Le vrombissement des aiguilles commence à être assourdissant. Je l’entends provenir de la machine qui commence à me faire ressentir une sensation de picotement dans le bras gauche. C’est fatiguant, agressif d’une certaine façon parce que je n’ai pas d’autres choix que de l’endurer comme une torture à petit feu, c’est un coup à vous filer la migraine même si ça ne doit pas m’empêcher de rester concentré sur mon travail. Mon travail, je l’aime beaucoup. A vrai dire, je suis actuellement en train de terminer un tatouage qui a nécessité trois semaines pour être parfait. Et encore, je ne parle pas du temps qu’il m’a fallu pour dessiner le motif. Là, je crois qu’il faudrait remonter à deux mois plus tôt quand ce type est entré dans le salon avec l’objectif de se faire tatouer l’intégralité du dos. Un malade moi je dis mais bon le patron m’a promis une commission sur le prix final vu le travail que cela nécessiterait. Enfin ma commission je l’ai surtout gagné parce que je suis la seule assez qualifié pour le faire. Et c’est donc ce soir que je mets fin à ce travail dans le vacarme assourdissant produit par mes pistolets bien qu’en vérité cela ne fasse pas autant de bruit. C’est juste moi qui suit dessus depuis bien trop longtemps. J’arrête la machine quand je commence seulement à ne plus tenir. J’ai pas envie de merder le dessin et d’encourir que ce type se plaigne de moi. C’est de la mauvaise pub et je pourrais être virée. Ma situation actuelle ne me permet pas de dire adieux à cet emploi qui subvient à mes besoins. Ca serait long d’expliquer ce qui découlerait d’une telle perte, disons donc que je dois être sérieuse et non téméraire. Et donc que ce monsieur aura droit à un nouveau rendez-vous avec moi pour terminer cette œuvre. Peut-être même que s’il m’autorise je pourrais le photographier. J’ai toujours pensé que je devrais me mettre à la photographie. Malgré la fatigue, je me montre énergique et lui fait un pansement avant de lui annoncer qu’il devra repasser. Après tout, il n’est pas très maigre et son dos est énorme, ça ne devrait même pas l’étonner qu’il me faille autant de temps pour le couvrir. Ceci fait, il me salue et quitte le salon tandis que je prépare la fermeture. Il faut nuit dehors. J’ajouterais même qu’il fait froid. Novembre est là et avec lui noël ne va pas tarder. J’y pense déjà. Je dois anticiper combien d’heure supp pour palier la forte dépense qui m’attends. J’ignore, je compterais plus tard. Je ne pas longtemps à abaisser le rideau et à tout fermer. Dès que j’ai mis un pied dehors, mon premier réflexe est de souffler sur mes mains. Mon dieu ! Je ne m’attendais pas à avoir aussi froid. Je marche rapidement pour ne pas trop traîner dehors, il n’est pas encore trop tard. Je passe devant un bar tabac à l’intérieur duquel j’entre pour m’acheter un nouveau paquet d’clopes. L’ambiance paraît chaleureuse, bruyante et convivial. Ce sont que des pochtrons et pourtant ça me donne envie de prendre place à une table. « Un café s’il vous plaît. Du déca. » Je commande avant d’aller m’asseoir dans le fond. Je sors mon carnet à dessin tandis que ma commande arrive et commence à dessiner. C’est toujours plus agréable dans une pièce pleine que chez soi seule dans le calme. Allez savoir pourquoi. Puis la cloche de l’établissement retentit et sa voix parvient jusqu’à moi. C’est comme si toute la salle avait fait exprès d’être moins bruyante pour que je puisse l’entendre. L’entendre et le reconnaître. Ma curiosité se faisant plus rapide que mon instinct de préservation je relève la tête et aperçois une vieille connaissance acheter un paquet de clope à son tour. Je le regarde par hypnotisme. En réalité, j’observe le moindre changement qui aurait s’effectuer. A part l’âge, il est resté le même. Je sursaute au moment où prends son paquet en main et qu’il se tourne. Curieusement, c’est le moment que choisit mon instinct de préservation pour se manifester et sans que cette fois-ci ça soit ma jugeote qui entre en jeu, je me réfugie sous le table pour me cacher de tout regards qu’il pourrait pointer dans ma direction. C’est comme ça que ça se passe. Simplement et juste bêtement. Moi, Naïs j’arrive encore à me soucier de ce qu’il pourrait penser en m’voyant après tout ce temps. Je devrais me coller des baffes moi des fois, et l’envoyer se faire foutre juste après..
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Sujet: Re: was in love and it was a gas. sound turn out of a heart of glass ( diego ) Lun 26 Nov - 2:01
Il dit: "Je n'aime pas les femmes. L'amour est à réinventer, on le sait. Elles ne peuvent plus que vouloir une position assurée. La position gagnée, coeur et beauté sont mis de côté: il ne reste que froid dédain, l'aliment du mariage, aujourd'hui ▲ rimbaud
Souvenirs qui se mêlent. Images qui se craquèlent. Musique qui ensorcelle. Flammes qui dansent sur le papier, pareil à des ogres affamés. Elles dévorent tout sur leurs passages, n’laissant guère que quelques ruines brunes sur replis racornis. Cendres incandescentes qui dégringolent. Témoin du temps qui s’écoule. La fumée s’échappe de ses lèvres, s’envole et disparaît. Ombre de larmes au coin de ses yeux, légère toux qui vient irriter sa gorge. Son maigre corps est tout secoué. Pauvre créature. Sa fragilité crève les yeux. Comme une poupée d’porcelaine, qui s’briserait au moindre geste trop brusque. Jeune ingénue. Une petite impression d’déjà-vu. T’es presque hypnotisé. Un regard trop fixé. Tu remarques à peine les regards et l’rire de son amie. Qui grince aussi horriblement qu’un glapissement dégueulasse à ton ouïe. Trop absorbé par ce semblant d’innocence. C’est comme une perle rare dans un océan d’débauche. Étincelle trop brillante. Blancheur qu’tu n’rêves que d’souiller. Elle n’mérite plus d’exister. Elle n’est qu’une tâche dans sa propre société. Quel monstre qu’tu fais. Déjà, les scénarios d’son anéantissement s’succèdent. Visions cauchemardesques. Fabuleux parfum d’la destruction. Avant-goût délicieux. Bleu, bleu de ses yeux électriques. Témoin d’une innocence bientôt perdue. Sourires échangés. Tout brille et s’illumine, dans l’océan de ses yeux. Elle boit, encore une fois. Liquide empoisonné. Bientôt, elle n’saura plus ce qu’elle fait. L’autre insignifiante lui murmure quelque chose à l’oreille. Gloussement criard d’sa part. Léger rire, plein de candeur d’un autre. Légère teinte rosée qui colore ses joues. C’est l’alcool qui monte, irrigue ses veines, envahit son cerveau. Les langues se délient. Elle s’amuse. Découvre ce monde auparavant inconnu. Et l’ivresse passée, elle aura les regrets. De s’être laissé entrainé, dans ce monde dont elle n’maitrise pas les règles. Elle réside encore dans l’entre-deux, elle sombrera d’un côté ou de l’autre. T’es juste là pour t’en assurer. T’aimes porter à croire qu’tu seras un tournant dans sa vie. Un minimum important. Mais la vérité c’est qu’dans quelques années, elle aura oublié jusqu’au souvenir d’ton nom et toi aussi. La vie reprend toujours sont cours lent et chiant. C’est pourquoi, tu profites de l’instant présent. Tu t’montres faussement charmant. Tu proposes d’la raccompagner. Elle n’marche plus droit. Elle doit s’appuyer sur toi. C’est digne d’un mauvais film d’ados. Tout a fait pathétique. Mais eu fond, tu t’en fous, c’est rien qu’une étape en plus à l’assouvissement. Déjà, elle s'laisse aller. Trop saoule pour t'résister. T'u t'laisses pas mené par des morales en toc. D'ces règles qu'veut imposer la collectivité. Ne profite pas d'son état d'ébriété. Tu l'emmerdes la société. Doigt d'honneur bien dressé, dans un geste magistral. Alors tu ne l'emmèneras pas simplement dans l'lit, à dormir sur l'canapé ou en t'éclipsant discrètement. D'gentilhomme, t'en as pas même la prétention. D'toute façon, elle en a bien l'envie. Rien qu'à voir la façon avec laquelle elle s'aggripe à tes vêtements. De t'demander d'y aller doucement. Et bientôt, vos corps s'mélangent, rien que pour le temps d'une nuit. Quand tu rouvres les yeux, t'as l'nez devant l'chatain clair de ses cheveux. L'soleil levé baigne la pièce d'ses rayons bienfaisants. Laissant éclater la blancheur d'ses draps et l'teint diaphane de sa peau. Et tu t'surprends à la contempler. Y'a rien d'plus paisible que quelqu'un qui dort. Les traits relâchés. Toute angoisse oubliée. Elle t'rappelle quelqu'un. Elle lui ressemble, indéniablement. Naïs. L'prénom tourne dans tes pensées, titille ta langue et effleure tes lèvres. Et pendant un instant, bercé par cette nostalgie malsaine, t'es tenté d'rester. D'te comporter en mec bien pour une fois. D'te réveiller à ses côtés, lui sourire et la rassurer. Mais déjà, voilà ta lâcheté qui t'rattrape, rien qu'à l'idée d'devoir affronter les excuses à trouver, les "on s'reverra", les "appelle-moi, toutes les promesses avortés et les déceptions à la clé. C'est déjà arrivé une fois. Une fois d'trop. Tu n'feras pas la même erreur. D'toute façon faut qu'tu partes bosser. Tu lui laisseras qu’le seul souvenir, qu’un vague parfum sur l’oreiller. Et doucement, tu t’glisses hors des draps et dans tes vêtements. Faut croire, qu’à force, discrétion et rapidité viennent toujours au rendez-vous. Ironie d’la situation. Tu t’gardes bien d’faire claquer la porte, n’pas réduire tant d’effort à néant. Bientôt l’froid d’paname envahit ta gorge. L’souffle du vent frais matinal fait frissonner ton corps et tu regrettes de n’point avoir plus d’épaisseurs. Tu jettes un bref coup d’œil à ta montre. Les aiguilles font office d’mauvais augure. Point l’temps d’passer par chez toi, tu n’peux pas t’permettre un retard. Tu sais qu’ils ont besoin d’ta présence pour clore l’numéro d’ce mois. Les bons esprits diront que tu n’avais pas à sortir et tu les emmerdes profondément entre deux soupirs. Heureusement que t’es pas bien loin d’la rédaction. Ça puait la journée harassante tout ça. Et t’avais bien raison. Il faisait quasiment nuit quand t’en es ressorti. Reprenant une putain d’bouffée libératrice. D’un geste presque instinctif, tu viens tâter ta poche pour l’paquet d’clope. Mais rien à faire, c’bien tout creux. Tu réalises avec horreur que t’as dû l’laisser chez la jolie blonde d’hier soir. Il devait t’en rester au moins trois quart des cigarettes. Jurons qui défilent au creux d’tes lèvres. Ça coûte d’plus en plus cher l’tabac. C’est la crises qu’ils disent. Qu’des conneries. Tu leur en foutrais bien toi d’la crise eux et leurs costards à trois mille dollars. T’as jamais vu un parti aussi hypocrite. Putain d’vie d’merde. Tu pousses la porte du tabac l’plus proche. Incapable d’te passer d’ta nicotine. Maudissant l’autre pimbêche jusqu’aux prochaines générations. C’est aussi pitoyable qu’ça. Y’a cette odeur d’café qui flotte et cette stupide cloche qui sonne, sans parler d’tous ces imbéciles assis qui tournent la tête vers toi. Ça t’énerve déjà. Tu demandes ton paquet avec la ferme intention d’te tirer vite fait. D’retrouver une bonne douche chaude et la fraicheur d’ton lit. C’est à c’moment-là qu’tu la vois. Vieux fantôme du passé. Elle ressurgit d’nulle part. Apparition soudaine. Ça n’dure pas longtemps. Vision fugace. Pourtant, t’es presque certain que c’est elle. Mais lorsque tu tournes la tête dans la direction, plus aucune trace d’son visage. Un instant, t’as cru délirer. Que ça y’est, ton cerveau commence à déconner. Qu’dans quelques mois, tu seras bon pour l’asile. Et tu scrutes en vain, un endroit vide. Pourtant un détail cloche, c’est l’café encore plein sur sa tables vide, un déca, son préféré. Les carnets de dessins abandonnées, seuls au milieu d’nulle part. C’est l’éclat d’ses cheveux blonds qui sauvent la mise. Elle vient d’se planquer sous la table. Tu t’demandes si c’est bien ta présence qui la met dans ces états. Alors t’oublies un instant, les merdes qui t’tracasses. Tu t’penches vers elle, ce sourire amusé aux lèvres. « J’crois qu’tu te trompes encore d’endroits. Ici, on déguste assis, pas sous la table. » Les mots t’viennent à la bouche tout seul, pleins d’ironie et comme un soupçon d’nostalgie. Tu n’sais pas même c’qui t’a poussé à venir lui reparler. Tu n’pensais pas la recroiser un jour, encore moins en d’pareilles circonstances. « Y’aura pas les flics à nos trousses cette fois... » Tu pousses sûrement la plaisanterie trop loin. Tu t’assoies sur l’siège d’en face. « Surprenant d’te croiser ici, tu viens souvent ? » C’est presque ta façon de t’excuser, d’oublier ces démons d’ton passé. Tout recommencer.
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Sujet: Re: was in love and it was a gas. sound turn out of a heart of glass ( diego ) Ven 7 Déc - 16:32
Planquée sous ma table, je ne projette même pas un regard dans sa direction pour savoir s’il est reparti. Le regard des habitués m’ayant aperçu plonger vers le sol se pose sur moi et ne change pas. Je les sens me dévisager se demandant la raison d’une telle stupidité mais je ne leur réponds pas, je les dévisage à mon tour, tentant de leur faire comprendre par une expression particulièrement dure et agressive qu’ils devraient regarder ailleurs sous peine de trahir ma position. Si Diego ne m’a pas aperçu, il suffirait qu’il jette un coup d’œil à ses idiots pour comprendre que quelque chose ne tourne pas rond à ma table, et alors là, je pourrais dire adieux à toute discrétion. Diego, je ne regarde pas dans sa direction. Je ne veux pas le voir, je ne veux pas être tentée de sortir de là pour aller lui dire « Hey ! Salut ! au cas où tu t’inquièteras, j’ai pas fini dans une cellule de prison tu vois ? », je ne veux même pas me dire que je suis assez conne pour être capable de faire ça. Non. Me mettre à quatre pattes sous une table est déjà bien humiliant, ma fierté n’en supporterait pas plus. Je choisis donc de l’ignorer, préférant de loin scruter le sol en attendant le son de clochette annonciatrice de son départ. Je reste attentive même si je me perds à repenser à lui tout d’un coup. J’ai oublié son existence pendant longtemps, me rappelant que ce que j’ai obtenu de cette relation qui n’aurait jamais dû voir le jour. Je scrute le sol en m’disant que j’aurais pu profiter de ce temps pour grandir un peu parce que sa cacher n’est certainement pas le meilleur moyen pour paraître adulte, ou au moins pour montrer que j’ai une fierté maintenant, un égo et que très franchement, il ne m’intimide plus. Sauf que c’est pas vrai ça, j’aurais beau essayé, je serais toujours une enfant quand il s’agira de lui comme je serais toujours un monstre de jalousie quand il s’agira de Louise. On a tellement l’habitude d’agir d’une certaine façon avec certaine personne qu’au final, ça devient une habitude, un geste tout à fait naturel. Les secondes passent se faisant de plus en plus longue sans que cette clochette se mette à tinter, pour une fois que ce truc aurait pu avoir une quelconque utilité c’est bien ma veine. Mais du coup, ça m’dit qu’il est toujours là et que même si les autres ont arrêté de m’épier, je ne peux sortir de ma cachette. J’ai la trouille qu’il me voit. Pourquoi ? Je ne risque rien pourtant, j’ai rien fait qui pourrait susciter quelconque animosités de sa part. De plus, tel que je le connais, s’il m’apercevait, il ne ferait que jeter un regard dans ma direction avant de partir. C’est ce qu’il faut que je me dise, on a passé tout ça. Trop d’eau a coulé sous les ponts, et pour le peu qu’il ait rencontré d’autres idiotes pour faire le sale boulot, je ne serais que l’une d’entre elle, un visage parmi d’autre qui n’aura au final même pas retenu son attention. Pourquoi me prendre la tête alors ? Je rassemble mon courage et lève les yeux, prête à sortir de ma cachette sans même avoir entendu qu’il ait quitté le bar. Qui sait ? Si ça s’trouve, j’ai peut-être pas été assez attentive pour écouter le tintement, peut-être que les grosses voix des gars du rade ont couvert ce bruit. « J’crois qu’tu te trompes encore d’endroits. Ici, on déguste assis, pas sous la table. » Sa voix me sort de mes pensées, m’enlève ma belle résolution de sortir de là pour affronter son regard. Je lève les yeux dans sa direction et l’observe. Il sait paraître tellement gentil quand il est comme ça, quand il sourit et qu’il plaisante. Le problème dans tout ça, c’est qu’il est juste question de savoir être gentil, c’est pas naturel. Ca me rend juste captive parce que je ne peux pas défaire mon regard de son visage, je suis peut-être touchée qu’il soit venu finalement. Je suis décidément beaucoup trop naïve parfois. « Y’aura pas les flics à nos trousses cette fois... » Ce qui suffit à me faire descendre de mon piédestal. Si un peu d’humour peu briser la glace, trop d’humour est à proscrire, surtout venant de lui. Alors qu’il me regarde par terre, les traits de mon visage se resserre pour reprendre l’expression dure d’il y’a quelques minutes. « Tu veux vraiment me lancer sur ce sujet ? » Rhétorique sèche. J’ai pas vraiment envie d’plaisanter sur le sujet des flics. Surtout que le terme « nos trousses » n’est pas adapté car j’ai le sentiment de m’être embarquée seule dans cette histoire. J’avance un peu pour me sortir de ma cachette, maintenant que j’ai été trouvé, je suppose qu’il n’est plus nécessaire que je nettoie le sol. A ma grande surprise, il s’installe quand même à ma table, non refroidi par ma grande gueule. Je reprends place comme si de rien était. « Surprenant d’te croiser ici, tu viens souvent ? » J’y pense plus. Du moins, j’essaie parce que ça serait trop simple de passer ce moment à l’assaillir de reproches. Je ne pense pas que c’est comme ça que j’arriverais à paraître civilisée comme j’avais l’intention de l’être, surtout qu’après mon petit tour sous la table. De plus ça serait trop simple et totalement inutile. « Ca arrive. Je fais mes devoirs ici quand je quitte tard le travail. Puis c’est plutôt chaleureux. » Je réponds en passant une main dans mes cheveux avant de poser mon coude sur la table. Ca paraît presque normal ce face à face, alors qu’en vérité, c’est malaisant. « Tu veux boire quelque chose ? Je t’invite. » Je propose dans un sourire timide, histoire de savoir s’il compte s’éterniser ou s’il passait juste pour prendre des nouvelles et disparaître à nouveau dans la nature. « Et toi ? Tu traînes souvent par ici ? Parce que ça va faire un an que je travaille dans le coin et je t’ai jamais vu alors, ça paraît étrange que tu aies pu être là sans que je le sache. » J’explique timidement avant de demander plus directement. « Quand es-tu revenu en France exactement ? »
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Sujet: Re: was in love and it was a gas. sound turn out of a heart of glass ( diego ) Mar 25 Déc - 19:58
Il dit: "Je n'aime pas les femmes. L'amour est à réinventer, on le sait. Elles ne peuvent plus que vouloir une position assurée. La position gagnée, coeur et beauté sont mis de côté: il ne reste que froid dédain, l'aliment du mariage, aujourd'hui ▲ rimbaud
Vous savez, il y a toujours eu de grandes histoires. Des gens qui goûtent le bonheur au quotidien. Tous les matins, en guise de tartine de pain. Tous ces gens aux sourires idiots, aux yeux qui s’illuminent rien qu’à la vue de l’être aimée. Et leur histoire paraît tellement évidente. Que malgré les hauts et les bas, malgré les montagnes russes de la vie, nonobstant tous les accidents, les petits détails énervants, ils reviendront toujours ensemble. Envers et contre tous. Ce sont deux moitiés d’une seule entité. Deux aimants que jamais une quelconque force ne pourra séparer. C’est le centre de gravitation. Le noyau de l’atome, vers lequel tous les électrons libres gravitent. C’est un repère dans leur univers morne. Parce que tout le monde sait, qu’eux ils sont faits pour durer. C’est peut-être l’idéal, ce que la plupart voudrait tant avoir. Tous les imbéciles encore rempli d’espoir. Les yeux noyés dans les plus belles illusions, aussi sûrement que guidés par la sainte marie-jeanne. Ce sont tous ceux qui y croient encore, que les îlots de félicité existent toujours. Et puis il y a ceux dont on parle moins, ceux qu’on n’affiche pas dans les films hollywoodiens. Il y a les damnés du cœur, les désabusés de l’esprit. Les enfants du cynisme. Les orphelins à la langue caustique. Ceux à qui la chance n’a jamais souri. Ceux pour qui le bonheur n’est qu’un fantôme qui leur file entre les doigts. Lassés de ce combat perdu d’avance, ils ont déjà abandonné. Résignés à rester le mouton noir de toute cette histoire. Les mal-aimés de la grande nature. Alors, on s’y accommode, on s’y habitue, comme à n’importe quelle situation. On ne tente plus l’impossible. Oubliée la perle rare, la soi-disant âme sœur. Ils sont déjà aux anges quand ça dure plus d'un mois. L'échec fait partie intégrante de vos vies. Alors tu n'essaies même plus. Mais y as-tu seulement déjà cru ? L'amour est immonde et vicieux, il aveugle et empoisonne sans aucun scrupule. Y'a qu'à voir votre histoire. Celle qui débute sur il était une fois un jeune homme qui vint à la rencontre d'un jeune fille mais qui ne se terminera jamais par ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants. Loin du conte, ce n'est que la vie qui prend son cours. Le long fleuve qui se déverse dans la mer. C'est une histoire bizarre pour l'un et pour l'autre, vouée à une chute précipitée, une fin prématurée. Sans cris, larmes ou hurlements, t'as simplement disparu après une légère altercation avec la justice. Vous savez, pour finir les choses on dit souvent une connerie du genre, ce n'est pas ta faute, c'est moi. Vaine hypocrisie pour réconforter celui ou celle à qui on vient de donner un violent coup de pied dans la ruche. Peut-être que vous étiez simplement incompatibles en ce temps là. Elle était trop jeune et toi pas assez bien pour elle. Tu ne sais pas pourquoi t'as interrompu le cours paisible de sa soirée, la première fois. Ni pourquoi t'as joué aux prolongations, pourquoi tu l'as laissée s'attacher. T'aurais dû terminer ça avant, avant qu'elle ne te dise qu'elle t'aimait. Avant que tout ne parte en vrille. T’aurais jamais dû la rappeler, te laisser persuadé par Franco, lui demander quelques menus services, ni même lui parler en premier lieu. Alors elle aurait peut-être eu une meilleure vie, rencontré un mec bien, mieux que toi. Ne nous leurrons pas, c’est pas bien difficile. Mais tu n’en fais qu’à ta tête, tu ruines la vie d’autrui pour ton propre plaisir. C’est bien pour ça que tu la entrainée dans toute cette histoire, tout en sachant que vous n’aviez aucun espoir. Mais au fond, t’es jamais bien sûr de ce que tu fais, pourquoi t’es revenu lui parler dans ce café. Certains n’apprendront jamais de leurs erreurs. Au fond, elle n’avait probablement pas envie de te voir, ne s’est-elle d’ailleurs pas planquée sous la table de sorte à t’éviter ? T’aurais dû l’interprété comme un signe, de repartir comme tu étais venu, la cigarette entre tes lèvres, maintenant que tu l’avais. Mais t’étais intrigué par cette irruption soudaine, piqué par la curiosité de voir ce qu’elle est devenue. Ou alors c’est peut-être ta façon à toi de t’excuser en quelque sorte, de ne pas l’abandonner une seconde fois, malgré la facilité du geste. T’aurais très bien pu ne pas la voir. Mais c’est déjà trop tard maintenant, te voilà bien attablé en face d’elle, comme au bon vieux temps où vous sortiez ensemble. Tu abordes le tout avec humour, sûrement un peu trop. « Tu veux vraiment me lancer sur ce sujet ? » La réponse sèche claque. Essaie encore. Maintenant que tu t’es lancé, tu ne vas pas t’arrêter pour un visage renfrogné. Tu surenchéris d’une question banale. « Ca arrive. Je fais mes devoirs ici quand je quitte tard le travail. Puis c’est plutôt chaleureux. » À ses dires, tu prêtes quelques attention à l’environnement, le petit café parisien un peu typique. Quelques regards intrigués arrivent parfois dans votre direction. Pas encore remis de la demoiselle qui se cache sous la table, ou inquiet pour sa sécurité. On sait jamais, des fois que l’envie te prendrait de l’agresser là maintenant tout de suite. « Tu veux boire quelque chose ? Je t’invite. » Ton regard revient sur le sien, étincelles d’azur. Léger sourire au coin des lèvres. T’hésites un instant. « J’vais prendre un expresso dans ce cas là. » Bref signe au serveur qui passait par là et le tour est joué. « Et toi ? Tu traînes souvent par ici ? Parce que ça va faire un an que je travaille dans le coin et je t’ai jamais vu alors, ça paraît étrange que tu aies pu être là sans que je le sache. » Quatre années sont passées depuis la dernière fois que vous vous êtes vus et l’eau a bien coulé. Elle était à peine au lycée et la voilà maintenant au travail. Tu te demandes ce qu’elle fait. De ce que t’en sais, sûrement quelque chose en rapport avec l’art. « Pas vraiment, c’est la première fois que je viens, mais je bosse pas loin non plus. J’suis venu par hasard, plus de clopes. » Mixture noire déposée sur la table, le garçon toujours d’une amabilité à vous couper le souffle. L’odeur lourde effleure tes narines, tu le laisses refroidir un peu. Avant que ta langue ne sente plus que de la cendre. « Quand es-tu revenu en France exactement ? » Tu portes la tasse à tes lèvres, avale une petite gorgée. « J’suis pas vraiment parti en fait, y’a que Franco qui s’est barré à Florence, ça ne lui a pas bien réussi d’ailleurs. J’ai surtout déménagé et j’ai fait profil bas pendant un moment, le temps d’reprendre ma vie en main, tout ça. J’suis journaliste maintenant. » Tu marques une pause, prend une nouvelle gorgée de café. « Et toi, tu deviens quoi depuis le temps ? »
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Sujet: Re: was in love and it was a gas. sound turn out of a heart of glass ( diego ) Mer 9 Jan - 1:12
L’espace d’un instant, j’ai l’impression qu’il n’a jamais quitté ma vie. On est là à discuter comme s’il n’y avait pas quatre années d’écoulée depuis la dernière fois où son regard s’est posé sur moi. C’est presque trop facile. Je devrais l’accueillir d’une toute autre façon pourtant. Où est passé ma rage ? Ma colère ? Tout ce que j’ai mariné pendant des années en me disant que si un jour je retombais sur Diego, je lui ferais très certainement payé très cher de m’avoir abandonné et utilisé de la sorte. Et même si c’était sans le penser, j’aurais jamais cru que le jour où je lui tomberais dessus, je me mettrais à me cacher sous une table. Pauvre moi ! Je me suis connu avec plus de tact. A croire que je me ramollis, j’aurais au moins cru que je ne resterais pas les lèvres closes. Peut-être que c’est ça qui se passe quand quelqu’un ne nous importe plus ? Comme là. Peut-être que j’en suis arrivée à l’effacer complètement et me cacher sous une table serait alors un moyen comme un autre de lui offrir une porte de sortie, de faire comme si je n’étais pas là pour qu’il se sente pas obligé de venir. Sauf que là, on parle de Diego et je ne pense pas qu’il a toujours été apte à déchiffre les signes que je lui envoyais. Sinon il aurait compris de suite que je ne voulais pas qu'il m’ voit. Trop tard, il est là et comme la dernière des connes, je l’invite à prendre un café. Ouais, je n’apprendrais jamais de mes erreurs. Je suis même en ce moment encore en train de passer pour une conne. J’aurais tellement de chose à dire pourtant, il faudrait juste que ça sorte. Mal à l’aise, je ressens le besoin d’occuper mes doigts pendant qu’il s’installe, pendant qu’on entame une conversation d’adulte à adulte, j’attrape mon crayon et gribouille un peu sur ma feuille, comme ça je m’occupe la main plutôt que de la lui balancer en pleine figure. Je dois rester calme, si ce n’est pour ne pas faire un scandale dans le bar. Je sens les regards des autres tournés vers moi, vers nous. On attire la curiosité de tout le monde, à croire qu’ils n’ont jamais vu quelqu’un se planquer sous une table pour fuir un ex qui n’aurait jamais du se trouver là. D’ailleurs qu’est-ce qu’il fout là ? « Pas vraiment, c’est la première fois que je viens, mais je bosse pas loin non plus. J’suis venu par hasard, plus de clopes. » J’vois le genre. Le genre de rencontre dont le hasard a le secret. J’aurais aimé qu’il évite celle-ci franchement. Qu’est-ce qu’on peut avoir à dire dans ce genre de situation ? « Salut, tu m’as mis dans une merde pas possible. Je t’aurais pardonné si tu ne t’étais pas enfui la queue entre les jambes mais voilà tu l’as fait. Je te haï. Oh ! Et comment va ta mère ? » Nan, on va éviter de tomber dans le cliché. Quoique, peut-être en commençant par lui demander « pourquoi ? », ça serait ça : la première étape. Juste histoire d’avoir la vrai réponse à la question que je me suis beaucoup posé avant d’être finalement parvenu à penser à autre chose, à quelqu’un d’autre. J’observe le serveur qui apporte l’expresso de Diego et lui qui le prend. Oui, il est encore là. Non, il ne s’est pas volatilisé. Ca paraît si irréel comme rendez-vous que je me pincerais bien pour savoir si je ne rêve pas. Finalement, il me vient de lui demander depuis quand il traîne à Paris. « J’suis pas vraiment parti en fait, y’a que Franco qui s’est barré à Florence, ça ne lui a pas bien réussi d’ailleurs. J’ai surtout déménagé et j’ai fait profil bas pendant un moment, le temps d’reprendre ma vie en main, tout ça. J’suis journaliste maintenant. » Un rire nerveux transperce mes lèvres. Non, je ne me moque pas. Oui, je ravale les sarcasmes qui me viennent à l’esprit parce que je me plais à me dire que je suis civilisée. Quoique, d’apprendre qu’il a toujours été là, ça m’en bouche un coin. Moi qui ai d’abord pensé qu’il serait reparti en Italie pour fuir la justice française. Et bien non, y’avais pas besoin puisque l’idiote de Naïs n’a rien dit, jamais. Il aurait du y retourner, parce que moi je pense pas que Paris soit assez grand. « Journaliste ? Quel genre ? » Ouais, autant faire mine de s’y intéresser. Quoique, c’est le coup du « j’ai repris ma vie en main » qui m’fait rire. « Enfin c’est bien, si t’as fini par devenir quelqu’un d’honnête. » Sourire forcé. Finalement, j’ai pas pu le retenir ce sarcasme-là. Faire autrement aurait été difficile remarque. Le silence, et la conversation vient sur moi. « Et toi, tu deviens quoi depuis le temps ? » « Comme si ça t’intéresse » c’est tout ce que j’ai envie de répondre. Mais je vais continuer d’être aimable. « J’étudies. Aux Beaux-Arts depuis septembre. Et le soir, je bosse dans un salon de tatouage ou dans un studio photo. Fin j’me débrouille avec le boulot qui veut me tomber dessus. » J’hausse les épaules. C’est pas trop la personne à qui je pourrais raconter combien c’est la merde parce que j’ai toujours les poches vide. Quoique, s’il est si honnête que ça maintenant il devrait savoir de quoi j’parle. « Je vais pas t’ennuyer avec le reste. » J’ajoute dans un nouveau sourire forcé. Je pense que ça y’est. J’arrête d’être sous le charme de le revoir et je m’apprête à entrer dans le vif du sujet. Je pense pas qu’il ne s’attendait pas à ce que j’aborde son départ dans la discussion. « Diego ? Pour t’es venu me voir ? T’aurais pu te contenter d’acheter tes clopes et me laisser sous ma table parce que depuis tout à l’heure, je me demande ce que tu cherches en fait et je me force à être polie, alors que tu dois t’en douter nan ? T’es la dernière personne que j’aimerais avoir en face de moi. »
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Sujet: Re: was in love and it was a gas. sound turn out of a heart of glass ( diego ) Sam 9 Fév - 0:46
il y a t'il des âmes qui vivent ici ?
yo. désolée de devoir intervenir de cette manière là dans votre rp. mais.. n'ayant vu aucune réponse depuis le 09/01, on voulait savoir si ce rp était toujours actif? dans l'cas où il le serait toujours, envoyez moi un mp pour que j'puisse effacer mon message. ou dans l'cas contraire, déplacer votre rp dans la corbeille. sans aucune réponse d'ici le 16/01, votre rp atterrira dans automatiquement dans la corbeille. ce qui serait dommage. ;_; alors manifestez vous mes amours!
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Sujet: Re: was in love and it was a gas. sound turn out of a heart of glass ( diego )
was in love and it was a gas. sound turn out of a heart of glass ( diego )