Sujet: Life is what happens. ┼ SLIM Mer 5 Juin - 3:31
Attablée à mon bureau depuis 8h tapante, comme tous les jours, j’étais submergée par le travail. J’avais la désagréable impression que la pile de paperasse que je m’acharnais à remplir ne diminuait pas. La voir stagner m’arracha un soupir de découragement. L’administration, ça n’avait jamais été mon truc. Si j’avais su, je me serais probablement rabattu sur une formation de soigneuse animalière, ça m’aurait probablement évité d’avoir à me battre avec cette tonne de papelards. J’avais beau cherché leur utilité, je ne trouvais pas. Je ne voyais pas l’intérêt de transcrire chaque détail sur papier alors que tout était dans ma tête. Si j’avais voulu prendre autant de note, j’aurais fait psy. Malheureusement, comme toute profession, le métier de vétérinaire avait ses vices cachés. Pour moi, il n’y avait rien de mieux que le travail de terrain. Pour me réconforter, je me disais que même si je le voulais, je ne pouvais pas céder à mes caprices tant que Soan n’était pas scolarisé. Ce dernier se tenait assis à côté de moi, plongé dans ses dessins, imperturbable. J’aurais pu disparaitre pendant des heures qu’il ne le remarquerait même pas. Sa concentration était sans égale. Tandis que les enfants de son âge griffonnaient leurs feuilles blanches en y représentant leurs parents se tenant la main devant la demeure familiale, mon fils lui se plaisait à gribouiller des croquis des reptiles en tout genre qu’il voyait défiler dans la salle d’attente de la clinique. En même temps, son unique famille se résumait à moi. Bien entendu, il avait déjà tenté de me portraiturer, mais j’avais commis l’erreur de souligner la ressemblance zéro entre son dessin et la réalité. Aussi susceptible que son père, Soan avait refusé de m’adresser la parole jusqu’au souper où il m’avait clairement dit d’une voix offusquée que je n’étais plus sa mère. Du haut de ses deux ans, ce gosse faisait déjà preuve d’un sacré caractère. Non pas qu’il se rebellait à mon autorité ou quoique ce soit, non, c’était bien pire que ça. Il parvenait toujours à mettre ses conneries à exécution sans déroger aux règles que je lui imposais. Le diable sous sa forme la plus pure. J’étais sur le point de mettre un terme à cette petite pause mentale que je m’étais accordée lorsque le carillon de la porte d’entrée tinta. Ni une ni deux, Soan sortit de ses songes et courut jusqu’à la provenance du son en battant des bras pour conserver maladroitement son équilibre. Je n’eus pas le temps d’intervenir que déjà, il était pendu à la clenche. Ma respiration se coupa lorsque la porte s’ouvrit sur Slim. Quand je finis par retrouver mes esprits, mes poings se serrèrent. There will be blood.
« Soan, combien de fois vais-je encore devoir te répéter de ne pas ouvrir la porte aux inconnus ? » A ces mots, le coupable se tourna vers moi et me sourit à pleines dents, comme pour me faire remarquer que j’allais le pardonner quoiqu’il arrive. Son regard se reposa ensuite sur le t-shirt Iron Man de son père. Les comics que ce dernier avait oublié à l’appartement avant de claquer la porte derrière lui constituaient ses livres de chevet. Chaque soir avant de s’endormir, il se délectait des aventures de ses superhéros préférés, frustré de devoir se contenter des images à défaut de savoir lire. « Allez, va jouer. Laisse maman s’entretenir avec son client. » Je me faisais force pour ne pas déraper. Pourtant, Dieu sait comme j’avais envie de l’insulter de tous les noms qui me passaient par la tête. L’autocensure, ça craint. Soan me fusilla du regard avant de s’éloigner en trainant des pieds. Quand je fus certaine qu’il ne prêterait pas oreille à notre discussion, je croisai les bras sur ma poitrine. « C’est seulement après deux ans que tu te décides à entamer la procédure du divorce ? » Incapable de garder mon calme, je retroussai les manches de mon tablier. Ma respiration était sifflante, similaire à celle d’un taureau sur le point de charger. « C’est vrai que batifoler, ça prend du temps. » Pendant tout ce temps, monsieur se planquait dans les rues de Paris. Ca, c’était la meilleure. Excédée, je me ruai sur le bureau pour m’emparer d’un stylo. « C’est où que je donne mon accord ? Que je signe des deux mains. »Et si le temps avait grignoté notre semblant de relation, il avait laissé Slim intact. Son air désinvolte ne l’avait jamais quitté. Il était là, à regarder autour de lui comme s’il avait perdu le nord. Tous ces petits détails qui autrefois me donnaient envie de me jeter à ses pieds et qui aujourd’hui me répugnaient au plus haut point. Je pris une profonde inspiration afin d’essayer de me détendre. Comme disait ma grand-mère, la violence ne résout rien. « Sinon, juste au cas où tu l’aurais oublié, le principe d’une clinique vétérinaire, c’est d’y emmener son animal. Je ne vois le tien nulle part. »
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Sujet: Re: Life is what happens. ┼ SLIM Jeu 6 Juin - 19:41
Le cœur qui palpite un peu trop fort. Cette ligne de coke qui disparaît sous mes yeux, comme ça, dans un coup de vent. Elle pénètre dans mes narines, se perd dans mes neurones et grignote le peu de lucidité qu'il me reste. C'est peut-être pas le meilleur état pour sortir mais c'est toujours mieux qu'être en manque. Aujourd’hui encore le monde subira mes folies. Mes sentiments un peu trop emmêlés et perdus. La porte de l'appartement claque derrière moi tandis que déjà, les bruits de la ville résonnent sous ma chair, comme un éternel concert. Les premières minutes sont si insupportables que je pose mes mains contre mes oreilles pour tenter d'oublier le chaos qui m'entoure. Mon corps refuse d'avancer, j'ai l'impression d'avoir du plomb dans les jambes. Et cette putain d'envie de faire demi tours, celle qui ne me lâche pas. S'accroche à chaque parcelle de mon corps intoxiqué. Les faibles rayons du soleil viennent caresser ma peau pâle. Ils m'encouragent à avancer un peu plus. Ne surtout pas retourner dans mon appartement pour passer des jours à regarder la télé sans mettre un pieds dehors. C'est pas une vie, me répète une voix venue de nulle part. Peut-être celle de la raison. Ou bien du piètre désespoir. Dans un geste un mouvement un peu trop brusque, un peu trop incontrôlé, mon corps s'arrête contre un mur. La trottinette tape dans un bruit de fer. Mes ongles s'enfoncent dans le crépis à la sensation de cette douleur infernale. Elle monte, de mon ventre jusqu'à mon torse. Je peux la sentir, sous ma poitrine. Ma gorge se serre un peu plus, pour l'accueillir et en même temps tenter de la chasser. Mais rien n'empêchera cette vague, même pas mes lèvres closes. Un liquide chaud s'écrase au sol. Dégoût. Mes tripes hurlent à la douleur en même temps que mon cerveau s'éclate à vomir. Vomir ce que je suis, ce que j'ai fait. Vomir pour se soulager. Laisser sur le goudron une trace de notre connerie. Le connard se prend un coup dans la gueule, l'abandon règne sur son empire. Mes yeux mouillés par la douleur s'ouvrent et cherchent du regard la trottinette. Machinalement, comme s'il ne s'était rien passé, mes doigts empoignent le bolide et nous partons, tous deux, dans les rues de Paname. Les moqueries surgissent dans mon dos mais je ne les entends pas. Je n'ai jamais rien entendu de toute façon. S'arrêter sur l'avis des autres reviendrait à m'enterrer vivant. Alors il avance, il avance, sur ses deux minuscules roues. Comme un spectre, tel un ange déchu. Dire que j'en suis réduit à porter des ailes brûlées. Elles sont si lourdes que ma colonne vertébrale semble se briser à des moments. Mais tout n'est qu'illusion et métaphore, encore une fois. Il n'y a rien, rien que le vide et mes remords. La sonnerie fait vibrer mes tympans, elle m'arrache à mes pensées et me ramène sur terre. Dans ce petit cabinet un peu trop blanc. Pourquoi je suis ici ? Ah oui, Fauve.
Trente centimètres les bras levés. Ses pupilles marrons me fixent. Petit bout d'homme minuscule qui s'approche de moi, un peu trop brillant, un peu trop joyeux. Ce que je n'ai plus eu l'occasion de rencontrer depuis des mois. Mes lèvres s'étirent, machinalement, sans crier gare, attirées par ce petit bout de vie. Les minutes prennent le temps de défiler, elles s’étirent, façonnent le temps. La lumière que projette l'innocence de son visage parvient presque à m'éblouir, je le fixe, silencieux. Incapable de le saluer, la bouche encore acide par la gerbe passée. Mais c'est magique, ce court instant, brisé par une voix plus froide et menaçante. Son timbre parvient à me faire relever les yeux. Comme un aimant, mon regard se plante dans celui de l'élément perturbateur. Siham. Mes muscles se contractent, comme ça, sans prévenir de rien. Le ciel tombe au dessus de ma tête en même temps que la terre. Je bats des paupières, plus rapidement, pour m'assurer que les remords ne me jouent pas des tours. Un cerveau malade est capable de n'importe quoi pour se venger, même faire apparaître la plus belle des femmes sous mes yeux. Mais aussi la plus importante. La plus … Siham. L'alliance autour de mon doigt me brûle. Le petit change de pièce. C'est mon fils, notre fils. Il s'appelle Soan et je ne sais rien de lui. Même pas un trait de son caractère, son visage ne me dit rien. Mon propre enfant est un parfait inconnu. L'ampleur des dégâts et plus fort et douloureux que n'importe quoi. « C’est seulement après deux ans que tu te décides à entamer la procédure du divorce ? » Je la fixe et la seule réponse qui me vient à sa question serait un tu es belle. Mais si je lui envoie ça comme ça, je risque de m'en choper une. Je ressens sa colère jusqu'ici. Elle m'écrase, pauvre petit agneau que je suis. Siham est le loup. Elle enfonce ses crocs dans mon cou, le sang coule avec abondance. Comme une rivière de vengeance. « C’est vrai que batifoler, ça prend du temps. » ça fait combien de temps ? Cinq ans, peut-être moins, peut-être plus. J'ai plus la notion de rien, même pas de la distance. De derrière son bureau c'est comme si son souffle pouvait s'échouer contre le mien. « C’est où que je donne mon accord ? Que je signe des deux mains. » Mes sourcils se froncent à cette remarque. Je redescends un peu sur terre. Mais pas assez. Non, y a toujours un bout de nuage prêt à m'accueillir. La seule chose dont je suis sûr c'est ça. J'veux pas divorcer, j'veux pas la perdre. Aussi con que cela puisse paraître, même avec la distance, cette foutue alliance nous réunit. Ici ou ailleurs, Siham porte mon nom, les déchets de cette promesse que je n'ai su tenir.
« Sinon, juste au cas où tu l’aurais oublié, le principe d’une clinique vétérinaire, c’est d’y emmener son animal. Je ne vois le tien nulle part. » Un rire nerveux traverse mes lèvres gercées. Je m'avance d'un pas, puis d'un autre, pour ne pas avoir à trop élever la voix. Ma tête tourne suffisamment comme ça. J'en reviens pas, nous sommes dans la même pièce. « J'suis pas venu pour le divorce. » Qu'elle le sache, directement. J'ai pas envie de lui faire croire que je me laisserai faire comme ça. Non, faudra me foutre une floppée d'avocats sur le cul pour m'arracher cette alliance. « Je venais te voir pour un alligator qui se la joue anorexique. Mais si t'es pas capable de différencier vie privée et vie professionnelle dis le moi de suite et je me casse. J'ai pas envie de payer pour me choper ta haine à la gueule. » Je n'sais même pas pourquoi je suis aussi sec avec elle. Peut-être pour masquer cette tristesse qui me possède en pensant à nous. L'envie de lui sauter au cou et l'embrasser me traverse l'esprit. Ouais, ça me ferait tellement de bien de la retrouver. Mais non … non, c'est juste pas possible, pas maintenant. C'est trop frais. Alors, je continue, dans la même optique, avec cette voix qui sonne tellement faux. « Au passage si t'as aussi un truc pour couper l'envie de gerber je suis preneur. » Un hoquet me remue les entrailles. J'suis à deux putains de doigts de lâcher mes tripes sur le carrelage blanc de son salon. Pourtant, mon regard ne lâche pas le sien. J'en suis tout simplement incapable. Depuis le temps.
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Sujet: Re: Life is what happens. ┼ SLIM Ven 7 Juin - 19:35
« J'suis pas venu pour le divorce. » Les commissures de mes lèvres s’affaissent, comme s’il venait de m’annoncer une atroce nouvelle. J’aurais pu me passer de commentaires et répondre à ses questions sans y mettre mon grain de sel, mais ça n’était pas moi. J’avais besoin de lui faire comprendre que je lui en voulais, d’une manière ou d’une autre. Il s’était jeté volontairement dans l’arène aux lions, il n’avait plus qu’à assumer cet acte suicidaire. Je soupirai avec tant de lassitude que si l’effet papillon n’avait pas été un mythe, j’aurais pu provoquer une tempête de l’autre côté de l’océan. « Je me suis donc fait des faux espoirs. Dommage. » J’espérais que mes mots allaient lui mettre une claque, parce que c’était tout ce que je désirais. Le blesser. Slim n’avait jamais été sensible à mes violents assauts. J’avais beau tenté d’ébranler sa défense en lui balançant des méchancetés à la gueule à chaque fois qu’on se prenait la tête, tout ce qui sortait de ma bouche semblait rouler sur le rail de son indifférence. Ou peut-être qu’il savait que malgré mes grands airs, la perspective du divorce ne m’enchantait pas plus que ça. C’est que je m’étais fait à cette bague qui décorait mon annulaire depuis bientôt trois ans, mine de rien. Elle pourrait même être rongée par la rouille que je ne m’en débarrasserais pas. Mais ça, Slim n’avait pas besoin de le savoir. Cela reviendrait presque à le féliciter de m’avoir laissée avec un gosse sur les bras. Je ne lui jetais pas la pierre, loin de là. Il était loin d’être le seul père à avoir perdu sa paire de couilles à l’annonce de cette grande nouvelle. Slim avait dû comparer sa situation à celle d’un prisonnier carcéral. Il avait probablement réussi à se persuader que sa vie s’arrêterait là, qu’il était condamné à vivre enfermé dans la routine à perpétuité, à jongler entre les couches et les biberons en guise de TIG. Mon mari avait toujours été le meilleur pour déformer la vérité. Sa tête était tellement remplie par les fictions qu’il s’inventait qu’il n’y avait plus de place pour la réalité. C’était rien de plus qu’un grand gamin. Sauf qu’au lieu de continuer à croire au père noël, Slim se rattachait aux superhéros.
« Je venais te voir pour un alligator qui se la joue anorexique. Mais si t'es pas capable de différencier vie privée et vie professionnelle dis le moi de suite et je me casse. J'ai pas envie de payer pour me choper ta haine à la gueule. » Ca tombait bien, ça n’était pas compris dans le prix. Cadeau de la maison. Je me serais bien transformée en hulk au féminin si Soan n’était pas dans la pièce. Je ne voulais pas qu’il apprenne au détour d’une conversation que ce lâche individu qui me faisait face avait contribué à sa venue au monde. Je voulais attendre qu’il soit assez grand pour me poser la question de lui-même. Ca servait à rien de le brusquer. « Quoiqu’il arrive, ma haine attendra que Soan soit tombé endormi. T’as de la chance, c’est pas un grand dormeur. » Disons plutôt qu’à mon grand désarroi, l’heure de la sieste n’avait pas encore sonné. Nous avions encore une heure ou deux devant nous avant qu’il rejoigne le pays des rêves. « Dans le pire des cas, si ça te convient pas, j’ai deux collègues qui se feront un plaisir de te recevoir. » L’avantage d’une clinique, c’est qu’on pouvait toujours refiler les clients indésirables aux autres pour une raison ou une autre. « Par contre, je peux pas te garantir qu’elles seront aussi indulgentes que moi par rapport au fait que tu détiens illégalement un alligator en ta possession. Parce que je suppose que t'as choisi de faire semblant de pas savoir qu'il existait un certificat de capacité, pas vrai ? » J’aurais pu le balancer aux flics. Un simple coup de fil. Un simple contrôle de routine. C’était tout ce qu’il fallait pour que Slim soit expulsé de son logement. J’aurais pu me frotter les mains à cette idée, mais qu’est-ce que ça me rapporterait ? Je lui en voulais terriblement, certes, mais je ne souhaitais pas son malheur pour la cause. « Au passage si t'as aussi un truc pour couper l'envie de gerber je suis preneur. » A voir ses pupilles explosées, je mettais ma main à couper qu’il ne souffrait pas d’une banale indigestion. Je poussai un profond soupir avant de lui tendre un sachet. On était dans une clinique vétérinaire ici, pas dans une pharmacie. Et personnellement je ne trimballais plus de cachets antivomitifs sur moi depuis ma grossesse. « Je te répugne à ce point ? » Un sourire naquit sur mes lèvres et se dissipa tout aussi rapidement. Pas de marque de sympathie à son égard. Il fallait que je garde ça à l’esprit et tout irait pour le mieux. Mon premier réflexe fut de lui tendre un sachet. Autant je passais pas mal de temps à nettoyer les déjections des animaux, autant ramasser la gerbe de mon mari ne relevait pas de mes compétences. J’avais le haut le cœur facile. « Ca finira bien par te passer quand t’auras plus que ta bile à dégueuler. » Je voulais rajouter un ‘ ça t’apprendra à sniffer n’importe quoi’ mais cela laisserait sous-entendre que je me souciais encore de sa consommation en cocaïne. J’avais déjà tenté de lui interdire par le passé, non pas parce que ça me dérangeait mais parce que j’avais peur que son addiction l’emporte. J’avais rapidement appris à mes dépens que rien ne se mettait entre un toxico et sa dose. Jamais.
Après l’avoir longuement détaillé, je finis par capituler. Encore une fois, je m’étais laissée noyer dans le bleu de ses yeux. Encore une fois, il obtenait ce qu’il voulait. « Soan, mets ta veste, on sort faire un tour. » Moins de deux minutes plus tard, il se tenait devant moi, sur les starting blocks, n’attendant que mon signal de départ pour se ruer vers la sortie. Je me rapprochai de Slim pour lui glisser ces quelques mots à l’oreille. « Je fais ça par conscience professionnelle. Pas pour toi. Rentre toi bien ça dans le crâne. » Ce après quoi, j’ouvris la marche jusqu’au parking. Soan profite de mon inattention pour piocher dans l’assiette à bonbons réservés aux clients qui reposaient sur le bureau de l’accueil. Il s’en remplit plein les poches avant de décocher un sourire complice à Slim. Quand ils m’eurent rejoint, j’ouvris la porte passager à ce client privilégié. Ce n’était pas tous les jours que je mettais mon véhicule à disposition de la clientèle. C’est juste que je nous voyais très mal gagner son domicile à trois sur une trottinette. Tout en m’installant au volant de la Plymouth deux places, je lui désignai Soan d’un geste de la tête. « Va falloir que tu le prennes sur tes genoux. A moins que tu ne préfères voyager dans le coffre ? » Ou ne pas voyager du tout. Je préférais le laisser se démerder avec son alligator qui faisait grève de l’appétit plutôt que de l’abandonner au milieu de mon matériel médical. On ne savait jamais quelle idée farfelue pourrait germer dans son esprit de scientifique torturé. Histoire de combler les blancs qui risquaient de survenir au cours du trajet, j’allumai la radio avant de me retourner vers lui, cynique. « T’as une adresse, je suppose ? »
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Sujet: Re: Life is what happens. ┼ SLIM Sam 8 Juin - 22:29
Je baisse les yeux, juste un peu, comme ça. Oui voilà, pour pas avoir à faire face à ce regard chargé de haine. Je l'ai jamais vu comme ça. Même quand elle me gueulait dessus parce que je rentrais trop tard. Siham c'était la reine des coups de gueule. J'entends encore les assiettes se briser au sol, je vois ses vêtements voler par la fenêtre. C'était tellement cliché mais éperdument beau. Comme une histoire préparée à l'avance, magnifiquement parfaite, un peu trop. Avec des hauts et des bas qui la rendent addictives. C'est fort mais pas indestructible. Il a suffit d'un rien pour la briser. Un putain de verre de cristal, délicat, unique, magique … mais si fragile. C'est pas entre nos doigts écorchés qu'on allait pouvoir le laisser sans égratignure. Après plus de deux ans, les cristaux s'enfoncent dans la peau de mes pieds. Ca fait mal mais en même temps tellement de bien. Presque masochiste, quand on y pense. Pour rien au monde je quitterais cette salle, quoi que mes paroles en disent. J'ai pas la foi de la laisser une nouvelle fois seule. Encore moins après voir vu Soan. Soan, le fruit de cette relation intense. J'ai vu dans ses yeux une multitude de souvenirs. Il est une partie de Siham, une partie de moi. Un mélange éternel contre lequel on ne peut rien. Ma respiration est coupée depuis que je suis entré dans ce cabinet. Sous le choc, je peux ressentir de la haine, de la colère envers moi-même mais aussi de la joie, de l'affection. Toute une déferlante de sentiments qui me rend si fébrile. J'crois même que je suis au bord des convulsions, mes muscles sont si crispés. La douleur est si intense. J'ai envie de m’asseoir mais je ne le fais pas, pour pas lui faire croire que je suis un putain de faible. Être un lâche est amplement suffisant. Un traître aussi. L'attaquer par les paroles ne suffira pas à la descendre. Aujourd'hui, et pour la première fois de puis longtemps, je suis en état de faiblesse. Parce que Siham elle est comme ça, elle a toujours une longueur d'avance sur moi. Une putain de force qu'elle m'envoie à la gueule comme un coup de poing. J'ai beau essayé de l'atteindre, elle parviendra toujours à mettre la barre plus haute. Même si je sais d'avance que je vais perdre, j'parviens pas à me mettre à genoux, pas tout de suite du moins. Non, j'ai pas envie de baisser les bras aussi facilement. J'ai jamais eu la capacité d'accepter et d'assumer mes tords. C'est pas aujourd'hui que ça va changer. T'entends ? C'est pas les remords, l'absence, Soan, les larmes et toutes ces choses qui parviendront à me faire évoluer. Je suis un tas de cellules entassées, on ne peut leur donner de l'ordre. Faut alors faire avec, ou bien shooter dedans, t'sais, comme dans un château de sable raté. Suffit d'un coup de pied pour l'envoyer valser dans l'espoir de pouvoir le recommencer, en mieux sauf qu'après ça, y aura toujours un connard pour venir le détruire. Mon existence et mes pensées sont fragiles. Tout comme tous ces sentiments que j'ai pu avoir pour Siham. Que j'ai encore d'ailleurs.
« Parce que je suppose que t'as choisi de faire semblant de pas savoir qu'il existait un certificat de capacité, pas vrai ? » Je relève légèrement les yeux. L'idée même qu'on puisse m'enlever Fauve me brise le cœur. Elle est mon seul réconfort, mon unique point de repère. Ouais, un alligator est le pilier de ma vie. Comment ça, c'est pitoyable ? Le monde est pitoyable par sa connerie, je ne suis qu'un petit con qui s'y fond dedans. Mes poings se serrent, nerveux, mais je ne réponds pas, pour lui laisser le doute. Siham sait déjà que je ne suis pas en règle. J'en ai d'ailleurs rien à foutre des règles. Si des flics débarquent chez moi demain j'hésiterais pas à tout faire pour sauver ma peau et celle de Fauve. Quitte à me retrouver en prison et retourner en Amérique. Rien à foutre, ouais, Slim t'en as toujours rien à foutre de tout. J'me dégoûte de prendre toutes ces choses à la légère. De prendre la vie même à la légère. « Je te répugne à ce point ? » Toujours silencieux, un simple sourire accompagne le sien tandis que j'attrape du bout des doigts son sachet. Bizarrement, l'envie de vomir est passée, d'une seconde à l'autre, sans que je ne m'en rende compte. Mais à présent, à ce moment là, celui où je fixe le plastique, je me sens mieux. Je réalise comme tout est plus léger à l'intérieur de moi et ma gorge se dénoue. J'ai tout de même perdu de ma grande gueule. « Soan, mets ta veste, on sort faire un tour. » Mes sourcils se froncent tandis que les battements de mon cœur s'accélèrent. Attends … attends c'était pas prévu au programme. Qu'elle vienne et se ramène comme ça chez moi. Mais de l'autre côté y a Fauve. Et elle va mal putain. J'sais pas ce qui lui arrive mais si elle venait à mourir ? Nan j'm'en voudrais toute ma vie de la laisser dépérir à cause de deux alliances à la con. Elle mérite pas ça. « Je fais ça par conscience professionnelle. Pas pour toi. Rentre toi bien ça dans le crâne. » Mon regard rencontre le sien alors que je réponds d'une voix basse, toujours moqueuse, à croire que j'ai fini par m'y abonner. « J'espère bien, parce qu'après deux ans, t'aurais du soucis à te faire. » Je ne sais que ça, être froid et cynique. J'ai rien d'autre en réserve, comme une boîte de conserve vide qui résonne toujours dans la même intonation. Pauvre tête à claques incapable d'apporter une once de réalité dans son monde. Tout n'est qu'illusions, même cette foutue voix glaciale. Alors, d'un pas lent, je la suis, jusqu'à sa voiture. Je n'ai qu'une trottinette. Elle a su continuer et retomber sur ses pattes, pas moi. C'est trop con, beaucoup trop con.
« Va falloir que tu le prennes sur tes genoux. A moins que tu ne préfères voyager dans le coffre ? » Pendant qu'elle déballe ses paroles, une à une, tel un général, j'attrape ma trottinette. Je me dirige ensuite vers le fameux coffre et y glisse le morceau de féraille. « Ou alors j'peux toujours conduire. » Un sourire provocateur s'affiche sur mes lèvres, l'adolescent un peu trop insolent se réveille. J'ai pas le permis, je l'ai jamais eu mais j'sais conduire. L'avantage de vivre avec les mauvaises personnes, elles vous apprennent tout, absolument tout. Le meilleur comme le pire, surtout le pire. Puis même si j'venais à avoir ce fichu papier rose, on me l'enlèverait dans les jours qui suivent parce que trop défoncé ou trop bourré. Un toxico n'est jamais plongé dans la société, on l'sait tous. La preuve, j'ai jamais eu de vrais boulots. Imaginez vous un patron commander une équipe de bras cassés préférant la coke aux chiffres. C'est absurde. Allez Slim, quitte donc tes pensées et ce moment d'absence. Parce que depuis que j'ai quitté Siham, depuis que je consomme toutes ces doses de drogues je perds un peu de la réalité. Y a ces moments où mes pupilles sont vides et fixent le vide. Tout perd de la profondeur, de la couleur. Le cerveau tourne trop vite et s'éteint soudainement, faux contact. Mes mains se penchent en direction de Soan et mon visage reprend de son humanité. « Allez, monte avec moi dans la Batmobile. Tu crois que ta maman elle roule aussi vite que Batman ? » Je prends place du côté passager et lance un regard malicieux à Siham. La porte claque et la ceinture nous entoure. Mon adresse ? Ah oui, c'est vrai, le temps de la rue est révolu. J'ai un toit, un petit numéro au dessus de ma porte, j'ai presque une vie normale, quand on y pense. « Roule vers le 16eme, j'te guiderai après. » Pendant le trajet, la musique résonne pour faire la discussion à notre place. Je fixe la route en montrant du doigt le chemin à prendre. De temps à temps je lâche un 'gauche' ou 'droite' mais rien de plus. Les années semblent avoir détruit le dialogue. On devrait pourtant avoir tellement de choses à se dire, ou du moins pour Siham. Parce que c'est vrai, de mon côté, y a peu de choses qui ont changé. J'suis toujours le même, j'ai pas évolué, pas d'un pouce et je me vois mal lui raconter à quel point je peux être un pauvre gamin qui se cherche encore.
Une fois en bas de l'immeuble, je quitte la voiture et m'avance vers l'entrée en silence avant de me retourner, soudainement. « Regarde pas le bordel, tu veux ? Tu sais comment ça se passe avec les mecs qui vivent seuls. » C'est la première fois que je dis ça à quelqu'un. En règle générale j'en ai tout simplement rien à foutre. On pourrait me traiter de crado, m'envoyer c'est du propre que cela ne me toucherait pas. Sauf que là, il s'agit de Siham … siham mais aussi Soan. Tout prend soudainement une certaine importance, je sais pas vraiment laquelle mais il y en a une. Peut-être parce que quelque part j'ai l'impression de retourner en arrière. Du temps où nous étions soudés. La clé s'enfonce dans la serrure et s'ouvre sur un appartement bordélique. C'est d'un geste délicat du pied que je déplace les affaires au sol contre les murs pour nous laisser une place jusqu'au salon. « Elle est là. J'te laisse la regarder. » Ma main se perd contre l'alligator alors que je me relève « Tu veux un truc à boire ? » Seulement si t'as pas peur de boire un verre de coca périmé.
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Sujet: Re: Life is what happens. ┼ SLIM Dim 9 Juin - 1:45
« Ou alors j'peux toujours conduire. » Je lui coulai un regard qui voulait tout dire. J’étais pire qu’un mec quand il s’agissait de ma voiture. Je pouvais passer des heures à la dorloter, il m’arrivait même de lui donner des petits surnoms affectifs. J’avais sacrifié quatre mois de salaire pour m’offrir ce bijou, et ce n’était certainement pas pour qu’elle se transforme en accordéon après s’être prise un mur parce que j’avais eu l’inconscience de la laisser aux mains de mon ex. Et encore, à ce stade-là, ça ne relevait plus de l’inconscience, c’était de la connerie pure et dure. C’est que Slim n’était pas réputé pour faire gaffe à ses affaires, alors les affaires des autres, n’en parlons même pas. Plutôt que lui refuser ce plaisir à haute voix, je préférai lui coller un vent dont moi seule avait le secret. Ce genre de silence qui exprimait toute l’exaspération dont j’étais actuellement le réceptacle. Le temps avait beau passé, sa mentalité, elle, n’évoluait pas. Elle était restée coincée au temps des bacs à sable, quelque part entre un seau et une pelle. J’aurais bien ponctué cette phrase d’un ‘triste réalité’, mais c’était à des années lumières de ce que je pensais vraiment. C’était justement ce côté adulte raté qui me plaisait chez lui. Parce que je savais que quoique je fasse, il n’était pas là pour me juger, ni pour me montrer le gros doigt dès que je faisais un pas de travers. Slim, c’était loin d’être le mari papa poule qui exige de sa femme qu’elle soit irréprochable. Au contraire, c’était le premier à m’entrainer dans ses délires, que je le veuille ou non. Inévitablement, je me laissais prendre au jeu, parce que c’était impossible de rester de marbre face à ce gamin de 25 ans. C’est que sa connerie était contagieuse. Ce genre de maladie incurable que vous refusez d’admettre, même si toutes les preuves témoignent de son existence. « Allez, monte avec moi dans la Batmobile. Tu crois que ta maman elle roule aussi vite que Batman ? » Un sourire jovial fendit le visage de Soan. Forcément, dès qu’on se foutait de ma gueule, c’était le premier à frapper dans ses mains. Trahison. Mon propre fils. Cela dit, comme si sa survie dépendait de sa réponse, il se contenta de me regarder d’un air moqueur. Bien décidé à ne pas me laisser tailler, je pris ma défense, vu qu’il n’y avait personne d’autre pour le faire à ma place, les Curtiss de père en fils se liguant injustement contre moi. « La Batmobile, c’est une aixam à côté de ma titine. Batman n’a qu’à bien se tenir. » A ces mots, mon pied enfonça l’accélérateur. Suffisamment pour que Slim manque de peu de se manger le tableau de bord. Soan lui riait aux éclats. C’était comme si on avait allumé un feu de joie dans ses pupilles. Ca faisait longtemps que je l’avais plus vu aussi épanoui. Généralement, quand je m’attardais trop en compagnie masculine à son goût, il avait tendance à manifester des signes de jalousie. Soan était comme ça. Il ne partageait pas.
Le trajet s’était déroulé dans un silence de mort. Je m’étais contentée de suivre les indications de Slim à la lettre, pressée de découvrir son petit nid d’amour. Ou plutôt devrais-je dire, son terrier empestant la mouffette. Je retins un hoquet de surprise lorsque je me garai devant un immeuble à l’apparence normal. Je m’attendais à un squat délabré sur le point de tomber en ruine, moi. Y avait du progrès. Encore une fois, il me surprenait. Dans le bon sens. Croix au calendrier. [color=indianred]« Regarde pas le bordel, tu veux ? Tu sais comment ça se passe avec les mecs qui vivent seuls. »[color] Slim avait tendance à oublier qu’il parlait à la personne qui avait ramassé ses slips sales derrière lui pendant des mois entiers. Plus rien ne m’étonnerait de sa part. Il ne rangeait jamais rien à sa place, et avait encore le culot de gueuler quand je m’esquintais à mettre un peu d’ordre dans son foutoir. Cherchez la logique. « J’en déduis que t’as pas encore trouvé de boniche pour me supplanter. De toute façon, à part de la déception, t’y gagnerais rien. Personne m’arrive à la cheville, je suis irremplacable. C’est pas toutes les femmes qui te feront des crêpes en forme de chauve-souris pour le petit déjeuner. » C’était la minute égocentrique de la journée par Siham K. Curtiss. Même si j’étais sûre que si Slim prenait le temps de s’intéresser un tant soit peu aux gonzesses qui lui tournaient autour, j’étais persuadée qu’il pourrait en pécho une ou deux qui seraient prête à faire abstraction de son monde bizarre juste pour pouvoir se rincer l’œil. Et je serais là à les attendre au tournant, une batte de baseball à la main. Ca n’avait rien à voir avec de la jalousie, c’était juste que je voulais être certaine que ma relève était digne de moi, histoire de ne pas me sentir insultée, ni plus ni moins. « Elle est là. J'te laisse la regarder. » Mes yeux glissèrent jusqu’à l’alligator qui reposait dans un coin de la pièce. Je ne fus pas surprise de découvrir Soan à genoux à ses côtés en train de lui flatter la tête. L’animal avait l’air tranquille, c’est pourquoi je ne jugeai pas utile de le réprimander. Que du contraire. Je le rejoignis avant de lui glisser ces quelques mots à l’oreille. « Tu crois que si elle disparait mystérieusement, il remarquera quelque chose ? » Soan, plus que partant, me sourit comme si je venais d’avoir l’idée du siècle. Un Slim miniature. Je vous le dis moi. « Tu veux un truc à boire ? » J’étais tellement captivée par son reptile de compagnie que j’en avais presque oublié sa présence. Je ne pus m’empêcher de pouffer de rire en le voyant. Il avait tout d’un père qui se faisait du soucis pour son enfant. C’était presque mignon. « Non. Par contre toi, tu ferais mieux de faire le plein de coca. T’es blanc comme un linge. Compte pas sur moi pour te venir en aide si tu tombes là. C’est pas pour toi que je suis venue. » Je donnais pas encore dans les séances collectives. De plus, Slim était un animal qui échappait à mes connaissances. C’était les reptiles, ma spécialisation, pas les primates. Histoire d’éviter de finir amputée d’un bras précocement, je sortis un inhalateur de ma sacoche. Le visage de Slim se décomposa presque instantanément. Si je devais me retenir de rire jusqu’à ce que son alligator soit hors de danger, ça allait pas le faire. Moqueuse, je lui lançai par-dessus mon épaule. « Tu veux pas lui tenir la patte non plus ? Je sais ce que je fais, Slim. Relax. » Lorsque Fauve plongea dans un état catatonique, je me risquai à plonger ma main dans sa gueule, pour écarter l’hypothèse de l’obstruction. Et comme la première impression est toujours la bonne, je ne tardai pas à découvrir ce qui empêchait la bestiole de satisfaire ses besoins primaires. Une godasse. Rha, ces reptiles, pire que des chiots. « Quelque part dans ce bordel, une chaussure est veuve. Une explication ? »
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Sujet: Re: Life is what happens. ┼ SLIM Jeu 13 Juin - 22:16
Si je suis soudainement blanc, là, au milieu de ma cuisine ce n'est pas uniquement pour Fauve. Pas que je ne m'inquiète pas pour elle, loin de là, c'est carrément le bordel sous ma tête. Je me demande si elle va survivre, ce qu'elle a pu faire et surtout si Siham pourra la sauver. En parlant de Siham, c'est certainement en grande partie à cause d'elle si je suis si fébrile. C'est vrai, en moins de trente secondes je me suis retrouvé face à ma femme. Celle que j'ai abandonné par pure lâcheté, juste parce que la vie semblait plus intéressante ailleurs, loin de son gros ventre et notre amour. Puis y a aussi Soan, mon sang, notre sang. Cette infime partie de nous que j'ai voulu fuir. Dont je n'ai même pas voulu entendre parler. Parce qu'avant c'était pas pareil. C'était rien de plus qu'un petit tas de cellule perdu dans celles de ma femme. Aujourd'hui c'est un petit gars. Il sourit, il parle, il marche, il est heureux. Pourtant, sans le savoir, il lui manque quelque chose. Son père, et dieu sait comme c'est important. Si j'avais pas eu le mien, j'sais absolument pas où j'en serais. Ce que j'ai pu être con de les abandonner à leur sort pour tenter de me reconstruire ailleurs. Mais c'est trop tard, beaucoup trop tard pour rattraper le temps perdu alors y a plus qu'à encaisser et regarder le chef d’œuvre que notre éphémère union a fait naître. Mes yeux se fondent dans le verre d'eau que je tiens entre mes doigts. Un verre d'eau. Ça fait si longtemps que j'en ai plus bu, trop occupé à me bourrer la gueule et me défoncer pour ça. La preuve, en ce moment même, j'ai le cerveau qui part en vrille. A la recherche d'un peu d'adrénaline, d'illusions folles aussi. Il n'y trouve rien, rien qu'un verre d'eau prêt à hydrater ma gorge nouée. Une sorte de petit océan perdu dans une minuscule récipient. Je m'y noie, comme une vague m'emporterait avec elle vers le large. Alors, pour retrouver un peu d'oxygène, le liquide se perd dans ma bouche et se dissimule dans mon corps tremblant. Mon estomac se tord nerveusement, remonte jusqu'à ma bouche, je peux le sentir, menacer de quitter mes lèvres et se répandre dans l'évier. Triste mélodie que peut-être la drogue.
Soudainement silencieux, j'en avais presque oublié la présence de Siham, jusqu'à ce que sa douce voix résonne à mes tympans. « J’en déduis que t’as pas encore trouvé de boniche pour me supplanter. » Je lui souris, comme ça, pour lui donner raison. Parce que c'est vrai, je ne me suis jamais recasé depuis elle. Pas une seule fois. J'ai baisé, encore et encore, dans tous les sens du terme, pour oublier le chagrin, la lâcheté. Pour oublier la grossesse et notre mariage. « De toute façon, à part de la déception, t’y gagnerais rien. Personne m’arrive à la cheville, je suis irremplacable. » Irremplaçable. Ce mot résonne faux dans ma tête alors que je me persuade une énième fois que personne n'est indispensable. Si quelqu'une s'en va, on fait de nouvelles connaissances et tout recommence. En mieux, ou parfois en pire, mais le chemin reprend son cours. J'ai pas envie d'être dépendant de qui que ce soit. Pourtant, cette pensée parvient à chambouler mon esprit déjà emmêlé. « C’est pas toutes les femmes qui te feront des crêpes en forme de chauve-souris pour le petit déjeuner. » Ce souvenir décroche chez moi un faible sourire. Toute notre histoire se ramène sans même y être invitée. Comme la pellicule d'un film qui tourne à plein régime sur l'écran blanc et pâle d'un vieux cinéma laissé à l'abandon. Il reprend finalement vie, sous l'oeil attentif de ceux qui s'y rendaient pendant leur jeunesse. Mes yeux se posent sur Soan et remontent jusqu'à Siham. « A croire que j'suis trop bien pour tout le monde. » Un rire sans conviction quitte mes lèvres. J'ai soudainement l'impression d'être épuisé. Une fatigue qui grignote mes muscles et mes pensées. Peut-être le choc des retrouvailles ou la cocaïne coupée à la farine qui m'fait ça. Désagréable sensation que le monde se dérobe sous mes pieds. Mais rien ne bouge autour de moi, tout est intact. Seules mes pensées sont abîmées au rythme d'un cœur essoufflé. J'avance de quelques pas en direction du salon. Fauve est là, couchée, et je n'peux rien pour l'aider, si ce n'est la regarder bêtement de mes yeux rougis.
« Tu veux pas lui tenir la patte non plus ? Je sais ce que je fais, Slim. Relax. » Relax. Relax. Putain mais c'est tellement facile à dire comme ça. J'vais endormir son gosse on verra bien si elle ne réagira pas. Comment ça, Fauve n'est pas une gosse ? Bien sûr que si, c'est ma gamine. Ma femme. Ma sœur. Ma seule et unique compagne, je l'aime comme on aime une personne de sa famille. D'une façon si grande qu'elle en devient indescriptible. Je me sens responsable de son mal être comme je me sens responsable du reste, d'absolument tout en fait. J'ai provoqué toutes ces conneries et j'ai même pas envie de les arranger parce que ça me fait flipper. Ouais, ça peut pas être aussi simple. Siham va bien finir par gueuler. Ou le gamin par pleurer. Ou j'sais plus. Mais ça se passe trop facilement pour être normal. Perdu dans mes pensées, je fixe les gestes de ma femme sans vraiment être présent dans la pièce. Eternel suspend. « Quelque part dans ce bordel, une chaussure est veuve. Une explication ? » Instinctivement, mes genoux rencontrent le sol pour me retrouver au niveau de la blonde. Mes doigts attrapent l'objet du mal être de Fauve et le jettent un peu plus loin, dans la pièce. Mon cœur bat à vive allure. Si le réveil se passe mal ? Si les choses ne s'arrangent pas ? Putain Slim, arrête de flipper, Siham sait ce qu'elle fait. Elle l'a toujours su. J'suis rien de plus qu'un gamin qui ne connaît rien à la vie à côté d'elle. Alors, silencieux et encore tremblant, ma main se pose sur l'épaisse peau de Fauve et la caresse lentement. « Tu veux bien rester avec moi ? Fin le temps qu'elle se réveille. » Mes yeux brillants se perdent dans ceux de la vétérinaire tandis qu'un faible sourire possède mes lèvres. « Te sens pas obligée. » Mon visage s'approche du sien, lentement, de façon calculée, jusqu'à ce que ma bouche rencontre sa joue dans le but d'y déposer un baiser. La chaleur de son visage me fait rater un battement. « Mais j'te remercie d'être venue ici. Rien t'y obligeait. » Sauf peut-être la pitié. Faut dire que j'suis qu'un pauvre type.
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Sujet: Re: Life is what happens. ┼ SLIM Sam 15 Juin - 2:04
« Tu veux bien rester avec moi ? Fin le temps qu'elle se réveille. » Tandis que je réfléchissais à la meilleure chose à faire, ma main alla rejoindre celle de Slim et flatta la gueule de l'animal somnolent, confiante. Je comprenais pas ces personnes qui associaient les reptiles à toute une flopée de préjugés négatifs. A mes yeux, ils représentaient la force tranquille et s'il leur arrivait de se retourner contre l'homme, ce n'était pas par méchanceté, c'était juste leur instinct animal qui reprenait ses droits. J'ai connu des alligators plus dociles que certains chihuahuas pourris gâtés. Dans ces cas-là, les responsables ne sont pas les animaux. Ce sont ceux qui pensent être leur maitre, mais qui ne sont en réalité que leur esclave. Je cessai de soliloquer et plantai mon regard d'un bleu presque transparent dans celui de Slim. Un sourire se greffa sur mes lèvres. Je m'étais engagée en territoire hostile en étant persuadée de pouvoir faire face à l'ennemi. Seulement voilà, mes résistances avaient fondu comme neige au soleil, et mon comportement un peu trop amical allait nous mener tout droit à l'armistice. Son air innocent m'avait complètement lobotomisé le cerveau. Je me sentais presque coupable de lui en vouloir. Heureusement, ma raison ne s'était pas totalement effacée au profit de ce sentiment de culpabilité. Elle était là, debout sur mon épaule à me murmurer à l'oreille de ne pas baisser les armes. De ne pas le laisser gagner aussi facilement. Mentalement, je la fis taire. Après tout que ce soit maintenant ou dans quelques jours, voire quelques semaines, cette gueguerre inutile finira quand même par aboutir à la paix. Je nous connaissais que trop bien. D'une voix moqueuse, je finis par rétorquer. « J'ai pas l'habitude de partir avant d'être payée, rassure toi. » C'était tellement plus facile de me réfugier dans le cynisme plutôt qu'admettre que j'étais ravie de prolonger cet éphémère moment passé en sa compagnie. « Tu te souviens cette magnifique Batmobile téléguidée portée disparue du jour au lendemain ? Je plaide coupable. Considère qu'on est quitte. » Tout ce baratin uniquement dans le but de lui éviter de payer la visite. C'est que les soins vétérinaires aussi minimes soient-ils n'étaient pas donnés, et d'après ce que je pouvais voir, Slim ne roulait toujours pas sur l'or. Je finis par reporter mon attention sur Fauve. « Elle va pas tarder à retrouver ses esprits. Sachant que je suis responsable de son état végétatif, je suis pas certaine qu'elle appréciera de se réveiller à mes côtés. Je te laisse t'occuper d'elle, je suis sûre que tu fais très bien ça. »
J'aurais probablement quitté son appartement sur ces paroles et passé ma soirée à méditer sur la tournure qu'avaient pris les événements si je n'avais pas retrouvé mon fils assoupi dans le canapé, suçant innocemment son pouce. La journée avait été longue autant pour lui que pour moi, et je ne me sentais vraiment pas la force de troubler son sommeil. « Je crois que je suis coincée ici avec toi. » Je désignai Soan à Slim par-dessus mon épaule et plongeai mon regard dans le sien. Les mots ne me venaient pas aussi naturellement que d'habitude. Non pas que j'étais mal à l'aise, c'était juste que je n'étais pas d'humeur à faire le tri entre les sujets à aborder et ceux à éviter. Je n'avais pas franchement envie que cette entrevue se solde par une dispute qui aurait pu être contournée. « Mais j'te remercie d'être venue ici. Rien ne t'y obligeait. » Rien ? Je crois qu'il avait tendance à oublier que moi aussi, j'étais une héroïne à ma manière. Chaque jour, j'enfilais ma cape blanche pour sauver le monde animal du mal, luttant avec acharnement contre ces supervilains de virus et bactéries en tout genre. Je m'apprêtais à vanter les mérites de ma bonté lorsque ce dernier me déposa un baiser sur la joue, ce qui eut le don d'ébranler la muraille que je m'étais forcée à dresser entre lui et moi depuis que j'avais passé la porte d'entrée. J'aurais pu lui répondre par une gifle cinglante dont il se serait souvenu toute sa vie, mais mon seul et unique réflexe fut de poser ma main dans sa nuque et tourner la tête pour laisser mes lèvres aller à la rencontre des siennes. Encore une fois, je marchais dans le sens de mes pulsions. Encore une fois, j'allais le regretter. Mais je préférais ne pas penser aux conséquences. J'avais besoin de sentir sa peau contre la mienne. Son souffle s'échouer dans ma nuque tandis que je l'entrainais avec moi dans un cyclone de sentiments dont nous étions l'œil, emportant toutes les rancoeurs passées sur notre passage. Ma bouche finit par se décrocher de la sienne. Juste le temps de régler les quelques détails qui me retenaient de lui sauter dessus. Sans même lui demander son autorisation, j'allumai la télé en priant pour que son abonnement télévisé reprenne les chaines pour enfants. Lorsque Disney Channel s'imposa à l'écran, je poussai un soupir de soulagement. C'était nécessaire pour éviter que Soan ne vienne nous déranger s'il venait à se lever. Une fois que ce fut fait, je me déplaçai jusqu'à Slim d'une allure féline avant de poser mes mains sur ses épaules et d'entreprendre de le masser. Je l'avais rarement vu aussi crispé. Faut dire qu'il avait dû encaisser pas mal de choses en peu de temps. « Détends-toi, Slim, j'ai besoin que d'un muscle bandé. » Mes mains attrapèrent alors les siennes avant de l'entrainer dans ce que je supposai être sa chambre. Autant Slim n'avait aucune envie de s'adonner aux plaisirs de la chair dans de telles circonstances. Ca tombait bien, je ne lui avais pas demandé son avis. Après tout, ce n'était qu'un devoir conjugal parmi tant d'autres, et pas le plus pénible. Je le poussai sur le lit et laissai mes doigts s'égarer au niveau de sa braguette que j'abaissai d'un geste souple. Je manquai d'éclater de rire quand je tombai nez à nez avec un boxer superman. Je m'installai à califourchon au-dessus de lui et glissai mes mains sous son t-shirt. « Montre-toi digne de porter ce caleçon et fais moi décoller jusqu'à Krypton, mon héros. »
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Sujet: Re: Life is what happens. ┼ SLIM Mer 19 Juin - 15:47
« Je crois que je suis coincée ici avec toi. » Mes yeux se posent sur Soan. Il est là, endormit sur le canapé, comme si autour de lui plus rien n'existait. Les paroles de Siham me rappellent qu'être parents est un job à temps plein. Ouais, il est plus question de plaisirs égoïstes. Ce petit gars compte sur sa mère comme il aurait pu compter sur moi si je ne m'étais pas fait la malle. De toute façon, même si j'étais venu à rester, j'aurai pas été le meilleur des pères. Aujourd'hui encore je ne m'imagine pas rater une soirée pour rester à la maison à m'occuper de ma famille. Non, autant dire que cette simple pensée suffit à me faire froid dans le dos. J'en arrive même à me demander pourquoi Siham a décidé de le garder. Fin, je suppose que c'est une question qui ne se pose même pas quand on est une femme. Soan n'était rien de plus qu'un coup de bite donné lors d'une soirée, un simple spermatozoïde laissé échappé. Pour elle c'était différent. Tout est différent, de toute façon. J'ai pas la fibre paternelle, j'ai la fibre du connard. C'est tout, rien que ça. Aujourd'hui encore c'est à peine si je parviens à ressentir des remords. Y en a, certes, mais pas comme ils devraient être. Un espèce de sentiment qui m'empêche d'être en paix avec moi même mais qui n'est pas intense au point de m'empêcher de vivre. Ça me pourrie pas la tête, ça me donne même pas envie de me frapper. C'est juste dérangeant, une sorte de guerre qui possède votre âme sans jamais réellement vous lâcher. On parvient à continuer avec, parfois même, on ne les entend plus, les coups de feu internes. Et si aujourd'hui je m'en veux horriblement c'est certainement parce que Siham est juste à côté. Que tous les sentiments que j'ai pour elle renaissent de plus belle. Mon amour pour elle me mène à regretter mes actes. Une fois qu'elle aura quitté cet appartement, tout disparaîtra, très certainement. Alors, profitons de l'instant présent. Mon regard se perd dans le sien, sans qu'un seul mot ne puisse quitter ma bouche. Parce que sur le moment, j'ai juste envie qu'elle reste ici, qu'elle me laisse pas seul comme j'ai pu le faire des années auparavant. J'ai jamais voulu lui causer de tord, ni à elle, ni à Soan, ni même à moi. Pourtant, tout semble si fragile. Les conséquences sont là, présentes dans chacun de nos gestes, de nos paroles incertaines. Tu voulais pas faire de mal … mon cul ouais.
La main de Siham se pose sur ma nuque. Ses doigts caressent mon épiderme et je peux la sentir chauffer à cet endroit. Mon échine se soulève légèrement. Toute une vague de sentiments traversent mon être à ce simple contact. Je fixe encore ma femme sans oser battre des cils. C'est à peine si je respire même. J'essaie de me persuader qu'elle va en rester là. Que ses lèvres ne vont pas faire ce dont j'ai envie depuis tout à l'heure. Non, ce s'rait con, tellement con de recommencer les mêmes conneries. Et pourtant, je peux le voir, son visage s'approcher du mien. Son souffle rencontre le mien, il se perd contre ma joue. Déstabilisé, j'autorise sa bouche à entrer en contact avec la mienne sans réellement lui rendre ce baiser. Parce que trop choqué. Trop défoncé. Trop malade. Mais surtout trop choqué, sur le cul même. J'ai envie de lui demander ce qu'elle fait mais ce serait trop con. Siham me retrouve. Notre histoire est encore sur nos épaules. Je suppose que c'est normal, sa façon de réagir, mais aussi la mienne. Tendu à l'extrême, mes muscles se détendent légèrement lorsque la jeune femme se dirige vers la télé, me laissant quelques secondes de calme. Mes yeux perdus dans le vide cherchent une réponse. Une voix résonne dans ma tête, calme. Je peux l'entendre me dire que c'est pas la solution, qu'il faudrait y réfléchir. J'en suis juste incapable, mon cerveau tourne à plein régime. Il brasse de l'air sans être capable de réellement se connecter avec la réalité. Sa façon de penser est factice. « Détends-toi, Slim, j'ai besoin que d'un muscle bandé. » Un léger sourire se dessine sur mes lèvres tandis que mes yeux se ferment au contact de ses mains sur mes épaules. Comme si c'était si facile de se détendre, comme si. Va donc retrouver la femme que t'as abandonné après deux ans de rien et la sauter dés le premier jour. Ça me paraît tellement irréel que l'idée d'une hallucination de mauvais goût me traverse l'esprit. Pourtant, lorsque mes yeux se rouvrent, elle est toujours là, devant moi, à m'emporter avec elle vers la chambre. L'espace d'un instant j'ai envie de l'arrêter dans son délire. J'ai envie de lui gueuler dessus qu'elle a pas le droit de pas m'en vouloir. Que Soan est juste à côté. J'ai envie de crever l'abcès mais rien ne s'échappe de mes lèvres si ce n'est un sourire provocateur.
« Montre-toi digne de porter ce caleçon et fais moi décoller jusqu'à Krypton, mon héros. » Mon corps s'échoue. Les mains de Siham se baladent sur mon corps tandis que je n'y accorde aucune résistance. Ouais comme si j'allais savoir lui résister, comme si. J'me revois sur le bord du trottoir à la regarder passer devant moi tous les jours, à espérer qu'elle me porte un minimum d'attention. Je l'aimais plus que n'importe qui, bien plus que mon propre jumeau. Bien plus que la vie que je menais. Et à ce moment même, tous ces sentiments semblent revenir, petit à petit, comme une vieille histoire que l'on se remémore. Une nostalgie destructrice. « T'es sûr de c'que tu fais ? » Comme si je m'étais déjà soucié du sort d'un de mes coups. C'est juste que c'te fille c'est tout sauf un simple coup, même maintenant. Je l'ai toujours mise sur un piédestal et c'est pas prêt de changer. Oh non, suffit de voir ma façon de la dévorer du regard. J'ai l'impression d'être un pauvre ado, j'vous jure. Tellement que que sur le moment, elle est obligée de prendre les choses en mains. Entre le choc et la drogue, j'suis juste incapable de prendre la moindre initiative. Comme un pantin ayant perdu ses ficelles, je suis un légume. Seulement voilà, la caresse de sa peau contre la mienne parvient à réveiller l'animal couché au plus profond de mon âme. Il brise les chaînes, fait valser les incertitudes. Mes doigts se posent sur sa nuque tandis que mes lèvres viennent chercher les siennes. En l'espace d'une seconde je me retrouve au dessus d'elle à embrasser son cou de mes lèvres brûlantes en laissant mes mains se perdre sur son torse. Empêchant mes pulsions de lui arracher littéralement le t shirt, j'essaie pour une fois dans ma vie de ne pas être une pauvre brute. « Pense à pas trop gueuler, ça serait con d'être coupé pendant l'acte. » C'est tellement romantique, putain. Et cette envie de gerber qui ne veut pas se défaire de mon corps.
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Sujet: Re: Life is what happens. ┼ SLIM Jeu 20 Juin - 0:22
« T'es sûre de c'que tu fais ? » A cette question, j'interrompis brusquement mes activités. Une lueur de doute traversa mon regard tandis que ce dernier accrochait celui de Slim. Incapable de trancher entre l'envie de quitter cet endroit après lui avoir balancé ses quatre vérités à la gueule et celle de lui sauter dessus toutes griffes dehors, j'avais finalement laissé mon subconscient se départir de ce choix. Voilà comment je m'étais retrouvé à cheval sur mon ex-mari, à deux doigts de le violer. Pourtant, je gardais à l'esprit qu'il n'y avait aucune invitation sexuelle derrière ce baiser. C'était la façon de Slim de me remercier d'avoir répondu à son appel à l'aide, comme le ferait un jeune enfant. Profitant de sa détresse, j'avais interpréter les choses à ma sauce, me muant en chienne en manque l'espace d'un instant. La vérité c'est que j'ignorais de quoi demain serait fait. J'avais enfin retrouvé l'homme que j'avais maudit durant ces deux dernières années. L'homme à qui j'avais donné mon cœur et qui l'avait jeté à bouffer aux cochons. J'aurais pu m'armer de ma fierté et le mettre en joue. Le gifler jusqu'à ce que ses vaisseaux sanguins éclatent sous sa peau. Mais paradoxalement, je refusais de le voir me filer entre les doigts une seconde fois. Et si je forçais le destin en le chauffant de la sorte, c'était uniquement dans l'intention de le retenir dans les mailles de mon filet et éviter qu'il ne prenne le large. « Non. Et je m'en fous. J'ai toute la vie devant moi pour regretter. » Je ponctuai ma réplique d'un large sourire. Rongée par l'incertitude, je m'apprêtais à lui demander s'il en avait vraiment envie lorsque je remarquai qu'une bosse venait de naitre au niveau de son entrejambe. Je tenais la réponse à ma question. Ce fut Slim qui reprit les choses où je les avais arrêtées. Tandis que ses lèvres s'occupaient de mon cou, ses doigts, eux, semblaient attendre mon autorisation avant d'aller plus loin. Mes mains glissèrent sur les siennes avec la ferme intention de leur servir de guide. Lentement, je les incitai à remonter mon t-shirt sur mes hanches. Mon corps ondulait comme un serpent à la vue de son charmeur. Les battements de mon cœur cognant contre ma cage thoracique s'étaient substitués aux sifflement de la flûte. J'avais l'impression que de la lave coulait dans mes veines. Ma peau était rendue brûlante par la fièvre du sexe. A chaque seconde qui passait, je frôlais l'autocombustion.
« Pense à pas trop gueuler, ça serait con d'être coupé pendant l'acte. » Mon majeur se souleva à l'attention de Slim. J'avais toujours été du genre expressive au pieu, mais ça, c'était avant d'avoir une âme sensible à choquer qui dormait dans la pièce à côté. Je me voyais très mal expliquer à Soan que nous avions profité qu'il déconnecte du monde réel pour lui faire des petits frères et des petites sœurs qui finiraient probablement noyés au fond d'une cuvette. Je n'avais aucune métaphore élégante sous la main pour lui faire comprendre ça. A vrai dire, je n'avais aucune envie de l'endoctriner au mythe de la petite graine. « T'avais qu'à investir dans un appartement insonorisé. Tu peux t'en prendre qu'à toi-même. » Deux gosses. C'était ce que nous étions. Même sur l'oreiller, on ne pouvait pas s'empêcher de s'échanger des pics absents de répartie. « Toute activité intensive nécessite un échauffement. Le grand sportif que tu es ne fera pas exception à la règle. » A ces mots, je me redressai légèrement et le repoussai de sorte à ce qu'il retrouve adossé au mur. Habilement, je le débarrassai de son boxer qui alla rejoindre ses chevilles. Tandis que mes mains maintenaient ses bras prisonniers, mes lèvres s'affairaient à redécouvrir chaque parcelle de sa peau. Cette texture oubliée. Pour commencer, elles s'échouèrent dans le creux de son cou puis poursuivirent leur route pour s'attarder au niveau des tétons, cette zone érogène auquel Slim n'avait jamais été insensible. Après avoir fait grimpé la température de quelques degrés, je m'adonnais à un tout autre plaisir, celui de la fellation. Je faisais varier la vitesse au gré de mes mouvements de tête, tandis que ma langue flattait son sexe tendu à l'extrême. Je faisais tout mon possible pour que cette pipe se déroule dans des conditions optimales. Il était rare que mon mari sorte déçu de mon travail oral, mais je préférais m'appliquer, pour que Slim ait droit à ce qu'il y avait de meilleur. Pour qu'il ouvre les yeux sur ce qu'il avait laissé derrière lui, aussi.
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Sujet: Re: Life is what happens. ┼ SLIM Jeu 20 Juin - 21:05
Ma question résonne une nouvelle fois dans ma tête et je me rends compte comme elle peut-être conne. Et surtout inutile. Lui demander si elle est sûre. Siham n'est plus une gamine. Celui à qui il aurait fallu poser la question aujourd'hui, c'est bien moi. Au fond, le moins mature de nous deux -et de loin- ce n'est pas elle. Mon âge mental s'est arrêté à celui d'un adolescent à la recherche de son identité. Il teste les limites, les fait souvent tomber, teste de nouvelles expériences. Quitte à souffrir. Quitte à se rendre ridicule. Quitte à ne pas aimer. Je découvre la vie à ma façon, à chaque jour qui s'écroule inlassablement et me rapproche un peu plus du tombeau. J'ai encore manqué une raison de fermer ma gueule. Faut dire que c'est sorti si rapidement de mes lèvres que je n'ai rien su contrôler, même pas les battements un peu trop rapides de mon cœur. Il bat sous ma cage thoracique de façon exagérée, comme si le monde allait cesser de tourner s'il venait à ralentir. Mes lèvres se plaquent contre la peau de Siham, à la recherche de son parfum. La chaleur de son épiderme contre la mienne parvient à me conforter dans ma lancée. « Non. Et je m'en fous. J'ai toute la vie devant moi pour regretter. » Un frisson traverse ma colonne vertébrale pour finir sa route dans ma nuque. Comparable à un courant électrique je me remémore ses paroles en tentant vainement de les dissimuler. Toute la vie pour regretter. Mon estomac se retourne à l'idée de l'entendre regretter cet acte. Au fond, elle est peut-être juste désespérée et en manque. En rentrant chez elle, Siham risque de se remémorer notre partie de jambes en l'air rapide et m'envoyer chier le lendemain. Qui sait. C'est une possibilité à ne pas rejeter. Absolument rien n'est à mettre de côté. Pas après deux ans de silence et de haine. Pas après deux ans de regrets et de folie. Puis merde, que la vie vienne comme elle le désire, il ne sert à rien de lutter, ce qui doit arriver arrivera. Le majeur de mon épouse parvient à ramener sur terre, du moins suffisamment pour entendre le son de sa voix caresser mes tympans. « T'avais qu'à investir dans un appartement insonorisé. Tu peux t'en prendre qu'à toi-même. » Sa réflexion parvient à me décrocher une grimace. « On est pas tous bourrés de fric comme toi. » Mon ton est amer, sans réellement le vouloir. Non, y a pas une pointe de jalousie là-dedans, ma merde je me la suis cherchée, j'me surprends même à y être bien dedans. La réussite de Siham est méritée. C'est juste que j'sais pas … j'ai envie de lui rappeler qu'on ne vit pas dans le même monde. Qu'elle ne l'oublie jamais. Tout comme je n'oublierai jamais sa maturité.
« Toute activité intensive nécessite un échauffement. Le grand sportif que tu es ne fera pas exception à la règle. » J'ai pas vraiment le temps de réagir à ses paroles que déjà ses lèvres parcourent mon être. La température monte lorsque sa bouche atteint mes tétons pour y déposer une auréole humide. Je peux sentir mon sexe se durcir d'avantage. L'espace d'un instant, j'me demande même comment je peux réussir à bander avec le taux de saloperies que j'ai dans le sang. Ouais, il m'est déjà arrivé d'avoir des pannes parce que j'étais trop défoncé. Heureusement, j'ai toujours eu la fâcheuse habitude de me taper des meufs aussi lointaines que moi. Parce que quand on a la drogue dans sa vie, l'orgasme sexuel n'est absolument rien à côté de ce que la dope peut vous procurer. C'est comme une espèce de tornade qui vous possède. Un truc énorme, magique que l'on pense même contrôler. La vérité c'est qu'on a d'emprise sur rien du tout. Mais on s'en fout parce que c'est bon, délicieux, jouissif, au point d'en laisser le sexe de côté. Sauf que voilà, y a toujours des moments comme ça, où votre corps parvient encore à réagir aux plaisirs charnels. Le souffle coupé, mon dos se cambre instinctivement pour accueillir d'avantage les lèvres de Siham. Mes doigts se perdent dans sa longue chevelure, accompagnant ses gestes. La bouche entre ouverte, un souffle chaud se fraie un chemin dans ma gorge serrée à l'extrême. Tout comme mes muscles, qui, sous la température grimpante, se crispent d'avantage. J'sais pas si le fait de retrouver ma femme y joue mais j'ai l'impression de grimper plus rapidement sur un petit nuage. En fermant les yeux, j'ai même l'impression de planer. Ce doit être l'effet des souvenirs qui me reviennent à la tête. Une connerie dans le genre. Toujours aussi brute, je plaque le corps de Siham sur le lit en lui enlevant grossièrement le reste de ses vêtements.
Soudainement, il n'est plus question de paroles ou de pics quelconque. Non, tout mon humour s'est barré, en même temps que ma passivité éphémère. J'ai presque l'impression de ne plus être le même homme. Mon humanité semble s'être terré dans un endroit de mon âme. Un sourire carnassier est dessiné sur mes lèvres, accompagnant mes mouvements bestiaux. J'ai jamais été le genre de type adepte aux préliminaires, trop pressé de baiser pour porter la moindre attention à ma partenaire. Sans réellement le vouloir, je prends avec Siham l'attitude que j'ai avec toutes les autres. Je suis sale, brute, absent, je baise parce qu'il faut baiser. C'est comme ça que d'un coup de bassin je la pénètre sans même prendre le temps d'enfiler un préservatif. Pas assez lucide pour y songer, je prends une nouvelle fois le risque de recommencer les mêmes erreurs. A croire qu'une fois ne suffit pas, je retombe dans le panneau. Je joue la même comédie, sans rien changer, comme si cette merde m'attirait. Ma bouche se perd une nouvelle fois dans son cou tandis que j'accélère mes vas et viens en elle, à la recherche d'un plaisir éphémère. La température monte à chaque minute qui s'écroule entre nous deux. Mon corps humide fait ventouse contre le sien. Mes doigts se perdent dans sa chevelure et s'accrochent à la racine de ses longs cheveux blonds. Les vapeurs de parfum mélangées à celles de transpiration font remonter mon estomac. Je peux le sentir, dans ma gorge, acide. Alors, pour ne pas mettre fin de suite à notre union j'accélère un peu plus la cadence. Serrant la mâchoire comme jamais, le bruit du lit qui craque se mélange à ma respiration saccadée. Mes poumons semblent s'emplir d'eau, c'est juste la bile qui remonte. J'la retiens éternellement, sans trop savoir comment mais j'y parviens. J'ai beau essayer de ne rien laisser paraître, le mal être devient de plus en plus intense, se mélangeant inévitablement à l'orgasme. Ça en devient délicieux mais surtout insupportable. Mon corps réagit aux plaisirs en même temps que la gerbe monte. « J'suis désolé. » A ces mots, j'accélère un peu plus la cadence avant de m'arracher sauvagement à Siham et courir en direction des chiottes pour y lâcher mes tripes au fond de la cuvette. Y vomir ma vie, mes peurs, mes addictions. Tout. Putain Slim, tu crains tellement.
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Sujet: Re: Life is what happens. ┼ SLIM Mer 17 Juil - 0:06
Ma libido en alerte maximum, je l'aide à me débarrasser des quelques vêtements qu'il me reste. Je suis rassurée que Slim ne porte pas une attention particulière à ma lingerie. Faut dire que depuis que je n'ai plus d'homme à satisfaire régulièrement, je ne prends plus la peine d'assortir mes dessous. Ca fait bien longtemps maintenant que j'ai troqué mes sous-vêtements sexys contre des culottes à motif de grand-mère. Plus tue l'amour, tu rêves. Heureusement que l'amour n'a pas sa place dans ce que nous nous apprêtons à faire. C'est sauvage, c'est bestial, c'est du sexe à l'état pur, insoluble avec les sentiments que je crois encore lui porter. Le claquement de sa peau contre la mienne me transporte. Pendant un court instant, j'ai l'impression que mon esprit a déserté mon corps. Il est là, en suspension quelque part dans la pièce, jaugeant les débris de notre liaison d'un point de vue externe. Notre relation est semblable à un verre brisé. Même avec toute la volonté du monde, il est impossible de lui rendre sa forme originelle. Il y a toujours un fragment qui manque à l'appel. Ce même morceau de cristal qui, même une fois le nettoyage fait, vous rappelle qu'il est là. Ca coupe. Ca saigne. C'est douloureux. Ca laisse des cicatrices. Tout comme notre rapport l'un à l'autre. Nous n'en étions pas sorti indemnes. Je mets rapidement fin à cette prise de recul. L'heure n'est pas aux regrets. Je les étouffe avant qu'ils ne s'emparent de mon esprit, en même temps que j'étouffe ces gémissements qui menacent de quitter mes lèvres. Je ne voudrais pas qu'ils aillent caresser les tympans de mon fils. De toute façon, Slim n'a pas besoin que je m'exprime haut et fort pour prendre conscience du plaisir qu'il me donne. C'est limite si je n'ai pas un orgasme rien qu'à le voir. Et si seulement sa beauté n'était qu'extérieure … Si je m'étais autant attachée à ce mec, ce n'était pas uniquement pour sa belle gueule. Slim, c'était un peu comme un appartement dont j'avais fait le tour avant de me décider à l'acheter. Quelques imperfections cachées, mais rien jamais rien d'invivable. Je me rappelle ce sentiment d'euphorie qui m'avait possédée lorsque j'avais enfin pu serrer la clef entre mes doigts. Je m'étais attendue à ce qu'il me remballe mon hospitalité à la gueule. Parce que c'est vrai, il y a un fossé entre échanger quelques mots avec la blonde qui vous apporte le petit déjeuner Je me surprends à alors à me dire que ma vie aurait été bien triste si je ne l'avais pas ramassé au bord de la route.
« J'suis désolé. » Ses coups de bassin sont si rapides que je finis par me demander s'il n'était pas chronométré par une personne cachée quelque part dans la pièce. Je ne suis pas naïve au point d'exiger de lui qu'il me baise en me susurrant des mots d'amour à l'oreille. Je fais pas partie de ce genre de filles qui s'imaginent avoir un rapport charnel avec leur bien aimé, une musique romantique sortie de nulle part en arrière plan. Ma respiration s'adapta au rythme de ses va et viens avec difficulté. J'étais sur le point de lui demander de ralentir la cadence lorsqu'il se retira brutalement. Soit mon mari était devenu éjaculateur précoce, soit quelque chose ne tournait pas rond. Je compris rapidement de quel mal il était atteint quand je le vis courir en direction des chiottes, les bras croisés sur son ventre. Comme quoi, même Slim le grand habitué n'était pas écarté des ravages que causait la drogue. Son addiction ne datait pas d'hier. Il lui arrivait souvent de rentrer avec un bouchon de coke dans les narines. Quant à son foie, il l'arrosait fréquemment d'alcool en tout genre. « C'est pas grave, j'imagine. C'est mieux dehors que dedans. » Le fait qu'il vomisse ses tripes pendant l'acte, c'était une grande première. Tant mieux, d'un autre côté. Je partageais beaucoup de choses avec mon mari, mais son petit déjeuner digéré n'en faisait pas encore partie. Partagée entre la déception et l'amusement, je laissai ma tête s'enfoncer dans l'oreiller, histoire de jeter un coup de frais dans mes pensées. Pour ce faire, j'humai une grand bouffée d'air. C'était fou comme sa chambre puait le renfermé. Il y avait plus de goudron que d'oxygène dans l'air. C'était limite si on ne se chopait pas un cancer du poumon rien qu'à respirer. Tout ça me rappelait ma jeunesse. Celle que j'avais partagée avec lui. Je nous revois encore allongés sur le dos à fumer comme des pompiers. L'un comme l'autre, nous avions toujours craché sur le ménage, prétextant que c'était uniquement les gens sales qui avaient besoin de nettoyer. Un sourire força mes lèvres pincées tandis que je le rejoignis dans les chiottes. Je voulais pas partir comme une voleuse. Comme une de ces filles qu'il devait ramener à l'appartement quand le temps lui semblait long. C'était la raison pour laquelle j'avais fait un crochet par les wc. Pour lui inscrire mes coordonnées au creux de la main, afin qu'il puisse m'appeler le jour où l'envie lui en prenait. Une fois que ce fut fait, ma main épousa l'arrière de sa tête tandis que je me baissai pour lui embrasser le sommet du crâne. « Au revoir, Slim. Et bon courage pour la gueule de bois. » Tels furent les derniers mots qui quittèrent mes lèvres avant que je ne me rhabille et quitte l'appartement, Soan dans les bras.
Rosanne Perlin membre
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Sujet: Re: Life is what happens. ┼ SLIM Mer 21 Aoû - 11:23
y'a t'il des âmes qui vivent ici ?
Yo. Désolée de devoir intervenir de cette manière là dans votre RP. Mais.. n'ayant vu aucune réponse depuis le 17/07, on voulait savoir si ce rp était toujours actif? Dans l'cas où il le serait toujours, envoyez moi un mp pour que j'puisse effacer mon message. Ou dans l'cas contraire, déplacer votre rp dans la corbeille. Sans aucune réponse d'ici le 24/08, votre rp atterrira automatiquement dans la corbeille. Ce qui serait dommage. ;_; Alors manifestez vous mes amours!