crois moi, la victime c'est moi.

lilou & elie nguyen

Encore une nuit difficile pour le frère et la sœur Nguyen. Je suis encore à demi endormi sous les draps blancs du lit de la chambre d'ami de ma Lilou. Un bras stagne sur mon torse que j'ai habillé d'un débardeur Mini, sans doute piqué dans le placard de la sistah pour ne pas attraper froid. Quand j'observe ce qu'il se trouve autour de moi, je trouve une jeune nana à coté de moi sous les draps, bouche ouverte, la bave coulante sur ses joues. Elle dégage son souffle pestilentiel - un mélange d'alcool et de mauvaise haleine - sur mon visage et je sens une envie de vomir monter en moi. Je me redresse pour m'installer en tailleur au bord du lit en me dégageant du bras de la demoiselle. Je ferme les yeux deux secondes et j'essaye de faire le tour de la soirée qui apparemment, c'est plutôt bien terminée pour moi. Je suis un mec chaud, sérieux, et là je dois dire être encore une fois plutôt fière de moi. Bref. Ma Lilou m'a téxoté un peu tard dans la nuit d'hier pour me proposer de venir passer la soirée avec elle et quelques potes dans son appartement du quinzième. Comme je ne suis pas du genre à lui refuser quelque chose - ou disons plutôt, comme je sais comment ça se termine en régle général les soirées chez Lilou - je me suis jeté à l’extérieur de mon appart' pour rejoindre la petite fiesta qui battait son plein. Après, mes souvenirs sont un peu flou. Je me souviens avoir répondu à pas mal de questions des petites copines de ma sœur au sujet des Martine's, et d'avoir eu beaucoup de mal à choisir celle avec qui je passerais la nuit. Lilou est pas du genre à apprécier que je fricote avec ses copines, mais la demoiselle a le don pour s'entourer de filles super bonnes et sans mentir, bien baisable. Avec tout le respect que j'ai pour les filles, si elles savent ce qu'elles veulent, je suis pas du genre à dire non et celle qui dort maintenant derrière moi s'est certainement montrée assez perspicace pour se retrouver avec moi dans un lit. Ou alors, était-ce peut-être l'effet de l'alcool mais franchement j'en ai rien à carrer. J'ai fait mon affaire semble t-il. Bref. Je quitte le lit et je saute dans des pantoufles très féminines que je trouve devant la table de chevet. D'un pas nonchalant, je quitte la pièce en prenant bien soin de refermer la porte derrière moi. Je passe une main devant ma bouche et je laisse un bâillement bruyant s'exprimer tout en me dirigeant vers la cuisine. L'appartement a une odeur de get-27 mélangé à l'odeur nauséabonde de la clope. Une fois dans la cuisine, j'attrape un filtre café avant de l'enfourner dans la cafetière électrique. Elle et moi on a pas vraiment le même équipement. Perso, je suis pas très adepte de ces trucs bon marché, je préfère et de loin la simplicité d'une bonne cafetière à dosettes senseo. Tout en poussant ma réflexion sur l'équipement de la cuisine de Lilou, j'entends quelqu'un débouler juste derrière moi dans la cuisine. J'ose à peine me retourner. J'imagine le nuage électrique prêt à exploser au-dessus de la tête de Lilou. Dans un soupire, je prononce ces quelques mots : « Yo ma Lilou d'amour de mon cœur que j'aime. J'te prépare un petit café ? » remarquez l’effort pour amadouer la petite princesse.

Quelle ne fut pas mon erreur en invitant mon frère à cette soirée entre copines. Comme après chaque spectacle de danse, c'était devenu un rituel que chacune notre tour nous nous invitions les unes chez les autres pour fêter notre prestation et ce jour-là, c'est tombé sur moi. Un peu honteuse de ne pas avoir donné de signe de vie à mon frère pendant plus d'une semaine, je lui ai donc proposé de venir faire un tour. Bien sûr comme toute les soirées, chacune des filles ont vidés des litres d'alcool, tout comme Elie qui ne pouvait s'empêcher de reluquer toute les filles présentes. J'avais comme à mon habitude était très sage ce soir-là et je n'ai bu aucune goute d'alcool. Cependant vue à l'allure à laquelle allait mon frère, je l'obligea à dormir à la maison, lui passant ma chambre tandis que je me suis installé dans celle d'Eline, absente cette nuit-là. C'est donc ce matin, qu'en me rendant dans ma chambre pour attraper un gilet à mettre au dessus de ma nuisette un peu trop courte que je tombe nez à nez avec l'une des danseuses du conservatoire. Je n'ai pas mis longtemps à faire le rapprochement entre mon frère et elle. C'est donc folle furieuse que je claque la porte de la chambre, pour montrer à la jeune femme qui dort dans mes draps qu'elle n'est plus la bienvenue ici, puis je cherche après mon frère dans le peu de pièce dont dispose ce duplex, je tombe enfin nez à nez avec lui dans la cuisine où il se mets à me jouer une scène d'affection un peu trop poussé et qui me mets d'autant plus en pétard. J'attrape alors le gant de cuisine et lui balance sans vraiment viser, bien qu'il le touche en plein dans l'arrière du crâne. « Non, mais j'y crois pas. » je sens que je cries un peu trop fort et je baisse donc d'un ton, déjà premièrement pour les voisins qui n'ont pas à subir en plus de la soirée, la dispute avec mon frère, mais surtout pour que la jeune femme qui se trouve dans ma chambre entends ce que je vais lui dire, histoire qu'elle ne le prenne pas mal, étant tout de même une collègue du conservatoire. « Tu as osé ... » Toujours aussi coincé avec le sexe, moi qui suit vierge, je bloque un peu sur les mots qui ne veulent pas sortir de ma gorge, alors je me mets à parler encore plus bas, j'en suis presque à chuchoter. « Faire des cochonneries dans mon propre lit ? Non mais qu'est ce qui va pas bien dans ta tête t'es vraiment un gros dégueulasse. » Je me retiens de l'insulter en vietnamien, histoire que les voisins ne pensent pas qu'une famille immigrée asiatique a atterrie dans ma cuisine et puis je regarde la cafetière et me calme, bien que je n'en ai pas fini avec lui. « Et en plus, triple andouille, tu sais très bien que je n'aime pas le café. » Voilà, là, c'est le mot de la fin. Du moins jusqu'à ce qu'il ose se justifier.