'aie quittée. C'est Alix qui avait supporté les crises de larmes nocturnes, les cris et les coups dans le vide, contre un homme qui ne se souciait plus d'elle. Joséphine ne pouvait décemment pas cacher à son fiancé le but de sa visite. Il lui avait demandé, à demi-mot, de tirer un trait définitif sur le fantôme d'Ovide, pour envisager sereinement l'avenir avec lui. Elle avait acquiescer, désireuse elle aussi de se présenter libérée de son passé devant le maire, dans quelques mois. Nouveau soupir, elle range les clés au fin fond de son sac, pour ne pas être tentée d'aller les chercher et de partir en courant. Vraiment hallucinant, ce manque de volonté et de courage, quand il s'agit d'Ovide. Elle finit par presser le bouton de l'interrupteur en face du nom d'Ovide, sans effet. Bon. Tout semble se liguer contre elle, pour empêcher qu'elle le rencontre de nouveau. Mais non, elle n'est pas prête à se laisser faire par des pseudo signes du destin et appuie sur un autre bouton. Une voix de petite vieille se fait entendre et Jo' explique rapidement à son interlocutrice qu'elle a besoin d'entrer dans l'immeuble. Le bruit caractéristique de la porte qui se déverrouille résonne et elle pousse la porte de l'immeuble, avant de pénétrer dans le hall et d'emprunter les escaliers. Elle ne préfère pas prendre l'ascenseur, trop rapide à son goût. Malgré qu'elle soit déjà proche du but, elle hésite encore. Mais arrivée devant la porte de l'appartement, il n'y a plus lieu de se questionner. Il faut aller de l'avant. Elle frappe quelques coups à la porte, baisse encore une fois les yeux, passe une main dans ses cheveux pour se recoiffer rapidement. Quelques instants, puis la porte s'ouvre. Et un ange passe. Il est là. Devant elle. Toujours aussi grand, toujours aussi beau qu'il y a deux jours, qu'il y a deux ans. Cigarette aux lèvres, cheveux fous, regard fatigué. Il travaille trop, Ovide. Toujours, tout le temps. Amoureux et accro à son boulot, rien d'autre ne compte. Dans les profondeurs de l'appartement, le son étouffé d'un film lui parvient. Evidemment. Il reste silencieux devant elle, recule d'un pas ou deux tout en ouvrant plus grand la porte, permettant à Joséphine d'entrer dans l'appartement. La porte se referme derrière elle et elle regrette soudain d'avoir accepté de venir. Il lui souhaite la bienvenue chez lui, parle de l'appartement. Oui, moins froid. Moins à l'image de leur relation. Puis il lui propose quelque chose à boire et elle refuse, silencieuse, secouant seulement la tête en signe de négation. De toutes façons, il n'a rien. Puis il émet l'hypothèse qu'elle soit de ceux qui se servent un verre d'alcool quelque soit l'heure. Elle nie encore une fois. Elle ignore son sourire léger, sans doute un peu moqueur. A quoi tu t'attends, Ovide ? A voir devant toi une loque, incapable de vivre sans toi et noyant son chagrin dans le gin, deux ans après ? Non, ça ne marche pas comme ça. Elle est plus forte que ça, Joséphine. Elle tombe et se relève, ignorant les blessures, pour reprendre sa course vers l'avenir. Elle ne peut s'empêcher d'avoir une grimace tandis qu'Ovide a le dos tourné, occupé à se préparer un café. Puis il se retourne et s'installe sur le plan de travail, le regard fixé sur elle. Au lieu de baisser les yeux, elle les lève vers lui et soutient son regard, tandis qu'il lui propose de s'asseoir à son tour. Elle jette un coup d'oeil autour d'elle à la recherche d'un siège où prendre place et fini par faire un peu de place à côté d'Ovide pour se hisser à son tour sur le plan de travail. Bon. Qu'est-ce que tu veux, Ovide ? La question est brutale, sans équivoque. Elle annonce clairement qu'elle n'a pas l'intention de s'éterniser ici, quoi qu'il arrive. Elle veut seulement mettre les choses à plat entre eux et repartir, retrouver son bonheur auprès d'Alix.
made by ℬlue ℐⅴy
désolée, c'est un peu nul
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Sujet: Re: foule sentimentale. ► jo. Sam 29 Juin - 18:28
Il essaye de masquer la gêne avec les mots, de retarder le plus loin possible la discussion mais joséphine semble avoir perdu le sens de la parole. Elle ne répond pas, acquiesce, refuse. Alors il l'observe, fixe son visage, décortique ses expressions comme il le ferait pour n'importe quel actrice, tente de comprendre. Elle a l'air paisible la joséphine, elle a l'air heureuse. Ce constat l'ennui. C'est vrai, il espérait que ce soit difficile pour elle. Il voudrait être le seul à s'en être remis, à l'avoir effacer de sa vie. Alors cette réciprocité, il ne l'aime pas vraiment. Il avait espérer à mainte reprise à l'époque qu'elle cesse de se sentir inférieur à lui, mais aujourd'hui, une fois encore, Ovide ne voulait que le contraire, qu'elle le soit. Est-ce difficile au moins d'être face à face aujourd'hui ? pour elle autant que pour lui ? Il soupire, se retient d'aller se prendre une cigarette et baisse les yeux un instant, les relevant presque aussitôt. Voilà qu'il regrette. La présence de joséphine dans son paradis est beaucoup trop étrange pour avoir l'espoir de ne plus y penser une fois qu'elle sera parti. Lorsqu'Ovide lui a demandé de venir, il n'avait absolument aucune idée de ce qu'il voulait. Il est toujours un peu handicapé lorsqu'il s'agit de prendre des décisions le concernant. Savoir si oui ou non, tel ou tel film sera un véritable succès, si cet acteur, arrivera ou non à se hisser au sommet est aisé. Découvrir ce qu'il veut d'elle, c'est une tout autre histoire. Joséphine lève les yeux, croise son regard inquisiteur et ne le quitte pas. Elle en a de l'assurance. Elle passe même outre ses blagues douteuses. Alors Ovide sourit, tend le bras, attrape sa tasse et boit une gorgée de son café, sans même prendre la peine d'aller le sucrer. Elle se déplace, s'installe à côté de lui. Ses doigts se serrent sur sa tasse. Il voudrait bien se pousser un peu, récupérer son espace vital mais se retient. Ce n'est peut être pas le moment de se montrer exécrable. Il n'a pas changé, c'est vrai mais joséphine n'a pas besoin de le savoir. Il enchaîne une nouvelle gorgée alors qu'elle se décide enfin à parler. bon. qu'est-ce que tu veux, Ovide ? beaucoup de choses mais rien qu'il ne serait capable de formuler. Prendre son temps pour commencer. ce qui ne semble pas être son cas. Il passe une main dans ses cheveux fou, ne répond pas immédiatement. Ce presque silence et le bruit de la télévision en fond sonore lui plait. L'affaire s'annonce bien plus complexe que prévu. Oh évidemment, il ne s'attendait pas à une véritable visite de courtoisie mais c'est qu'il en oublierait presque la façon dont il l'avait traité, sa précieuse joséphine sur la fin de leurs histoires. Légitime défense. C'est bien quelque chose qu'il ne pourra jamais lui dire. Il dépose à peine sa tasse contre sa cuisse et tourne son visage vers elle, les sourcils froncé. Veut-il savoir ? Le veut-il sérieusement ? évidemment. Il se décide alors enfin à baisser les yeux sur le détail qui l'avait marqué la dernière fois qu'ils se sont vu. un détail qui veut dire beaucoup trop de choses. Assez pour le rendre muet. ta bague. ce petit bijou qu'Ovide ne lui a jamais offert par peur de l’engagement, ce pas en avant qu'il lui avait refusé. Il pourrait presque le brûler du regard à force de l'observer. Qui est l'homme à avoir réussi à voler son cœur après son passage ? qui est celui à être devenu assez important à ses yeux pour qu'elle accepte de s'engager si loin ? pour une vie entière ? t'es fiancé. C'est quel genre d'histoire que tu vis avec lui ? tu détournes les yeux, récupère ta tasse, balance un peu tes pieds. attends, je sais. c'est ton héro. votre histoire, c'est le type de film à l'eau de rose où la jeune fille en détresse rencontre son prince hein ? tu l'aimes ? l'aime t-elle plus que lui à l'époque ? tu sais, je ne sais même pas pourquoi je t'ai demandé de venir. tu souffles. C'est plus facile de parler d'elle que de toi. ça m'a juste fait étrange de te revoir. J'en vois souvent des ex pourtant, tu m'as juste fais plus d'effet que les autres. beaucoup plus d'effet. La revoir l'a ramené des années en arrière, quand tout aller trop bien. Il boit une nouvelle gorgée de son café. Se questionne, se tâte à être sincère. je déteste ce qui est inachevé, tu le sais toujours, non ? le boulot mal fait, les histoires sans véritable fin qui laissent espérer plus, ça a le don de l'énerver. je suis parti sans rien dire. du jour au lendemain. alors, j'voulais te voir aujourd'hui, pour terminer ça. histoire d'avancer tu vois. je réfléchis juste encore à ce que je veux faire. Il tâte sa poche, se sort une cigarette et l'allume, soucieux. Il n'a pas son cendrier dans le coin. Tant pis, va falloir tendre le bras jusqu'au l'évier. C'est fou, parce qu'il y a un mois de ça, je savais exactement ce que je ferais si jamais j'avais la chance de te revoir. Il sourit, tire une taffe. je voulais juste t'ignorer. mais toi, pourquoi t'es venu si t'as si peu envie d'être là ? Elle pouvait encore refuser, le rappeler, lui dire qu'elle avait mieux à faire, qu'elle devait préparer son mariage à tout hasard, fonder une famille, qu'elle au moins, était passé à autre chose. Au fond, du fond, Ovide espère sans doute qu'encore une part d'elle s'accroche à ce qu'ils ont vécu. Histoire de ne pas être le seul à se demander parfois ce qu'ils seraient devenu aujourd'hui si les choses s'étaient déroulés différemment.
t'inquiètes, c'était parfait .
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Sujet: Re: foule sentimentale. ► jo. Sam 29 Juin - 22:05
foule sentimentale.
Elle inspire à fond, se prend le parfum d'Ovide en pleine face. Un parfum plein de souvenirs heureux et moins heureux, qui submergent son esprit, qu'elle s'efforce d'ignorer. Elle détourne légèrement la tête et le regard. Hors de question de se laisser avoir par le reflux des sentiments qu'elle éprouvait autrefois pour Ovide. Les mains en appui sur le plan de travail soutenant le haut de son corps, la tête rentrée dans les épaules, elle pense, elle réfléchit, Joséphine. Réfléchir. Quelque chose qu'elle ne s'était jamais vraiment autorisé lorsqu'elle vivait avec lui. De l'intelligence, Ovide en avait pour deux, rien ne servait de penser trop, de se servir de son cerveau. Et c'est comme ça qu'elle avait commencé à devenir invisible, à devenir presque bête. Se servir de son corps au lieu de son intelligence, voilà tout ce qu'elle avait appris, auprès du jeune homme. Il avait fallu qu'elle passe par une véritable traversée du désert pour se rendre compte que ce n'était pas ce qu'il lui fallait, ce qui lui convenait. Et puis Alix. Sans lui, elle serait sûrement encore au fond du gouffre et aurait fondu en larmes au moment même où Ovide avait ouvert la porte. Heureusement, elle avait su garder sa dignité et se retrouvait maintenant assise à côté de l'homme pour qui elle aurait tout donné. Ses doigts pianotent nerveusement sur le bois aggloméré, trahissant son stress et sa gêne. Qu'est-ce qui lui est passé par la tête, franchement ? Pour quelle putain de raison a-t-elle accepté de venir ici ? Elle a oublié. Sa tête est complètement vide, seulement habitée par l'odeur d'Ovide et les souvenirs d'eux deux. La brusquerie dont elle fait preuve en questionnant le brun ne l'aide pas à se mettre à l'aise. Ce n'est pas son genre d'être agressive comme ça. Elle se mord les lèvres. Jo' déteste cette facette de sa personnalité. Dès qu'elle est irritée, elle ne peut s'empêcher de se montrer brutale. Qu'Ovide en fasse les frais ne lui plaît pas non plus, malgré la rancune qu'elle éprouve à son égard. Le silence qui suit sa question la rend encore plus mal à l'aise. Elle a une conscience suraiguë du regard inquisiteur d'Ovide sur elle, sur sa main. ta bague. Elle tique à l'évocation de la bague offerte par Alix. Elle reste silencieuse, attendant la suite. Car suite il y aura forcément. Ovide n'est pas du genre à lancer une accusation à mot couvert et à attendre qu'elle y réponde d'elle-même. Non, Ovide préfère attaquer et faire mal. t'es fiancée. C'est quel genre d'histoire que tu vis avec lui ? Elle lève un regard attristé sur lui. C'est presque cruel de sa part d'être venue avec la bague au doigt. Elle aurait dû l'enlever, elle s'en rend compte maintenant. Même si quelque part, elle éprouve une satisfaction puérile à montrer à Ovide qu'elle au moins, elle a changé. attends, je sais. c'est ton héros. votre histoire, c'est le type de film à l'eau de rose où la jeune fille en détresse rencontre son prince hein ? tu l'aimes ? Elle fronce les sourcils. L'image qu'il décrit ne lui plaît pas, évidemment. Elle n'est plus comme ça. Elle espère même n'avoir jamais été ainsi. tu sais, je ne sais même pas pourquoi je t'ai demandé de venir. Alors autant partir, si c'est comme ça. Pourtant, elle ne bouge pas d'un pouce. Ovide n'a manifestement pas fini de parler. ça m'a juste fait étrange de te revoir. J'en vois souvent des ex pourtant, tu m'as juste fais plus d'effet que les autres. Nouveau froncement de sourcils. Il la compare aux autres. Celles qu'il a aimées avant elle, celles qu'il a aimées après elle. Elle ne dit toujours rien, Jo'. Comme toujours. A chaque fois qu'elle est près d'Ovide, elle retrouve ses vieilles habitudes. Elle se tait encore, même quand il boit son café. je déteste ce qui est inachevé, tu le sais toujours, non ? Léger sourire, elle hoche la tête. Oui, elle sait. Elle n'a pas oublié. Mais elle pensait qu'au moins, leur histoire était enterrée, finie, terminée. alors, j'voulais te voir aujourd'hui, pour terminer ça. histoire d'avancer tu vois. je réfléchis juste encore à ce que je veux faire. Elle tourne la tête vers lui lorsqu'elle entend le claquement du briquet. Ca aussi, elle n'a pas oublié. L'odeur des cigarettes d'Ovide. Elle hume avec délectation le parfum du tabac. C'est fou, parce qu'il y a un mois de ça, je savais exactement ce que je ferais si jamais j'avais la chance de te revoir. je voulais juste t'ignorer. mais toi, pourquoi t'es venu si t'as si peu envie d'être là ? Elle tend la main et saisit entre ses doigts la clope, avant de la porter à ses lèvres. Elle lance un sourire narquois au jeune homme et recrache au plafond une longue volute de fumée. T'es toujours aussi bavard, ça en devient soûlant, à force. C'est faux. Quand Ovide parle, il peut être passionnant. Mais uniquement quand il ne l'insulte pas à moitié. Oui, j'suis fiancée. Non, c'est pas un héros, c'est un type comme un autre, comme toi. Mais lui, quand il me regarde, il me voit vraiment. Nouvelle latte, regard vers Ovide. Ca n'a pas l'air de l'atteindre. On continu, alors. Si tu veux tout savoir, et même si tu t'en fous, même si tu veux pas savoir, je m'en tape, oui, je l'aime. Ca paraît con à dire, mais j'ai jamais aimé comme ça. Même toi. Elle espère, comme une gamine, que cette pique lui fera mal. Aucun regret, il faut qu'il ai mal, comme elle a eu mal. Chacun son tour. Elle cherche du regard un cendrier, puis descend de son perchoir pour se débarrasser de la cendre dans l'évier. Elle se plante ensuite devant Ovide, affichant une expression froide. Je veux pas savoir quelle logique bizarre t'a poussé à m'appeler, même si manifestement t'en avais pas envie. Et j'suis comme toi, j'aime pas quand on fini pas ce qu'on a commencé. J'suis là pour tourner la page, Ovide, me débarrasser de toi. La colère dans sa voix l'effraie elle-même. Elle n'est là que depuis quelques minutes, mais elle sent déjà qu'il est temps de partir. J'ai tourné la page, j'suis à deux doigts de passer définitivement à autre chose, comme t'as pu le remarquer. Alors si ça t'amuse de m'appeler et de foutre le bordel dans mes sentiments, j'aimerais autant que tu te trouves un autre passe-temps. J'dois pas être la seule de tes ex que tu peux tourmenter, pas vrai ? Elle le fixe quelques instants, silencieuse, tirant nerveusement sur sa cigarette. Elle voudrait partir, le planter là, rentrer chez elle et oublier le coup de fil d'Ovide. Et pourvu qu'il ne la recontacte plus jamais, l'oublie définitivement et tombe amoureux d'une autre fille comme elle, avec qui il passerait encore deux ou trois ans, avec qui il reproduirait le même schéma qu'avec elle. Il pourrait aussi bien se jeter d'un pont, finir sdf, tomber dans la drogue, tout, pourvu qu'il oublie l'existence de Joséphine et la laisse libre en paix, sans qu'à chaque fois que son regard croise celui d'Ovide, le visage du jeune homme efface peu à peu celui d'Alix.