La petite aiguille de l’horloge devait être positionnée au trois quart de celle-ci, à l’heure qu’il était. Ma poitrine se soulevait à intervalles réguliers. Cela faisait des lustres que je n’avais plus aussi bien dormi, bien que mes nuits étaient aussi courtes les unes que les autres. J’avais toujours eu des tendances insomniaques. Je pense que ces dernières étaient liées au travail de ma mère. Petite, je refusais de fermer l’œil tant que ma génitrice n’était pas de retour à la maison. Or, il est bien connu que les prostituées sont des femmes qui travaillent tard le soir. A 10 ans à peine, il m’arrivait donc déjà de m’endormir à l’heure où les gens normaux se réveillaient pour se rendre sur leur lieu de travail. Ca ne me dérangeait pas dans la mesure où, fréquentant l’école buissonnière, j’avais tout la journée devant moi pour rattraper mes heures de sommeil perdues. Aujourd’hui, c’était pareil. Selon le calendrier scolaire, nous, lycéens, étions en vacances. Sauf que ce calendrier ne s’appliquait pas à moi étant donné que j’étais en vacances toute l’année. J’ignorais encore si mon père allait tolérer ce mode de vie. Je ne suis pas sûre qu’il apprécierait d’apprendre qu’en plus que sa fille fraîchement retrouvée était une toxicomane aguerrie, cette dernière était également un cancre. Bah oui, je me voilais pas la face, j’étais loin d’être une lumière pour quelqu’un de mon âge. Quoi de plus normal pour une adolescente qui n’a plus mis un pied en cours depuis quelques années, après tout ?
Bref, ce matin-là, quand je me suis réveillée, j’aurais bien encore dormi un peu. Je n’avais pas ouvert les yeux spontanément. Généralement, quand je venais à me lever de si bonne heure, c’était pour deux raisons particulières. Soit, c’était Hannibal, notre joyeux compagnon, qui me sautait dessus avant de me laver le visage à grands coups de langue, soit, c’était mon père qui avait tendance à oublier que je pionçais dans le canapé – manque d’habitude, sûrement – et qui allumait toutes les lumières du salon de sorte à ce que, aveuglée, je me retrouve obligée de me lever. Ce matin-là n’avait pas fait exception à la règle. Alors que j’émergeais lentement de mon sommeil léger, j’entendis le bruit des pieds d’une chaise qui racle le sol. Je souris. C’était mon père tout craché. Trop crevé – ou trop défoncé – pour lever sa chaise, il préférait la tirer vers lui au risque de réveiller tout l’immeuble. Encore à moitié endormie, je lui lançai un « salut p’pa » déformé par un bâillement que je n’avais pas pu retenir. Ok, ça manque d’élégance, et alors ? J’ai jamais dit que j’étais une fille gracieuse. J’étais même loin de là. Mes allures étaient loin d’être féminines, bien que je savais mettre mes atouts en avant lorsque la situation le nécessitait. Autrement, dans le genre lourdaude pachyderme, on ne trouvait pas mieux que moi.
Après m’être étirée bruyamment en poussant des gémissements louches non identifiés, je finis par me mettre en position assise. Evidemment, en tant que cruche olympique que j’étais, je m’étais relevée trop vite et je fus prise de violents vertiges. Hannibal profita de ce bref moment d’inattention pour me sauter sur les genoux en enfonçant ses griffes dans mes cuisses. C’est fou comme ce clébard pouvait être brutal, quand il s’y mettait. Il avait quoi, trois mois ? Les chiots de cet âge-là étaient censés représenter la douceur incarnée, et non pas se jeter sauvagement dès le matin sur des petites filles sans défenses @@. Même si ce stupide animal était en train de me lacérer les cuisses, je ne pus m’empêcher de résister à sa gueule d’ange et je l’accueillis par un câlin. Ce dernier ne se fit pas prier pour sortir son arme ultime de sa bouche. Attaque léchouille en perspective. Miam miam. Je tentai de le repousser par tous les moyens mais rien à faire. C’est que cette boule de poils était tenace. Je m’avouai donc vaincue et me laissai tomber sur le dos. Peut-être que si je faisais la morte, il finirait par me foutre la paix ? Ouais, non, d’accord. Il était peut-être con, mais pas à ce point. Cependant, il finit par se désintéresser de mon cas lorsque mon père se servit je ne sais pas quoi en guise de petit déjeuner. T’entends ? Quoi ? L’appel du ventre.
« C’est moi où ce sale cabot vient de me délaisser pour un peu de nourriture bon marché ? »
Désespérée, je secouai la tête de gauche à droite. Rhaaa, ces hommes, tous pareils. Il leur suffisait d’un peu de bouffe et d’un endroit où pioncer pour faire leur bonheur. Il suffisait de voir la façon dont Hannibal secouait la queue de gauche à droite pour comprendre que ce dernier était le chien le plus heureux du monde. Comme quoi, y en a qui sont vite contents. Après avoir poussé un long soupir exaspéré, je les laissais entre hommes et pris la direction de la chambre de mon père pour piocher quelques vêtements au hasard dans sa penderie. Hé oui, tant que je n’aurais pas trouvé la somme d’argent nécessaire pour garnir ma garde-robe, j’étais condamnée à porter les habits de mon père – bon ok, j’avoue, je ne me bougeais pas énormément le cul pour le trouver, cet argent, et je me doutais fortement qu’il n’allait pas venir à moi tout seul –. Ce qui était loin de me déranger. C’est que mon paternel avait de bons goûts vestimentaires. Au point que je veuille spontanément repousser l’échéance du moment où je devrais aller m’acheter des vêtements pour pouvoir continuer à squatter ses affaires.
Après avoir enfilé le tout, je revins dans la pièce principale où mon père était toujours installé à la table. D’un pas aérien façon ‘ La petite maison dans la prairie ‘, je me dirigeai vers lui et vins poser mon derrière sur ses genoux. Comment ça j’avais passé l’âge de m’asseoir sur les genoux de mon père @@ ? Je piochai quelques céréales dans son bol au passage et engloutis ces dernières. Je n’avais pas l’habitude de prendre mon petit déjeuner le matin mais je n’avais pas pu résister à l’appel de ce bol de céréales qui m’avait incité au vol, le fourbe. Cependant, un reste de trainée de poudre blanche ne tarda pas à capter mon attention. J’étais loin d’être une toxicomane (a) mais je ne supportais pas le gaspillage, c’est pourquoi je raclai ce qu’il me sembla être de la cocaïne de sorte à former un petit tas. J’approchai alors ma narine de ce dernier et inspirai d’un coup sec. Je secouai alors la tête en évitant soigneusement de foutre un coup de boule à mon père et finis par passer mon bras autour du cou de ce dernier. Je passai alors ma main libre dans sa crête aplatie de sorte à la redresser, ne trouvant rien de mieux à faire. C’est alors que je me rappelai pourquoi je m’étais initialement installée sur ses genoux. Bah oui, comme toute adolescente qui se respecte, j’avais besoin d’une raison pour témoigner mon affection envers mon père Ö. Bon, ok, d’accord, j’avais quelque chose à lui demander. J’affichai un sourire innocent et lui offris mon plus beau regard de chien battu avant de lui dire d’une voix angélique :
« J’peux sortir ? J’ai rendez-vous avec quelqu’un. Je ne rentrerais pas tard, promis ! »
En fait, je ne voyais pas trop la nécessité de demander. Vu mon caractère de cochon, en temps normal, j’aurais claqué la porte de l’appartement sans même lui demander l’autorisation de sortir. Seulement, je savais qu’il n’appréciait pas spécialement que je me retrouve seule dans les rues de Paris. De un, parce que mon sens de l’orientation laissait fortement à désirer, et de deux, parce les dealers du 18ème arrondissement n’étaient pas spécialement les plus fréquentables. Même si cela le tuait de savoir que je me droguais, j’étais sûre qu’il préférerait m’accompagner pour aller acheter ma dose plutôt que de m’y laisser aller seule. S’il avait été dans mes intentions de me réapprovisionner en héroïne, je ne lui aurais pas demander de peur d’essuyer un refus. Le fait d’attendre sa permission laissait clairement sous-entendre que je sortais dans des intentions purement catholiques. Pour aller rencontrer mon ami Sylvain, par exemple. Bref, pour bien appuyer ma demande, je déposai un baiser sur son front en espérant qu’il allait céder (a).
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Sujet: Re: « Good Morning ! » feat Cerbichou Mar 9 Aoû - 3:55
Yeux qui piquent, lumière aveuglante provoquant alors des maux de tête. Je relève la tête, une douleur s'empare de mes muscles. Courbatures de merde. Mes yeux balayent du regard la pièce, vide, tristement vide. Une odeur d'alcool traine dans l'air. Les souvenirs de la veille semblent s'être fait la malle. Le silence de la chambre m'oppresse. J'étouffe et ne parviens pas à me lever. Par douleur mais aussi par manque d'envie. Surtout par manque d'envie. Je suis à peine réveillé que déjà l'envie de retourner dans mes rêves me tend les bras. Pourtant, comme tous les jours je vais devoir me résigner à quitter ce lit et la chaleur de ses draps. Allez bouge ton corps Cerbère. Dans un soupir, je parviens à me mettre sur mes deux pieds. J'ai l'impression que l'on m'a frappé toute la nuit tellement que mon corps me fait souffrir. Il me fait comprendre qu'il est fatigué de toutes ces merdes que je m'injecte. Mais j'm'en balance, les résultats que je voulais sont là. Qui sait, je vais peut-être finir par crever dans peu de temps. Mon cœur finira par lâcher un jour ou l'autre, il n'est pas invincible. Puis, y a qu'à me voir, je maigris de jour en jour, faut dire que je me nourris quand j'y pense. J'ai oublié que la drogue n'était pas une alimentation. Les premiers pas sont les plus difficiles, mes jambes menacent de s'effondrer sous mon poids. J'enfile un t shirt noir avant de me diriger vers le salon. Les yeux presque fermés j'allume la lumière en oubliant qu'Alecto est dans les parages. Difficile de changer son petit train train quotidien. Et pourtant, en peu de temps celui ci a changé du tout au tout. J'passais 24H/24 avec Simba et maintenant je ne le vois qu'un jour de temps en temps. J'ai toujours détesté ce genre de changement. Il n'y a qu'à voir mon état, je ressemble à un zombi squelettique. Sans la présence de cet homme je déraille facilement parce que le lien qui nous unis dépasse toutes les limites. C'est comme ça, un truc inscrit dans les étoiles, le marbre, la roche ou une connerie dans le genre. On vit d'amour et d'eau fraiche. C'que ça peut paraître con et niis mais j'm'en balance. C'est en passant près du canapé que je lâche un léger rire en voyant la tête d'Alecto aussi endormie que la mienne. Dur le matin. =') Je ne suis pas complètement réveillé, je ne dors pas non plus, on va dire que je comate. Après avoir attrapé un bol de lait et des céréales je me dirige vers la table. N'ayant pas la force de soulever ma chaise je la laisse trainer. « salut p’pa » Un sourire se dessine sur mon visage, j'ai pas encore l'habitude que quelqu'un m'appelle comme ça. Je ne dis pas que c'est désagréable mais, juste étonnant. Je suis conscient d'avoir réveillé ma fille mais, j'ai pas encore assimilé les notions de discrétion. « C’est moi où ce sale cabot vient de me délaisser pour un peu de nourriture bon marché ? »
« Rectification. » Je marque une pause, le temps de formuler ma réponse. « Hannibal te délaisse pour son maitre qu'il aime tant. (a) »
Ma main s'enfonce dans ma poche, j'en sors un petit sachet renfermant de la poudre blanche. Ah ma douce, comme on se retrouve. J'viens à peine de quitter mon sommeil que mon organisme me réclame sa dose. Lorsque la cocaïne caresse mes narines, je ressens déjà un bien être intérieur s'imprégner des moindres parcelles de mon corps. Toujours à la recherche de cette putain d'autodestruction. Un suicide lent et douloureux mais à la fois tellement intense. Je relève les yeux, Alecto s'assoit sur mes genoux, je la laisse faire. Sourire aux lèvres, marquant alors mon état de bien être. Je la laisse finir le reste cocaïne sans vraiment me rendre compte de ses actes. Je me suis résigné à la laisser gérer ses problèmes avec la drogue seule n'étant pas le mieux placé pour lui faire la morale. Sa main caresse mes cheveux, j'ai tellement l'habitude que Simba passe son temps à trafiquer ma crête que je ne me rends même pas compte du geste d'Alecto. Je ne cesse de lui sourire, ne lâche pas son regard dans l'attente qu'elle brise le silence. « J’peux sortir ? J’ai rendez-vous avec quelqu’un. Je ne rentrerais pas tard, promis ! » Je ne m'attendais pas à ce qu'elle me demande une telle chose. J'suis pas encore complètement dans mon rôle de père. J'y connais rien moi. Ça me surprend de faire face à une telle situation. S'il lui arrive quelque chose j'm'en voudrais jusqu'à la fin de mes jours. Je l'ai retrouvé depuis peu mais, c'est comme ça, je ne peux plus nier le fait que je sois son père. Et puis, ce peu de temps a suffit à créer un lien entre nous. Ma voix faible et raillée s'efforce tout de même de briser le silence mais, mon élan se voit coupé par un baiser. Je suis toujours aussi tétanisé lorsque Lecto possède des moments de douceur envers moi, comme ça. Bon okay, elle cherche juste à me manipuler mais merde, c'est comme ça. J'suis hypersensible.
« Quelqu'un ? » ma gorge sèche se serre. « Il a un nom ? » J'ai l'impression d'avoir l'air con à poser ce genre de questions. C'est peut-être une question d'habitude. « Paris ça craint j'veux pas que tu traines avec les mauvaises personnes. J'veux pas te faire chier et t'empêcher de vivre hein. »
Je ne cesse de lui parler en grec, notre langue maternelle, un de nos points communs. Puis c'est toujours plus simple, pas besoin de chercher les mots, ils viennent tout seul. J'ai une boule à l'estomac, j'ai l'impression que je vais vomir alors qu'en fait j'ai absolument rien avalé pour le moment. Mon estomac vide me réclame de quoi se nourrir. J'ai juste de la drogue dans le sang, rien d'autre. C'est peut-être la cause de mon mal être. Je ramène donc le bol de céréales à moi afin d'en manger quelques unes. Allez, il est grand temps pour moi de prendre mes responsabilités de père. Un regard interrogateur plonge dans le sien. Je cherche pas vraiment à paraître pour le père sévère, j'veux juste savoir. Je commence à connaître les personnes qui vivent sur Paris, même si c'est grand on arrive toujours à avoir quelques informations sur tout le monde grâce au bouche à oreille. Ma main baissée en direction du sol caresse le pelage soyeux d'Hannibal qui ne cesse de redemander des câlins. Mes yeux se baissent finalement en direction de l'animal. Je souris lorsque celui-ci se met à mordiller ma main pour s'amuser. Petit rayon de soleil. Lorsque je l'avais retrouvé, tout dégueulasse dans une poubelle j'étais tellement heureux de le revoir que j'avais oublié qu'il sentait le vieux poisson et l'avais pris dans mes bras. Et, même si Simba veut parfois s'en débarrasser à cause des bêtises qu'il fait, je l'en empêche parce que grâce à cette boule de poils je sors un peu et ne reste pas entre ces quatre murs. Certes je ne sors pas longtemps, juste le temps de le laisser pisser, faire sa commission et gambader. Disons 30 minutes. Mais au moins, je quitte cet appartement et m'empêche de passer mes journées au lit. Je lève les yeux en même temps que les paroles d'Alecto traverse mes pensées. Mon regard s'accroche encore une fois au sien.
« Puis pour toi, 'rentrer pas tard', c'est quelle heure ? » Sans vouloir t'offenser t'as pas la tête d'une fille qui rentre à 22H00. « Et j'veux pas passer mon temps à m'inquiéter. » Quel est le con qui a dit que la drogue rend cool ?
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Sujet: Re: « Good Morning ! » feat Cerbichou Mer 10 Aoû - 19:12
« Rectification. Hannibal te délaisse pour son maitre qu'il aime tant. (a) » C’est vrai qu’Hannibal était dingue de mon père. Ca se voyait à la façon dont il le regardait en balançant la queue et dont il ne cessait de lui réclamer des câlins. Pas étonnant, entre chiens, le courant passe bien (a). Faut dire que ce chien était le pire pot de colle que je ne connaisse. Dès que mon père se levait de sa chaise, ce dernier était sur ses talons, suivant le moindre de ses mouvements du regard. Il devait avoir peur qu’on l’abandonne ou un truc du genre, j’sais pas. Rectification : que mon père l’abandonne, parce qu’en effet, l’animal ne tenait pas encore à moi au point de ne plus vouloir me lâcher d’une semelle. La preuve, il attendait TOUJOURS qu’on soit seul à seul pour fuguer. Depuis le peu de temps que je m’étais installée chez mon père, j’avais passé plus de temps à chercher ce clebs qu’autre chose. En guise de réponse à l’affirmation de mon père, je me contentai de poser la question à l’intéressé qui nous regardait, haletant – il avait une haleine à en mourir asphyxié – :
« Alors comme ça tu me prends comme bouche trou, l’toutou ? »
Ne comprenant rien à ma question – pas étonnant, c’est un chien, vous allez me dire –, ce dernier se contenta de me lécher le bout du nez. Je me mis à rire et tout en continuant de le caresser, j’écoutais la réponse de mon père. A ma grande surprise, ce dernier ne se contenta pas de me répondre par un oui ou par un non mais essaya d’approfondir la question. Il essayait de me couver. Réaction normale de la part d’un papa débutant. Ca ne me dérangeait pas. Je préférais vachement ça au comportement de ma mère qui me laissait absolument tout faire sans jamais se soucier de mes activités. Si j’avais commencé à me droguer, c’était en partie de sa faute. Si elle m’avait interdit de sortir la nuit alors que je n’avais que 10 ans, je n’aurais jamais rencontré ces vauriens qui m’avaient appris à dealer. Je suis sûre que si j’avais vécu dès le début avec mon père, cela ne me serait jamais arrivé. Il avait beau être drogué jusqu’aux dents, il n’aurait jamais supporté que je commette les mêmes erreurs que lui. Parce que même si j’étais sûre qu’il n’arrêtait pas de se dire qu’il était le plus mauvais père de tous les temps, il assumait parfaitement son rôle depuis que j’avais débarqué à l’improviste. J’hésitai cependant à lui répondre franchement. Vu son tempérament protecteur, j’avais comme qui dirait l’impression qu’il ne serait pas forcément pour mon amitié avec un homme de 35 ans. Ca pouvait paraitre louche aux yeux de certains mais c’était comme ça : Sylvain était mon ami. Seulement, j’étais incapable de lui mentir. Et si ça venait un jour à arriver, il ne tarderait pas à le savoir. Je devais être la menteuse la plus nulle de cette planète et pour cause, tous mes mensonges avaient toujours été mis à nu. Alors autant ne pas prendre le risque de passer pour une menteuse étant donné que de toute évidence, j’allais finir par me trahir.
« Ouais, quelqu’un parmi tant d’autres. Ca m’étonnerait que tu le connaisses, Paris c’est grand mais bon, on ne sait jamais. Sylvain Lefèvre. Il s’appelle Sylvain Lefèvre. » Vu la tronche qu’il tira à l’ouïe de ma réponse – le genre de tronche que l’on tire après avoir avalé de travers –, je me dis que ce n’était pas suffisant. Je me plongeai alors dans les détails sur le ton d’une jeune étudiante qui récite sa leçon par cœur. « Sylvain Lefèvre, 35 ans, chauffeur de bus, 15ème arrondissement. D’ailleurs, si je pars pas maintenant, j’y serais jamais à temps. Si tu veux des informations complémentaires, j’peux te passer son numéro de portable. » Sourire. Si sortir des conneries était une profession, je serais probablement millionnaire à l’heure qu’il est. Lorsqu’il essaya de m’expliquer qu’il ne voulait pas m’étouffer, je lui mis mon doigt sur la bouche pour qu’il se taise. J’avais envie de lui dire qu’il était parfait et qu’il n’avait rien à se reprocher mais je choisis de faire dans la simplicité. « Je sais. »
Sur ces mots, j’essuyais une trainée de poudre blanche qui avait élu domicile entre son nez et sa bouche du bout du doigt. Il était défoncé. Encore. Je sentais bien qu’il allait mal, que l’absence de Simba le tuait à petit feu, presqu’aussi rapidement que la drogue en elle-même. Je me sentais impuissante parce qu’à part ramener le dit Simba, je ne pouvais rien faire pour lui, ni pour l’aider. Juste le soutenir au quotidien en faisant acte de présence et en essayant de paraitre le plus agréable possible. Et encore, il était clair que ma présence était loin de combler le vide que Simba avait laissé derrière lui. J’étais toujours souriante en la compagnie de mon père et le pire, c’est que je n’avais même pas à me forcer. C’était naturel. Mon père avait l’art de me foutre de bonne humeur. « Puis pour toi, 'rentrer pas tard', c'est quelle heure ? » Regardez, rien qu’en quelques mots, il parvenait à m’arracher un sourire. Sur ce point-là, il faisait bien de demander. Quand on passait ses journées et ses nuits entières dehors avec la permission de sa mère, inutile de préciser que l’heure n’était plus un détail.
« Ton heure sera la mienne. » Devant son air perplexe, je me levai d’un bond et me mis au garde à vous devant lui. « Un mot un geste, Lecto fait le reste. »
Sans même attendre sa réponse – qui a dit que la politesse faisait partie de mon mode de vie ? – , je m’élançai en direction de la porte d’entrée. Au fond de moi, j’étais persuadée qu’il allait accepter, c’est notamment pour cette raison que j’avais détaler comme un lapin. Lui manquer de respect était loin d’être mon intention. Pour moi, toutes ces questions, il les avait posées dans l’intention de passer pour un père sérieux. Je l’avais laissé laissais faire sans rien dire avec amusement parce que je savais qu’il prenait son rôle très à cœur, même s’il ne savait pas toujours quelles réactions adopter. Ma main tourna la poignée et la porte s’ouvrit sur l’extérieur. Je jetai un dernier regard par-dessus mon épaule et lui envoyai un bisou à distance avant d’articuler un merci – en français cette fois – qu’il pourrait aisément lire sur mes lèvres. « Et j'veux pas passer mon temps à m'inquiéter. » Je m’interrompis dans ma hâte de retrouver Sylvain avant de répondre d’une voix moqueuse :
« Est-ce que c’est ta façon à toi de me dire que tu veux me garder pour toi tout seul ? »
Sur ces mots, je m’apprêtais à sortir lorsqu’une bourrasque de vent s’infiltra à l’intérieur et me fit prendre conscience qu’un simple T-shirt ne suffirait peut-être pas à me protéger du froid. Je m’emparai alors de la veste de mon paternel qui trônait sur le porte manteau à côté de la porte. Sans même me retourner, je soulevai le veston en cuir dans les airs afin qu’il puisse le voir avant de demander, même si elle ne lui laisserait pas le choix en cas de refus :
« J’t’emprunte ta veste. »
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Sujet: Re: « Good Morning ! » feat Cerbichou Ven 12 Aoû - 3:55
Ça m’étonnerait que tu le connaisses, Paris c’est grand mais bon, on ne sait jamais. Sylvain Lefèvre. Il s’appelle Sylvain Lefèvre. Mon sang ne fait qu'un tour. Bordel de merde, mon cerveau ne cesse de répéter inlassablement ce nom. Sylvain Lefère. Sylvain Lefèvre. SYLVAIN LEFEVRE. SYLVAIN ! Des insultes me traversent l'esprit. Mes poings se serrent. Je cesse d'écouter Lecto, j'ne vois que cette scène dans ma tête. Connard de pédophile. Sa tête ne me revient pas et j'suis capable d'aller lui casser la gueule une seconde fois s'il le faut. Je peux vous dire que c'était jouissif de lui foutre mon poing dans sa gueule. Et me voilà qui part dans un délire total. Je ne peux plus me retenir. Savoir que ma fille va partir chez cette enflure me rend complètement dingue. Étrangement, au moment où son doigt se pose sur ma bouche j'suis prêt à parler. Coupé dans mon élan. Profite de tes minutes de répit. « Je sais. » Oh non, Alecto ne sait absolument rien. Je la laisse essuyer la poudre qui traine sous mon nez. C'est con de se retrouver avec un père toxico. Je sais même pas comment je peux la laisser s'approcher de cette putain de porte d'ailleurs. Lorsque je percute enfin où celle-ci compte de se rendre, elle se trouve déjà à l'entrée de l'appartement. Prête à partir. « J’t’emprunte ta veste. » Je me lève comme un fou, mon poing s'abat sur la table d'une violence que je n'soupçonnais pas. Je risque d'en souffrir un peu plus tard mais je m'en balance. Hors de question qu'elle quitte cette maison hors de question qu'elle compte se rende chez ce type aux idées pas nettes. Si elle le fait, j'irai le tuer, de mes propres mains. Mon regard devient anormalement sombre, c'est fou comme je réagis toujours par la violence. Je m'élance d'un pas rapide vers Alecto. J'attrape son bras pour la ramener vers moi et claque la porte. Alecto n'a peut-être pas pas l'habitude de recevoir de l'autorité mais je me fous royalement de son avis. Elle a 17 ans j'ai 32 piges, elle a décidée de me retrouver. Okay, à ses risques et périls. Maintenant, elle n'a plus le choix, donc, obéir sans rechigner. Madame a voulu d'un père ? Le voilà. Et il est prêt à lui sortir le grand jeu quitte à ce qu'elle aille se plaindre aux flics. Oh non j'ai rien contre Lecto loin de là c'est juste que ma colère s'abat sur elle vu que j'ai pas ce connard sous la main autant se défouler sur quelqu'un d'autre quoi. Puis non, il se fera pas ma fille comme il s'est fait la sienne. Dans les rues de Paris c'est plutôt simple de se trouver un flingue. Suffit de connaître un un groupe de délinquants et c'est dans la poche. Et dieu sait que je rêve de loger une balle entre les deux yeux de Sylvain. J'exagère ? Comment ça j'exagère ?
Je ferme la porte à clef, parce qu'en plus d'être con je suis parano. On sait jamais, Alecto pourrait s'échapper et foutre le camp. Et, j'supporterai pas de la savoir en liberté avec Sylvain dans les parages. Surtout qu'elle le fréquente. Mais merde, pourquoi elle traine avec un vieux ? J'espère qu'elle se le tape pas. Nan mais j'me méfie tellement depuis l'histoire de Brooke. Et mon délire s'intensifie. J'suis sûr qu'elle fait ça pour me faire chier. Comme toute adolescente qui n'en fait qu'à sa tête. J'ai pas l'habitude, putain. Elle devrait pas jouer avec moi à ce jeu parce qu'une fois sur ma lancée je peux plus me contrôler. La preuve je suis là, à lui tenir le bras. De mon autre main, je la soulève pour l'éloigner de cette maudite porte. Je la tire avec moi sans vraiment lui laisser choix de dire quoi que ce soit. Puis j'ai toujours mal à ce connard de bras, ça a le don de me rendre encore plus de mauvaise humeur que d'habitude. 'Fin non, pas de mauvaise humeur, juste plus possessif. Alecto peut hurler, me frapper, chialer j'm'en balance. Je me suis pas levé du bon pied et être défoncé dés le réveil n'a jamais amélioré qui que ce soit. Le pire dans l'histoire c'est que personne n'est là pour m'aider à contrôler mes gestes. Et vu mon état personne ne sait vraiment de quoi je suis capable. Je suis pas quelqu'un de méchant mais en ce moment même je ne suis pas moi. Je le suis rarement en fait. Qui sait, une claque ça part vite et encore une gifle c'est rien faut-il que je parvienne à m'arrêter. La scène de la fille battue se déroule dans ma tête. Je frissonne à cette idée. Je bloque le corps de Lecto contre le mur le plus proche. Mes yeux menaçants ne lâchent plus les siens. Je l'empêche de bouger, serre les dents pour m'empêcher de lui gueuler dessus. Ma gorge se noue. Un goût amer règne dans ma bouche sèche.
« Je t'interdis d'allez chez ce ... » Ouais je suis mal placé pour le traiter de fils de pute. « C'est un connard. » Je sais qu'Alecto va vouloir des explications. Comme toujours. « Cherche pas à savoir. C'est comme ça. Et commence pas à m'dire que c'est quelqu'un de bien parce que tu sais absolument rien de ce bâtard. »
Je sens qu'on tire sur mon pantalon. J'baisse les yeux et vois Hannibal, les crocs enfoncés dans le tissu. Comme s'il voulait ne cherchait qu'à défendre ma fille. C'est peut-être con comme ça, mais, sa réaction suffit à me faire réfléchir. On dit qu'un animal ressent toujours le danger. J'en conclus amèrement que j'en suis un. Je me recule d'Alecto, plante à nouveau mon regard dans le sien. Je sais très bien qu'elle ne va pas en rester là. J'hésite à attendre sa réaction ou bien l'empêcher de s'exprimer. En fait je ne peux plus contenir ma colère, j'me laisse submerger par la situation. J'ai l'impression de nager en pleine mer. Puis, alors que je m'y attends pas une vague m'arrive en pleine gueule. Je bois la tasse. Et, plutôt que de me noyer je dois me débattre comme un dingue. Mais, au final, je panique tellement que quoiqu'il arrive je suis voué à me noyer. Ma voix, basse et froide brise à nouveau le silence.
« J'peux te jurer que si tu vas le voir j'le crève. Où alors tu repasses plus cette porte. J'sais pas ce que je fais mais tu risques dans tous les cas d'en souffrir et ça j'm'en balance. Les gens comme lui méritent que la prison. Et encore, c'est sympa pour eux. » Je déglutis difficilement. « Maintenant tu fais ton putain de choix. Si tu passes cette porte j'te jure que j'vais pas m'arrêter là. »
Je sais même pas pourquoi je lui demande de faire un choix alors que je ne compte pas la laisser partir. Il est pour moi parfaitement impensable de la laisser en pleine nature avec Sylvain. C'est comme se jeter dans la gueule du loup. C'est différent mais ça revient au même. J'suis à quelques centimètres seulement d'Alecto. Je peux entendre sa respiration. Je peux mais je n'y arrive plus, les battements de mon cœur sont bien trop fort.
A nouveau, mes mains tremblent.
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Sujet: Re: « Good Morning ! » feat Cerbichou Ven 12 Aoû - 14:40
Alors que je m’apprêtai à me passer sa veste sur le dos, le poing de mon père s’abattit violemment sur la table. Si violemment que son bol de céréales se renversa sous le choc. Je sursautai et fis volte-face pour voir ce qui n’allait pas. Était-ce le fait que je lui emprunte sa veste en cuir qui le mettait dans cet état ? Si ce n’était que ça, je pouvais très bien me les geler jusqu’au 15ème arrondissement, ce n’était pas un problème. Après tout, peut-être que son blouson avait une valeur sentimentale pour lui ? Il s’agissait peut-être d’un cadeau de Simba ou je sais pas. Parce que ouais, ça m’étonnerait franchement que mon père ait un jour eu assez d’argent que pour s’offrir une veste pareille. Résignée à ne pas le mettre en colère, je reposai le veston à l’endroit où je l’avais trouvé. Comme une conne, j’étais vraiment persuadée que c’était ça qui l’avait mis en rogne. Je n’avais pas fait le rapprochement entre son accès de colère et Sylvain. J’ignorais qu’ils se connaissaient et visiblement, mon père était loin de le porter dans son cœur. Sûrement une histoire de fille ou de drogue, ça. C’était un peu près les seuls sujets susceptibles de mettre mon vieux hors de lui. A moins que Sylvain n’ait un jour regardé Simba avec trop d’insistance ? Ca m’étonnerait quand même. Si ça avait été le cas, mon père l’aurait probablement haï jusqu’à la fin de ses jours, certes, mais pas au point de souhaiter sa mort. Cerbère Kyros était peut-être un drogué invétéré, un connard d’égoïste, mais pas un psychopathe. Il n’était pas de nature meurtrière d’habitude. Violent oui, meurtrier, non. Ce n’était pas dans ses habitudes d’avoir ce genre de pulsions. Tellement pas que j’avais du mal à le prendre au sérieux. A voir son expression, je pensais qu’il s’agissait plutôt d’une mauvaise blague de sa part – mon père était un très bon comédien –. J’étais persuadée qu’il avait monté tout ça sur pied uniquement dans le but de me taquiner et de me foutre la frousse pour qu’on en rigole ensuite tous les deux. Mais visiblement, c’était loin d’être du chiqué. Du moins, c’est ce que je compris lorsque mon paternel m’attrapa par le bras pour me ramener contre lui. Je ne comprenais pas ce qui lui arrivait. Mais quelle mouche l’avait piqué, putain ? Choquée, je me laisse faire. Je n’ai pas envie d’attiser sa colère en jouant les filles rebelles. Je ne sais pas comment me comporter face à ce Cerbère dont les nerfs étaient à vif. C’est la première fois que je le voyais dans cet état. Enfin, pas exactement. Rectification : c’est la première fois que sa colère était dirigée contre moi. D’habitude, il ne s’en prenait qu’à lui-même. L’autodestruction, tout ça, c’était son truc. Mais pas celui de s’en prendre à sa progéniture. Ca ne lui ressemblait pas.
« Cherche pas à savoir. C'est comme ça. Et commence pas à m'dire que c'est quelqu'un de bien parce que tu sais absolument rien de ce bâtard. » Nan mais il était sérieux, là ? Il pensait vraiment que j’allais me contenter de rester comme une petite fille bien sage sans qu’il ne me donne de détails supplémentaires concernant ses différends avec Sylvain ? Il me connaissait bien mal. En plus, il avait pris la peine de me sortir le grand jeu, en me coinçant contre le mur de sorte à m’obliger à l’écouter attentivement. J’en avais pas l’air comme ça, mais je flippais ma race. Heureusement qu’Hannibal était là pour m’aider à le raisonner. Non mais pour qui il se prenait ? C’était certainement pas à lui, le mec parfait bourré de défauts, de juger Sylvain. Mais ça, je me retins bien de lui dire. Je l’aimais trop pour lui balancer quelque chose de ce genre à la gueule. Je me contentai donc de l’écouter. Lorsqu’il eut fini son cinéma, je me dégageai rapidement de son emprise en me tortillant avec souplesse avant de me jeter à quatre pattes pour fuir à l’autre bout de la maison, en direction de la porte, Hannibal galopant à mes côtés. Ce petit bout de chou prenait tout ça pour un jeu. Il ne se rendait certainement pas compte que tout ce que je voulais, c’était fuir la proximité de mon géniteur. Il me foutait les jetons, je n’ai pas honte de l’avouer.
Evidemment, tout en me redressant je lui lançai les quelques mots suivants à la figure. C’était plus fort que moi, je ne pouvais pas me taire. Il fallait que je joue les petites impertinentes, quitte à empirer les choses.
« Si tu crois vraiment que tu vas m’empêcher de passer cette porte sans me donner de raison valable et précise, tu te trompes sur toute la ligne. »
Je ne trouvai alors rien de mieux à faire que de le défier du regard. Je pense que vu l’état dans lequel il se trouvait, c’était probablement la dernière chose à faire pour le calmer. Maintenant que j’étais près de la porte et que j’avais imposé une certaine distance entre moi et mon père, je me sentais un peu plus en sécurité. Sauf que ma bonne conscience m’empêchait de le quitter sur ces mots. Je me permis donc d’ajouter :
« Mais enfin papa, je peux savoir à quoi tu joues là, putain ? Tu ne crois pas que t’en fais un peu trop, là ? Je crois que tu ferais mieux d’aller te coucher. La drogue t’es montée au cerveau ou quoi ? Est-ce que tu te rends au moins compte de ce que t’es en train de me dire ? T’es carrément en train de me menacer de tuer Sylvain ! A t’entendre, c’est le pire des enfoirés mais c’est bon, relax … » Petit temps d’hésitation. Qu’est ce qu’il venait de me dire de ne pas dire, déjà ? (a) « Sylvain, c’est un mec bien. Puis c’est pas la première fois que je le vois, y a aucun risque ! Tout ça pour dire qu’il faut faire la part des choses entre hallucinations et réalité mon vieux, parce que là, tu nages en plein délire. Il n’y a pas plus gentil que Sylvain. Il est clair comme de l’eau de roche. Enfin, c’est vrai quoi, tu me connais ! Est-ce que j’ai l’habitude de fréquenter des ordures ? Non. Alors te fais pas de bile, sérieux et surtout, arrête de te mettre dans des états comme ça. C’est pas bon pour ton cœur. Et te voir mourir d’une crise cardiaque à cause d’un malentendu est la dernière chose que je souhaite, crois-moi. » J’étais sérieuse. Je pense que si mon géniteur venait à mourir, je ne m’en remettrais pas. Autant ma mère pouvait crever sous mes yeux que j’en aurais rien à foutre, autant mon père c’était mon père quoi Ö. « Puis arrête de jouer les pères possessifs là, ce rôle te va pas vraiment. C’est bon, je sais que tu tiens à moi, c’était pas la peine de m’arracher le bras pour me le faire comprendre. »
Je pensais franchement que ces mots auraient réussi à le calmer, à lui faire retrouver la raison. C’est pourquoi je m’aventurai sans crainte jusqu’à la porte, sortant le double des clefs de la porte d’entrée que je m’étais fait de la poche du short que j’avais emprunté à mon père. Grossière erreur vous dites ?
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Sujet: Re: « Good Morning ! » feat Cerbichou Sam 13 Aoû - 3:50
Mon regard suit les moindres mouvements de ma fille. Je la laisse se rapprocher de la porte sans prendre la peine de tenter de la retenir. Ça ne servirait à rien, absolument rien. Hannibal la suit et c'est ainsi que j'me retrouve con. Je lis la peur dans le regard d'Alecto, une peur qui me fait réfléchir un simple instant. Comment j'en suis arrivé là ? Puis, merde, une fille ne doit pas avoir peur de son père. C'est pas humain. La vie est décidément trop compliquée pour moi. J'ai toujours cette colère aveuglante qui est là, logée en moi, prête à faire exploser n'importe quoi. Je sens mon pouls se calmer mais, lorsque sa voix brise l'atmosphère tendue de l'appartement à nouveau mon cerveau met en marche mon système nerveux. La colère revient au galop. « Si tu crois vraiment que tu vas m’empêcher de passer cette porte sans me donner de raison valable et précise, tu te trompes sur toute la ligne. » Provocation. Mon être tout entier tremble, je m'avance d'un pas de la jeune fille. Je sais qu'elle cherche à me pousser à bout et putain ce que ça marche bien. Je rentre dans son jeu comme un véritable gamin. J'laisse encore un peu de distance entre nous pour la laisser croire que je vais abandonner. Son regard qui ne cesse de me défier ne fait qu'attiser la flamme de haine qui brûle dans mes yeux. Alecto ne cesse de parler. Mon estomac se tord, emmenant avec lui une envie de vomir. J'ai presque rien bouffé et, vu l'état dans lequel je me mets ça m'étonnerait pas de finir la tête dans les toilettes. Sylvain, c’est un mec bien. C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase, l'huile sur le feu, le couteau dans la plaie. C'est un mec bien ? Okay, d'accord. Tu nages en plein délire. Mais ma pauvre, c'est maintenant que tu t'en rends compte ? J'me rapproche d'elle, l'attrape par le t shirt et l'oblige à se relever. Je la traite comme une vulgaire poupée. Ouais je sais que c'est ma fille, j'suis au courant, j'ai contribué à la conception de ce truc. A nouveau, Hannibal tente de s'accrocher à mon jean. Je lui fous un léger coup de pied pour le faire dégager et plante mon regard dans celui de Lecto. Tu veux jouer à la plus forte ? C'est pas parce que j'suis complètement défoncé que j'peux pas te tenir tête. Surtout à toi quoi.
« Tu me prends vraiment pour un con. » Je la tiens à nouveau par le bras. Faut croire que ça devient une habitude chez moi. =') « T'es conne au point de pas pouvoir comprendre ? Ton Sylvain est loin d'être fréquentable. Maintenant tu vas pas m'emmerder avec tes caprices. CA SERT A RIEN ! T'ENTENDS ? Tu quitteras pas cette baraque. T'iras pas trainer dans ces PUTAINS de rue pour aller voir cette vermine. J'veux pas que tu me crois uniquement le jour où il t'arrivera quelque chose. » Mes doigts se resserrent d'avatange sur son bras, cette fois je ne la laisserai pas partir. « Oh et puis pas la peine d'essayer de passer par la fenêtre c'est trop haut. Tu risquerais de finir comme une carpette si tu venais à tomber. J'ai pas envie de voir les flics débarquer ici. »
J'pense pas qu'aux flics, non. La première chose qui m'est venue en tête est la mort d'Alecto. J'm'en remettrais jamais s'il lui arrivait quelque chose. C'est peut-être pour ça que je me retrouve dans cette situation avec elle. J'veux pas tout faire foirer comme j'ai le don de le faire. En fait ouais, j'ai peur que ça foire encore une fois. Tout peut si vite basculer, ça m'fout la trouille. Si vous voulez savoir j'ai TOUT le temps la trouille. J'voudrais figer le temps pour ne plus perdre qui que ce soit. Je n'veux pas qu'Alecto traverse cette porte parce que j'ai le putain de sentiment qu'elle ne reviendra pas. Je réagis comme un connard mais ça n'a pas d'importance. J'exerce à nouveau une pression sur son bras et la tire vers moi, l'obligeant alors à suivre mes pas. Je pousse les affaires qui trainent sur le sol et barrent mon chemin par de violents coups de pieds. Mon cœur bat toujours à vive allure, tout en moi semble être passé à la vitesse supérieure. J'ouvre la porte de ma chambre et pousse violemment Alecto à l'intérieur avant de l'enfermer à double tour, seule, dans cette pièce. C'est à travers le bois de la porte que je me mets à hurler comme un taré.
« J'TE FAIS LA PROMESSE QUE TU REMETTRAS PAS UN PIED CHEZ LUI ! Tu sortiras pas de cette chambre avant de coopérer un minimum avec moi. Tu peux crever de faim c'est pas mon problème. » Ne pouvant plus retenir ma rage, mes poings s'abattent sur la porte. « C'EST TROP COMPLIQUE POUR TOI D'AVOIR CONFIANCE EN MOI ? HEIN ? J'SUIS TROP CON POUR POUVOIR DIRE DES CHOSES CENSEES ? C'EST C A ? » Puis, épuisé après quelques minutes à taper contre ce bois qui ne demandait rien à personne je me décidé enfin à cesser mes conneries. « J'veux pas qu'il s'en prenne à toi. Comprends ... Puis merde. » Dernier coup de pied.
Peut-être qu'elle n'écoute pas ce que je dis, peut-être qu'elle pleure sur le lit, peut-être que … Je n'sais pas. Puis je m'en balance, J'ai fait ce que pense être bon pour elle, j'ai été certainement un peu violent mais ce n'est pas mon soucis. Transpirant, je me laisse lentement glisser le long de la porte. Ma figure fixe un moment le plafond avant de plonger dans mes mains. A bout de nerf, une larme coule sur mon visage. J'ai beau hurler, menacer et jouer au gros dur au fond j'suis qu'un type hypersensible. Le moindre truc me touche, j'me remets en question dés que l'occasion se présente. La preuve, j'suis là, comme un con, vaincu par sa fille. On ne naît pas père, on le devient.
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Sujet: Re: « Good Morning ! » feat Cerbichou Sam 13 Aoû - 16:29
Avant même que je n’aie eu le temps de me relever, mon père était sur moi, m’empoignant par le t-shirt avant de me soulever dans les airs. Je ne me débattis pas. Ca ne servirait strictement à rien, à part à jeter de l’essence sur le feu qui l’enflammait en ce moment même. Je me contentai de planter mon regard dans le sien, cherchant à comprendre pourquoi il en voulait tellement à Sylvain. C’est vrai quoi. Au risque de me répéter, Sylvain était un gars bien. Il le portait sur son visage. Visage parsemé de cicatrices. Je pensais savoir d’où venaient ces dernières, maintenant. Ca ne m’étonnerait même pas que mon père ait été lui réglé son compte en se fiant à des rumeurs le concernant. C’était tout lui, ça. Il fallait TOUJOURS qu’il agisse sans réfléchir aux conséquences de ses actes. Il avait de la chance de ne jamais être tombé sur plus fort que lui, à l’heure qu’il était. Sinon, il ne serait probablement plus là pour en parler. Alors que mon père s’égosille pour me faire comprendre que je n’ai plus intérêt à approcher Sylvain, Hannibal vient à ma rescousse pour la deuxième fois de la journée. Mon père lui flanque un léger coup de pied pour lui faire comprendre de ne pas insister. En temps normal, jamais Kyros Senior n’aurait fait de mal à son chiot. Il y tenait autant qu’à moi. C’était comme un fils pour lui. Faut croire qu’il est défoncé au point de ne plus savoir ce qu’il fait. Ce n’est probablement pas la première fois, ni la dernière, d’ailleurs. De mon côté, j’ai abandonné l’idée de me battre contre lui. Je me contente d’assister aussi passivement que ma position le permet à la scène qu’il me fait. «. J'veux pas que tu me crois uniquement le jour où il t'arrivera quelque chose. » Bah voyons. Voilà qu’il fait ça pour mon bien, maintenant. Mais merde quoi, j’ai 17 ans, j’suis assez grande pour faire la différence entre les bonnes et les mauvaises personnes. J’ai plus besoin d’avoir un père à dos pour me tenir la main. J’aurais voulu lui cracher ces quelques mots à la gueule mais je me retins par crainte d’empirer la situation. Parfois, il faut apprendre à fermer sa gueule. C’est dur mais c’est comme ça.
Alors que je m’apprêtais à regagner mon canapé, résignée à ne pas aller voir Sylvain, mon père ne vit pas ça d’un même œil. Il semblait persuadé que même après le savon qu’il venait de me passer, j’avais toujours envie de quitter l’appartement. Sans dire un mot, il m’empoigna par le bras et me traîna derrière lui, m’obligeant à le suivre. J’étais trop lassée de son comportement de gamin pour lui expliquer qu’il n’avait pas besoin de m’enchainer, que je n’allais pas partir de toute façon. Sur tout le temps qu’a duré le trajet salon-chambre, j’ai retenu mes larmes. Je n’avais pas envie qu’il pense que j’essayais de l’avoir par la pitié. J’étais peut-être blonde mais pas conne. Je savais qu’il ne céderait pas et ce, même si je l’implorais à genoux de me laisser aller voir Sylvain. Lorsqu’il me poussa dans la chambre, j’atterris pile ma gueule sur le lit. C’est le matelas moelleux de la chambre de mes « parents » qui me réceptionna. Complétement dévastée par ce qu’il venait de se passer, je plongeai ma tête dans l’oreiller de mon père et me mit à hurler. Le coussin étouffa les sons. Je ne voulais pas qu’il m’entende. Bientôt, mes cris se transformèrent en larmes. Comme une conne, je me sentais coupable de l’avoir mis dans cet état. Je regrettais de ne pas l’avoir écouté de suite. Ca lui aurait épargné de mettre la confiance que je lui portais en doute. Je réagissais vraiment comme une petite fille. J’aurais pu me tracasser pour Sylvain à qui je venais inévitablement de poser un lapin mais à la place de ça, je m’en faisais pour mon père. J’avais peur qu’il ne m’aime plus et que notre relation change après ce petit incident. Mes pensées me rongeaient l’esprit. Décidée à y mettre fin, je me levai et retournai tous les tiroirs de la chambre de mon vieux à la recherche de quoi me calmer. Je ne tardai pas à tomber sur un sachet de poudre blanche. En l’absence de Simba, mon père ne prenait pas la peine de planquer ses doses. Quand le chat n’est pas là, les souris dansent, comme on dit. Ignorant complétement ce qu’il pouvait bien me chanter depuis l’autre côté de la porte, je renversai le contenu du sachet sur la table de chevet et m’agenouillai devant cette dernière avant de m’emplir les narines de cette poudre magique. Une vague de bien être déferla alors sur moi. J’en oubliai Sylvain, j’en oubliai mon père qui était en train de marteler la porte à coups de poing. Je me sentais bien, quoique prise d’une irrésistible envie de dormir. Sans demander mon reste, je me laissai tomber sur le lit double et fermai les yeux jusqu’à ce que le sommeil vienne me prendre.