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| Sujet: Freddie J. Cameron ♣ Life is a long road. Jeu 18 Aoû - 19:38 | |
| Freddie Jazz CAMERON « fiche technique »▪ Date de naissance : 10/12/1988 ▪ Ville natale : New-York, Etats-Unis. ▪ Surnom : Fred. ▪ Emploi : Première année de doctorat en littérature. Et travail le soir dans un bar/boite de nuit. ▪ Statut : Célibataire. ▪ Groupe : La javanaise. ▪ Avatar : Freddie Rayner.
▪ Pseudo : Babylon. ▪ Note du forum : 15/20 (un graphisme sympa, un contexte très intéressant, plus qu'à voir la suite =D) ▪ Validation : partie pour le staff
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« il était une fois... Moi »
Recueillement
Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille. Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici : Une atmosphère obscure enveloppe la ville, Aux uns portant la paix, aux autres le souci.
Pendant que des mortels la multitude vile, Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci, Va cueillir des remords dans la fête servile, Ma Douleur, donne-moi la main ; viens par ici,
Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années, Sur les balcons du ciel, en robes surannées ; Surgir du fond des eaux le Regret souriant ;
Le Soleil moribond s'endormir sous une arche, Et, comme un long linceul traînant à l'Orient, Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.
Charles Baudelaire. Je regardais le paysage qui s’étalait devant moi. Juste en face, le grand aéroport de New-York et ses immenses baies vitrées. Il était laid, beaucoup le trouvait assez beau. Moi, je n’avais jamais compris pourquoi. Ce que je savais, c’était que derrière une de ses vitres se trouvait ma mère. Ma très chère et tendre maman qui devait être en train de pleurer. Elle perdait son unique fils. Mais, finalement, c’était un peu de sa faute à elle et à mon père. Car, je n’étais pas seul assis dans cet avion. Non, à côté de moi se trouvait mon paternel, les traits tirés, d’immense cerne sous les yeux. Le divorce n’avait pas été facile. Le souci, c’était qu’il n’avait pas été facile pour moi aussi. Je n’arrivais d’ailleurs toujours pas à comprendre le pourquoi du comment. Du jour au lendemain tout était arrivé, ils avaient lâché la bombe en plein milieu d’un repas, comme si cela était normal, ne se préoccupant pas un instant de moi. La preuve, je devais partir avec mon père. M’éloigner de New-York, abandonné mes amis, ma famille. Je n’étais pas content, bien loin de là. Mais, je n’avais pas mon mot à dire. Finalement, je n’étais que mineur et, le juge avait en quelque sorte décidé pour moi. Ma mère n’aurait pas les moyens de m’offrir ce dont j’aurais besoin, mon père si. Alors j’étais là, assis dans cet avion, regardant par le hublot, me posant mille et une questions. Un soupire passa mes lèvres.
« Ladies and gentlemen, the plane from New York to Paris and will leave. Please, sit down and fasten your seat belts, the hostesses will pass in the aisles to make sure everything is in order. Thank you and bon voyage from the company and its team of board. »
« Mesdames et Messieurs, l'avion en partance de New-York et à destination de Paris va partir. Veuillez-vous asseoir et attacher vos ceintures, les hôtesses passeront dans les allées pour vérifier que tout soit en ordre. Merci et bon voyage de la part de la compagnie et de son équipe de bord. »
Je m'exécutais, fixant toujours dehors. L'avion commençait lentement sa progression pour s'envoler. Voler. Vous voulez savoir ? Je n'aime pas l'avion ! Mon Dieu. Je trouvais cela anormal qu'un bout de métal, de 277 tonnes ou plus plein, puisse voler ! Déglutissant difficilement, je m'accrochais aux accoudoirs de mon fauteuil, c'était parti, l'avion s'était envolé. Paris nous attendait. Je me disais que j'avais de la chance tout de même dans mon malheur. Le français était une langue que je parlais. Bien-sûr avec un accent assez prononcé, mais suffisamment bien pour qu'on me comprenne malgré cela.
Être aimé
Écoute-moi. Voici la chose nécessaire : Être aimé. Hors de là rien n'existe, entends-tu ? Être aimé, c'est l'honneur, le devoir, la vertu, C'est Dieu, c'est le démon, c'est tout. J'aime, et l'on m'aime. Cela dit, tout est dit. Pour que je sois moi-même, Fier, content, respirant l'air libre à pleins poumons, Il faut que j'aie une ombre et qu'elle dise : Aimons ! Il faut que de mon âme une autre âme se double, Il faut que, si je suis absent, quelqu'un se trouble, Et, me cherchant des yeux, murmure : Où donc est-il ? Si personne ne dit cela, je sens l'exil, L'anathème et l'hiver sur moi, je suis terrible, Je suis maudit. Le grain que rejette le crible, C'est l'homme sans foyer, sans but, épars au vent. Ah ! celui qui n'est pas aimé, n'est pas vivant. Quoi, nul ne vous choisit ! Quoi, rien ne vous préfère ! A quoi bon l'univers ? l'âme qu'on a, qu'en faire ? Que faire d'un regard dont personne ne veut ? La vie attend l'amour, le fil cherche le nœud. Flotter au hasard ? Non ! Le frisson vous pénètre ; L'avenir s'ouvre ainsi qu'une pâle fenêtre ; Où mettra-t-on sa vie et son rêve ? On se croit Orphelin ; l'azur semble ironique, on a froid ; Quoi ! ne plaire à personne au monde ! rien n'apaise Cette honte sinistre ; on languit, l'heure pèse, Demain, qu'on sent venir triste, attriste aujourd'hui, Que faire ? où fuir ? On est seul dans l'immense ennui. Une maîtresse, c'est quelqu'un dont on est maître ; Ayons cela. Soyons aimé, non par un être Grand et puissant, déesse ou dieu. Ceci n'est pas La question. Aimons ! Cela suffit. Mes pas Cessent d'être perdus si quelqu'un les regarde. Ah ! vil monde, passants vagues, foule hagarde, Sombre table de jeu, caverne sans rayons ! Qu'est-ce que je viens faire à ce tripot, voyons ? J'y bâille. Si de moi personne ne s'occupe, Le sort est un escroc, et je suis une dupe. J'aspire à me brûler la cervelle. Ah ! quel deuil ! Quoi rien ! pas un soupir pour vous, pas un coup d’œil ! Que le fuseau des jours lentement se dévide ! Hélas ! comme le cœur est lourd quand il est vide ! Comment porter ce poids énorme, le néant ? L'existence est un trou de ténèbres, béant ; Vous vous sentez tomber dans ce gouffre. Ah ! quand Dante Livre à l'affreuse bise implacable et grondante Françoise échevelée, un baiser éternel La console, et l'enfer alors devient le ciel. Mais quoi ! je vais, je viens, j'entre, je sors, je passe, Je meurs, sans faire rien remuer dans l'espace ! N'avoir pas un atome à soi dans l'infini ! Qu'est-ce donc que j'ai fait ? De quoi suis-je puni ? Je ris, nul ne sourit ; je souffre, nul ne pleure. Cette chauve-souris de son aile m'effleure, L'indifférence, blême habitante du soir. Être aimé ! sous ce ciel bleu - moins souvent que noir - Je ne sais que cela qui vaille un peu la peine De mêler son visage à la laideur humaine, Et de vivre. Ah ! pour ceux dont le cœur bat, pour ceux Qui sentent un regard quelconque aller vers eux, Pour ceux-là seulement, Dieu vit, et le jour brille ! Qu'on soit aimé d'un gueux, d'un voleur, d'une fille, D'un forçat jaune et vert sur l'épaule imprimé, Qu'on soit aimé d'un chien, pourvu qu'on soit aimé !
Victor Hugo. « Tu l'as dit à ton père alors ? »
Je relevais légèrement la tête, mon corps allongé sur mon lit, un simple drap cachant à peine ma nudité. Un soupire passa mes lèvres. Si je l'avais dit à mon père ? Non. Je n'avais pas réussi. Le jour où j'avais voulu l'annoncer fut le jour du divorce de mes parents. Depuis, je n'avais rien dit. Je le laissais penser ce qu'il voulait ça m'importait peu. Je savais qu'un jour je serais obligé de le lui dire, mais pas maintenant, pas encore. Il était toujours fragile, ne se remettant pas de cette séparation. Je me disais qu'heureusement, finalement, que j'étais parti avec lui, sinon, que serait-il devenu !
« Non...mais ce n'est pas important. »
Je me penchais doucement, m'approchant du corps alanguis à mes côtés, mes lèvres glissant lentement sur celles qui me faisaient face. Un doux baiser, un baiser sensuel, un baiser sauvage. C'était toujours ainsi que cela marchait avec nous. Il était à la fois doux et sauvage. Oui, il. C'était cela que je devais annoncer à mon père. Le fait que je sois gay. Le fait que non, je n'avais pas fiancée comme il ne cessait de me le demander mais, plutôt un fiancé. J'étais idiot de ne pas lui dire, mais, en même temps que mes autres préoccupations, j'avais peur. Très peur de perdre la seule famille que j'avais ici. De me faire rejeter et de me retrouver seul au monde. Oui, car, cet homme qui commençait à me caresser n'était pas l'homme de ma vie, bien loin de-là. Il était mon amant pour un temps, point. Frissonnant un peu, je finis par me laisser aller dans ses bras. Ce n'était pas le moment de penser à cela. Pas du tout même...
Hymne à la beauté
Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme O Beauté? ton regard, infernal et divin, Verse confusément le bienfait et le crime, Et l'on peut pour cela te comparer au vin.
Tu contiens dans ton œil le couchant et l'aurore; Tu répands des parfums comme un soir orageux; Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore Qui font le héros lâche et l'enfant courageux.
Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres? Le Destin charmé suit tes jupons comme un chien; Tu sèmes au hasard la joie et les désastres, Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien.
Tu marches sur des morts, Beauté, dont tu te moques; De tes bijoux l'Horreur n'est pas le moins charmant, Et le Meurtre, parmi tes plus chères breloques, Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement.
L'éphémère ébloui vole vers toi, chandelle, Crépite, flambe et dit: Bénissons ce flambeau! L'amoureux pantelant incliné sur sa belle A l'air d'un moribond caressant son tombeau.
Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe, O Beauté! monstre énorme, effrayant, ingénu! Si ton œil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte D'un Infini que j'aime et n'ai jamais connu?
De Satan ou de Dieu, qu'importe? Ange ou Sirène, Qu'importe, si tu rends, - fée aux yeux de velours, Rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine! - L'univers moins hideux et les instants moins lourds?
Charles Baudelaire. « Une Margarita s'il vous plait. »
Redressant mon regard je fis mon plus beau sourire à la jeune femme qui venait de me demander ce cocktail. Elle devait être jolie, oui. Mais, malheureusement elle était habillée comme une poupée et je ne parlais pas de son maquillage. Mais, ce n'était pas la pire que j'avais vu. Depuis que j'avais commencé à travailler en tant que barman dans ce bar/boite de nuit branché de Paris, donc depuis maintenant deux ans, j'en avais vu passer des demoiselles qui se pomponnaient un peu trop. Ce qui était assez triste. Enfin, cela n'était pas mon problème puisqu'aucune ne m'intéressait mais, je trouvais dommage que la jeunesse actuelle soit incapable d'aimer sans un tas d'artifices. Peut-être pensais-je de cette façon parce que j'étais gay, que les hommes étaient rarement maquillés, tout du moins, ceux qui m'intéressaient.
« Je vous fais ça de suite ! »
Un autre grand sourire et je me mettais à faire son cocktail, m'amusant un peu avec les bouteilles pour faire le show, il fallait bien amuser la galerie. Puis, rapidement, comme je devais savoir le faire je déposais délicatement le verre de Margarita devant la jeune femme sous le charme. Mince. Pourquoi fallait-il que cela arrive qu'à moi ?! Un autre sourire et pour lui faire comprendre que je n'étais pas là pour faire la discussion, je me retournais rapidement vers un autre client. Beau garçon, un peu trop petit, trop poilus. Dommage, il était pas mal sinon. Un nouveau sourire et le travail continuait ainsi, comme cinq soirs de la semaine. Mon boulot. Je l'aimais, il m'avait vite passionné mais, si je le faisais c'était surtout pour pouvoir subvenir à mes besoins. Depuis maintenant deux ans je vivais seul. Ayant laissé la maison familiale de mon père où j'avais vécu trois ans. Trois ans de bonheur même si mes débuts à Paris furent difficiles. Mais, arrivé en âge de vouloir mon indépendance, je l'avais prise. J'étais maintenant en doctorat de littérature et je me plaisais à vivre seul dans mon appartement, à écrire la vie comme je l'entendais, travaillant fortement sur ma thèse. C'était l'aboutissement de ma passion, la littérature...
« A demain Fred ! » « Oui à demain, bonne nuit. »
Je fis un signe de la main à mes collègues et m'engageait rapidement sur le trottoir pour aller chercher ma voiture. Je n'habitais pas vraiment à côté du bar mais, ce n'était pas non plus très loin. Surtout au milieu de la nuit comme cela, c'était surement le moment où il y avait le moins de circulation dans Paris ! Conduisant tranquillement jusque mon appartement. Une fois arrivé, je fis le même rituel que tous les soirs, une douche, une tisane et j'allais me coucher. Parfois, un amant m'attendait. Mais, pas en ce moment. Et je ne cherchais pas vraiment, ma thèse me prenait tout mon temps libre en dehors de mon travail alors, je n'y pensais pas.
Dernière édition par Freddie J. Cameron le Sam 20 Aoû - 16:19, édité 12 fois |
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