T'as jamais pu compter sur personne et personne n'a jamais pu compter sur toi. Faut dire que t'as toujours kiffé jouer l'égoïste pour te protéger de la vermine qui rôdait sur les pavés de ton Paris. Ça t'as valu pas mal d'embrouilles, des insultes, aussi. Heureusement que t'es nomade et que tes coups de putes sont vites effacés. Compter sur personne te permettait aussi d'éviter les conséquences de tes actes tout en évitant les séparations douloureuses. Tu n'avais jamais délogé à cette règle et ta vie évitait de se transformer en un gigantesque chaos ingérable. Jusqu'à ta rencontre avec Saad. Saad il était arrivé comme un cheveux sur la soupe comme on l'dit dans le jargon. Tu vivais une période d'accalmie et t'avais pas dit non à un compagnon de beuverie. Il te prenait pas la tête et rien n'était sérieux quand vous étiez les deux. Tu t'étais même retrouvé à apprécier sa compagnie. Il apportait la Mary-Jane et toi ton Jack Daniel's. C'était bon, c'était beau, c'était vous et comme souvent, quand un rayon de soleil venait éclairer ta sombre vie, quelque chose venait tout foutre en l'air. Votre amitié était trop belle et c'est sûrement pour cette raison que Najia arriva pour y foutre la merde. Najia c'était la petite sœur, belle à en crever mais surtout, pauvre victime de ton incapacité à garder ton attirail dans l'caleçon. Tu la haïssais plus que le monde lui-même. Le temps était passé et la culpabilité te rongeait. Il n'y avait rien à faire contre ce mal là et une confession à Saad n'aurait fait que bousiller l'amitié que tu lui portais. Alors chaque soirée devenait une torture où tu lui racontais chaque fille que tu foutais dans ton lit sans qu'il ne pense une seconde que sa sœur avait été l'une de tes putains. Un mois ? Peut-être plus ? Depuis combien de temps ne l'avais-tu pas vu sobre ? Comme si l'alcool était une protection suffisante contre ce sentiment qui te bouffait.
Il était aux alentours de six heure quand, motivé, tu t'étais décidé à venir lui rendre visite. Grand frère de la fille que t'avais dépucelée mais brother quand même. En manque de thunes, tu t'étais servis dans la caisse du magasin -chose que tu allais finir par payer- et fait un rapide détour par le dealeur. Le temps de rouler ton cône et de le fumer, tu étais devant sa porte avec tes yeux de bouffeur de riz cantonnais. Tu toques. Une fois. Deux fois. Et la porte d'ébène s'ouvre, te laissant une vue magnifique sur la personne que tu n'aurais jamais voulu voir ici. Najia. « Putain, t'en as pas marre de rôder par ici ? » Tu siffles entre tes dents avant de continuer. « Il est là ton frère ? »

c'est après ta journée en cours épuisante, à laquelle tu ne voulais même pas aller, parce que franchement, ça te fait chier et ça ne t'apprend rien, que tu t'étales comme un flan sur ton lit, oubliant tout autour de toi et ayant comme seul objectif de dormir, dormir, dormir et dormir. au diable les révisions. de toute façon, tu ne peux être motivé à bosser qu'avec ana, alors tant pis. puis, tu sais que najia est là, alors tu peux dormir tranquillement. morphée t'accueille à bras ouverts et t'enfonce bien profondément. si profondément que tu n'entends pas le poing frapper sur la porte une première fois. puis frapper encore. tu dors trop bien pour que ça te réveille. par contre, la porte qui claque, elle, te réveille. tes yeux s'ouvrent subitement. t'es de mauvais poil, du coup. tu dormais bien, tu ne voulais pas qu'on t'arrache de ton sommeil. "putain" tu te lèves, t'étirant et baillant comme un chat. et justement, exactement comme ton chat. ganja s'étire en même temps que toi et te suit alors que tu traverse le couloir pour y voir najia au bout, face à la porte. "qu'est-ce qu'il se passe ?" pas de réponse. au lieu de ça, elle rouvre la porte, énervée. "mais sérieusement, tu croyais quoi ? qu'en ramenant ta sale gueule t'échapperais à la mienne ? t'es con camil, tu réfléchis pas, jamais." camil ? c'est quoi le problème ? pourquoi à chaque fois que tu vois camil et najia, ils s'engueulent ? tu t'approches, encore plus de mauvais poil, pour le coup, et ouvre la porte en grand sur un camil défoncé. "c'est quoi le soucis encore, tain ? y en a marre, j'peux même pas dormir tranquille" ouais bah, chacun ses priorités quoi.