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 se perdre dans le ciel. (théo)

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MessageSujet: se perdre dans le ciel. (théo)   se perdre dans le ciel. (théo) EmptyJeu 20 Juin - 22:45


L'immensité du ciel dans les pupilles. Le soleil qui joue à cache-cache. Elle ferme les yeux, les rouvre. Il est caché. Elle cherche, le trouve. Comme une gosse. Elle rit. Les gens s'écartent pour l'éviter puisque demoiselle ne fait pas attention. Si l'océan était là elle s'y noierait. Mais il n'est pas là. Elle le regrette. Le ciel y est peut-être plus joli. En dégradé de rose jusqu'au lilas.
Elle voudrait s'allonger sur l'asphalte du monde, et voir de quoi il a l'air, le ciel, vu d'ailleurs. Elle veut savoir si on est assis sur les nuages, si ça a un goût, d'être là-haut. Si les mots sonnent différemment. Elle veut entendre les nuages qui font des poèmes à sa gloire. Juste pour découvrir le son de son prénom dans leur bouche. Savoir s'il a le goût de frise ou de mûre. Si il a la couleur d'un songe d'été ou d'hiver.
Ses lèvres remuent dans la rue. Aucun son n'en sort. Elle a oublié sa voix à la maison. Et puis elle est sortie.
Elle veut voir Paris. Elle connaît pas, elle. Pas encore. Elle avait peur, mais le ciel est là, alors elle oublie. C'est un miracle si elle n'a pas vu de poteau de très près jusque là. Question de temps.
Ses mains plongent dans sa veste. Ses grands yeux ne clignent même plus. Elle a oublié comment on fait. Et puis elle s'en fout. Elle regarde les oiseaux voler, et elle s'émerveille. Elle aussi, elle veut des ailes. Elle s'en dessinera. Un jour, elle volera.
Des oranges peut-être.
Elle sourit. Qu'est-ce qu'elle pourrait bien foutre d'oranges. Elle aime pas ça.

Elle cligne des yeux, revient à la vie et au monde. Sa tête se perd d'un coup. Son corps est déjà perdu depuis de longs moments. Elle se tourne, se retourne. C'est comme un labyrinthe pour elle. Elle sait pas. Elle a jamais su.
Elle reconnaît pas les rues, pas les gens, pas les parfums. Elle cherche quelqu'un qu'elle connaît. Azaïs. L'autre blond. Mais personne. Elle hésite encore à paniquer. Pas très sûre. Est-ce que ça vaut le coup ? Probablement pas. Elle trouvera quelqu'un qui a pitié d'elle et lui montrera le chemin. Avec de la chance elle croisera azaïs.
Elle a besoin d'aller aux toilettes.
Elle voudrait manger une tartine de confiture.
On attendrait mieux d'une gamine comme elle.
Son souffle dans la fraicheur fait naître une fumée blanche. Encore sa mémoire qui s'évapore. Elle a du sel dans la gorge.

Au coin d'une rue, demoiselle trouve de quoi s'asseoir. Elle essaie de perdre la tête au fond des cieux, de s'imaginer pêchant les rayons d'un soleil joueur. Mais elle n'y arrive pas. Les voit des têtes, des blondes et des brunes et des rousses. Ça la tracasse. Astraée, ça rime avec perdue. Presque.
Elle veut s'accrocher à un bras des fois que le sol se déroberait pour jouer à cache-cache avec le soleil, et puis courir jusqu'à son lit. Enfouir sa tête dans l'oreiller jusqu'à ce qu'on ne voit même plus ses fils d'or. Mais aucun bras ne se tend à elle. Alors elle attend. Et elle réalise qu'elle attend, et depuis c'est comme si les aiguilles de sa montre allaient à l'envers.
Elle attend en se disant qu'elle pourra regarder les étoiles. Qu'elles lui tendront une couverture de comètes pour pouvoir reposer ses prunelles au chaud. Mais le soleil lui brûle les yeux. Elle a les océans qui débordent et la bouche qui s'assèche. Elle dégueule la pluie par les yeux, sans un bruit. Elle ne le sait même pas. Elle voudrait enlever ses talons et aller aux toilettes. S'il vous plaît dieu. L'ennui lui donne envie de faire pipi. Comme une gosse en voiture.
Elle soupire, change de position, rebrousse chemin d'une rue, traverse la route sur une marelle imaginaire. Elle tue l'ennui à coups de hache mais il revient en armure ce con.
Les doigts au fond de ses poches explorent des contrées inconnues. Boulevard des clés. Avenue du paquet de mouchoir. Chapelle du saint-marqueur. Elle sourit. Elle sort l'objet de sa poche, et sourit. Imbécile heureuse. Ses yeux se concentrent quand elle relève ses manches. Par où commencer. Ses jambes s'étendent dans la rue, pour être plus à l'aise. Ses jambes ont froid, mais elle n'y pense plus. Le vent brûle sa peau, mais elle n'y pense plus. Elle se dessine une vie sur la peau et ne pense plus.
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Rosanne Perlin
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Rosanne Perlin
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MessageSujet: Re: se perdre dans le ciel. (théo)   se perdre dans le ciel. (théo) EmptyJeu 27 Juin - 19:07

se perdre dans le ciel.
La journée est longue, vraiment. Dans son appartement, Théo fume cigarette sur cigarette. C'est tout ce qu'il a la force de faire. Il est pas triste. Il est pas heureux. Il est... il est. C'est tout. Le temps semble ne jamais s'en finir de couler sans que rien ne se passe.
Il s'accroche au rebord de sa fenêtre. Il s'y raccroche comme si sa vie en dépendait. Il regarde en bas. Heureusement qu'il a pas le vertige. Il se demande ce que ça fait d'avoir le vertige. Est-ce que ça donne la sensation que le sol s'éloigne ? Est-ce qu'on a la sensation de perdre le contrôle ? Voilà. Théo s'ennuie tellement qu'il en est là. Se poser ce genre de question... Où va le monde ?
Il regarde les gens en bas, qui se croisent sans se voir sur les trottoirs, il les regarde se contourner les uns les autres. C'est comme une danse bien orchestrée. Ils courent presque mais aucun ne se touche. Ils savent. Théo se dit que bientôt ça va être les vacances d'été. Paris va se vider. Il aime Paris l'été. Y'a presque plus que des touristes, ou des gens comme lui qui ne peuvent pas respirer ailleurs qu'à Paris. Parce que pour lui c'est ça, dès qu'il n'est plus à Paris, il l'impression de suffoquer, il ne reconnaît plus rien, il se perd. Il aime l'été, quand les rues sont vides parce qu'il fait trop chaud, mais que les parcs sont pleins. Il aime ça. Il aime Paris.
Le temps passe, encore et encore. Théo regarde son paquet de cigarettes. Il est vide. Le désespoir le guette. Il prend son courage à deux mains pour quitter le canapé. Il va falloir qu'il sorte.
Théo soupire, ça fait une semaine que le bureau de tabac en bas de chez lui est fermé. Il se demande même ce qu'il s'est passé. Il réfléchit. La dernière fois qu'il y était allé, le type avait pas dit qu'il comptait fermé. Et puis Théo se souvient que l'autre jour, quand il partait – à reculons – au bac de philosophie, il y avait une voiture de police devant de le tabac quand il était passé. Doucement, les pièces du puzzle se remettent en place. Théo se dit qu'il devrait se sentir un peu plus concerné par les choses, il aurait alors compris depuis un moment qu'il y avait eu une descente de police au bureau de tabac...
Mais c'est Théo, il comprend jamais... enfin non, il ne cherche pas à comprendre, c'est la différence. Ouais, c'est la grosse différence. Il s'en fout c'est tout.
Mais le résultat est là, il va devoir marcher avant de trouver un bureau de tabac... Et ça le fait chier, Théo il aime bien suivre ses petites habitudes. Il hausse ses épaules et saute dans ses Vans rapiécées.
Il sort et marche dans la rue, il fait froid, mais il pleut pas, il a pas tout perdu. Théo en a marre de cet été qui n'en fini pas d'arriver sans jamais se poser. Théo aime bien l'été. Il cherche une cigarette dans sa poche, avant de se dire « j'suis con. » Il secoue la tête et continue sa marche vertueuse  jusqu'au premier bureau de tabac qu'il croise.
Il met pas très longtemps. En ressortant, il déchire l'emballage et il en coince une précipitemment dans la bouche. Il l'allume et il commence à reprendre sa route. Il va rentrer chez lui, reprendre son activité qu'il exerce depuis le début de la journée, une machination bien rodée. Et puis il va attendre un sms qui lui dira où à lieu la soirée la plus sympa de ce soir. Et il ira, il boira, il fumera, et il rentrera au petit matin, en pensant « il est cinq heures, paris s'éveille. »
Il marche le long du trottoir, Théo fronce les yeux. Il voit une fille assise au loin. Elle a l'air paumée. Il continue de marcher en sa direction. Et puis il se rend comte qu'elle est en train de dessiner sur ses bras. Un petit sourire se dessine sur le visage de Théo, il aime bien les gens bizarres. Il s'arrête devant elle. Encore plus maintenant, il trouve qu'elle a l'air complètement perdue. Pas à sa place. Il la regarde. « Salut. » il a rien d'autre à dire Théo, parce qu'il a pas envie de lui faire peur. Et il se dit qu'elle pourrait avoir peur d'un simple « salut »...
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se perdre dans le ciel. (théo)

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