4 ans plutôt
Je suis en cours, à la faculté. Il était midi. Mon téléphone sonne. Je le prends et décroche.
"Mademoiselle Danièle Bonnet ?"
"Oui ! Vous êtes ?"
"Je suis l'inspecteur W..."
"Heuuu... Il y a un problème ?"
"Je suis désolée mademoiselle, mais vos parents ont eu un accident de voiture."
"PARDON ?!"
"Ils sont morts sur le coup"
"NON .... NON ... Vous dites n'importe quoi ! C'est pas possible. Vous vous trompez !!!!".
Mon monde s'effondrait. Que deviendrait ma petite soeur de 16 ans et moi-même. Ce n'était pas possible. On était trop jeune. A 20 ans, comment faire pour vivre, survivre et avoir tous les soucis d'un adulte ? Je ne savais pas ... j'étais perdue. Je m'effondrais. Mes amis ne surent que faire. Je savais bien que c'était trop pour eux. Je pris mes affaires et m'en allait en courant, en pleurant, en ne sachant où aller.
3 jours plus tard.
"Coraline il faut y aller".
Coraline était en retard. Je savais que c'était dur pour elle de se dire qu'elle devait dire au-revoir à nos parents à cet âge.
Ma petite soeur avait très mal pris la mort de nos parents. J'avais attendu le soir qu'elle rentre. Je ne voulais pas qu'elle me voie dans l'état où j'étais. Je comprenais son attitude. Elle voulait tout rejeter. Elle en voulait au monde. Un simple accident de voiture nous avait pris notre seule famille.
On dormait ensemble depuis cet affreux jour. Je ne voulais pas la laisser seule dans sa chambre. Je savais que cela serait trop dur pour elle, mais aussi pour moi. On avait déjà plus besoin de l'une de l'autre qu'avant. Oui, avant on s'entendait sans vraiment s'entendre. Désormais, on devrait compter que l'une sur l'autre.
Parfois, je ne savais pas comment faire pour la réconforter. Comment faire pour ne pas être maladroite, déjà que j'avais du mal à me porter ? Je faisais du mieux que je pouvais, même si parfois les mots me manquaient.
Cette journée serait la pire. Je voulais voir les corps de mes parents avant la fermeture des cercueils. Je voulais voir leur visage une dernière fois, avant de devoir ne regarder que des photos d'eux, des poses à jamais enregistré sur une feuille.
Toutes deux de noir vêtus nous allions à la mise en bière, à la cérémonie et à l'enterrement. C'était un couple de voisins qui nous emmenait. La vie serait désormais d'un autre genre.
1 mois plus tard
"Mademoiselle, vous êtes bien jeune mais je vois que vous avez trouver un travail stable. De plus, vous êtes majeur et vous avez un comportement exemplaire d'après vos professeurs et voisins, je ne vois pas pourquoi je refuserais cette demande de tutelle."
Me voilà tutrice légale de ma petite soeur. Si elle savait ma vie d'avant, ma vie d'adolescente, mes bêtises, elle ne me prendrait pas pour une fille exemplaire. Ce n'est pas grave, j'ai eu le droit de rester avec ma petite soeur. Mes cours et mes rêves envolées pour m'occuper de Coraline. Ce n'est guère un sacrifice. Si je ne le faisais pas, que serais-je comme soeur ? Mes parents ne seraient sans doute pas fiers de moi. L'était-ils avant ? Je ne sais pas. Je doute que je sois leur fierté durant mon adolescence. Je ne sais pas, ce n'est pas grave. Le plus important c'est la vie de maintenant.
Aujourd'hui
Quand je pense au chemin parcouru depuis ce jour, je me dis qu'on s'en est bien sortie.
Depuis un an, à Paris, ma petite soeur poursuit son rêve de danseuse. Moi, je la regarde vivre ce rêve. Nous sommes dans une petit appartement. Je travaille comme serveuse depuis notre arrivée à Paris. C'est pas le top, c'est juste un job comme les autres. Ce n'était pas ce que je rêvais, loin de là, mais je n'avais trouvé que ça. Faut bien vivre après tout !
Quand je pense à mes parents, ils doivent être fiers de nous, de la vie telle qu'on l'a mené sans eux. On s'en est bien sortie toutes deux. On n'a pas baissé les bras.