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ooh la la paris, réouverture. 02/11/14.
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 « THE topic : les Kyros savent pourquoi (a) » feat Cerb'

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MessageSujet: « THE topic : les Kyros savent pourquoi (a) » feat Cerb'   « THE topic : les Kyros savent pourquoi (a) » feat Cerb' EmptySam 13 Aoû - 15:47

« THE topic : les Kyros savent pourquoi (a) » feat Cerb' 2crsrxu

Je n’avais pas fermé l’œil de la nuit. Tous les mélanges d’alcool et de drogues stimulantes que j’avais faits m’en avaient empêché. De plus, les derniers invités venaient à peine de quitter les lieux. Je m’étais un peu sentie obligée de les accompagner dans leurs délires jusqu’à l’aube vu que mon père n’était pas là pour le faire. Ce dernier avait disparu au beau milieu de la nuit. Et moi, comme une grosse naïve, j’étais persuadée qu’il était parti se coucher, assommer par une bonne dose d’héroïne ou quelque chose de ce genre. Si seulement j’avais su … Enfin bref, j’étais persuadée que pendant que je me cassais le cul à ranger tout le bordel de la veille pour lui faire plaisir mais surtout, pour respecter notre promesse faite à Simba, Monsieur Cerbère faisait la grasse matinée. Inutile de préciser que l’appartement était un vrai dépotoir. Le sol était jonché de morceaux de verre brisé, de gerbe – qui dégageait d’ailleurs une odeur pestilentielle. C’était à se demander ce qu’ils avaient bouffé avant – et d’alcool soigneusement renversé. J’avais bien fait de ne pas déjeuner en me levant sans quoi je n’aurais pas tardé à remettre mon bol de céréales. Et si seulement nos invités d’enfer s’étaient contentés de mettre l’appartement sans dessus dessous mais non, il avait fallu qu’ils dégobillent aux quatre coins de la maison. Mais merde quoi, on ne leur avait jamais appris qu’il y avait des toilettes pour ça ? Ou alors mon père avait tout simplement omis de préciser où se situaient les WC et ces messieurs avaient trouvé mieux à faire que de chercher les lavabos sur le moment même. Tout ça pour dire que dans mon immense bonté, j’avais balayé et nettoyé l’appartement de fond en comble et ce, même si mes muscles criaient de fatigue et que mon corps ne demandait qu’à se reposer et à se remettre de ses émotions.

A 9h00 précise, tous les objets avaient retrouvé leur place initiale. C’était comme si cette soirée n’avait pas eu lieu. Ne sachant pas trop quoi faire pour tuer le temps à présent, j’entrepris de concocter un petit déjeuner digne de ce nom à apporter à mon cher papa pour qu’il puisse se régaler sans quitter son lit. Sauf que je ne tardais pas à baisser les bras lorsque j’ouvris le frigo. Celui-ci avait été dévalisé au cours de la nuit. Les invités de mon père avaient pris ce dernier au pied de la lettre lorsqu’il leur avait dit de faire comme chez eux. Seule une brique de lait avait été épargnée. Bon ben, n’ayant pas trop le choix, je me rabattis sur le petit déjeuner banal. Rien de très sophistiqué, donc. Juste un bol rempli à rabord de ses céréales préférées accompagnées d’un verre de jus d’orange, le tout posé sur le premier plateau propre qui m’était tombé sous la main. Je pris alors la direction de sa chambre, me concentrant pour ne pas me trébucher de fatigue à chaque pas que je faisais. A l’instant où je tendais ma main libre vers la poignée de la porte, cette dernière s’ouvrit. Une nana en sortit alors à moitié en courant. Je mis un certain temps à capter ce qu’elle pouvait bien faire là. Cette dernière venait de quitter l’appartement sans même m’adresser un regard. Toute perdue suite à ce que je venais de voir, je lâchai le plateau qui alla s’écraser au sol dans un vacarme assourdissant. Visiblement pas assez assourdissant pour réveiller mon père qui dormait toujours à poings fermés. Je mis un certain avant d’entrer dans sa chambre. Depuis que j’avais pratiquement passé une journée enfermée à l’intérieur de cette dernière, il y avait comme une barrière transparente qui m’arrêtait à chaque fois que je voulais y entrer. Je finis par franchir le pas, serrant les poings pour me retenir de ne pas marteler le corps de mon père à l’aide de ceux-ci. Ce que je vis confirma mes soupçons. Mon père était nu sous ses draps qui heureusement, étaient remontés jusqu’à la taille. Il n’avait même pas pris la peine de se rhabiller après l’acte. Du moins, c’est ce que j’avais déduit en apercevant ses vêtements empilés au sol en un tas informe. Je ne sais pas ce qui me retenait de lui retourner une paire de claques pour le réveiller. Au lieu de ça, je choisis la manière douce. Je revins sur mes pas et me dirigea vers la cuisine où je remplis un verre d’eau que je lui jetai à la figure. Une fois que ce dernier émergea de son sommeil, je ne lui laissai pas le temps de reprendre ses esprits que déjà, je le harcelais de questions. Je brandis mon pouce en direction de la porte d’entrée. Et qu’il ne fasse surtout pas semblant de ne pas comprendre de qui je parlais.

« Qu’est-ce qu’elle foutait là, elle ? Enfin, j’veux dire, pas besoin de me faire un dessin mais … » Je marquai une pause afin de chercher mes mots. Je décidai alors d’aller droit au but. J’en avais rien à foutre de ce qu’il avait bien pu faire avec cette Sarah. Ce n’était pas mes affaires mais pourtant, je ne pouvais m’empêcher de penser à Simba qui était devenu cocu. Le comportement de mon père me dégoûtait. Ca devait se lire sur mon visage crispé par la colère. « Et Simba dans tout ça, t’en fais quoi ? Putain mais t’es vraiment trop con. Franchement p’pa, j’sais pas ce qui t’est passé par la tête mais faut que tu te resaisisses parce que là, tu crains. Vraiment. »

Oui, je sais, ce n’était pas mon rôle de le secouer comme ça. Je n’étais que sa fille et j’avais seulement le droit de me taire. Seulement, toute cette histoire me rendait malade. Je savais qu’il allait le regretter et qu’il allait en souffrir. Je n’avais pas envie qu’il touche le fond pour de bon. Mais apparemment, lui, c’était tout ce qu’il désirait. Il ne faisait que creuser. Jamais il n’essayait de remonter la pente. D’ailleurs, il ne devait plus être très loin du noyau de la terre. Bref, j’aurais pu m’arrêter là pour les reproches mais j’étais bien décidée à continuer sur ma lancée pour lui faire ouvrir les yeux.

    «Et par pitié, dis-moi que c’était un bon coup ! Ce serait vraiment dommage d’avoir foutu ton couple en l’air pour une fille qui n’en valait pas la peine, hein ? » Ouais, j’avais que ça à faire : retourner le couteau dans la plaie. J’étais très douée dans la matière. « En tout cas, mes félicitations ! T’as encore donné l’occasion à une Tremblay de ruiner ta vie, mon pauvre. A croire que tu sais faire que ça, tout gâcher. J'espère que t'es fier de toi. »[i] Sur ces mots, j’eus un petit rire nerveux. Je m’abaissai pour attraper son caleçon et je lui jetai à la figure avant de lui lancer d’une voix glaciale. « Allez, rhabille toi, tu fais pitié. »


Je quittai alors la pièce, furieuse. Comment ça, ce n’était pas une façon de parler à son père ?
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MessageSujet: Re: « THE topic : les Kyros savent pourquoi (a) » feat Cerb'   « THE topic : les Kyros savent pourquoi (a) » feat Cerb' EmptyDim 14 Aoû - 3:22

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“ J'avais envie de détruire quelque chose de beau.
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De l'eau glacée dégouline sur mon visage. Mon cœur se serre, ma tête se relève dans un gémissement de plainte. C'est quoi ce bordel ? Mes yeux s'ouvrent, j'ai pas le temps de dire quoi que ce soit que je me retrouve harcelé de questions. How on se calme, ok ? J'ai du mal à suivre, un je ne sais quoi me tape inlassablement dans la tête. Douleur. Lendemain de soirée. Je passe une main sur mon visage afin d'essuyer l'eau qui le trempe et rend ma vue difficile. Je suis tellement endormi que je ne trouve pas le force de gueuler sur Alecto pour lui demander de fermer sa gueule. Puis de toute façon, j'ai pas le temps d'en placer une. Elle ne cesse de me bombarder de questions. Je fronce les sourcils pour m'efforcer de suivre ses paroles. Faudrait qu'elle pense à ralentir la cadence, il est bien trop tôt pour que mon cerveau soit en parfait état de marche. Mes mains se posent un instant sur mes oreilles pour lui montrer qu'elle me donne mal au crâne. Mais, cela ne lui fait rien, Alecto ne cesse d'enchainer. « Qu’est-ce qu’elle foutait là, elle ? Enfin, j’veux dire, pas besoin de me faire un dessin mais … » Mes yeux se posent alors immédiatement, au fond du lit se trouve un soutien gorge. Merde. C'que je peux être con. Ma nuit me revient, Sarah. Bordel de merde. Pourquoi j'ai fait ça ? Encore mon habitude à tout foutre en l'air. J'ai absolument aucun sentiment pour cette fille et pourtant fallait bien que je me la fasse. J'suis un chien, suffit d'un coup de langue pour que j'me mette à l'action. Connasse d'infidélité. J'ai absolument tout avec Simba. J'suis raide dingue de ce type, toujours prêt à me plier en quatre pour le voir sourire. Il m'a pardonné des tas d'erreurs, il m'a donné sa confiance. Et putain, j'ai rien trouvé de mieux que de lui planter un couteau dans le dos dés qu'il m'a laissé. Con, Alecto a parfaitement raison j'suis qu'un pauvre con complètement désespéré. Amoureux jusqu'aux os et pas capable d'attendre un fichu mois pour retrouver celui qu'il aime sans faire une connerie.

A croire que tu sais faire que ça, tout gâcher. J'espère que t'es fier de toi. Je la regarde, les yeux brillants. Qu'est-ce qu'elle veut que j'y fasse moi ? Mes poumons me brûlent, tous mes muscles me font souffrir. Le manque de drogue commence à se faire sentir. J'le combats comme je peux. Alecto me jette mon caleçon que je m'empresse d'enfiler sans rien dire. Trop honteux pour trouver la force de lui répondre. Je la laisse quitter la chambre sans chercher à la contredire. Je m'occupe à trouver un jean que j'enfile. La fraicheur du matin caresse ma peau me décrochant alors un frisson. Ma main s'enfonce dans la poche de mon pantalon, à la recherche de ma dose quotidienne mais je n'y trouve rien. Un rire nerveux quitte ma bouche. Mon corps ne cesse de réclamer sa dose mais je n'ai rien, j'ai usé mon stock. La panique monte en moi, je me mets à chercher nerveusement de quoi assouvir mes besoins. Je vide mon armoire en un rien de temps. Où te caches-tu ? Soupire. Je ferme les yeux, prend une longue inspiration pour tenter de me calmer mais rien n'y fait. Bordel de merde ! Y a cette nuit qui me revient en tête. Pourquoi j'ai fait cette putain de connerie ? J'ai tout pour être heureux mais non, c'est plus fort que moi faut que j'envoie tout en l'air. Comme un de ces grands connards qui blesse pour montrer qu'il existe. Je me dirige vers la porte de ma chambre. Les yeux rouges, par envie de verser des larmes mais aussi par fatigue.

    « Alecto, écoute … » Je n'sais pas quoi dire, j'ai absolument pour rien ma défense. A force de jouer avec le feu on finit par s'y brûler. Dévasté, je baisse les yeux. Manque, putain de manque qui me rend complètement fou. J'parviens pas à regarder droit dans les yeux ma fille. « J'ai merdé sur toute la ligne. » Mes poings se serrent, ils ne savent faire que ça d'ailleurs. « JE LE SAIS BORDEL DE MERDE ET JE LE REGRETTE ASSEZ COMME CA. » Ma voix s'élève, puis, se brise. Hurler ne me fait pas gagner de l'assurance. « J'sais rien faire d'autre que détruire tout c'que je touche. » Je recule d'un pas. « Mais j'vais régler ça. Fais moi confiance. »


Je cherche pas de la pitié, je balance juste la dure vérité. Alors, comme un con, je n'sais pas ce qui traverse dans ma putain de tête mais, je retourne sur mes pas. Je croise mon reflet dans le miroir, j'suis terriblement maigre, mon allure fait pitié. La tristesse me fait faire des choses que je ne contrôle pas et j'en suis son esclave. Son putain de pantin. J'ouvre la fenêtre de ma chambre. A nouveau, je ferme les yeux pour puiser une once de courage qui traine quelque part dans mon âme esseulée. Je monte agilement sur le rebord de la fenêtre. Sous mes pieds se trouvent le boulevard Barbès. Un vent froid caresse mon torse. J'ai l'impression de me sentir pousser des ailes. Sourire. Douce euphorie. Je vais régler ce problème de vermine. Tout le monde me voit comme le parfait connard qui ne pense qu'à sa gueule. Le sourire qui barre mon visage s'effondre. Lorsque les minutes passent, j'me rends un peu plus compte du mal que j'ai fait. Les larmes qui menacent de couler depuis mon réveil s'échappent enfin de mes yeux. J'suis prêt à sauter, j'ai envie, plus rien ne me retient ici. Une grande partie de moi-même se fout de savoir comment cela va finir. Parce que cette grande partie sait que tout est déjà terminé. En sautant, je ne ferai qu'accentuer ma fin. Je tourne ma tête en direction de la chambre afin que ma voix résonne dans l'appartement.

    « ALECTO ! » Je l'appelle. J'ai pas spécialement envie qu'elle voit son père terminer comme une crêpe mais faut que je lui dise … Avant qu'elle n'arrive mon regard se pose sur Paris. Frisson. « Promets-moi d'arrêter toutes tes conneries. J'vais te le répéter encore, ça va pas te rendre meilleure. Aussi, j'suis fier d'avoir une fille comme toi. Vraiment. Ta seule erreur s'est d'être ici. Fallait pas que tu viennes me retrouver. J'vais te détruire à toi aussi. Prends soin d'Hannibal, il t'aime bien. J'sais que tu le trouves chiant mais c'est qu'un chiot. Ca va aller, t'es grande, t'as pas besoin de moi. T'as passé dix sept putains d'années loin de moi. » J'arrête de parler un instant, j'cherche à la rassurer. Les larmes ne cessent de couler. « J'fais pas ça par lâcheté. Puis, j'veux plus vous faire endurer toutes ces merdes à toi et Simba. Si je crève pas maintenant ce sera d'une overdose. Plus personne ne peut rien pour moi. J'ai décroché depuis longtemps Alecto. J'suis fatigué de vivre. Tu comprends ? » Putain, j'me mets à lui parler comme si c'était une gosse de dix ans. « J'vais juste me reposer. Papa va s'reposer. Et j'voulais te dire … » Je ne la regarde toujours pas. Pas assez de courage pour ça. « Je t'aime. Puis Simba aussi. C'est fou comme j'tiens à vous. J'veux pas vous perdre. Alors autant que j'parte en premier. » Je n'sais plus ce que je raconte. Je me calme quelques secondes. J'parviens à peine à respirer. Sans drogue je peux absolument rien faire. C'est comme ça. Enfin, mes yeux brillants s'ancrent dans ceux de ma fille tandis que je suis toujours perché sur le rebord de la fenêtre. « Tu m'as rencontré à un moment étrange de mon existence. »


J'ai envie de la prendre dans mes bras et lui dire que ça va bien se passer. C'est au dessus de moi. J'ai même pas la force de la regarder plus de 30 secondes. J'baisse les yeux, des gens sont en bas à me regarder. Si je saute j'suis foutu, si je recule j'suis foutu. Dans les deux cas le résultat est le même, la souffrance sera juste différente. J'me rends même pas compte de la scène que j'inflige à Alecto, je me rends plus compte de rien. Y a juste les remords qui me bouffent. J'ai bousillé mon couple avec Simba, j'avais sa confiance. MERDE. J'me souviens bien de notre rencontre. En peu de temps ce type est devenu absolument tout. Il s'est pointé dans un moment critique de ma vie. Il m'a dit de me bouger et pour la première de ma vie j'ai eu l'impression que quelqu'un en avait quelque chose à foutre de ma gueule et que cette personne méritait que je fasse des efforts. Et pourtant, j'me retrouve sur cette fenêtre, à jongler entre la vie et la mort. Complètement désespéré, affaiblit. Je sais aussi que toutes les drogues du monde ne suffiront pas à atténuer ma douleur. ntJ'ai détruis quelque chose de beau.

    « Reste pas ici. Pars. DEGAGE ! J'VAIS FAIRE UNE PUTAIN DE CONNERIE. J'veux pas que tu vois ça. » Ma voix se brise. Mon corps menace alors de plonger à tout moment.


    Et, il semblerait que dans mon dos, naissent à nouveau des ailes que je pensais perdues.
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MessageSujet: Re: « THE topic : les Kyros savent pourquoi (a) » feat Cerb'   « THE topic : les Kyros savent pourquoi (a) » feat Cerb' EmptyDim 14 Aoû - 4:14

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J’étais à peine arrivée dans la pièce d’à côté que déjà, je regrettai d’avoir parlé sur ce ton à mon père. Je savais qu’il devait déjà s’en vouloir énormément. Simba était tout ce qu’il avait. J’aurais dû le réconforter plutôt que de lui dire qu’il allait assurément le perdre. J’ignorais à quel point c’était le bordel dans sa tête. J’ignorais aussi qu’il était suicidaire, sans quoi je me serais abstenu d’être si vache avec lui. Ca me tuait d’avoir à l’engueuler comme ça mais sur le coup, son comportement m’avait répugné. Je ne le connaissais pas sous ce jour. J’ignorais qu’il était infidèle et le simple fait de m’en rendre compte me dégoûtait. Ca me mettait hors de moi qu’il puisse tromper Simba pendant que ce dernier était occupé à Londres, auprès de sa famille victime des émeutes. Mon père le respectait-il si peu ? Au point de lui planter des couteaux dans le dos alors que ce dernier avait déjà bien assez de problèmes dans son pays d’origine ? Je ne le reconnaissais pas. C’était pas possible. C’était pas mon père. Le Cerbère auquel j’avais fait face ce matin n’était pas le Cerbère amoureux et dévoué que je connaissais. J’avais l’impression de m’être retrouvée face à un vulgaire inconnu. Un enfoiré de la pire espèce. Le genre d’homme que je méprisais. Je ne voulais pas avoir cette image de mon père, c’est pourquoi j’avais préféré le laisser seul dans sa chambre le temps qu’il s’habille et qu’il rumine un peu sur ce qu’il avait fait. Je ne m’attendais pas à ce que pendant ce temps, ce dernier nourrisse des plans de suicide. Si tel avait été le cas, je ne sais pas ce que j’aurais fait mais je l’aurais empêché de se faire du mal à coup sûr. Je tenais trop à lui pour le perdre maintenant. S’il venait à mourir, je n’aurais plus personne qui me rattacherait à cette terre. Ma mère était morte à mes yeux et puis de toute façon, c’était hors de question que je retourne vivre chez cette traînée. Je n’avais pas de famille à part mon père. Juste des connaissances. Et nulle part où aller, donc. Je doutais fortement que Simba me garde avec lui si mon père venait à mourir. Ce serait probablement trop douloureux pour lui de poser son regard sur moi et de voir vivre Cerbère à travers ce petit bout de femme que j’étais. De plus, même si je trouvais une âme charitable qui accepterait de m’accueillir, je refuserais . Je ne voulais pas être un fardeau. Je ne voulais plus être fardeau. J’en avais marre de m’attacher à des personnes qui finissaient toujours par s’en aller trop tôt, d’une manière ou d’une autre, que ce soit emporté par la drogue ou victime d’un accident. La vie, la vraie vie, c’était de n’avoir rien à perdre.

« Alecto, écoute … » J’hésite entre faire semblant de ne pas l’entendre ou l’écouter. Je n’ai pas envie d’entendre ce qu’il a à me dire. Après tout, ce n’est pas mes affaires. Il était assez grand pour se prendre en main tout seul. Je ne pouvais plus rien faire pour lui à part prêter oreille et jouer à la psy. Ce que j’allais encore une fois faire. Je fis lentement volte face et glissai mon regard sur lui. Il était accoudé au chambranle de sa chambre à coucher, le regard vide et injecté de sang. Il est si maigre que l’on peut voir ses côtes. Ca fait peine à voir. Je ne lui fais pas la réflexion. Je suppose que Simba lui a bien assez souvent rabâcher les oreilles avec ça. Puis de toute façon, je ne vois pas l’intérêt de l’enfoncer un peu plus alors qu’il ne demande qu’à me demander des explications sur ce qu’il s’est passé cette nuit. « J'ai merdé sur toute la ligne. » C’est bien. Le fait qu’il en prenne conscience est déjà un très bon point. Il reconnait être en tort. Il ne cherche pas à remettre la faute sur le dos de Sarah. C’est une innovation pour lui qui a tendance à fuir les conséquences de ses actes. « JE LE SAIS BORDEL DE MERDE ET JE LE REGRETTE ASSEZ COMME CA. » Il a l’air sincère. Je ne dis rien, me contentant de le regarder s’égosiller avec un air compatissant. En réalité, j’ignorais tout de ce qu’il ressentait. Je n’avais jamais aimé quelqu’un au point de pouvoir mourir pour lui. Je n’étais pas du genre à m’attacher rapidement aux personnes que je rencontrais. Sauf avec mon père mais lui, c’était un spécimen à part. Un peu comme un rêve de gosse que j’avais toujours cru inaccessible. «« J’vais régler ça. Fais moi confiance. » Je ne sais pas pourquoi mais ses paroles ne m’inspirent rien qui vaille. Je le regarde regagner sa chambre l’air perplexe. Et là, mon instinct d’Alecto me pousse à lui emboiter le pas et à le suivre à l’intérieur. Ce que je vois me tétanise à un tel point que je fus rendue incapable de bouger. Mon père était debout, là, sur son appuie de fenêtre à regarder le vide avec envie. Quelque chose me disait qu’il n’avait pas ouvert cette fenêtre pour rafraichir la pièce qui puait l’alcool et la cigarette. Sur le temps qu’il me fallut pour réaliser ce qu’il s’apprêtait à faire, il aurait pu sauter dix fois. Heureusement, ce dernier me laissa quand même le temps de réagir en m’exposant oralement sa lettre de suicide. C’était classique. « Aussi, j'suis fier d'avoir une fille comme toi. » Mais pourquoi il dit ça, putain ? Ca fait vraiment parole d’un gars sur son lit de mort. Il est quand même pas sérieux, là ? Il va pas vraiment sauter, hein ? J’étais complétement perdue. Ses paroles m’arrachent un frisson qui remonte le long de ma colonne vertébrale. J’aurais préféré que jamais il ne me dise ses mots, qu’il continue à me traiter comme une gamine plutôt que d’avoir à regarder son visage déformé par le désespoir.

Je ne l’écoute plus. Je ne veux pas entendre et d’un côté, j’aimerais qu’il ne se taise jamais. Parce que je sais qu’au moment où il n’aura plus rien à dire, il allait se jeter dans le vide. J’avais déjà vu ça quelques fois dans les films mais jamais au grand jamais je n’avais eu à assister à une scène de ce genre. Je ne savais pas comment réagir. Tout ce que je savais, c’était que je devais l’empêcher de commettre ce geste. Je laissai donc l’adrénaline dicter à mon corps ce qu’il devait faire. J’entourai alors le torse de mon père de mes petits bras tout frêles et je me laissai tomber en arrière. C’était le seul moyen de le faire basculer avec moi. Il avait beau être maigre, ma force de microbe ne me permettait pas de le faire descendre en le tirant simplement vers moi. Heureusement, le lit derrière nous était prêt à nous réceptionner. Sans lui laisser le temps de se redresser, je me jetai sur mes deux pieds et galopai jusqu’à la fenêtre que je refermai violemment, non sans avoir jeté un coup d’œil au vide sous mes pieds. Les gens qui s’étaient attroupé en bas de l’immeuble ne tardèrent pas à se disperser. Je les emmerdais tous. Tous des idiots. Ils avaient bien vu l’acte de désespoir que mon père s’apprêtait à accomplir et aucun d’eux n’avait pris la peine de contacter la police. Tout ce qu’ils voulaient, c’était de l’animation. Des potins à raconter comme quoi le toxico du coin s’était écrasé comme une merde après s’être pris pour un oiseau. Tous des mauvaises langue. Putain que je les haïssais. Qu’ils crèvent tous en enfer.

Après m’être assurée que le danger était écarté, je me retournais vers mon père et lui sautai dans les bras, collant ma joue contre son torse. Je me mis alors à pleurer. L’accumulation du stress et de la peur de perdre mon père pour toujours, sans doute. Je tremblais de tout mon cœur. Je n’avais qu’à tendre le bras pour me recouvrir d’un drap mais je n’avais pas envie de le lâcher. J’avais peur qu’à l’instant même où je le libérerai de mon étreinte, ce dernier ne tenta de refaire une connerie de ce genre.

    « Ne me refais plus jamais ça, t’entends ? J’ai besoin de toi, bordel. Je veux vivre avec toi-même si tu me fais endurer toutes les merdes du monde, rentre toi ça dans le crâne. Si j’en avais eu marre de toutes tes conneries, je me serais barrée. Et c’est pas le cas. Alors à l’avenir, évite de refaire un truc de ce genre ou je te jure que je te tue de mes propres mains. »


Ma voix tremble. Je dois certainement être en train de l’étouffer mais je m’en balance. Mourir des causes d’un câlin est certainement moins désagréable que d’aller s’aplatir comme une crêpe sur le macadam.
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