"I've dreamed a dream"
…Nous vous adressons nos sincères condoléances. C’était les derniers mots d’une missive dévastatrice qu’avais reçu une jeune femme, dans une maison New Yorkaise. Elle se laissa glisser le long de la chaise sur laquelle elle s’était assise quelques minutes plus tôt, et s’affala lourdement par terre. Ce n’était pas possible. Non. Non. Ce n’était pas possible. Elle s’y était préparée. Depuis le jour où il lui avait annoncé qu’il s’engageait, elle savait que ce moment là arriverait un jour, et pourtant…Pourtant elle ne se doutait pas que ça lui ferait un tel choc. Elle ferme les yeux un instant, puis les rouvrit dans l’espoir qu’elle ait mal lu la lettre qu’elle tenait entre ses mains tremblantes. Mais non, c’était toujours les mêmes mots. Durs. Francs. Insensibles. Son mari, celui qu’elle aimait le plus au monde n’était plus. Et elle apprenait ça à travers une misérable lettre de l’armée américaine ? Elle tenta de retenir les larmes qui lui montaient aux yeux un instant, puis fini par abandonner toute résistance. Ses membres devinrent lourds, et elle se laissa tomber complètement contre le marbre froid de la cuisine. Sans avoir conscience de ce qu’elle faisait, elle froissa la lettre d’une main. Elle était agitée de sanglots, de spasmes incontrôlables. Mais ils n’étaient pas les seuls, ses pensées, ses souvenirs, sa mémoire ne lui appartenaient plus. Elle se tenait devant son lieu de travail, l’attendant comme promis, attendant qu’il la rejoigne. Il avait, disait-il, quelque chose d’important à lui. Elle ne le connaissait que depuis peu, mais déjà, sa présence lui était vitale. Il sortit finalement, avec un sourire éclatant en guise d’excuse pour le temps d’attente. Il se dirigea vers elle, et elle aurait pu jurer qu’il était sur le point de verser une larme. Il lui prit la main, puis s’agenouilla, et son cœur rata un battement. Avant même d’entendre les mots qu’il avait à lui dire, elle plaça sa main libre devant sa bouche. Il tendit sa main vers sa poche et en sortit une petite boîte en velours noir. « Ellena…Je…Je sais que tu va me prendre pour un fou qui agit sur un coup de tête, mais qu’est-ce que je m’en fiche… » Il s’arrêta un instant, semblant vouloir rassembler le courage nécessaire. « Veux-tu…. » Il ouvrit la boite. Celle-ci contenait évidement une magnifique bague scintillante. « …être à mes côtés pour la vie ? » Elle était de nouveau allongée au sol. Elle sanglotait, les larmes coulaient tel un flot incontrôlable de souffrance. Il n’était plus. Il était….Il était…Elle se tenait dans cette même cuisine, entrain de poser la table pour un diner en amoureux. Attendant le retour de son bien aimé avec impatience. C’était un jour spécial. Elle entendit la porte d’entrée s’ouvrir, puis être refermée. « Chérie ? Je suis là ! » Laissant tomber ce qu’elle tenait entre ses mains, elle arracha son tablier d’un coup puis couru littéralement jusqu’au hall d’entrée. Elle sauta au cou du nouveau venu qui la prit par la taille et la fit tourbillonner. Sans lui laisser le temps de répliquer un mot de plus, elle prit son visage mal rasé entre ses mains et l’embrassa avec fougue comme elle ne l’avait jamais fait. Ses yeux brillaient de larmes, il était là. Enfin. « Tu m’as…Tu m’as tellement manqué mon amour » Il dit ces mots en plongeant son regard dans le sien, et immédiatement, en caressant le corps de sa bien aimé, il sut que quelque chose était anormal. Il fit un pas en arrière, et baissa les yeux. « J’en connais une qui n’a pas lésiné sur les doses de crème glacée » Une larme coulait le long de sa joue blanchâtre. Et sans prononcer un mot, elle hocha la tête en signe de négation. Il afficha une mine surprise un instant, puis son visage s’éclaira. Si ce n’était pas des kilos en trop. Etait-ce…. ? Il dut prendre un instant pour réaliser l’ampleur de la situation, puis presque immédiatement, il reprit sa femme entre ses bras en la couvrant de baiser, manquant de l’étouffer. Il la lâcha finalement, puis les yeux embués de larmes, la regarda comme pour la première fois. « On est parents. On va devenir parents. Je n’arrive pas à y croire. On est parents. » La porte d’entrée s’ouvrit. Et des pas se firent entendre. Elle entendit le bruit sourd de quelque chose qui tombait par terre, sachant pertinemment qui venait d’entrer. En 17 ans…Tellement de choses avaient changé. « Maman ? Maman ? Qu’est-ce qui se passe ? » Une jeune fille accourra vers la cuisine, se penchant immédiatement vers la femme brisée. « Maman ! Parle moi, dis quelque chose » Sans cesser de verser ses larmes, la bonne femme, d’une main tremblante dirigea la feuille froissée vers les mains de sa fille, qui la lit d’un trait. Aussitôt, une expression choquée traversa son visage. Mais s’il y avait une chose que Skylar avait hérité de son père, c’était son sang froid. Elle balança la missive loin d’elle, comme une bombe à retardement, avant de redresser sa mère tant bien que mal. Elle s’assit par terre et se plaça derrière la femme qui continuait de pleurer incessamment. Elle la prit dans ses bras, puis se mit à caresser ses cheveux, sachant pertinemment que c’était l’une des meilleures manières de la calmer. Des larmes silencieuses coulaient le long de ses joues, mais elle ne voulait surtout pas accabler sa mère d’un autre fardeau outre celui qu’elle portait actuellement. « ça va aller…ça va aller maman. Chuut. Calme-toi. On va s’en sortir. »



"Love is a weakness"
U.C.




"Call me Crazy"