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 quand le vomit et les larmes disparaissent, éventuellement (saana)

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MessageSujet: quand le vomit et les larmes disparaissent, éventuellement (saana)   quand le vomit et les larmes disparaissent, éventuellement (saana) EmptyMer 28 Nov - 19:54

vendredi 30 novembre, environs de 19h.
rue matignon, 8ème.


trop de sources t'ont annoncé ce que tu craignais le plus depuis mardi dernier, depuis votre dispute. plus d'une semaine, la plus longue dispute à laquelle vous avez pu avoir affaire, vous battez votre record, même si ce n'est pas sans difficultés. t'as essayé de te convaincre qu'ana le vivait bien, que tout allait bien pour elle. ça a marché, au début. et puis, mini est venue à ton appartement mardi soir, te disant, parce que tu le lui avais demandé, qu'ana ne mettait plus les pieds au lycée. première information, première source sûre. mais tu as tenu à vérifier par toi-même, et le lendemain, tu es allé devant le lycée, discret, tu l'as guettée, mais elle n'est jamais sortie. tu sais que c'est bien loin d'être bon signe. ça te bouffe. tes illusions s'effondrent peu à peu, tu réalises doucement qu'elle ne va, en vérité, pas bien. mais tu continues d'espérer, quand même, parce que l'espoir fait vivre. mais bien vite la seconde source sûre fait son apparition. jeudi, soit hier, tu n'as pas pu t'empêcher d'envoyer un sms à elys, voulant une confirmation ; "dis, ana va pas en cours ces jours-ci ?", et sa réponse n'a fait qu'enfoncer un couteau dans une plaie béante de regrets et d'angoisses. "elle fait une sorte de dépression, pleure et vomit à longueur de journée, ne sort plus de sa chambre, et refuse quasiment de parler. j'pense que c'est à cause de votre dispute, mais j'fais que supposer". son message t'a complètement anéanti, tu as réalisé que tu l'as mise dans un état pire que ce que tu n'aurais jamais pu imaginer. tu n'en as pas dormi de la nuit, pas fermé les yeux, pas une seule minute, pas un seul instant, ne faisant que te ressasser sans cesse le fait que tu la fais finalement plus pleurer que ce que tu la fais rire. mais tu es trop égoïste pour te résoudre à la laisser réellement en paix, sans toi. ça t'est impensable, tu ne le supporterais pas, même si tu te dis que peut-être, elle souffrirait moins sans toi. et finalement, après avoir tenu une semaine et trois jours exactement, tu craques enfin, et te diriges vers la rue matignon. qu'importe si tu risques de croiser sa famille qui te fait probablement maintenant. qu'importe de voir ana en zombie, tant que tu la vois. trop pressé pour attendre que l'ascenseur daigne arriver jusqu'à toi, tu montes les marches quatre à quatre jusqu'à atteindre son pallier. tu sonnes une fois, puis deux. on t'ouvre. sa mère. elle hésite à te faire rentrer, ça se voit, puis elle cède, tu n'sais pas pourquoi, mais ça t'est égal, à la limite. sans attendre, tu cours presque jusqu'à sa chambre et y entres sans frapper. et tu la vois, là, allongée sur le lit, blanche, maigre -plus que d'habitude-, l'allure morbide. elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. un frisson désagréable parcourt ton échine. vos regards se percutent, tu te figes. « ana.. »
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Rianne Harris
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MessageSujet: Re: quand le vomit et les larmes disparaissent, éventuellement (saana)   quand le vomit et les larmes disparaissent, éventuellement (saana) EmptyJeu 29 Nov - 0:34

Dans le fond, je ne sais pas ce qui m'a le plus détruite pendant cette semaine et demie passée à vomir mes tripes dans une bassine et à me déshydrater complètement en pleurant. Peut-être le fait de connaître chaque mot du dernier sms de Saad, celui qui mettait fin à notre relation – la relation amicale la plus importante à mes yeux, en passant. Peut-être le fait de ne pas l'avoir vu pendant une semaine et trois jours. Peut-être le fait que son odeur, son regard, sa présence et sa voix me manquent. Peut-être le fait que j'ai accéléré la chute et que toute cette situation soit ma faute et uniquement ma faute. Dans tous les cas, je vis mal toute cette situation. Je n'ai pas pu garder quoi que ce soit dans ce que j'ai pu manger, je vois bien que je suis beaucoup plus faible que d'habitude, épuisée et pourtant incapable de trouver un vrai sommeil réparateur, je sais que j'ai perdu du poids parce que mes côtes ressortent encore plus qu'avant, je sais que je suis encore plus pâle que d'habitude parce que ma mère rentre plus tôt du travail et s'en va plus tard, qu'elle est aux petits soins... Chose qu'elle ne se permet que quand je rechute ou que quand je suis en début de rémission. Elle a un poste important chez Vogue, elle a besoin de faire de chaque minute une minute productive pour le magasine. Et autant dire que passer son temps à me tendre une bassine, c'est pas la chose la plus glamour qu'elle ai pu faire dans sa vie. M'apporter des verres de SMECTA non plus, que les choses soient claires. Mais j'suis contente qu'elle soit là, ça prouve que sa famille est importante pour elle et que, bien qu'elle ai des responsabilités immenses et à la fois une froideur snob, ainsi qu'un surplus de charme et de classe, ma mère est une bonne mère. Elle s'est toujours pliée en quatre et a toujours tout fait pour que je me sente bien avec ma maladie et tout ce qui va avec. Et là, même si ça n'a rien à voir avec la leucémie que je me traine depuis déjà presque dix ans, elle est là et ça me fait du bien. Et puis y'a Yaëlle qui s'inquiète. Yaëlle a toujours été fragile lorsque ça me concerne et en a d'ailleurs fait les frais pendant le collège en prenant beaucoup de kilos d'un coup jusqu'à être en surpoids et en a beaucoup souffert. Et pour dire vrai, je m'en sens coupable et j'espère juste que cette situation ne se réitérera jamais. Simon, lui... Disons qu'il fait face à la situation comme il le fait si bien : il va dans le salon et s'énerve contre Saad qui "me fait souffrir", il ne supporte pas que je puisse aller mal et ressent toujours le besoin de rejeter la faute sur quelqu'un. Elys... Elle vient souvent me voir, c'est la seule personne à qui j'ai réellement parlé, parce que c'est la seule qui n'as pas une opinion négative concernant mon meilleur ami, la seule qui l'aime et qui sait qui il est réellement. Je fais le bilan de ma vie, les yeux à demi-fermés quand la porte de ma chambre s'ouvre pour la énième fois en une semaine. Lasse de tout, persuadée que Saad vit une vie bien plus saine sans moi à l'heure qu'il est, je tourne la tête doucement jusqu'à ce que mon regard vide pénètre le sien. « Ana.. » dit-il. J'avale difficilement ma salive, incapable de soutenir son regard plus lontemps, je détourne le regard vers l'un des murs de ma chambre. Ma main droite, tremblante depuis déjà trois jours – sans doute à cause de la faim que je ne ressens malheureusement pas mais que mon corps sent d'une autre manière, vient replacer mes cheveux en arrière. Je ne sais pas ce que je ressens à présent, c'est à la fois de la tristesse, de la peur, du soulagement, de la satisfaction, de l'envie, de la jalousie, du manque, de la culpabilité, de la mauvaise foi, de la honte... Un mélange de contraires, un tas de débris illogiques et informe. Ma main vient se placer en tant que maigre rempart entre le regard de Saad et mon visage et une larme coule lentement sur ma joue sans que je puisse faire quoi que ce soit contre ce phénomène. Je renifle, tente de reprendre le contrôle de la situation, sauf que ça fait une semaine que je fais ce genre de tentatives et que cela s'avère être un échec total. Je n'ai aucun contrôle sur ce que je suis entrain de vivre, comme sur mes gestes, mes sentiments, les manifestations de ces sentiments et ma parole qui ne veut pas se manifester. Je reste muette, incapable de trouver quelque chose à dire. De toute façon, qu'est-ce que je pourrai répondre ? Oui, Ana, c'est moi. Et puis quoi ?
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MessageSujet: Re: quand le vomit et les larmes disparaissent, éventuellement (saana)   quand le vomit et les larmes disparaissent, éventuellement (saana) EmptyJeu 29 Nov - 23:07

tu essayes de savoir ce que tu cherchais à obtenir par le fait de venir ici, mais dans le fond tu as du mal à savoir réellement le pourquoi du comment. était-ce pour tenter de te rassurer en réalisant qu'elle allait très bien, bien que tu saches pertinemment que ce n'est pas le cas, ou peut-être était-ce pour enfin mesurer l'ampleur des dégâts que tu as pu causer, peut-être était-ce encore simplement par égoïsme parce que tu t'es rendu compte que, toi, tu n'arrivais pas à te passer d'elle, sais même imaginer que peut-être, elle, était mieux sans toi. et tu te rends compte qu'en fait, tu ne sais pas trop pourquoi, mais tu es là. une pulsion t'a conduit jusqu'ici, sans raison, du moins, sans raison que tu arrives à trouver. mais ça t'est égal. l'important pour toi est que tu sois ici, rien de plus. et tu vois ana, macabre, tremblante, à fuir ton regard, se cacher de toi. tu te demandes ce qu'elle peut bien ressentir en ce moment-même, si c'est de la honte, ou si c'est qu'elle te rejette, indirectement. peut-être les deux. ses yeux vides te déchirent, te détruisent un peu plus. tu aimerais la prendre dans tes bras, mais tu en es incapable, malheureusement. sa chambre, le seul endroit de sa maison où tu avais pour habitude de te sentir toujours à l'aise te semble alors subitement inconnu, étranger. tu ne t'y sens plus vraiment le bienvenue, tu ne t'y sens plus à ta place, et tu en connais sans doute la raison. tu te doutes bien que c'est parce que l'aura de colère et de dégoût à ton égard porté par le reste de sa famille a envahit les lieux. tu sais bien que c'est parce que tu as décidé de l'abandonner, sans préavis, non à l'amiable. une rupture, rupture d'amitié. tes jambes refusent de faire un pas de plus, quand bien même tu peux le leur ordonner, elles n'en font qu'à leur tête. tu restes sur le seuil de sa porte, à la regarder pleurer, impuissant. voir les larmes couler le long de ses joues et s'échouer lourdement sur son oreiller. tu restes pourtant planté là, sans broncher, à l'observer pleurer, à tel point qu'on pourrait te penser insensible même si c'est loin d'en être le cas. elle reste muette, n'ouvre même pas la bouche, pourtant tu aimerais entendre le son de sa voix, pour t'assurer qu'elle ne l'a pas perdu, avec son poids. ce n'est que lorsque son chat se poste entre tes jambes et te pousse avec sa tête que tu te mets à avancer lentement vers elle. machinalement, tu postes un pied devant l'autre, sans réfléchir, jusqu'à ce que tu réalises que tu ne sais pas encore comment tu vas t'y prendre, tu ne sais pas par où commencer, ni quoi faire pour éviter de la faire pleurer encore plus. tu ne sais pas si tu peux t'autoriser un contact physique ou ne te contenter que de simples paroles. mais tu finis par envoyer chier toutes ces prises de tête qui tournent dans ton esprit, et, yeux mi-clos, tu te laisses guider jusqu'à elle. tu t'assois à ses côtés, prend sa main pour la retirer de son visage, tu veux qu'elle arrête de se cacher, parce qu'elle n'a aucune honte à avoir. « arrête de pleurer ana, s'il te plaît » parce que ça me brise le cœur de t'entendre pleurer et de ne rien pouvoir faire.. « regarde-moi.. » et tu n'arrives alors pas à t'en empêcher une minute de plus, tu cèdes, au risque de te faire jeter, à la prendre dans tes bras. « pardonne-moi, j'ai dit des choses que je regrette, je m'en veux.. »
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MessageSujet: Re: quand le vomit et les larmes disparaissent, éventuellement (saana)   quand le vomit et les larmes disparaissent, éventuellement (saana) EmptyDim 27 Jan - 0:41

Je suis un squelette, actuellement. De la peau sur des os, pas Auschwitz... mais disons que quelques jours encore et ça aurait pu être le cas. Mon corps m'est étrangé depuis quelques jours, encore plus que d'habitude. Je suis faible, je le sens, fatiguée constamment, l'ombre d'une Ana perdue dans les décombres d'une amitié dorénavant révolue. Il a été clair et je n'ai rien pu faire contre sa volonté. J'aurai pu dire quoi, de toutes façons ? Il m'a demandé d'arrêter de lui envoyer des messages, d'arrêter de lui parler. J’appelais ça une rupture, et j'appelle toujours cela par ce terme. La seule chose pour laquelle j'ai encore assez d'énergie, mais qui me demande quand même un effort considérable, c'est de ressasser encore et encore cette discussion. C'est là ma seule préoccupation de mes journées, parce que je suis incapable de m'enlever tout ça de l'esprit, c'est juste trop difficile de penser à autre chose sans avoir d'autre distraction que la famille ou la télé. J'ai l'impression de ne pas être vivante, encore moins lorsque je vomis mes tripes à force de pleurer et de me rendre malade pour tout ça. J'arrive à me calmer, des fois, à dormir. Et maintenant, il est là, je sens sa présence. Je me sens mal, vraiment très mal. Je pleure, je pleure et j'y peux rien. Je ferme les yeux, ma main se place contre mon visage, j'ai pas envie qu'il me voit comme ça. Sauf que c'est pas seulement mon visage qui a été marqué par cette semaine d'enfer sur terre, c'est tout mon corps, mais j'ai tendance à l'oublier au profit du reste. Je tente d'être la plus silencieuse possible, actuellement. Mon bras faiblit, mais j'ai la volonté qu'il reste en place. Je déglutis difficilement, encore. Un frisson parcourt mon corps, sa présence n'a rien de bon pour moi. Si seulement je pouvais dire quelque chose, je crois que je lui demanderai de partir. Simplement pour avoir un minimum de paix. Sa présence déchaine la moindre petite émotion enfouie au fond de moi, des émotions que j'avais réussi à calmer et qui maintenant, sont déchainées. J'ai la migraine, j'ai des nausées et je n'arrive pas à m'endormir, ni même à vomir. Et la suite des événements n'arrange rien à ta situation. Il s'avance, doucement et je sens à la fois sa présence, son aura ou quesaisje s'approcher de mon lit et j'entends ses pas sur le plancher de ma chambre. Je prends une longue inspiration, les larmes coulent de plus belles sur mes joues, passant à travers la paroi que mes paupières forment sur mon oeil. « arrête de pleurer ana, s'il te plaît. » dit-il. Évidemment, ça a l'effet inverse. Ma main a été prise par celle de Saad et je n'ose pas la lui retirer. Des larmes coulent sur mes joues, je sanglotes, laissant tomber par la même occasion ma tentative de rester silencieuse. « regarde-moi.. », continue-t-il, mais j'y arrive pas. J'arrive pas à ouvrir les yeux, j'ai peur de voir son visage. Je l'ai vu lorsqu'il est arrivé et maintenant... je n'ai pas envie de le revoir. Je vais me sentir coupable. Je n'ouvre pas les yeux, je me contente de continuer de sangloter, sans pouvoir m'arrêter tandis qu'il m'enlace. Mes bras passent dans le dos de Saad et j'agrippe le dos de son haut avec le peu de forces qu'il me reste. « pardonne-moi, j'ai dit des choses que je regrette, je m'en veux.. » Je ne sais rien faire, à part pleurer toutes les larmes de mon corps. Ma tête est appuyée contre son épaule, mon nez est contre le bas de sa mâchoire et mes larmes mouillent sa peau sans que je puisse y faire quelque chose. Je sens le chat monter sur le lit et s'installer contre mes jambes. Les yeux toujours clos, j'ai l'impression que je suis entrain de mourir, actuellement. Mon coeur bat a cent à l'heure, puis commence à rallentir pour ensuite repartir de plus belle. Actuellement, j'ai peur. Peur qu'il m'abandonne aussi vite qu'il est arrivé tout à l'heure. « J... je... Saad... » De toutes façons, je n'arrive pas à articuler la moindre pensée dans ma tête, alors dans ma bouche... Tout ce que je sais, c'est que j'ai peur qu'il se détache de moi, actuellement.
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MessageSujet: Re: quand le vomit et les larmes disparaissent, éventuellement (saana)   quand le vomit et les larmes disparaissent, éventuellement (saana) EmptyMar 5 Fév - 18:33

La voir dans cet état te chamboule au plus haut point. Ça te fait atrocement souffrir. D’autant plus que tu sais pertinemment que c’est à cause de toi qu’elle est comme ça. Toi et personne d’autre. Toi et tes mots. Violents. Perçants. Briseurs. Destructeurs. Tes mots idiots. Tes mots que tu regrettes. Oui, tu les regrettes, personne ne peut même imaginer à quel point tu les regrettes. Mais c’est bien beau de regretter, maintenant que c’est fait, c’est tout de même un peu tard pour regretter. Il serait temps pour toi d’assumer les conséquences de tes actes, Saad. Tu es un grand garçon, tu dois te rendre compte que les choses que l’on dit ne s’effacent pas en un claquement de doigt en éprouvant quelques remords. Ça ne suffit pas. Il faut que tu apprennes à réfléchir avant d’agir. Oui, réfléchir, c’est ça la clé. Faire marcher ton cerveau, les quelques neurones que l’herbe ne t’a pas encore détruits. Peser tes mots. Bien sûr, tu ne prends pas tes paroles à la légère, mais tu ne fais pas assez attention avant de parler. Résultat des courses : tu la retrouves chétive, maigre, morbide, l’allure d’un cadavre, son lit tel un cercueil. Effroyable. Atroce. Déchirant. Et tu es le seul fautif. Seul fautif de sa perte de poids. Seul fautif de sa perte, tout court. Elle court à sa perte si elle continue dans cette voie-là. Seul fautif de ses malheurs, des larmes qui coulent le long de ses joues. Ces larmes qui te brisent le cœur, qui t’empêchent de rester de marbre face à une Anaëlle faible. Cela t’est tout bonnement impossible. Laisser ta meilleure amie dans cet état t’est impensable. Tu dois réparer les dégâts que tu as causés. Tu dois payer pour les pots cassés. Elle t’a manqué ? La voir pleurer te fait du mal ? Dis-toi qu’elle ressent bien le double, voir le triple de ta souffrance. C’est la boule au ventre que tu t’assois à ses côtés pour la prendre dans tes bras et t’excuser. Ou plutôt, lui imposer de te pardonner et étaler tes regrets. Appuyée contre toi, elle se met à pleurer de plus belle, te secouant chaque fois qu’elle dégage un sanglot. Tu ne sais même pas quoi dire pour réussir à la calmer, la rassurer. Tu sèches. Pour une fois, tu n’y arrives pas. Mais peut-être est-ce parce que dans le fond, si on remonte à la source, ce n’est pas toi qui as causé la dispute, mais elle. Oui, peut-être. Mais finalement, ça ne change rien pour toi, à tes yeux, tu restes le seul et unique fautif. Ce n’est peut-être pas plus mal, il ne serait pas bon de lui rappeler que c’est de sa faute. Autant plutôt essayer de tirer un trait là-dessus et de ne plus y revenir. Après tout, ce n’était pas la première fois qu’elle s’indignait à propos de ta sœur, alors à quoi bon continuer d’en faire toute une histoire ? « J… je… Saad… » Tu la serres un peu plus fort contre toi lorsque ses mots parviennent à tes oreilles. Une main passée dans ses cheveux, tu réalises que même eux semblent refléter l’intensité de sa souffrance. Tu frissonnes, à nouveau. "Je pars plus.." Non, tu ne pars plus. C’est fini. Tu restes, maintenant. Tu restes à ses côtés. Plus question de l’abandonner. "Je pensais pas que ça te mettrait dans cet état.." Si, bien sûr que tu le savais. Tu savais qu’elle serait dans cet état. Seulement tu l’as réalisé après, quand il était trop tard pour reculer. Et tu as finalement préféré te voiler la face les jours suivants, te dire qu’elle n’était sans doute pas si atteinte que tu ne te l’imaginais. Mauvaise réponse. "Enfin, je veux dire.. je voulais pas.. j’ai pas fait ça dans le but de te faire du mal.. vraiment pas.. je.. j’étais juste en colère, et j’ai pas réfléchi.." Comme d’habitude. "Pardon" Ton pouce atteint ses pommettes pour sécher ses larmes que tu aimerais bien ne plus voir couler.
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